gion, chef de l'armée, etc., l'empereur, être collectif s'il en fut, ne devait-il pas se croire fondé à se servir du FEUILLETON. nous pour désigner le dépositaire de tant de pouvoirs, BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS le représentant de tant d'intérêts? En disant moi, n'aurait-il pas fait une faute de grammaire? Le protocole des princes a imité celui des Césars (excepté toutefois en Espagne, où la signature du roi est précédée de cette formule : yo el rey, moi, le roi), et les autorités inférieures n'ont pas manqué de se régler sur les princes. Le maire de la plus petite commune de France se donne du nous, tout bonnement, sans se douter qu'il parle comme parlaient jadis les maîtres du monde. Si M. Bescherelle, à qui j'emprunte cette réponse (Gram. nat., p. 321), ne m'a pas induit en erreur, vous savez à présent pourquoi notre langue autorise un nous dans la bouche d'un maire qui prend un arrêté. Les évêques emploient également nous pour je en s'adressant à leurs ouailles, et cela, quoique leurs prédécesseurs les apôtres ne le fissent point dans les missives qu'ils écrivaient aux fidèles : Car le Dieu que je sers par le culte intérieur de mon esprit dans l'Évangile de son Fils, m'est témoin que je me souviens sans cesse de vous. (S. Paul, Épit, aux Rom., ch. 1. v. 9.) Mes bien aimés, voici la seconde lettre que je vous écris; et dans toutes les deux, je táche de réveiller vos âmes simples et sincères par mes avertissements. (S. Pierre, Sec. épit., ch. III, v. 1.) ... PASSE-TEMPS GRAMMATICAL. Corrections du numéro précédent. ... 1° nous ne sachions pas que cela (Voir Courrier de Vaugelas, 3° année, p. 170); 2o au Mont-de-piété, voire les diamants (pas de même; voir Courrier de Vaugelas, 2 année, p. 185); -3° il n'a fallu rien de moins (c'est le sens positif); 4. s'il préfère être un singe perfectionné plutôt que (Voir Courrier de Vaugelas, 4o année, p. 153); 5° et ils le crient sur les toits; -6° ... un costume moitié civil et moitié ecclésiastique (Voir sur mi-partie le Courrier de Vaugelas, 3° année, p. 83); 7°... Malgré qu'elle en ait, ils ne s'embarrasseraient guère; — 8° ... qu'il valait mieux; -9° ... à se rendre populaire 10° afin (Voir Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 139); deux heures moins un quart (Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 76); 11° ... Quoi qu'il soit de ces inventions (pas de en); - 12° demeure au diable de Vauvert (Courrier de Vaugelas, ni une moindre de qui que ce soit 14° de docteurs en ignominie (ès se met devant un nom pluriel); -15° ... demanda mon compagnon; 16... ces petits propriétaires absents de leurs comptoirs (Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 13); — 17°... qui n'atteignaient 18° pas le but désiré; cubes d'eau toutes les 24 heures; 19° si nous le faisions, ce serait fait à tout jamais (pas de en ; voir Courrier de Vaugelas, 9° année, p. 148); 20° mais PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII SIÈCLE L'abbé D'OLIVET. (Suite et fin.) Ou lassez ou soumis, Ma funeste amitié pèse à mes ennemis (Mithridate, III, 1). Inversion vicieuse, parce que ces deux participes, lassez et soumis, sont coupés par un nominatif auquel ils n'appartiennent pas; et que d'ailleurs la particule à, qui vient après, fait qu'ils ne pourront pas être immédiatement unis avec leur substantif. Du fruit de tant de soins à peine jouissant, En avezvous six mois paru reconnaissant? (Britannicus, IV, 2). Qui ne croirait qu'à peine doit se lier à jouissant, comme s'il y avait, Du fruit de tant de soins jouissant à peine, pour dire, ne faisant que commencer à jouir? Et cependant à peine doit nécessairement se lier avec le vers suivant, à peine en avez-vous, etc. Rien n'excuse cette inversion. De mille autres secrets j'aurois compte à vous rendre. (Britannicus, III, 7). - Quand nos verbes régissent un substantif qui n'a point d'article, ils doivent être suivis immédiatement de ce substantif, comme si l'un et l'autre ne composaient qu'un seul mot. Avoir faim, avoir pitié, donner parole, etc. Jamais ces verbes, dit d'Olivet, ne