Page images
PDF
EPUB

temps lui a manqué, mais viennent d'autres générations, et l'œuvre se complétera.

Alliés entre eux, les léporides longue-soie se reproduisent semblables à eux-mêmes. Pour être vrai jusqu'au bout, - je ne recherche en tout ceci que la vérité, — je dois ajouter que les produits de cette première génération, la seule que j'ai encore obtenue du mariage des longue-soie entre eux, me semblent offrir, dans la région de la tête, des caractères lièvre plus prononcés. En son ensemble, la tête est plus fortement busquée, l'œil n'est plus noir comme chez le lapin, il n'est pas jaune comme chez le lièvre, mais il s'avance plus vers cette couleur que chez le léporide ordinaire; le bord supérieur de l'oreille est bien plus bordé de noir et d'une teinte plus foncée. Par contre, les longue-soie donnent du talon sur le sol, à la manière du lapin, ce que n'ont pas encore fait en ma présence leurs frères les léporides tout court.

Mes expériences continuent. Dans l'avenir, je laisserai parler les faits, comme je les ai laissé parler jusqu'ici (1).

Je n'ai plus qu'un mot à mettre à cette place et je termine. J'ai créé une race de lapins que j'appelle de Saint-Pierre, du nom du hameau où j'ai établi mon clapier d'expériences.

Le lapin de Saint-Pierre est composé, qu'on me passe le terme, par tiers à très-peu près, de sang de lièvre, de sang de lapin de garenne et de sang de lapin domestique: au fond, c'est un hybride, un véritable léporide.

Celui-ci, je le suppose avec quelque raison aujourd'hui, est doué de la fécondité continue, au moins est-il arrivé, à l'heure où j'écris ceci, courant de juillet 1870, à la vingt-sixième génération.

La particularité la plus remarquable qui se soit attachée à cette production ternaire (je la qualifie ainsi parce qu'il est bien probable que le lapin de garenne et nos diverses variétés domestiques n'ont pas eu une commune origine), c'est qu'elle a été fixée dès sa naissance. La nouvelle race a été faite d'un seul coup. Telle elle est venue pour commencer, telle elle est restée, nou-seulement en mes mains, mais dans les mains de tous ceux qui l'ont adoptée (et ils sont très-nombreux aujourd'hui), nonseulement dans les clapiers, mais aussi dans les garennes fermées où elle forme un nouveau gibier, très-supérieur à notre

(1) J'avais compté, hélas! sans les Prussiens qui ont dévoré, chez moi, toute la population de ma levrière et de mon clapier. Aux mots lapin, léporide et lièvre, je dirai ce qui est advenu de tout cela.

petit lapin sauvage par le poids (2 k. 1/2 environ à 6 mois), par la délicatesse de sa chair, par ses facultés prolifiques trèsactives, par sa très-grande précocité, c'est-à-dire par l'abondance de la viande et les très-petites proportions du squelette, par sa rusticité enfin, ce qui ne la gâte en rien.

Le seul trait que je veuille relever ici, en ce qui la concerne, c'est sa très-grande productivité jointe à sa fécondité continue pendant vingt-six générations qui seront certainement suivies de bien d'autres et à sa fixité très-accentuée (1).

Je ne pouvais donner une meilleure conclusion à ce tra

vail.

HYBRIDITÉ. Voir HYBRIDE.

EUG. GAYOT.

HYDARTHROSE. On donne ce nom à l'hydropisie articulaire; elle consiste dans l'accumulation de la synovie plus ou moins modifiée dans une articulation, dans une cavité articulaire. Le mot hydarthre est également usité; son étymologie est la même que pour le mot hydarthrose; elle dérive du grec, vôop, eau, et apopov, articulation.

Comme synonyme, on emploie souvent en vétérinaire le mot vessigon, ancienne expression de l'hippiatrique, qui signifie petite vessie, employée jadis pour désigner les tumeurs molles des articulations, surtout celles du jarret et du genou. Il ne nous paraît pas possible de séparer la description du vessigon de celle de l'hydarthrose.

