PRÉFACE. Il y a longtemps déjà que, connaissant les richesses renfermées dans nos archives communales, j'avais eu l'intention de les étudier attentivement, et d'en détacher ce que j'y rencontrerais de plus intéressant, pour le mettre sous les yeux de quelques-uns de mes amis. Mais le temps m'avait toujours manqué pour réaliser cette idée. Plus tard, je pensai que, si on faisait un travail d'ensemble dans toutes les communes du département, on réunirait dans un ouvrage considérable des documents précieux et du plus haut intérêt pour l'histoire particulière de la Haute-Marne, qui n'est pas encore faite. Je fis alors, au commencement de l'année 1879, le programme du travail que j'ai essayé pour Eclaron, et je l'envoyai à la préfecture, en demandant au Conseil général d'examiner ma proposition. Il me semblait qu'on pouvait encourager par des médailles les auteurs les plus méritants, et prendre l'engagement de publier leurs travaux, s'ils remplissaient les conditions exigées et le degré de perfection que l'on est en droit de demander à ceux que l'on récompense. J'ajoutais que cette publication ne coûterait probablement pas cher au département, qui pouvait compter sur un placement certain dans toutes les communes, et dans bon nombre de bibliothèques. On me répondit « que l'idée était bonne, qu'il n'y avait aucune objection sérieuse à formuler contre mon programme; que le travail projeté offrirait à tous les habitants de la Haute-Marne, comme aux érudits de la France, de précieux éléments d'étude et ne pourrait qu'honorer le département et ceux qui travailleraient à le glorifier, mais on ne disposait d'aucun crédit et l'on ne pouvait rien..... ! C'est au commencement de cette année que je résolus, en suivant le programme que j'avais tracé, de faire une notice sur la commune d'Eclaron et de l'offrir à la Société des Lettres qui s'est fondée à St-Dizier, en 1880. Je me suis mis à l'œuvre avec ardeur d'abord, avec plaisir ensuite. Je désire que mes lecteurs, s'il s'en trouve, éprouvent les mêmes sentiments que moi à la lecture de cette brochure. Elle dépasse de beaucoup les limites que je m'étais tracées, la faute en est aux nombreux documents que j'ai recueillis et qui m'ont paru devoir être mis au jour. Mon but sera atteint, si, par mon travail, j'ai réussi à intéresser, et surtout si j'ai pu engager les hommes compétents et instruits à fouiller les archives de leurs communes et à les faire connaitre. Eclaron, le 9 juillet 1881. Topographie, statistique, voies de communication, agriculture, industrie, commerce, population, instruction publique, Faune, Flore. I TOPOGRAPHIE, STATISTIQUE Eclaron, commune du canton de St-Dizier, arrondissement de Wassy, département de la Hte-Marne, est situé sur la rive droite de la Blaise, au milieu d'une vaste plaine formée en grande partie d'alluvions modernes, au 53° 99' de latitude septentrionale (1) au 2° 81' de longitude orientale et à 146 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce village est éloigné de St-Dizier (2) de 11 kilomètres 200 mètres; de Wassy, de 11 kil. 600 m.: de Chaumont, de 84 kil. ; de Paris, de 246 kil. La plaine dans laquelle est construit le village d'Eclaron s'étend de Wassy à Larzicourt, où elle se confond avec celle de la Marne; elle est bornée, sur le (1) Nous avons suivi la division de la sphère en 400 grades, et celle du grade en 100'. (2) Toutes les distances sont comptées par chemin de fer, à partir de la gare d'Éclaron. territoire qui nous occupe, à droite, par les coteaux qui la séparent de la vallée de la Marne; ils vont toujours en s'abaissant jusqu'à. Larzicourt, où se trouve le confluent des deux rivières; à gauche, par des collines sur lesquelles est plantée la forêt du Der, dernier reste des vastes forêts qui, à une époque reculée, couvraient une partie du sol de la Champagne. Le territoire d'Eclaron comprend 3.912 hectares, 29 ares, 60 centiares, dont 935 hectares de terres labourables, 2.560 de bois, 238 de prés, 25 d'étangs, 174 environ de chemin de grande et petite vicinalité, chemin de fer, canal; 9 de propriétés de bâties, 14 de rivières et ruisseaux. Au point de vue géologique, Eclaron appartient aux terrains de formation crétacée inférieure, groupe du Gault, dont les argiles, affleurant aux premières hauteurs de la forêt du Der, sont de temps immémorial exploitées pour fabriquer sur place des tuiles et des briques renommées. Les argiles disparaissent dans la plaine où les sables verts sont recouverts par des alluvions modernes composés de gravier souvent mélangé d'argile formant béton et d'une riche couche de terre végétale atteignant en plusieurs endroits près d'un mètre d'épaisseur (1). Le sol labourable est extrêmement fertile ; il est partagé en trois zones très distinctes: les terres argilosiliceuses qui s'étendent au nord, depuis le sommet du coteau dont nous avons parlé jusqu'au niveau de la plaine; les terres franches dans la plaine sur la rive droite de la Blaise; les terres argilo-calcaires sur la rive gauche jusqu'à la forêt du Der. Ce sont ces dernières qui portent tous les prés d'Eclaron. (1) M. Demimuid: Notice manuscrite sur le bourg d'Éclaron a l'usage de l'école. |