souffrent la transposition de leur régime, et l'on ne peut jamais rien mettre entre le verbe et le régime, si ce n'est un pronom donnez-moi parole; ou une particule, ayez-en pitié; ou enfin un adverbe, donnez hardiment parole. D'Olivet ne croit pas qu'on puisse excuser cette transposition. Au lieu de J'aurois compte à vous rendre, il faut nécessairement J'aurois à vous rendre compte. La Sultane en ce lieu se doit rendre. (Bajazet, I, 1). -Presque tous nos écrivains d'aujourd'hui se font une loi de placer immédiatement le pronom avant l'infinitif qui le régit, ainsi dans la phrase présente, ils diraient, la Sultane en ce lieu doit se rendre, et non pas se doit rendre. L'un est aussi bon que l'autre, pour l'ordinaire. Craignez-vous que mes yeux versent trop peu de larmes ? (Bérénice, V, 5). Toutes les fois que craindre est suivi de la conjonction que, la particule ne doit se trouver ou dans le premier ou dans le second membre de la phrase. Dans le premier, Je ne crains pas qu'il verse trop de larmes ; dans le second, Je crains qu'il ne verse trop de larmes. Condamnez-le à l'amende (Plaideurs, II, 13). Voilà le seul exemple qui reste dans tout Racine, d'un le, pronom relatif, mis après son verbe et suivi immédiatement d'un mot qui commence par une voyelle, Encore faut-il observer que cela se trouve dans une comédie. Mais dans les premières éditions de sa Thébaïde et de son Alexandre, il y en avait cinq ou six autres qu'il a tous réformés depuis. Qui m'offre ou son hymen, ou la mort infaillible (Bajazet, II, 5). - Infaillible est ici très inutile. Mais de plus, pour y placer une épithète, il aurait fallu changer l'article et dire Qui m'offre ou son hymen, ou une mort infaillible, une mort prompte, une mort violente. Quand l'adjectif ne dit absolument rien qui ne soit nécessairement renfermé dans le substantif, cela fait une épithète insupportable. L'esprit veut toujours apprendre, et par conséquent passer d'une idée à une autre. Ce mot la mort renferme l'idée d'infaillible. Ainsi cette épithète n'apprenant rien, il faut qu'elle révolte. La Reine permettra que j'ose demander un gage à votre amour, qu'il me doit accorder (Iphigénie, III, 4). On dirait en prose la Reine permettra que j'ose demander à votre amour un gage, qu'il me doit accorder. Pourquoi l'inversion de Racine nous paraît-elle rude? Parce que l'amour de la clarté ayant placé le que relatif tout près de son substantif, l'oreille est accoutumée à ne rien entendre qui les sépare. On accuse en secret cette jeune Eriphile que lui-même captive amena de Lesbos (Iphigénie, I, 1). — Que lui- | même amena captive serait l'arrangement de la prose; mais que lui-même captive amena est une inversion forcée dont D'Olivet croit n'avoir vu d'exemple que dans Marot; encore n'en est-il pas bien sûr, Andromaque est une tragédie de Racine, que lui-même nouvelle fit jouer en 1668. Une inversion si gothique dans la prose, le serait-elle moins dans les vers ? J'eus soin de vous nommer, par un contraire choix (Britannicus, IV, 2). Par un contraire choix a quelque chose de sauvage. Il faudrait par un choix contraire. Vaugelas a fait une longue remarque qui a pour titre De l'adjectif devant ou après le substantif, où il déclare qu'après avoir bien cherché, il n'a point trouvé que l'on puisse établir là-dessus aucune règle, ni qu'il y ait en cela un plus grand secret que de consulter l'oreille. C'est un excellent avis pour qui peut en profiter. Mais combien de gens ont l'oreille fausse? Peut-être ne serait-il pas impossible de trouver ces sortes de règles. Car enfin l'oreille est un juge, mais un juge qui suit des lois et qui ne prononce que conformément à ces lois. On peut donc parvenir à les connaître. On peut donc, si cela est, les mettre aussi par écrit. Pour rédiger des jugements à cet égard, il faudrait faire le dénombrement de tous nos adjectifs, et les distribuer en quatre classes: 1° Ceux qui doivent toujours précéder le substantif. 2o Ceux qui doivent toujours le suivre. 3o Ceux qui, selon qu'ils précèdent ou qu'ils suivent, forment un sens tout différent. 