qui, après des périodes de luttes, de découragements et d'angoisses, de victoires, d'espérances et d'enthousiasmes, nous a tirés de la barbarie et nous inspire des appels toujours plus vibrants à une idéale justice. MESSIEURS, Une de nos plus louables traditions nous impose le devoir d'évoquer, dans cette audience solennelle, le souvenir des membres de notre Compagnie que la mort nous a enlevés. M. Barennes vous appartenait depuis trente-quatre ans. Nommé juge suppléant à Saint-Marcellin (Isère), le 5 juin 1840, il avait occupé successivement les postes de juge suppléant à Fontainebleau, de substitut à Bar-sur-Seine et à Étampes. Après avoir rempli, pendant seize ans, les fonctions de juge à Auxerre et à Bordeaux, le lourd fardeau de la présidence d'une des chambres du Tribunal de Bordeaux lui fut confié. Deux ans après, le 30 mars 1864, sur la demande des chefs de la Cour, il était appelé à siéger parmi vous. Par décret du 19 décembre 1882, M. Barennes était admis à faire valoir ses droits à la retraite. Depuis cette date, il vous était resté attaché par les liens de l'honorariat. Fils d'un conseiller à la Cour de cassation, M. Barennes n'avait eu qu'à s'inspirer des traditions familiales pour acquérir les qualités maîtresses du magistrat, la rectitude du jugement, la fermeté du caractère, la dignité de la vie. La courtoisie de ses manières douces et réservées, la sûreté de ses relations lui avaient valu l'estime et la sympathie de ses collègues. On disait de lui que sa modestie était extrême et qu'elle allait jusqu'à la timidité quand il s'agissait de se faire valoir. C'est là un éloge qui n'est pas banal dans un temps où la confiance en soi est représentée comme une condition nécessaire du succès. MESSIEURS LES AVOCATS, Les lois sociales ne peuvent vous laisser indifférents, puisqu'elles ont pour objet de faciliter l'œuvre de la justice à laquelle vous collaborez. Vous devez assister les malheureux et protéger les faibles. Si cette obligation ne vous était pas imposée par les règles de votre Ordre, elle vous serait dictée par la voix de votre conscience. Vous la considérez comme le plus beau de vos privilèges. La Cour se plaît à reconnaître, tous les jours, le talent, le dévouement et le désintéressement dont vous faites preuve dans l'accomplissement de vos devoirs professionnels. MESSIEURS LES AVOUÉS, La loi du 22 janvier 1851 sur l'assistance judiciaire est une de nos lois sociales les plus heureuses, à la condition qu'on n'en abuse pas et que l'assistance ne soit accordée qu'aux vrais indigents pour soutenir des causes justes. Cette loi vous impose de lourdes obligations. Vous en comprenez la nécessité. Nous sommes heureux de constater le zèle avec lequel vous défendez les intérêts sacrés qui vous sont confiés. Au nom de M. le Président de la République, Pour M. le Procureur général, nous requérons qu'il plaise à la Cour admettre MM. les Avocats présents à la barre à renouveler leur serment, et nous donner acte de l'accomplissement des formalités prescrites par l'article 34 du décret du 6 juillet 1810, et admettre les avocats à la barre à renouveler leur serment. M. le Premier Président a lu ensuite la formule du serment des Avocats, et Me Archaimbault, bâtonnier de l'ordre, ainsi que tous les autres Avocats présents à la barre, ont levé la main droite en disant : « Je le jure. » La Cour, conformément aux réquisitions ci-dessus, a donné acte à M. le Procureur général de l'accomplissement des formalités prescrites par l'article 34 du décret du 6 juillet 1810, a pareillement donné acte à MM. les Avocats présents à la barre, du renouvellement de leur serment et a ordonné qu'il serait dressé procès-verbal de tout ce que dessus. M. le Premier Président a ensuite déclaré l'année judiciaire 1898-1899 ouverte, et l'audience solennelle levée. Fait en la Cour d'appel de Bordeaux, toutes Chambres réunies en assemblée générale et publique, les jour, mois et an que dessus. Signé au Registre : LOUIS DELCURROU, Premier Président. Bordeaux. Imp. G. GOUNOUILHOU, me Gairaude, 11. |