Un de vos lecteurs ayant fait venir l'expression française saperlotte du flamand saperloot, vous vous êtes rattaché à cette opinion en constatant que le même mot existe dans la langue allemande. Telle est en effet, je le crois, l'origine de l'expression française; mais quel en est le premier sens? Veuillez me permettre de déterminer ce sens en expliquant le flamand saperloot, ou, ce qui revient au même, l'allemand sapperlot. Le dictionnaire de Van de Welde dit que saperloot est un juron synonyme de drommel; on pourrait affirmer pareillement que sapristi est un synonyme de diantre. Cependant, étymologiquement, ces expressions n'ont aucun rapport entre elles. Sapperlot est composé de sapper et de lot. Lot, en allemand loos, en anglais lot, en suédois lott, en danois lodde, vient du gothique hlauts et signifie l'objet dont on se sert pour désigner quelque chose par le hasard, de là ce mot prend le sens plus large de sort. Sapper est employé vulgairement et par atténuation pour saker, en français sacré, et par suite damné, maudit. Ne disons-nous pas dans le langage populaire sapré pour sacré ? Ce radical saker, qui est d'origine latine évidemment, nous le trouvons en allemand dans les mots sakrament, sacrement, et sakramentiren, jurer comme un damné. De ce qui précède, je crois donc pouvoir conclure que l'exclamation saperlotte signifie sacré sort, maudit sort. C'est une imprécation contre le sort. Je n'ai pas besoin de montrer combien, dans toutes les langues, le peuple aime à s'en prendre à la fortune; nous avons de cela des exemples frappants dans certaines expressions populaires qui sont les vrais synonymes de saperlotte, telles que matin de sort, coquin de sort. Faites de cette interprétation tel usage que bon vous semblera, et veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'assurance de ma considération la plus distinguée. CH. STAPFER, Professeur au lycée de Pontivy. Cette interprétation, je l'accueille avec reconnaissance, et je la mets avec empressement sous les yeux de mes lecteurs, pensant que la plupart d'entre eux pourront en tirer le même profit que moi. X Première Question. En parlant d'une chose qui a passé pour vraie pendant quelque temps et qui a enfin été reconnue fausse, on dit généralement que C'EST L'HISTOIRE DE LA DENT D'OR. Je vous serais obligé si vous vouliez bien me donner quelques indications sur la dent dont il est question dans cette expression proverbiale. Après avoir raconté (vol. XI, p. 634) qu'il était né en 1593 une fille à deux têtes, au bourg de Wolmerstad, et une autre à deux corps avec une seule tête, aux environs de Francfort-sur-l'Oder, l'historien de Thou continue en ces termes : Muller, âgé de sept ans, né à Wegelsdorff (bourg appartenant à la maison d'un gentilhomme, nommé Gelorn) ayant perdu de bonne heure son pére, Jean Muller, charpentier de profession, pauvre, mais honnête homme, fut élevé par sa mére suivant sa condition. En allant apprendre à lire à l'école avec d'autres enfans, il lui tomba, dans sa septième année (qui est climatérique) une dent, à la place de laquelle il en vint une d'or. Une fille de l'âge du jeune Muller, s'en aperçut la première avec étonnement; ensuite les principaux Seigneurs et une grande partie de la Noblesse de Silesie virent cette dent avec la dernière surprise. Jacque Horst, Professeur en médecine dans l'Université de Helmstat, fit une dissertation, dans laquelle il assûre qu'il n'y avoit point de tromperie dans cet enfant. Martin Ruland fils, qui exerçoit la Médecine à Ratisbonne, soutint que ce fait surprenant étoit naturel et il réfuta dans un long écrit le sentiment contraire de Jean Ingolsteters, médecin à Nuremberg. Ces écrits sont entre les mains des sçavans... Mais, comme en avertit une note mise au bas de la page, on découvrit