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BIBLIOGRAPHIE.

OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE.

Publications de la quinzaine :

L'Amour au commencement du monde. Les Mystères de la création dévoilés; par Mme Badère. In-18 jésus, 324 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr.

Jack, Mœurs contemporaines; par Alph. Daudet. 2o à 6o éditions. 2 vol. in-18 jésus, 766 p. Paris, lib. Dentu. 6 fr.

Histoire de la littérature française depuis ses origines jusqu'à nos jours; par J. Demogeot, ancien professeur de rhétorique au lycée Saint-Louis. 15° éd., augmentée d'un appendice contenant l'indication des principales œuvres littéraires publiées depuis 1830 jusqu'en 1876. In-18 jésus, xiv-702 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 4 fr.

Les Danseuses du Caucase; par Emmanuel Gonzalès. Illustration d'Ed. Yon. In-18 jésus, XII-415 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr. 50.

Chronique du règne de Charles IX; par Prosper Mérimée. Illustrée de 31 compositions dessinées et gravées à l'eau-forte par Edmond Morin. 2 vol. in-8°, xv-430 p. Paris, imprimerie Chamerot.

Nouveau choix de poésies, à l'usage des pensions, des écoles, etc.; par Jules Ponsard, 8° édition. In-18, Iv-176 p. Paris, lib. Delagrave.

Opulence et Misère; par Miss Ann. S. Stephens. Roman américain traduit par Mme Henriette Loreau. In18 jésus, 320 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 1 fr. 25. Romans d'Edmond et Jules de Goncourt. IV. Manette Salomon. Nouvelle édition. In-18 jésus, 448 p. Paris, lib. Charpentier et Cie. 3 fr. 50.

Œuvres poétiques de Courval Sonnet; publiées par Prosper Blanchemain. Tome I. Les Satyres contre les abus et désordres de la France. In-16, xvm-173 p. Paris, lib. des Bibliophiles.

Etude sur Alain Chartier; par D. Delaunay, professeur au lycée de Rennes. In-8°, 268 p. Paris, lib. Thorin. Le Dernier amour. La Chimère; par Etienne Enault. Nouvelle édition. In-18 jésus, 388 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr.

Mademoiselle de Maupin; par Théophile Gautier. Nouvelle édition. In-18 jésus, 388 p. Paris, lib. Charpentier et Cie. 3 fr. 50.

Proverbes du pays de Béarn, énigmes et contes populaires, recueillis par V. Lespy, membre de la Société pour l'étude des langues romanes. In-8°, 113 p. Paris, lib. Maisonneuve et Cie. 5 fr.

Les Oubliés et les Dédaignés, figures du XVIIIe siècle; par Charles Monselet. Nouvelle édition. In-18 jésus, Iv-387 p. Paris, lib. Charpentier et Cie. 3 fr. 50.

Madeleine; par Jules Sandeau, de l'Académie française. Nouvelle édition. In-18 jésus, 209 p. Paris, lib. Charpentier et Cie. 3 fr. 50.

Aventures prodigieuses de Tartarin, de Tararin; par Alphonse Daudet. 4o éd. In-18 jésus, 269 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr..

Souvenirs militaires du colonel de Gonneville; publiés par la comtesse de Mirabeau, sa fille, et précédés d'une étude par le général baron Ambert. 2e édition. In-12, LXX-397 p. Paris, lib. Didier et Cie. 3 fr. 50.

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Publiées sous la direction de M. AD. REGNIER, membre de l'Institut, sur les manuscrits, les copies les plus authentiques et les plus anciennes impressions avec variantes, notes, notices et portraits, etc.

MOLIÈRE

Trois volumes contenant ensemble 1430 pages; Prix: 22 francs 50 cent.

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Paris, librairie Hachette et Cie, 79, boulevard St-Germain.

CONCOURS LITTÉRAIRES.

LA SOCIÉTÉ D'ÉDUCATION DE LYON a mis au concours pour 1876 le sujet suivant : Préciser ce que peut et doit faire l'instituteur primaire, en ce qui concerne l'éducation de ses élèves; indiquer par quels moyens il accomplira le mieux cette partie de sa tâche. Le prix sera de 500 fr., décerné dans la séance publique de 1876, sous le nom de Prix de la ville de Lyon. Les mémoires devront être adressés franco, avant le 1er Septembre prochain, à M. Palud, libraire, 4, rue de la Bourse, à Lyon.

