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de la peine encourue); Thierry en trois mois d'emprisonnement et 100 fr. d'amende; Caffin en 16 fr. d'amende; et tous trois solidairement aux dépens;

<< Ordonne que la société dite des Amis du peuple sera DISSOUTE (vive sensation); déclare bonne et valable la saisie faite, le 9 septembre 1830, d'une affiche imprimée au nom de la société, et de tous les papiers et pièces relatives à cette société ;

«En ce qui touche David, imprimeur, «Attendu que les faits qui lui sont imputés ne sont pas suffisamment justifies, le tribunal le renvoie de la plainte,»

Ce jugement fut écouté avec un profond silence. La foule des spectateurs s'écoulait avec calme; mais en traversant la salle des Pas-Perdus pour descendre l'escalier qui conduit vis-a-vis du Prado, plusieurs jeunes gens ont fait entendre des sifflets aigus.

Nota. Il n'est pas inutile de rappeler ici que le scandale de cette audience, où le tribunal avait montré beaucoup de faiblesse, a déterminé la Cour royale à faire appeler devant elle M. le president Dufour, pour donner des explications à cet égard. (Voy. l'arrêt rendu le 8 octobre.)

2. Paris. Ouverture du Théâtre Italien. Cette solennité dramatique, annoncée depuis quinze jours, est memorable par la première représentation d'un opera seria, l'Ultimo Giorno di Pompei, del signor Pacini, qui n'était point connu en France, et par le début de madame Meric - Lalande, qui était allé se faire une grande réputation sur les premiers théâtres d'Italie, d'Allemagne et d'Angleterre, avant de rendre ses talens à sa patrie.

L'Ulumo Giorno di Pompei a été fabriqué, comme tous les libretti, pour servir de canevas au compositeur. Celui-ci l'a brodé en homme qui connaît les ressources de son art: madame Meric s'y est montrée cantatrice et tragédienne consommée; et la beauté des décors a fait le surplus du succès. D'ailleurs le directeur promet d'autres jouissances aux dilettanti. Il attend les célèbres David et Lablache, et madame Malibran. Il ne faut pas moins que cela pour lui ramener le faubourg Saint-Germain.

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11. Paris. Odéon. Première représen tation de LA MÈRE ET LA FILLE, comedie en cinq actes, de MM. Empis et Mazeres, Les Napoléon et les maris trompes sont depuis quelque temps en possession exclusive de la scène. Mais aujourd'hui, du moins, l'adultère se montre du côté sérieux.... Il est douteux que l'art et la morale y gagnent beancoup; mais ce n'est ni la morale ni l'art qui athreat au théâtre. On va y chercher des emotions, et la pièce nouvelle offre eu ce genre de quoi satisfaire aux appétits les plus blasés. On va en juger.

Madame Duresnel, femme encere jeune et belle, reste à Paris pour surveiller l'éducation de son fils et de sa fille pendant que son mari va présider uue cour royale de province en attendant une place à la cour de cassation...... Mais la vertu de madame ne tient pas long-temps contre l'absence. Un jeune Anglais, lord Telmours, introduit daas sa maison comme ami de son fils, fait si conquête. La liaison dure depuis six mois; mais, tout en adorant la mère

Telmours devient amoureux de sa fille Fanny, naïve et tendre enfant, dont le cœur s'émeut vivement à l'idée de devenir un jour lady Telmours; le tout, bien entendu, à l'insu de la mère.

Il y a malheureusement là, pour cette pauvre femme, un ami de la maison, un M. Verdier, vieux libertia qui ne cesse de vanter son bouheur d'être mari divorcé, et qui se plaît à jeter la division dans les ménages, afin de se donner des confières. Il a surpris le secret des deux intrigues; il se propose d'en profiter pour perdre madame Duresnel, contre laquelle d'ailleurs il a des ressentimens particuliers, parce qu'elle a dédaigné ses hommages.

Tel est l'état des choses, lorsque Duresnel, ayant reçu sa nomination à la cour de cassatiou, arrive inopinément à Paris, à onze heures du soir. Il trouve sa femme en tête à tête avec le jeune Anglais. Cependant, grâce à la présence d'esprit de milord, le mari ne voit rien que de naturel dans sa visite. D'ailleurs il apprend bientôt par son frère que sa seigneurie aspire à la main de sa fille, et que ce bon frère s'est engagé à le recommander. Ainsi Duresnel, enchanté d'une alliance de cette importance, se regarde comme le plus heureux des époux et des pères de famille.... mais l'illusion est de courte durée.

