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plusieurs branches d'enseignement. Cependant la résolution suivante est votée, mais subordonnée à un avenir budgétaire meilleur :

1° Il y aura dans la ville de Bayeux une école centrale supplémentaire; 2° L'enseignement y sera divisé en quatre sections: la première comprendra le dessin et parties analogues; la deuxième, la grammaire générale, les langues vivantes et anciennes; la troisième, les mathématiques, la physique expérimentale et la géométrie; la quatrième, l'histoire, la morale et les belles-lettres;

3o Il y aura un professeur par section;

4° Les professeurs seront élus par l'administration municipale après 1 avis d'un jury d'instruction;

5o Le salaire annuel et fixe de chaque professeur sera la valeur de 500 myriagrammes de froment qui seront payés par trimestre à même la masse des sols additionnels par le receveur du canton;

6° Les professeurs seront logés dans le local de l'école, ils ne pourront tenir pension ni individuellement ni collectivement.

Qu'était devenu pendant ces époques troublées le vieux collège de Davauleau et de Guillaume Marcel?

Vide d'élèves, sevré de ses meilleurs maîtres, il n'était plus qu'une simple propriété municipale et avait été loué à des particuliers, par baux, le 10 pluviôse an IV. L'école de l'ex-frère Mamel avait donc dû tomber en même temps que l'établissement secondaire.

Il nous faut attendre l'an xi pour le voir renaître sous forme d'école secondaire (loi du 11 floréal an x1).

Bayeux ne se résigna pas pourtant à vivre privé d'établissement d'instruction, sans manifester, durant cette période de sept années, ses regrets et ses désirs. En l'an x, il y eut une lueur d'espoir. Un arrêté des Consuls transférait à Bayeux l'école centrale du département du Calvados. Grande oie des habitants et de la municipalité dont le chef écrit au Ministre de l'instruction publique : «Le Premier Consul vient de rendre la vie à Bayeux qui voyait dépérir sa population. Les jeunes gens éloignés du tourbillon corrupteur que forme toujours une grande cité, recevront dans le calme les leçons qui doivent former des citoyens à l'État."

Le citoyen Moulland entretient ces espérances, en annonçant qu'il va user de toute son influence de membre du Corps législatif.

Vains efforts! Caen et sa corruption, malgré l'arrêté des Consuls, triomphèrent de Bayeux et de ses solitudes propres à la méditation.

Mais l'ère des déceptions était close. La création des écoles secondaires était chose faite. Bayeux voulut et eut son école. Il était temps, écrit le maire au sous-préfet, puisque depuis la suppression du collège l'éducation de la jeunesse est dans un abandon presque absolu». Il n'existe que quelques écoles primaires, mais aucune école secondaire.

Le 25 frimaire an xi, le citoyen Héroult qui, avant la Révolution, tenait

un pensionnat rue du Goulet et avait, après l'émigration, réouvert sa maison rue des Ursulines, sollicite pour son institution le titre d'école secondaire.

Le conseil municipal décide que la future école secondaire se tiendra dans les bâtiments des Ursulines, que l'abbé Mouton en sera le directeur, et que l'abbé Héroult y transportera son internat.

Dans les pièces de comptabilité de l'hôtel de ville de Bayeux, nous avons retrouvé le budget de l'école; il était alimenté par le produit (4,500 livres) des octrois sur les viandes et les vinaigres. Un certificat est donné le 6 ventôse au receveur des douanes, attestant que la maison des Ursulines n'est pas bien national.

L'affiche municipale qui annonce l'ouverture de l'école secondaire renferme 73 articles dont quelques-uns méritent d'être cités :

«Le professeur mettra sous les yeux des élèves; 1° un plan de la ville; 2o une carte de ses environs, extraite de la feuille n° 94 des cartes de Cassini.

« Les élèves puiseront les éléments de mythologie dans l'appendice de Diis;

Chaque professeur fera tenir les cahiers avec netteté, réprimera les négligences, aura soin que tout trait moral et religieux dans les leçons soit saisi avec fruit, en sorte que l'élève contracte l'habitude de l'ordre, s'attache à ses devoirs, goûte ce qui est honnête, respecte et craigne la divinité; Les élèves payeront d'avance, entre les mains du receveur de la commune, la somme annuelle de 24 francs."

Suit l'organisation du pensionnat :

Un pensionnat sera attaché à l'école et occupera une partie de l'édifice consacré à l'établissement;

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y aura des pensions et demi-pensions. Prix de la pension pour l'année: 400 francs; de la demi-pension: 200 francs."

Le personnel était ainsi composé:

Les citoyens

Mouton, directeur et professeur de belles-lettres,

Le Comte, sous-directeur, professeur de première et de seconde,
Gohel, professeur de troisième et de quatrième,

Godefroy, professeur de cinquième et de sixième,

Hébert, professeur de mathématiques,

Le Paulmier, professeur de dessin,

Héroult, chef du pensionnat.

A l'ouverture des cours, M. Mouton développa ce programme et rappela aux élèves qu'ils devaient réparer les défauts d'une éducation que les malheurs des temps n'avaient pas permis de cultiver".

Le 28 frimaire an xii, M. Lalouette, sous-préfet, installa le bureau d'administration conformément à l'article 1" de l'arrêté du 19 vendémiaire.