-

LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS de Tarn-et-Garonne propose pour cette année 1876 une médaille d'or de la valeur de 200 fr. à la meilleure œuvre de poésie lyrique (ode, poème, stances, etc.); une médaille d'argent de la valeur de 100 fr. à la meilleure pièce de genre (conte, ballade, fable, etc.); et une médaille d'argent de la valeur de 50 fr. au meilleur groupe de trois sonnets. Toutes demandes de renseignements devront être adressées au Secrétaire de la Société, à Montauban.

ACADÉMIE DES POÈTES. Les écrivains encore étrangers à l'Académie des poètes, qui voudraient prendre part au concours ouvert pour la Xe Olympiade, devront adresser franco cinq poésies inédites à M. Élie de Biran, archiviste de la Société, rue des Missions, 22, à Paris. - Ces poésies ne doivent point toucher à la politique, elles ne doivent non plus rien renfermer d'immoral, d'irréligieux ou de diffamatoire. — Un grand nombre de médailles de vermeil, d'argent, de bronze, de divers modules, seront décernées à la suite de ce concours.

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LE TOURNOI POÉTIQUE ET LITTÉRAIRE, organe de la Société des Amis des lettres, journal rédigé par ses abonnés
mensuel,
(4o année,
- 32 p. in-8°, - elzévir). Poésie, littérature, arts, sciences, morale, nouvelles, variétés,
fantaisies, chroniques. CONCOURS POÉTIQUES ET LITTÉRAIRES. Prix Médailles de bronze, livres, musique.
Abonnement: 10 fr. par an. (Envoi gratuit d'un numéro spécimen.) - Bureaux: 12, boulevard Montmartre, à Paris.
ACADÉMIE DES LETTRES DE ROUEN. Prix à décerner en 1877 pour un conte en vers de 100 vers au moins.
S'adresser au secrétaire perpétuel, M. Julien Loth.

RENSEIGNEMENTS OFFERTS AUX ÉTRANGERS.

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Tous les jours, les dimanches et les fêtes exceptés, le Rédacteur du Courrier de Vaugelas indique aux Etrangers qui lui font l'honneur de venir le consulter: 1o des professeurs de français; 2o des familles parisiennes qui reçoivent des pensionnaires pour les perfectionner dans la conversation française; - 3o des maisons d'éducation prenant un soin particulier de l'étude du français; - 4° des réunions publiques (cours, conférences, matinées littéraires, etc.), où se parle un très-bon français; 5o des agences qui se chargent de procurer des précepteurs, des institutrices et des gouvernantes de nationalité française.

(Ces renseignements sont donnés gratis.)

M. Eman Martin, Rédacteur du COURRIER DE VAUGELAS, est visible à son bureau de trois à cinq heures.

Imprimerie GOUVERNEUR, G. DAUPELEY à Nogent-le-Rotrou.

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(Dans sa séance du 12 janvier 1875, l'Académie française a décerné le prix Lambert à cette publication.)

PRIX:

Par an, 6 fr. pour la France, le port en sus pour l'étranger. -Annonces : Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

AVIS.

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Les écrivains de la presse périodique qui publient des articles ayant trait à la langue, sont instamment priés de vouloir bien adresser au Courrier de Vaugelas les numéros qui les contiennent.

SOMMAIRE.

Communications sur Tuer le mandarin, sur Croquetaco, sur Faire ripaille et sur le participe passé d'une phrase corrigée; Étymologie de Boire à tire-larigot; Comment Air a pu signifier apparence, extérieur, mine; Justification de la construction De manière à ce que; Prononciation de Loquace || Signification de Avoir barres sur quelqu'un ; Comment Quiproquo en est venu à signifier Méprise; Étymologie de Bissextile; Signification et emploi de Fauteur || Passe-temps grammatical || Suite de la biographie de Gilles Ménage || Ouvrages de grammaire et de littérature. || Concours littéraires. || Renseignements à l'usage des professeurs de français.

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Un de vos lecteurs vous a demandé - je ne saurais dire à quelle date l'origine de la locution devenue proverbiale: Tuer le mandarin.