D'abord, par une combinaison de l'ami Verdier, un bonhomme de fermier, qui vient d'éprouver une mésaventure conjugale, vient la lui raconter devaut madame Duresnel, en mêlaut à son récit des imprécations contre les femmes infidèles, qui sont comme autant de coups de poignard pour l'épouse criminelle, au point qu'elle s'évanouit.... Duresnel en conçoit quelques alarmes, et même des soupçons, qui font bientôt place a la certitude.

La coupable aussi n'était pas au terme de son châtiment. Elle ignorait l'amour de milord et de sa fille Fanny, Elle apprend que lear mariage arrangé par son beau-frère, sera conclu des le soir même, et aux remords de sa faute viennent se joindre les tourmens affreux de la jalousic. Elle frémit à l'idée de donner son amant pour époux à sa fille. Dans son désespoir, ne sachant que faire, que résoudre, elle se détermine à écrire à lord Telmours pour l'encourager à partir, à fuir la France. Georges, lui dit-elle, il y a six mois, ce mariage eût été possi

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ble...., mais aujourd'hui.... Un malheu
reux hasard fait tomber ce billet entre
les mains de Duresnel, lorsque déjà les .
indiscrétions de Verdier avaient jeté le
trouble le plus violent dans son esprit:plus
de doute, maintenant; il est trompé, trahi.
Son indignation est au comble en son-
geant à cet Anglais : « Sa femme, après
daus son lit, veut le jeter
l'avoir reçn
« dans celui de sa fille! » Cette idée lui
fait horreur, rien n'égale son tourment;
homme d'honneur avant d'être magistrat,
il veut venger dans le sang son honneur
si indignement outragé.... Mais, après un
tel éclat, pourra-t-il siéger sur les bancs
les plus élevés de la justice? que de-
viendront ses enfans? que deviendra-
t-il lui-même, en proie au ridicule,
aux mépris dont il a sous les yeux
l'exemple dans la personne de Verdier?
Son fermier a plus de raison que lui : il
se croit aussi trompé par sa femme; il
veut rester maire de son village, conser-
ver sa considération, et se résigne au
silence. C'est aussi le parti que prend
M. Duresnel il fait rompre le mariage
projeté de sa fille avec le séducteur de
sa femme; mais, pour l'honneur de sa
famille, il se résout à dévorer dans son
cœur le sanglant outrage qu'il a reçu;
son indignation, cependant, ne peut se
maitriser à l'aspect de son épouse adul-
tère; il l'accable du poids de sa malédic-
tion, en lui disant : Pour le monde,
« nous serons toujours unis; chez moi,
« nous sommes à jamais séparés.

"

Jamais sujet plus délicat n'avait été mis sur la scène. La Mère coupable de Beaumarchais ne voit sa faute découverte qu'au bout de vingt ans. Elle l'a expiée par de longs remords. Ici l'injure est palpitante: la situation de la femme et du mari soulève le cœur; mais l'auteur la prépare et la développe avec un art infini; seulement on regrette que le rôle bouffon du fermier soit jeté au milieu de ces scènes déchirantes; que les plaisanteries quelquefois triviales de Verdier deviennent l'intérêt qui s'attache au rôle très bien conçu, au caractère très noble du mari : mais, en total, le drame est d'un puissant intérêt; il est conduit avec beaucoup d'art, écrit sous l'inspiration d'un sentiment de délicatesse et d'honneur, qui fait passer des situations et supporter des détails dont on s'étonne encore après les avoir vus. Il a eu du succès; il attirera long-temps la foule.

13. Académie royale de Musique. --

LE DIEU ET LA BAYADÈRE, ou La Courtisanne Amoureuse, opéra en deux actes de M. Scribe, musique de M. Auber, ballet de M. Taglioni. Le second titre de cet opéra en dit assez le sujet. Brama y joue le même rôle que le prince italien dans la Courtisanne Amoureuse de La Fontaine. Exilé comme Apollon sur la terre (on ne sait par qui), il ne pourra remonter aux cieux qu'après avoir trouvé une femme qui l'aime sincèrement, et pour lui-même. De toutes les beautés auxquelles il s'adresse, il n'en trouve dans toute l'Inde qu'une seule, dont la tendresse soit désintéressée. Cette merveille, c'est une Bayadère, et ce qu'il y a de plus merveilleux encore, c'est que ce modèle des amantes ne dit pas le mot, non qu'elle soit muette, mais parce que, bien qu'elle l'entende, elle ne parle pas la langue du pays. Tous ses moyens de séduction sont dans ses grâces, dans ses danses légères, dans ses attitudes à la fois voluptueuses et virginales. On conçoit leur irrésistible attrait en voyant ce personnage rempli par mademoiselle Taglioni; elle y répand une suavité inexprimable; les plus douces paroles, les chants les plus mélodieux n'auraient pas plus de charmes. La musique de ce petit opéra est agréable, mais elle ne semblait avoir été faite que pour la jolie Bayadère, et l'honneur de la soirée lui reste entièrement.

