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dans les nombreuses contrées qu'ils arrosent. Ces réflexions que m'a suggérées l'invention de la Lithographie, dont les progrès vont toujours croissant, m'ont déterminé à recueillir tout ce qui m'a paru de plus intéressant dans ce que l'on a publié sépa rément sur l'histoire de cette découverte ; découverte d'autant plus importante, qu'elle tient à l'imprimerie, à l'écriture, au dessin, à tous les genres de gravures, à la musique, etc., et qu'elle offre les moyens de simplifier et d'abréger les procédés de chacun de ces arts. J'ai puisé mes renseignemens dans quelques ouvrages spéciaux, dans les journaux et dans quelques entretiens avec des personnes auxquelles ce nouvel art est familier. J'ai divisé ce petit travail en trois parties : la première traite de la découverte de la Lithographie sous le rapport historique; la seconde consiste dans la liste raisonnée des ouvrages ou fragmens d'ouvrages qui ont paru sur la Lithographie; et la troisième présente une notice chronologique abrégée de la découverte des différens genres de gravures. S'il m'est échappé des erreurs, ou si j'ai fait quelques omissions, je prie

le lecteur de vouloir bien me les indiquer; je m'empresserai de rectifier tout ce qui peut se trouver de défectueux, afin de rendre cet Essai, tracé d'abord un peu à la hâte, plus digne, par la suite, de l'attention et de la bienveillance des amateurs.

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Précis sur la découverte et les progrès de la Lithographie.

Le mot LITHOGRAPHIE est composé du grec lithos, pierre, et graphó, je décris ; on appeloit et l'on ap pelle encore ainsi une partie de l'Histoire naturelle qui a pour objet la description des pierres. Mais depuis qu'on a découvert l'art de graver ou déssiner sur pierre, on a donné une seconde acception au mot Lis THOGRAPHIE, en s'en servant pour désigner ce nouvel art. Peut-être eût-il été plus convenable de lui donner le nom de Lithoglyptique, du mot lithos, pierre, et gluphé, gravure; ou d'adopter celui de Polyautogra phie, dont se servent les Anglais, et qui signifie art donnant un grand nombre de dessins autographes, c'est-à-dire, de dessins de la main de l'auteur ? Au reste, peu importe la dénomination, pourvu que la chose soit bonne, utile, et que l'histoire de sa découyerte présente quelque intérêt. Voyons quand et comment elle a eu lieu.

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M. Aloïse Sennfelder, né à Prague en Bohême, chanteur des chœurs du théâtre de Munich, observa le premier la propriété qu'ont les pierres calcaires de retenir des traits formés par une encre grasse, et de les transmettre dans toute leur pureté au papier appliqué fortement à leur superficie. Quelques-uns prétendent que M. Sennfelder doit la première idée de cette découverte à un botaniste qui gravoit ainsi des figures de plantes; mais cela n'est point avéré, et il passe généralement pour l'inventeur de la Lithographie. Il obtint, en 1800, du Roi de Bavière (alors électeur) un privilège exclusif pour l'exercice de son nouveau procédé pendant l'espace de treize ans. L'ayant cédé à ses frères, il porta, en 1802, son invention à Vienne en Autriche et obtint de l'Empereur, un nouveau privilège pour dix ans, qu'il ne tarda pas à céder à MM. Steiner et Krasnitzki, qui ont toujours continué à Vienne cette entreprise, soutenus par le Conseiller de régence Startl de Luchsenstein. L'inconstance de M. Sennfelder le ramena bientôt à Munich, où il forma un établissement lithographique avec M. le baron d'Arétin. Cet établissement s'est toujours soutenu depuis ; mais on en a formé d'autres dans la même ville de Munich:l'un où l'on grave les cartes du cadastre de la Bavière, l'autre établi à l'école gratuite de dessin.Celui-ci est destiné à multiplier les modèles dans cette école. On prétend que M. Mitterer, professeur et directeur de la même école, est inventeur de la gravure au crayon sür pierre ; ensuite MM. Manlich et d'Arétin formèrent à Munich un nouvel établissement destiné à copier

les dessins des grands maîtres qui se trouvent dans la collection du Roi de Bavière.

En 1801, on fit quelques essais de Lithographie à Stuttgard; mais ils furent si foibles, qu'en 1808 on n'avoit encore exécuté que cinq ou six planches. Depuis on y a perfectionné différens genres. Le graveur Charles Strohofer est un de ceux qui ont fait le plus grand nombre d'essais heureux dans le Wurtemberg; on lui attribue l'art de graver les dessins sur la pierre en creux, au moyen de la pointe et du burin. C'est à peu près dans le même temps que M. Cotta prit intérêt dans l'Imprimerie en pierre établie à Stutt→ gard.

Je trouve dans le Journal de la littérature étran◄ gère de 1807, que la Lithographie a été introduite en Angleterre en 1801, où celui qui l'a fait connoître (je pense que c'est M. André d'Offenbach), a obtenu une patente exclusive. Cet art a pris le nom de Po→ lyautographie chez les Anglais; plus bas il est dit que le propriétaire patenté est M. Wollwiler (sans doute l'associé de M. André), qui a publié (en 1807) un ouvrage intitulé: Specimens of Polyau tography, qui renferme des empreintes de dessins faits par les premiers artistes d'Angleterre.

Ce qui me fait hazarder ces conjectures sur M. André et sur M. Wollwiler, c'est que dans le rapport fait à l'Académie des beaux arts, à Paris, sur la Lithographie, en janvier 1817, on dit que l'inventeur ayant fait connoître son procédé à MM. André frères d'Offenbach, ceux-ci s'em pressèrent de le répandre, l'un en Angleterre, l'autre en France,

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