ensuite que le fait était supposé (un orfèvre, parait-il, s'aperçut que la fameuse dent était enveloppée d'une feuille d'or qu'on y avait appliquée avec l'adresse la plus parfaite), et tous les raisonnements qui avaient été faits de part et d'autre se trouvèrent ainsi confondus. Voilà à quelle dent il est fait allusion par ceux qui disent, en parlant d'une chose tenue pour vraie pendant quelque temps, puis enfin reconnue fausse, que c'est l'histoire de la dent d'or. Seconde Question. Quelle est l'origine de TENIR LA DRAGÉE HAUTE A QUELQU'UN, et dans quel cas peut-on faire usage de cette expression figurée? D'après M. Littré, cette locution est tirée de cette dragée que l'on met plus ou moins haut, pour la faire attraper aux bêtes. Selon Quitard, elle est venue d'un jeu dans lequel on excite la convoitise des enfants en faisant voltiger devant eux une dragée suspendue par un long fil au bout d'un bâton, sans qu'il leur soit permis de la saisir autrement qu'avec la bouche. Je crois que c'est la première explication qui est la meilleure; parce que la dragée offerte à un animal, à un chien, par exemple, se place, en effet, plus ou moins haut, tandis que celle qui l'est par jeu aux enfants se tient toujours à une hauteur à peu près égale. Quant à l'emploi, on se sert de cette expression pour signifier différer d'accorder à quelqu'un une chose promise, lui faire bien payer ce qu'il désire, ou encore, offrir un vain appât à son espérance. Troisième Question. Quelle est la véritable acception du mot PAS dans les expressions ÊTRE DANS UN MAUVAIS PAS, SORTIR D'UN MAT VAIS PAS? Il arriva encore cette année un effet prodigieux de la nature, plus étonnant que les deux autres, et qu'on n'avoit jamais vû jusqu'alors; prodige attesté d'ailleurs par le Parmi les exercices militaires des chevaliers, il yi témoignage public des peuples de Silesie. Christophle | avait une variété de la joute qui consistait à représenter tout ce qui se faisait à la guerre lorsqu'on attaquait ou que l'on défendait un pont, un défilé, un passage de rivière ou tout autre passage étroit qu'il était important de garder ou de forcer. On appelait pas, évidemment une abréviation de passage, l'endroit qu'il fallait ainsi défendre ou forcer, ce que prouve la citation suivante : Quelquefois ils gardoient des Pas sur des ponts ou sur des chemins et places plus fréquentées, et là ils appendoient leurs Escus armoyez de leurs armes à des arbres ou à des pals et colomnes dressées pour ce sujet; et obligeoient tous les Chevaliers qui desiroient passer par là, à combatre et jouster contr' eux : Que s'ils estoient plusieurs qui eussent resolu de garder le Pas, il y avoit autant d'Escus à ces arbres qu'ils estoient de Chevaliers. (La Colombière, Théât. d'honn., t. I, p. 266, Paris, 1648.) Et l'on nommait pas d'armes une sorte de jeux qui se trouvent définis dans ces lignes : C'estoient [les pas d'armes] des combats particuliers qui s'entreprenoient par un ou plusieurs chevaliers. Ils choisissoient un lieu, pour le plus souvent en plaine campagne, qu'ils proposoient de défendre contre tous venans, comme un pas, ou passage, qu'on ne pouvoit traverser qu'avec cette condition de combattre celui ou ceux qui le gardoient. (Du Cange, Dissert. s. l'hist. de saint Louis, p. 31, col. 2.) Or, comme le pas d'armes était un combat difficile à soutenir et peut-être aussi très fréquent, il me semble avoir fourni, au sens d'entreprise, le pas qui se trouve dans les phrases que vous me signalez. Quatrième Question. Quelle est l'étymologie de BAIN-MARIE, que j'ai vainement cherchée dans Richelet, Du Cange, Furetière, Trévoux, Littré, et même dans le Courrier de Vaugelas? La distillation est une opération par laquelle on réduit les liquides en vapeur à l'aide de la chaleur pour les faire retourner