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14. Théatre-Français. Première représentation de la DEMOISELLE ET LA DAME, comédie en cinq actes et en prose, par MM. Empis et Mazères. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas,» dit le proverbe. Les pièces non plus, peut dire la critique. Si les auteurs ont remis au sort le soin de décider à quel théâtre ils remettraient la Mère et la Fille ou la Demoiselle et la Dame, le meilleur lot n'est pas échu à la Comédie-Française. Au titre de la nouvelle pièce, il est difficile d'en deviner le sujet, et lorsqu'on l'a vue, il n'est pas trop aisé encore de s'en rendre compte. On croit voir que les auteurs ont voulu mettre en action deux idées morales : l'une, que la trop grande jeunesse d'une femme est un écueil pour sa vertu et une source d'inquiétudes pour la tranquillité de son mari; l'autre, qu'une première faute peut avoir une influence funeste sur l'avenir d'une jeune fille, et qu'elle doit s'estimer heureuse si, après de longues années passées dans de stériles regrets,

elle peut trouver à réparer, dans un mariage bien assorti, les torts de son étourderie ou de son inexpérience.

Ici, au surplus, la jeune Dame échappe à la séduction, et la Demoiselle finit par trouver à vingt-neuf ans un homme aimable qui l'épouse; car il se découvre à la fin que l'aventure dont, grâce aux bonne langues de province, il a été fait tant de bruit depuis quinze ans, n'est qu'une peccadille, une lettre accordée sans autre faveur à son amant. Aussi tout le monde sort satisfait de cette intrigue, trop compliquée pour nous y engager. La pièce a eu du succès; mais on y a trouvé trop de conversations et trop peu de mouvement, quoiqu'il y ait deux ou trois actions bien distinctes.

15. Théatre - Français. Reprise de CHARLES IX, de Chénier.- Après quinze ou seize ans d'interruption, la révolution de juillet semblait devoir donner à cette tragédie l'attrait de la nouveauté... Le caissier comptait sur un succès d'argent; mais ses espérances ont été trompécs: la salle était à moitié vide, et les spectateurs étaient froids à ces irades contre les tyrans et les prêtres, qui produisaient tant d'impression en 1789 D'autres dangers, d'autres ennemis menacent maintenant la société : on le voyait à l'indifférence du parterre sur les malheurs d'un autre siècle.

17-18, Paris. Troubles. Attaques sur Vincennes. (Voy. l'Histoire, p. 363.)

21. Paris. Police correctionnelle. Affaire des journaux non cautionnés. Plusieurs journaux étaient publiés depuis la révolution de juillet, sans qu'il eût été fourni de cautionnement ou fait de déclaratious préalables comme la loi l'exige. Le ministère public avait longtemps reculé devant l'audace de ces tribunes populaires. Mais il vient de se décider à sévir contre ces infractions à la loi, vingt fois dénoncées à la tribune législative. Quatre gérans de ces journaux ont été cités en police correctionnelle, le jugement qui suit vient d'être rendu contre eux.

Le tribunal, << Attendu que les lois ne s'abrogent que tacitement ou expressément ; qu'aucune abrogation, soit expresse, soit tacite des lois des 18 juillet 1828, et 9 juin 1819, ne résulte de la Charte de 1830; qu'en effet, les lois des 18 juillet 1828 et 9 juin 1819 ne

s'occupant que de la police de la presse, n'apportent aucun obstacle à l'exercice du droit reconnu par la Charte de 1830, à tous les Français de publier leurs opinions; .