Vous avez répondu (pages 36 et 37 du Courrier de Vaugelas, 3° année) :

« C'est J.-J. Rousseau qui est l'auteur de cette expression, ainsi que nous l'apprend Balzac dans le Père Goriot. » Il faut croire que votre correspondant s'est trouvé satisfait, puisqu'il n'a pas répliqué. Je suis plus exigeant et je viens vous prier de nous apprendre, à moi, ignorant, et à nombre d'érudits que j'ai questionnés inutilement à ce sujet, dans lequel de ses ouvrages Rousseau, se posant à lui-même un cas de conscience, s'est demandé ce qu'il

ABONNEMENTS:

Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque.

ferait, s'il avait la possibilité de se faire des rentes avec la
vie d'un mandarin.

Recevez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments dis-
tingués.
Un de vos abonnés,
A. S.

J'ai dit et prouvé que l'expression dont il s'agit a été attribuée à J.-J. Rousseau par Balzac (Père Goriot, t. 1, p. 380); de plus, j'ai cité la phrase qui la renferme, phrase servant d'épigraphe, avec le nom de Bousseau, à une chanson de Louis Protat, intitulée Tuons le mandarin. Je suis donc fondé à croire que Rousseau est bien l'auteur de cette expression; mais à quel endroit de ses œuvres se trouve-t-elle ? C'est une question à laquelle je ne puis répondre aujourd'hui, étant pris aussi complètement à l'improviste que le jour où j'ai reçu la communication qui me l'a transmise.

Je ferai cette recherche aussitôt que je pourrai m'en occuper.

II.

Dans mon dernier numéro de la 6e année, p. 188, j'exprimais l'espoir que quelque abonné de Toulouse voudrait bien m'adresser des renseignements sur Croquetaco, le Croquemitaine de cette ville à la fin du XVIIe siècle.

M. Firmin Boissin s'est empressé de répondre à mon appel par une longue lettre.

Après avoir constaté que Croquetaco n'est pas connu parmi les Croquemitaines actuels de Toulouse (qui sont le Babau, la Cambocruso, la Patarraugno, le Barrabiù et la Sarramauro), mais qu'il fait encore les frais des veillées dans le département du Tarn, le rédacteur en chef du Messager continue en ces termes :

Un jeune homme de Buzet, commune de la Haute-Garonne, limitrophe du Tarn, se rappelle avoir entendu raconter, dans le village de Layolle, du côté de Béziers, où il travaillait en qualité de maçon, le conte de Crocotaco (ici l'orthograph du mot est encore différente). Le conteur était précisément 3 Gaillac (Tarn). Ce Crocotaco, à l'entendre, était fils de Crocomar, lequel, ainsi que son nom l'indique, faisait ses fredaines sur mer. Crocotaco jugea plus convenable

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et moins fatigant d'agir sur terre. Il s'établit sur les bords
du Tarn et se mit à voler les petits enfants pour les man-
ger absolument comme l'ogre du Petit-Poucet. Plus tard,
les enfants se méfiant et le gibier devenant rare, Croco-
taco employa' la ruse pour satisfaire ses goûts. Il alla même
quelquefois jusqu'à s'introduire dans les maisons par la
cheminée.

IV.

La lettre qu'on va lire, reçu une faute que j'aurais commi d'un participe:

Monsieur le rédacteur,

Vous aviez donné comme phr d'événements, que de phases div dérouler ».

Vous aviez corrigé en mettant a

Je tiens ces derniers détails d'un philologue de mes
amis, M. Paul Barbe, lequel habite précisément la com-
mune de Buzet. M. Barbe explique l'étymologie de Croque-
taco par deux mots de la vieille langue gasconne aujour-s'accordant avec phases seul.
d'hui tombés en désuétude: les mots croco (diable) et la-
quan (traître). Autrement dit : le diable traître (crocotaquan,
et par syncope crocotaq).

Si ces renseignements ne viennent pas corroborer
mon étymologie de Croquemitaine, ainsi que j'avais cru
pouvoir l'espérer, ils ont du moins cet avantage qu'ils
ne laissent pas subsister plus longtemps l'idée que ce
nom et Croquetaco pourraient être d'une composition
analogue, comme ayant leur première partie commune
et une signification identique.

III.