ensuite à leur état primitif au moyen du refroidissement. La chaleur peut être communiquée de trois manières dans cette opération : 1o en mettant le feu en contact direct avec le vase qui contient la substance à distiller, 2o en entourant ce vase de sable chaud, de cendre chaude ou de fumier, et 3o en plongeant ledit vase dans un bain d'eau bouillante. Un tel bain s'est appelé et s'appelle bain-marie. D'où vient ce substantif composé qui se trouve dans Nature à l'Alchimie, ouvrage du xive siècle? Les alchimistes, a-t-on dit, aimaient les façons de parler hyperboliques; et, en effet, il paraît que du vivant de Fontenelle, il n'y avait pas encore longtemps que tous les raisonnements de leur art n'étaient que des espèces de fictions poétiques vives, animées, agréables à l'imagination, inintelligibles et insupportables à la raison. Or, à cause de cela, on a cru que les adeptes avaient comparé à la mer le plus grand des vases employés dans la distillation, celui qui contenait l'eau bouillante, et l'avaient appelé balneum maris, dont, par corruption, on aurait fait plus tard bain-marie. Cette opinion est complètement erronée. Dans l'origine, le bain dont il s'agit ne s'est pas appelé balneum maris, ainsi qu'on s'est plu à le dire, mais bien balneum medicinæ, comme le montre la phrase suivante, que j'emprunte à Arnaud de Villeneuve, savant médecin né en 1238 : Et scio quod distillatio aque le pour æ se trouve dans tout l'ouvrage habet fieri in balneo medicine, etc. (Rosar. philosoph. liv. II, ch. 7, lig. 6, L.yon, 1509.) L'expression de bain-marie n'est autre chose que bain de marie, dont, par abréviation de langage, on a supprimé la préposition de, en vertu d'une règle de l'ancienne langue que nous appliquons encore devant un substantif propre; et la preuve de mon assertion se trouve dans les citations suivantes, où cette préposition est exprimée : Toutes ces fleurs seront distillées en bain de marie pour en avoir les eaux en parfaite bonté, et d'odeur naturelle. (Ol. de Serres, Th. d'agric., vol. IV, p. 347, éd. de 1802.) Apres ceste infusion, distillez le tout dans un alambic de verre au bain de marie ou sur les cendres chaudes. (Trois liv. de l'embell. du corps hum. p. 38, ann. 1582.) Ces faits ne suffisent-ils pas encore pour établir l'étymologie de bain-marie? Je fais appel aux langues étrangères, et je vois que, si l'espagnol dit baño maria par imitation du français, il dit aussi baño de maria; et que l'allemand dit Marienbad, ce qui signifie littéralement bain de Marie. Maintenant, de quelle Marie est-il question ici? Je pense avec plusieurs étymologistes que c'est de Marie, sœur de Moïse, et voici sur quels fondements j'établis cette croyance: Borel, médecin de Castres, a publié en 1654, un volume intitulé: Bibliotheca Chimica, espèce de catalogue en latin contenant la dénomination d'environ quatre mille ouvrages sur la philosophie hermétique, la transmutation des métaux, etc., et, dans ce volume, où l'auteur déclare avoir enregistré tous les traités d'alchimie dont il a pu avoir connaissance jusqu'à l'impression de son recueil, je trouve ce qui suit, page 154: Mariæ Prophetissæ Epistola Chimica ad Aaronem, ex Riplæo. Eadem, Epist. M. S. Lingua catalaunica, et Valdè Antiqua, aliudque ejus opus Chimicum Prolixius. Mariæ Mosis Sororis dicta Chimica, in Allegoriis sapientum, et in arte Aurifera extant. In Mariæ Prophetissæ opusculum Commentaria Anomini, cum Comment. ejusd. in Sendivogium, in-8°, Germanicè. Or, après avoir lu ce passage, n'est-on pas naturellement porté à croire que c'est en l'honneur de la prophétesse Marie, sœur de Moïse et d'Aaron, fille d'Amram et de Jacobed, née en Égypte l'an 1578 avant J.