[ocr errors]

HISTORIQUE. L'hydarthrose est connue, disons-nous, depuis longtemps sous le nom de vessigon; le nom qu'elle porte actuellement est de date assez récente : il a été emprunté à la médecine de l'homme. Boyer est le premier qui en ait donné une histoire complète; il l'a distinguée nettement des autres affections des articulations. Les chirurgiens ont publié depuis quelque temps un grand nombre d'ouvrages importants sur cette partie de la pathologie. Nous citerons entre autres le Traité des maladies des articulations, par Amédée Bonnet de Lyon, un auteur dont les souvenirs nous sont bien chers.

La bibliographie vétérinaire est peu riche pour cette étude; les travaux les plus modernes s'occupent surtout des moyens de traitement. Des mémoires importants ont été publiés dans les différents recueils pour apprécier les opérations proposées,

(1) Courant de septembre 1871, la race a atteint la 30 génération.

entre autres la ponction suivie de l'injection iodée. Leblanc père a donné sous ce rapport des travaux remarquables auxquels sont venus s'ajouter les recherches faites dans les écoles vétérinaires, par les professeurs de clinique, et surtout par M. H. Bouley.

Nous devons citer comme un des plus complets et des plus utiles à consulter le travail sur les vices de sécrétion des gaines synoviales articulaires et tendineuses, publié par M. Lafosse, notre collègue de Toulouse, dans le deuxième volume du Traité de pathologie vétérinaire (année 1861).

-

NATURE. Par sa nature, l'hydropisie des synoviales articulaires et tendineuses a quelque ressemblance avec celle des séreuses, parce que, dans l'un et l'autre cas, il y a un vice de sécrétion, caractérisé par l'augmentation du liquide sécrété, qui séjourne dans la poche naturelle qui le reçoit. Il y a néanmoins de grandes différences à signaler sous le rapport de la marche et des terminaisons de l'épanchement, qui tout en prenant quelquefois dans les séreuses le caractère chronique, a une marche plus rapide et se termine souvent par la mort.

On distingue des hydarthroses idiopathiques ou essentielles; ce sont les plus rares. Le plus souvent, ces hydropisies résultent d'une inflammation plus ou moins forte de l'articulation, due à une cause externe ou interne; mais il n'est pas toujours facile de constater cette inflammation et alors on est porté à admettre une influence diathésique. Les hydarthroses sont rarement aiguës; quand elles sont anciennes, elles persistent presque toujours pendant toute la vie de l'animal, sans avoir quelque influence sur sa durée qui n'est pas diminuée par cette cause. Il est difficile d'expliquer physiologiquement la formation de ces collections séreuses si communes dans les animaux de travail. Depuis longtemps on invoque la théorie d'un défaut d'équilibre entre les absorbants et les exhalants des capsules synoviales comme pour les autres hydropisies. Il serait plus simple d'admettre que sous l'influence de l'inflammation, i y a excès de fluide sécrété, et qu'après la disparition de cet état pathologique, la synoviale n'est pas encore revenue à l'état normal et a perdu en partie ses facultés absorbantes.

FRÉQUENCE. Cette affection est fréquente chez les animaux solipèdes; on la constate souvent sur le cheval avancé en âge et fatigué par le travail : elle est plus rare sur l'âne et le mulet, qui ont les tissus plus denses et plus résistants.

L'hydarthrose peut se montrer dans toutes les articulations

diarthrodiales un peu étendues. On l'observe principalement dans les articulations par charnière, dans celles qui se fatiguent le plus pour les diverses allures. Ainsi sur les chevaux de trait, elle est commune au jarret, au genou, au grasset pour les chevaux légers et long-jointés, elle envahit ordinairement les articulations inférieures.

Nous la rencontrons le plus souvent dans l'articulation du jarret (tibio-tarsienne), du genou (radio-carpienne), du grasset(fémoro-rotulienne). L'hydarthrose de ces trois régions est celle qui offre le plus d'intérêt. Delwart dit qu'on la constate assez fréquemment au boulet et qu'on lui donne alors le nom de mollette, mais ce mot est réservé pour les hydropisies des gaines tendineuses inférieures qui servent aux fléchisseurs.