La lettre suivante propose une nouvelle étymologie de
Faire ripaille, expression dont j'ai déjà eu l'occasion
d'entretenir mes lecteurs :

Modane (Savoie), le 22 avril 1876.
Monsieur le rédacteur,

A propos de vos recherches sur l'origine de faire
ripaille, vous dites que le séjour d'Amédée VIII au château
de Ripaille n'a pas pu donner prétexte à cette locution, et
que Furetière la donnait, en 1727, comme étant inconnue
en Savoie.

Le célèbre académicien pourrait presque en dire autant de nos jours, et il est constant qu'Amédée VIII illustra le manoir de Ripaille par sa sagesse et non par des goûts d'intempérance et de dépravation.

Mais ne pourrait-on pas trouver la source de l'expression dont il s'agit dans la Société des Francs-buveurs, qui avait pour quartier-général une maison de campagne appelée Ripailles, à Villeneuve-lez-Avignon, bien que cette Société n'ait été créée qu'en 1703 par M. de Posquière, célèbre en son temps à titre de buveur et de gourmet? (V. Grand Dictionnaire universel de Larousse, t. II, p. 888).

Je vous livre cette réflexion, dût-elle ne vous paraître d'aucune valeur.

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'expression de mes sentiments bien respectueux.

SAINT-JOURS,

Lieutenant des Douanes.

J'ai dit, el, je crois, avec raison (Courrier de Vaugelas, 6e année, p. 106), qu'avec le verbe faire et un nom de lieu, notre langue n'avait jamais composé d'expressions signifiant goûter des plaisirs semblables à ceux qu'offre ce lieu; qu'elle n'avait jamais dit, par exemple, faire Capoue, faire Corinthe, faire Paris, etc.

Par conséquent, la maison de campagne de Ripailles à Villeneuve-lez- Avignon, quoiqu'étant le quartier général des Francs-buveurs, n'a pu, à mon avis, suggérer faire ripaille.

D'un autre côté, le mot ripaille, dans cette expression, s'emploic au singulier, tandis qu'avec l'étymologie de M. Saint-Jours, il devrait nécessairement se mettre au pluriel: c'est une autre preuve, il me semble, que cette étymologie n'est pas la bonne.

Mais voici que, par sa lettre insér du 15 de ce mois, M. Adéma vou vous êtes pas trompé, s'il ne fau masculin pluriel, se rapportant à qu'à phases. Et vous vous empress teur, de vous soumettre à cette méritez pas. Permettez-moi donc de

Et d'abord M. Adéma, si sa rectific ne devrait pas la borner à l'accord d jusqu'à la construction de la phrase, masculin événements, qui détermine dernier.

Mais non; M.. Adéma n'est fondé qu'il propose ni dans celle qui en s En voici la raison : 1

Les deux noms événements et phas deux choses distinctes, mais bien chose. L'auteur a d'abord l'idée des é sidérant que ces mêmes événements s terminés par séries ayant divers aspec phases, et il substitue, comme renda pensée, ce dernier nom au premie compte plus.

C'est donc avec phases seul, avec le r participe vues doit s'accorder. Vous n sieur le rédacteur, vous en dédire. Veuillez agréer l'assurance des sen votre abonné.

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qu'avec la correction que j'ai indiqué (vus à la place de vues), on devrait m

après phases, et cela, probablement, afin après phases, et cela, probablement, afin

de l'euphonie, le masculin vus ne suiv féminin.

Mais cet ordre est tout simplement avant de songer aux phases des événem me semble, que l'esprit songe d'abo ments eux-mêmes, ce qui nécessite l'em non avant, mais après événements.

Du reste, vus sonnant comme vues, e séparé de phases par trois mots, je ne vois vénient pour l'euphonie à ce que le parti au masculin; cette phrase, en effet, n'off l'oreille que le père et la mère sont bons

relative de père et de mère n'a jamais été, que je sache, que, cour de maison, endroit à battre le grain, et contestée par personne.

La faute d'orthographe. M. A. Aubin ne voit qu'« une seule et même chose » dans événements et dans phases, ou plutôt il ne voit que phases, avec lequel il veut que le participe s'accorde. Mais M. Adéma (dont je partage l'opinion) trouve, lui, une différence entre un objet et l'aspect qu'il offre, c'est-à-dire qu'il voit deux choses dans ces mêmes mots, et veut, en conséquence, le participe au masculin pluriel.