-C., suivant la chronologie hébraïque, que les alchimistes du moyen âge, mus par un sentiment de vénération ou d'orgueil bien explicable, d'ailleurs, ont créé l'expression de bain-marie? Il me semble qu'à leur place, il y a bien des gens qui n'eussent pas procédé d'une autre manière. Cinquième Question. Je lisais dernièrement dans un journal que deux orateurs de la Chambre s'étaient reproché mutuellement de ne pas savoir prononcer le mot CLUB. Voudriez-vous bien donner votre avis à ce sujet? Une question grammaticale qui se pose en si haut lieu doit nécessairement trouver sa solution dans votre journal. Selon moi, il faut prononcer club, absolument comme ce mot est écrit. Quant aux raisons sur lesquelles je m'appuie dans cette décision, ce sont celles qui se trouvent consignées à la page 188 de la 4o année du Courrier de Vaugelas, où cette question de prononciation est traitée. ÉTRANGER Première Question. Faut-il écrire Alvin ou ALEVIN le nom du petit poisson qui sert à peupler les étangs et les rivières, et vautil mieux terminer ce mot par AIN que par In? Je serais bien désireux de connaître votre opinion sur ce double point d'orthographe. J'aime mieux alevin (avec un e) que alvin (sans e), et voici pourquoi : Le bas-latin avait le verbe alevare, dans le sens d'élever, de nourrir. De ce verbe, la langue romane a fait alever, d'où nous avons tiré alevin, pour signifier, chez les poissons, ce que nous appelons actuellement élève, chez les bestiaux. Or, alever ayant un e entre let v, il en doit nécessai rement être de même pour l'adjectif alevin. Du reste, indépendamment de cette raison étymologique, on pourrait encore en faire valoir une autre. C'est qu'en effet, si l'on adoptait l'orthographe alvin, il s'ensuivrait que nous aurions deux mots confondus en un seul, quand nous pouvons parfaitement l'éviter : alvin, pour désigner le petit poisson servant à peupler, et alvin, de alvus, ventre, terme de médecine dont on se sert en parlant de ce qui a rapport à l'abdomen, aux déjections principalement. Voyons maintenant lequel vaut le mieux de alevin ou de alevain. Le verbe nourrir a été employé autrefois dans le même sens qu'alever, et il comptait dans sa famille l'adjectif nourrin (que l'on écrit peut-être à tort nourrain) pour signifier un animal quelconque que l'on élevait : Li aucun laissoient à labourer leurs terres, et à faire norrin de bestes et de chevaulx. (Du Cange, Nutricatio.) Dans ses Curiositez françoises, Antoine Oudin écrit nourrin; le wallon dit nourin; le provençal noirim. Or, en présence de ces faits, je me crois autorisé à conclure, par analogie, que la meilleure finale à donner à alevin est in, et non ain. Seconde Question. Je vous prierais de vouloir bien me diré quelle est l'origine de l'expression ironique SAUVONS LA CAISSE. Cette expression se trouve à la fin de la xvio scène (2o acte) de la comédie-parade des Saltimbanques, par Dumersan et Varin, scène dont voici une rapide analyse : Laissant des dettes partout où il passe, Bilboquet, saltimbanque, arracheur de dents, vendant tout ce qui concerne son état, est sur le point d'être saisi. Il ne devait quitter Lagny que le lendemain; mais il est forcé de décamper au plus vite. Voilà qu'on monte par l'escalier. Il ferme la porte au nez de ses fâcheux visiteurs, et se dérobe par l'autre avec sa troupe; tous chantent en chœur, sur l'air des Puritains : Amis, de la prudence; « Ouvrez! ouvrez! au nom de la loi ! » crient des gens du dehors. - Chut! dit Bilboquet, s'esquivant par la porte à gauche pour rentrer aussitôt et s'écrier, en emportant son tambour : Ah! sauvons la caisse! Les Parisiens rencontrèrent bientôt l'occasion d'une allusion à ce passage désopilant du rôle d'Odry, l'acteur faisant le saltimbanque. Le mot caisse qui s'y trouve dans le sens de tambour s'emploie fréquemment aussi pour désigner un coffre à serrer l'argent : ils donnèrent à sauver la caisse