« Attendu que Vaillant est propriétaire gérant du journal de l'Aigle, Fazy, défaillant, gérant de la Révolution; Paulowski, défaillant, gérant du Tocsin National; que ces trois journaux sont quotidiens et s'occupent de matières politiques;

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Attendu qu'il est constant que, puis le 29 juillet, les trois inculpés ont fait paraitre chacun leur journal sans s'être conformés aux obligations imposées à tout propriétaire et gérant de journal de cette nature, par les art. 2, 3, 6, 8 de la loi du 18 juillet 1828: 1° Qu'ils n'ont pas fourni de cautiounement; 2° Qu'ils n'ont pas fait à la librairie la déclaration préalable; 3° Qu'ils n'ont pas fait au parquet du procureur du Roi, au moment de la publication, le dépôt prescrit;

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Que, dès-lors, Vaillant, Fazy, Paulowski, se sont rendus coupables des délits prévus par les articles précités;

En ce qui touche Leclerc, imprimeur, défaillant;

« Attendu qu'il est constant qu'il a imprimé le journal la Révolution; qu'il savait que les obligations imposées par la loi à Fazy n'avaient point été par lui remplies; que dès lors Leclerc s'est rendu sciemment complice du délit dont s'est rendu coupable Fazy;

Vu les art. 59 et 60 du Code pénal, condamne Vaillant à un mois de prison, 200 francs d'amende; Fazy, défaillant, six mois, 1,200 francs d'amende; Paulowski, défaillant, six mois, 1,200 fr. d'amende, et Leclerc, un mois de prison et 200 francs d'amende;

En ce qui touche Mie, imprimeur du journal l'Aigle, et Carcassonne, imprimeur du journal le Tocsin;

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Attendu que ces journaux paraissaient antérieurement à juillet 1830, et étaient imprimés par d'autres imprimeurs; qu'ils ont pu croire les forque malités de la loi avaient été remplies; que leur bonne foi résulte des faits de la cause, renvoie Mie et Carcassonne de la plainte..

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26. Paris. Cour d'assises. Cause de duel. Une représentation donnée dernièrement, sur le théâtre des Variétés, au bénéfice d'Odry, avait occasioné un

duel entre M. Mira, fils de l'ancien directeur du théâtre, plus connu sous le nom de Brunet, et le rédacteur de l'Écho des Salons, nommé Dovalle, jeune homme de talent et d'espérance. M. Mira, qu'il avait traité d'insolent, ne demandait qu'une simple rétractation de cette injure. Arrivé sur le terrain du combat, il avait supporté le feu de son adversaire qui s'obstinait toujours à lui refuser une juste réparation. Enfin, après deux coups tirés de part et d'autre sans effet, M. Mira cut le malheur de blesser son adversaire qui mourut quelques heures après le combat.

D'après ce fâcheux événement, M. Mira avait été traduit devant la Cour d'assises comme accusé d'assassinat malgré la sévérité de cette qualification; il avait continué de jouir de sa liberté, et ne s'est constitué prisonnier qu'hier, veille de l'ouverture des débats.

M. Mira a raconté tous les détails de cette malheureuse affaire avec la même franchise qu'il a montrée dès son originc.

M. Tarbé, avocat général, ayant abandonné l'accusation à la justice du jury, il restait peu d'efforts à faire à Me Rumeau, défenseur de l'accusé.

M. Léonce Vincens, président, a fait un résumé impartial des débats.

Après cinq minutes de délibération, M. Mira, déclaré non coupable, a été acquitté et mis définitivement en liberté.

31. Paris. Institut. Prix des BeauxArts. La distribution des grands prix de peinture, de sculpture, d'architecture, de gravure et de composition musicale qui a eu lieu aujourd'hui, avait attiré une assemblée nombreuse et composée, en grande partie, de jolies femmes. On y a exécuté le deux cantates qui ont remporté les deux prix de com. position musicale.

Le sujet de cette pièce, donnée dix jours avant la révolution de juillet, était Sardanapale. On ne fut pas peu surpris d'y voir des vers qui semblaient faits pour la circonstance. On venait dire à co prince, plongé dans les délices du fes

tin:

On te laisse ignorer, sans doute,
Que ton peuple indigné s'est partout soulevé,
Ton armée est dissoute,

Ton trône chancelant et ton règne achevé.

Le hasard de cette inspiration prophé tique n'a pas servi de peu à relever le mérite de la composition,

Ann. histor. pour 1830. Appendice

18

La cantate achevée, M. Lebas, architecte, a lu un rapport sur les ouvrages des pensionnaires envoyés a Rome, et l'on a décerné les prix dans

l'ordre suivant :

Peinture Premier grand prix: Émile Signol, élève de M. Gros; deuxième grand prix H.-F. Schopin, éleve de M. Gros.

Sculptu e. Premier grand prix : H.-J.A. Husson, élève de M. David; deuxième grand prix : J-M. Ramus, élève de M. Cortot Mention honorable: E. - L. Bion, élève de M. Cortot.