4° Ceux dont la situation est à notre choix, et se règle sur le besoin que nous avons de rendre notre phrase, ou plus énergique, ou plus sonore, ou plus naïve; de rompre un vers, d'éviter une consonnance, etc. Tout cela, éclairci pardes exemples, ferait un volume; mais qui le lirait? Quand il s'agit d'une langue vivante, le chemin de l'usage est plus court que celui des préceptes. Sans espoir de pardon m'avez-vous condamnée ? (Andromaque, III, 6). Voilà ce qui s'appelle une phrase louche, sans espoir de pardon, regarde Andromaque et m'avez-vous condamnée, regarde Pyrrhus. Il fallait sans espoir de pardon me vois-je condamnée, afin que la phrase entière tombât sur Andromaque. Qu'ai-je fait, pour venir accabler en ces lieux (Alexandre, IV, 2). - Qu'ai-je fait, dit Axiane, pour que vous veniez, vous Alexandre, accabler, etc. Il ne s'agit pas de savoir si pour que ferait ici un bon effet. Il s'agit seulement de faire sentir l'équivoque qui est dans la phrase de Racine, où l'on est tenté de croire que ces mots, pour venir, regardent la personne qui dit qu'ai-je fait. Elle vient, cette équivoque, de ce qu'il y a une ellipse un peu trop forte. Je t'aimois inconstant: qu'aurois-je fait fidèle (Andromaque, IV, 5). — Voilà de toutes les ellipses que Racine s'est permises, la plus forte et la moins autorisée par l'usage. Plus je vous envisage, et moins je reconnois, monsieur, votre visage (Plaideurs, II, 4). Un peu de logique suffit pour concevoir d'où vient que la conjonction et se trouve ici de trop, et même pourrait donner lieu à un contresens, puisqu'elle travestit des propositions corrélatives en propositions copulatives. D'Olivet en dit assez pour ceux à qui les termes de l'école sont familiers. Le flot qui l'apporta recule épouvanté (Phèdre, V, 6). Personne n'ignore que ce vers a causé une espèce de guerre entre la Motte, qui fut l'agresseur, et BoileauDespréaux, dont la réponse, qui est sa onzième réflexion sur Longin, ne fut imprimée qu'après sa mort. Tout ce qu'il y a de grammatical à examiner dans ce vers se réduit au mot apporta, qui est un aoriste, c'est-à-dire celui de nos deux prétérits qui n'est pas formé d'un verbe auxiliaire, et qui marque indéfiniment le temps passé. Une phrase toute semblable est condamnée dans les Sentiments de l'Académie sur le Cid. Quand je lui fis l'affront, dit le comte, parlant du soufflet qu'il venait de donner à Don Diégue. Selon l'Académie, il devait dire Je lui ai fait, et non Je lui fis, attendu qu'il ne s'était point passé de nuit entre les deux actions. Telles sont les principales Remarques de l'abbé D'Olivet sur Racine. Il a loué, il a excusé, mais il a blâmé aussi quand l'intérêt de notre langue lui a paru l'exiger. FIN. LE RÉDACTEUR-GÉRANT: EMAN MARTIN. CONTENUES DANS LA NEUVIÈME ANNÉE DE CE JOURNAL - A. QUESTIONS RÉSOLUES A boule vue. Explication du double sens de - celui qui donne à dîner. p. 51. Arriver comme de cire. Explication de la comparaison - - p. 53. - P. 67. Au temps où la reine Berthe filait. De quelle Berthe'il est ques- - fièvre. p. 131. -- - Avoir des chambres à louer. Explication de l'expression Bain-marie. Étymologie de - ---- Beau. Origine de dans les noms de parenté beau-père, belle- Bi, Tri, Quatri, etc. Comment il se fait que représentent l'idée Bis. Si l'adjectif - - a été employé autrefois pour Noir. p. 35. - Branle-bas d'un déménagement. Explication de C. - p. 91. - P. 164. Écarter la dragée. D'où vient la phrase proverbiale - p. 60. P. 19. Franc comme osier. Origine de la comparaison - p. 83. Gai. Etymologie de l'adjectif. ment. p. 2. Geindre. Quelle est l'étymologie du verbe saur. p. 33. Genre. De quel sont les lettres de l'alphabet. p. 44. - - - P. 140. H. Heureux comme un coq en pâle. Origine de la phrase - - P. 99. Hippiatrique et Vétérinaire. Pourquoi on dit - p. 155. - P. 18. - P. 140. Saigner au nez ou Saigner du nez. S'il faut dire sion p. 58. - Se lever dès le potron minet. Communication sur - p. 60. P. 74. - p. 188. - p. 60. P. 169. S'en moquer comme de Jean de Wert. Origine du proverbe - Serrer. Comment s'explique sûr. p. 163. signifiant mettre dans un endroit |