le sens ironique qu'il a encore aujourd'hui, celui de se sauver en emportant l'argent d'une caisse dont la garde nous a été confiée. J'ajoute ce qui suit relativement à l'âge de l'expression: la pièce des Saltimbanques fut représentée pour la première fois à Paris, sur la scène des Variétés, le 25 janvier 1838. Or, comme il est à croire que le sauvons la caisse l'a suivie presque immédiatement, on peut affirmer, sans crainte de beaucoup se tromper, que cette expression compte aujourd'hui 43 ans d'existence. X Troisième Question. Pourquoi, en France, un maire prenant un arrêté emploie-t-il le pronom Nous au lieu de Je pour se désigner : « Nous, maire de la commune de... arrêtons ce qui suit » ? Cette singularité de syntaxe nous vient très probablement des Romains. Chez ce peuple, les magistratures, à commencer par le consulat, étaient exercées collectivement par plusieurs personnes. Le nous est donc le pronom qui, dans leurs actes, devait désigner ce genre d'autorité. Lorsque, par le seul fait de la réunion des grandes magistratures dans un seul individu, on eut changé la république en monarchie, l'empereur, qui, tout à la fois consul, tribun, souverain pontife et généralissime, était gion, chef de l'armée, etc., l'empereur, être collectif s'il D'ailleurs, tous les composés de alevin que je rencontre dans les dictionnaires (aleviner, alevinier, etc.) sont un argument de plus en faveur de cette orthographe. | prince du sénat, représentant du peuple, chef de la reli en fut, ne devait-il pas se croire fondé à se servir du FEUILLETΟΝ. nous pour désigner le dépositaire de tant de pouvoirs, BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS le représentant de tant d'intérêts? En disant moi, n'aurait-il pas fait une faute de grammaire? Le protocole des princes a imité celui des Césars (excepté toutefois en Espagne, où la signature du roi est précédée de cette formule: yo el rey, moi, le roi), et les autorités inférieures n'ont pas manqué de se régler sur les princes. Le maire de la plus petite commune de France se donne du nous, tout bonnement, sans se douter qu'il parle comme parlaient jadis les maîtres du monde. Si M. Bescherelle, à qui j'emprunte cette réponse (Gram. nat., p. 321), ne m'a pas induit en erreur, vous savez à présent pourquoi notre langue autorise un nous dans la bouche d'un maire qui prend un arrêté. Les évêques emploient également nous pour je en s'adressant à leurs ouailles, et cela, quoique leurs prédécesseurs les apôtres ne le fissent point dans les missives qu'ils écrivaient aux fidèles : Car le Dieu que je sers par le culte intérieur de mon esprit dans l'Évangile de son Fils, m'est témoin que je me souviens sans cesse de vous. (S. Paul, Épit, aux Rom., ch. 1. v. 9.) Mes bien aimés, voici la seconde lettre que je vous écris; et dans toutes les deux, je tâche de réveiller vos âmes simples et sincères par mes avertissements. (S. Pierre, Sec. épit., ch. III, v. 1.) Moi Jean, qui suis votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation, au royaume et à la patience en Jésus-Christ, j'ai été envoyé dans l'île nommée Pathmos..... (S. Jean, Apocal. ch. I, v. 9.) Il faut croire que ces princes de l'Église en usent ainsi par imitation de ce qu'ils ont vu pratiquer aux autres princes. ... PASSE-TEMPS GRAMMATICAL. Corrections du numéro précédent. ... ... ... ... 