Architecture. Premier grand prix : P.-J. Garrez, élève de MM.Delépine, Vaudoyer et Lebas; deuxième grand prix : A.-F.-J. Girard, élève de MM. Vaudoyer et Lebas.

Gravure en taille-douce. Premier grand prix: A.-L. Martinet, élève de MM. Heim et Forster; deuxième grand prix : L.-A. Salmon, élève de MM. Ingres et Dupont.

Composition musicale. Premier grand prix: H. Berlioz, élève de MM. Lesueur et Reicha; deuxième premier grand prix: A. Montfort, élève de MM. Berton et Boieldieu, et de M. Fétis pour le contrepoint; deuxième grand prix: L.-F.-E. Millaut, élève de MM. Boieldieu et Fétis.

La séance a fini par l'exécution d'une finale de l'opéra de Maria di Brabanti, musique d'un pensionnaire de l'Institut de France (M. Albert Guillon) représenté cette année à Venise, le 26 février. Mais malgré l'intérêt qui s'attache naturellement aux succès d'un compatriote, le morceau n'a reçu qu'un accueil assez froid.

31. Théâtres de Paris. Pièce sur Napo leon. Aucun mois de cette année n'offre plus de pièces nouvelles que celui-ci, et jamais le même sujet n'a paru sur plus de théâtres à la fois. Un enthousiasme général a saisi le public pour l'homme qui éleva si haut les destinées de la Frauce. Tous les directeurs ont demandé à leurs fabricans dramaturges de leur faire du Napoléon.... On a mis les Mémoires de Sainte-Hélène en coupes réglées. Tous les théâtres se sont partagé à l'amiable la vie de ce grand homme, et pour peu qu'on ait du temps à perdre et du goût pour les panoramas dramatiques, on peut en une semaine faire son cours d'histoire napoléonienne, sans ouvrir un livre, et rentrer le septième jour

chez soi, avec la consolation d'avoir v Bonaparte complet. Les Nouveautes l'ont pris écolier à Brienne, et l'ont remis entre les mains du Vaudeville chez qui il est devenu lieutenant d'artillerie; di Vaudeville il est monté à l' Ambigu avec le grade de chef de bataillon; l'Ambigu l'a conduit jusqu'au Cirque-Olympique, qui l'a nommé cousul et ini a fait passer le mont Saint-Bernard; le Cirque vient de le céder a la Porte-Saist- ka na, qui la mis sur le trône, l'a accompaguė jos qu'a Sainte-Hélène, et n'a consent a le quitter qu'après lui avoir donné la sépulture. De toutes ces nouveautés, c'est celle qui offre le plus d'action, d'isté. rét et qui promet le plus de vie. La scène de la revue de l'armée à Schoenbrunn est du plus grand effet. L'acteur Gobert rend la pourtraiture du grand homme de façon à faire presque illusion. C'en est assez pour justifier l'empressement de la foule.

Mais ce mois si fécond a fini par des représentations qu'on peut signaler comme des scandales. Nous ne mettrons pas dans ce nombre la Séparation, comédie en 3 actes, dixième épreuve de l'adultère, mise en scène à l'Odéon (31 octobre) et toujours avec succès, ni l'Eslèvement ou les Guelfes et les Gibelins, opéra comique en 3 actes, tombé sans bruit (le 28 octobre). Mais le Negre, drame en 4 actes en vers libres, produit au Théâtre-Français (le 30 octobre), espèce de Brutus noir qui voudrait immoÎer tous les blancs à sa vengeance; mais le Curé Maingrat, qu'on fait voir au Carque-Olympique dans toute l'horreur, avec les détails les plus hideux de son crime, voilà qui donne une triste idée de l'état de l'art dramatique, de ce que les auteurs peuvent oser, de ce que le public peut souffrir !!!

NOVEMBRE.

1. Paris. Établissement et doctrine da SAINT-SIMONISME. - Il vient de paraître un livre curieux intitulé: DOCTRINE DE SAINT-SIMON (Ire partie). C'est plus qu'un livre: c'est l'établissement d'une secte politique et religieuse qui veut refaire la société à neuf. Ce n'eût été il y a trois mois qu'une de ces rêveries qu'on laisse passer sans conséquence. Mais aujourd'hui c'est un mouvement, c'est un progrès social, dont il faut prendre date.

Tout le monde a connu, par ses écrits du moins, le fameux SAINT-SIMON, dont

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