ÉTIOLOGIE. Les causes des hydropisies articulaires sont externes ou internes. Parmi les causes externes ou traumatiques, sont les coups, les chutes, les efforts violents, les courses rapides, les entorses, les luxations, les plaies pénétrantes des articulations. Citons encore l'appui forcé, le travail excessif, enfin tout ce qui peut causer une grande fatigue. Il est facile d'expliquer la production d'une hydarthrose au début par un effort violent, qui distend l'articulation et facilite davantage l'accumulation de la synovie dans son intérieur, si surtout l'on admet cette assertion de Haller que la sécrétion de la synovie augmente pendant l'exercice. Les vices de conformation constituent des causes prédisposantes.

Quant aux causes internes, elles ont une action plus problé matique, mais on ne peut la méconnaître. On signale les rhu matismes, une température froide et humide, la répercussion d'un œdème, d'un exanthème, des eaux aux jambes, d'un écou lement purulent.

L'influence des causes générales sur le développement de l'hydarthrose ne peut être niée. Il y a, chez quelques animaux. une sorte de diathèse, qui consiste dans une prédisposition telle, que la cause la plus légère fait surgir une hydarthrose. Enfin, il arrive quelquefois que les maladies des articulations se montrent avec le caractère enzootique sur les poulains dans les pays d'élève. M. Darreau, vétérinaire dans le Perche, a décrit le premier une arthrite de ce genre, d'autant plus funeste qu'elle est souvent mortelle et enlève dix-huit malades sur vingt (Recueil de med. vet., 1842). Au début, elle a les caractères de l'hy darthrose, et finit par produire la gangrène de l'articulation, avec des foyers purulents un peu partout. Ici le jeune âge exerce

une grande influence; c'est vers celui de trois à quatre mois, que cette arthrite fait le plus de victimes. L'affection a été attribuée aux refroidissements, aux variations brusques de température, à l'influence de l'humidité, de la mauvaise qualité du lait des nourrices. Plusieurs auteurs l'ont considérée comme héréditaire et résultant de la faiblesse du père et de la mère, qui ont travaillé par excès, tout en étant mal nourris. (Voir, pour de plus grands détails, l'article MALADIES DES ARTICULATIONS, t. II, p. 126.)

L'hérédité admise pour les hydropisies articulaires s'explique par le relâchement des tissus dû au tempérament lymphatique, par les défauts de conformation qui enlèvent à une articulation la force de résistance qui lui est nécessaire.

L'hydarthrose chronique est le partage de beaucoup de vieux chevaux, qui ont été trop fatigués par leur service. On peut bien admettre que des sujets usés transmettent à leurs descendants une prédisposition à contracter des maladies articulaires dues à un état de faiblesse devenu constitutionnel.

SYMPTOMES. L'hydarthrose est aiguë ou chronique. La première survient à la suite d'une cause violente, comme par exemple d'un coup de pied ou d'une métastase; la deuxième est produite à la longue par différentes causes peu intenses, le plus souvent locales. Dans le premier cas on a vu chez quelques malades des symptômes fébriles; on n'en constate pas dans l'hydarthrose chronique, variété la plus fréquente.

C'est ce dernier état qui va être décrit. Il produit une augmentation de volume de la région et la modification de ses formes; l'articulation perd ses saillies osseuses et prend un aspect arrondi. Les creux observés à l'état normal sont remplacés par des bosselures, de sorte que la tumeur, qui est un des symptômes principaux, est circonscrite par l'insertion des ligaments et se montre dans les parties où la synoviale n'est pas renforcée par des ligaments ou des muscles. Le gonflement se produit tantôt du côté de l'extension, ce qui arrive pour le grasset, tantôt du côté de la flexion, pour le jarret, le genou. Ajoutons que les limites de la tumeur dépendent aussi de l'étendue de la synoviale au delà des bordures articulaires; ainsi pour la rotule, la collection séreuse est plus abondante et déborde sur le fémur. Le docteur Am. Bonnet a fait des injections aqueuses dans les séreuses articulaires pour déterminer leur maximum de distension; il est arrivé à démontrer que ce maximum correspond à une position spéciale pour chaque articulation.

« PreviousContinue »