Lequel des deux adversaires a raison?

La phrase étant susceptible d'une double entente, je crois que c'est celui qui, tout en écrivant à sa façon, voudra bien ne pas condamner celle de l'autre.

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A mon avis, la véritable source de larigot a été indiquée par le docte personnage que Bouchet fait intervenir dans sa première serée. Ce mot vient du grec laryngos, génitif du mot larynx, qui signifie gosier, gorge dans cette langue; et voici, malgré ce qu'en a pu dire le P. Labbe (Etymol. franç., p. 36), ce qui justifie pleinement cette opinion:

On lit dans Cotgrave (1660) que larigau a deux significations, celle de gorge, tuyau de la respiration, et celle de flûte, employée par les «< clowns » dans quelques parties de la France. Et qu'on ne soit pas étonné de cette double signification de larigot; car, puisque, de nos jours, les Anglais appellent encore le gosier windpipe, c'est-à-dire la pipe, le tuyau à l'air, et que nous avons le diminutif pipeau pour signifier une flûte champêtre, pourquoi laryngos, désignant le gosier en grec, n'aurait-il pas été introduit en français pour y signifier une flûte, instrument, qui, sauf les trous, n'est pas autre chose, en définitive, qu'un tube, un tuyau? Du reste, le populaire, en vertu de cette analogie et de cette dénomination identique du gosier et de la flûte, ne dit-il pas encore flûter dans le double sens de jouer de la flûte et de boire ?

Or, la signification originelle de larigot étant donnée, l'expression à tire-larigot s'explique aisément : c'est boire à tire cou, c'est-à-dire en ayant le cou tendu, allongé, comme il est lorsqu'on sable.

Pour plus de détails, voyez le Courrier de Vaugelas (4° année, p. 3), où cette question a été bien plus longuement traitée.

X Seconde Question.

Comment le mot AIR, qui vient du latin AER, a-t-il pu passer du sens de FLUIDE à celui de APPARENCE, EXTÉRIEUR, MINE, qu'il a, par exemple, dans l'expression AVOIR L'AIR PREOCCUPÉ?

quelquefois lieu de réunion, s'est employé chez nous dans ces divers sens, et surtout en parlant des oiseaux de proie pour désigner leur retraite, leur nid :

Salomons de Bretaigne fu en pié en mi l'aire.

(Sazons XXXI.) Le vaultour est chose bien rare, et mal aisée à veoir, et ne treuve l'on facilement leurs aires.

(Amyot, Rom. 14.)

Or, comme dans le langage de la vénerie, on disait en parlant d'un faucon, qu'il était de bonne aire pour dire de bon nid, de bonne origine, aire a d'abord été appliqué aux personnes dans le sens de famille, extraction, naturel, manière d'être, disposition, caractère, humeur, comme le font voir ces exemples:

Ahi! culvert! malvais hom de pute aire!

(Chanson de Roland, p: 67.)
E! gentilz hom, chevaler de bone aire,
Hoi te cumant al glorius celeste.

Ne nos seies plus de mal aire, Kar benignes e humilianz Sumes à faire tes talanz.

(Idem, p. 188.)

(Chr. des D. de Norm., t. I, p. 591, vers 14815.) Plus tard, de même que le latin habitus, qui du sens de état du corps, complexion, nature, disposition, en était venu à signifier extérieur, dehors, aspect, et jusqu'à habillement, costume; de même le français aire en vint à signifier les manières, l'apparence, l'extérieur.

Mais alors, il avait pris la forme air (comme dans air de vent, qui fut d'abord écrit aire de vent); il se confondit par l'orthographe avec le dérivé du latin aer, et depuis, nous avons eu, sous le même vocable air, deux significations dont l'une, celle de fluide que nous respirons, ne pouvant expliquer avoir l'air préoccupé et autres expressions analogues, vous a suggéré la question à laquelle je viens de répondre.

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A cause de sa synonymie avec de façon et de sorte, qui veulent généralement que après eux quand ils doivent être suivis d'un verbe à un mode personnel, on est Le mot latin area, qui signifiait surface, place publi- tenté de croire, avec M. Littré, que de manière à ce

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