2° ... ... à 1° nous ne sachions pas que cela (Voir Courrier de Vaugelas, 3o année, p. 170); au Mont-de-piété, voire les diamants (pas de méme; voir Courrier de Vaugelas, 2 année, p. 185); 3° il n'a fallu rien de moins (c'est le sens positif); 4° ... s'il préfère étre un singe perfectionné plutôt que (Voir Courrier de Vaugelas, 4o année, p. 153); 5° et ils le crient sur les toits; 6° un costume moitié civil et moitié ecclésiastique (Voir sur mi-partie le Courrier de Vaugelas, 3o année, p. 83); 7° Malgré qu'elle en ait, ils ne s'embarrasseraient guère; -8° qu'il valait mieux; 9° à se rendre populaire afin (Voir Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 139); 10° deux heures moins un quart (Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 76); -11° Quoi qu'il soit de ces inventions (pas de en); 12° demeure au diable de Vauvert (Courrier de Vaugelas, 5o année, p. 99); 13°... ni une moindre de qui que ce soit pour ne pas laisser; de docteurs en ignominie (ès se met devant un nom pluriel); - 15° ... demanda mon compagnon; 16° ces petits propriétaires absents de leurs comptoirs (Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 13); -17°... qui n'atteignaient pas le but désiré; 18° cubes d'eau toutes les 24 heures; 19° si nous le faisions, ce serait fait à tout jamais (pas de en; voir Courrier de Vaugelas, 9o année, p. 148); 20° mais il circule sur l'ainée des deux une anecdote caractéristique (Courrier de Vaugelas, 1re année, p. 2). ... ... PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII SIÈCLE L'abbé D'OLIVET. (Suite et fin.) Ou lassez ou soumis, Ma funeste amitié pèse à mes ennemis (Mithridate, III, 1). — Inversion vicieuse, parce que ces deux participes, lassez et soumis, sont coupés par un nominatif auquel ils n'appartiennent pas; et que d'ailleurs la particule à, qui vient après, fait qu'ils ne pourront pas être immédiatement unis avec leur substantif. Du fruit de tant de soins à peine jouissant, En avezvous six mois paru reconnaissant? (Britannicus, IV, 2). - Qui ne croirait qu'à peine doit se lier à jouissant, comme s'il y avait, Du fruit de tant de soins jouissant à peine, pour dire, ne faisant que commencer à jouir? Et cependant à peine doit nécessairement se lier avec le vers suivant, à peine en avez-vous, etc. Rien n'excuse cette inversion. De mille autres secrets j'aurois compte à vous rendre. (Britannicus, III, 7). - Quand nos verbes régissent un substantif qui n'a point d'article, ils doivent être suivis immédiatement de ce substantif, comme si l'un et l'autre ne composaient qu'un seul mot. Avoir faim, avoir pitié, donner parole, etc. Jamais ces verbes, dit d'Olivet, ne souffrent la transposition de leur régime, et l'on ne peut jamais rien mettre entre le verbe et le régime, si ce n'est un pronom : donnez-moi parole; ou une particule, ayez-en pitié; ou enfin un adverbe, donnez hardiment parole. D'Olivet ne croit pas qu'on puisse excuser cette transposition. Au lieu de J'aurois compte à vous rendre, il faut nécessairement J'aurois à vous rendre compte. La Sultane en ce lieu se doit rendre. (Bajazet, I, 1). - Presque tous nos écrivains d'aujourd'hui se font une loi de placer immédiatement le pronom avant l'infinitif qui le régit, ainsi dans la phrase présente, ils diraient, la Sultane en ce lieu doit se rendre, et non pas se doit rendre. L'un est aussi bon que l'autre, pour l'ordinaire. Craignez-vous que mes yeux versent trop peu de larmes? (Bérénice, V, 5). - Toutes les fois que craindre est suivi de la conjonction que, la particule ne doit se trouver ou dans le premier ou dans le second membre de la phrase. Dans le premier, Je ne crains pas qu'il verse trop de larmes; dans le second, Je crains qu'il ne verse trop de larmes. Condamnez-le à l'amende (Plaideurs, II, 13). — Voilà le seul exemple qui reste dans tout Racine, d'un le, pronom relatif, mis après son verbe et suivi immédiatement d'un mot qui commence par une voyelle, Encore faut-il observer que cela se trouve dans une comédie. Mais dans les premières éditions de sa Thébaïde et de son Alexandre, il y en avait cinq ou six autres qu'il a tous réformés depuis. Qui m'offre ou son hymen, ou la mort infaillible (Bajazet, II, 5). - Infaillible est ici très inutile. Mais |