C'est alors que M. Mouton se sépara de M. Héroult, qui transféra son pensionnat rue Quicangrogne. Le professeur de dessin céda la place à un second professeur de mathématiques. Le bureau prenait une part active à la vie scolaire, corrigeant les compositions avec les professeurs, faisant précéder la distribution des prix de représentations théâtrales, invitant l'évèque à ces cérémonies.

A la rentrée d'octobre 1804, M. Mouton abandonna l'enseignement des belles-lettres en faveur de M. Legrix; une note du bureau invite les fonctionnaires prêtres à ne pas se consacrer au ministère au détriment du collège; la célébration de la messe leur est seule permise.

La garde nationale avec sa fanfare prête son concours à la distribution des prix, le samedi 13 fructidor an xiii.

L'année 1805-1806 vit une nouvelle réorganisation du plan d'études; une moindre part fut laissée aux sciences exactes, les belles-lettres en profitèrent.

En 1807, le bureau crée le prix d'excellence, destiné à celui qui, dans chaque classe, aura donné pendant toute l'année des preuves de bonne conduite et d'application et aura obtenu les meilleures places dans les onze compositions obligatoires".

C'est aussi en 1807, que M. Maupas, professeur de sixième, prononce un discours à la distribution des prix; il est décidé que l'usage du discours se perpétuera à l'avenir.

En 1808, l'école secondaire, par suite du décret du grand maître de l'Université, devient le collège de Bayeux et son directeur prend le nom de principal.

L'organisation de l'Université de France arriva à point pour l'établissement, car, à ce même moment, l'évêque venait d'ouvrir près du séminaire diocésain une école non seulement pour les séminaristes, mais encore pour les externes de la ville.

La rentrée de 1810 amena deux cents élèves. Deux des professeurs devinrent l'un, M. Delafoye, professeur de physique à la Faculté des sciences de Caen, l'autre, M. Foucault, professeur de droit administratif à la Faculté de droit de la même ville.

On a quelque raison de se demander comment il se fit qu'une chaire de philosophie ayant été sollicitée par M Brault, évêque de Bayeux, pour le collège, l'Université répondit à ce vœu assez légitime par la menace de supprimer la chaire de rhétorique. Le nombre des élèves était alors de 225.

En 1812, le 14 août, à la distribution des prix, furent délivrées les croix d'argent offertes par le Ministre au premier de chaque classe.

A la rentrée suivante, M. l'abbé Cotentin, maître de pension à Mondaye, fut installé par M. Chantepie, inspecteur d'académie, comme successeur de M. Mouton, nommé curé de Sainte-Trinité de Falaise.

En 1813, le bureau décida l'érection d'une chapelle dans l'enceinte du collège.

En 1814, la croix d'argent céda la place à la fleur de lis, dont on décora les lauréats des prix d'excellence.

La chaire de philosophie fut enfin créée et confiée à M. l'abbé Périaux. Son collègue de rhétorique était M. Douy, ancien élève de l'École normale, docteur és lettres. A M. Douy, succéda M. Defrenne, également élève de l'École normale.

La coutume de faire précéder la distribution des prix de plaidoyers et de scènes dramatiques prit fin le 3 août 1818, à la suite d'un arrêté acadé mique.

Ms Brault bénit la chapelle en 1820.

De 1820 à 1830, nous n'avons relevé rien de saillant dans les archives du collège, qui commencent seulement alors à recéler des documents inté

ressants.

En 1830, le personnel est ainsi composé : philosophie, M. Petron; rhétorique, M. V.-E. Pillet; seconde, M. Thiébaut; troisième, M. Bures; quatrième, M. Vincent; cinquième, M. Le Baron; sixième, M. Bourgais; septième, M. Lemonnier; huitième, M. Deslandes.

Le collège est alors élevé au rang de collège de première classe; il perd une partie de sa population scolaire, l'administration municipale ayant renvoyé le séminaire qui alimentait l'établissement de l'État, pour approprier les locaux en caserne.

Nous terminerons ici notre esquisse de l'histoire du collège de Bayeux, les registres du personnel tenus régulièrement permettant à tout le monde de la compléter.

Qu'il nous suffise d'ajouter que de cette maison qui nous est chère, sont sortis des hommes pour toutes les conditions sociales, députés, évêques, grands vicaires, chanoines, officiers généraux, correspondants de l'Institut, magistrats distingués.

L'établissement est aujourd'hui de plein exercice; il prépare à tous les baccalauréats et, malgré les compétitions et la concurrence, il se maintient dans un état satisfaisant de prospérité. Le recrutement est activement favorisé par les efforts d'une association amicale des anciens élèves, fondée depuis dix ans par les soins de M. Joret, professeur à la Faculté des lettres d'Aix, ancien élève du collège. Les adhérents dépassent le chiffre de trois cents. Peut-être plus qu'aucun autre établissement similaire, le collège de Bayeux jouit de cette bonne fortune d'être entouré, au sein d'une population avant tout sédentaire, de sympathies se transmettant d'une génération aux suivantes.

Aussi en traçant cette esquisse, avons-nous cru non seulement répondre au vœu du Ministère qui a indiqué dans son programme d'études l'histoire d'un collège, mais en même temps acquitter une dette de reconnaissance.

Professeur au collège de Bayeux après y avoir été élève, fils d'un régent de rhétorique du même établissement qui a consacré à ce même établissement les vingt-six dernières années de sa vie et qui nous a facilité par ses recherches antérieures la rédaction de la présente notice, nous sommes heureux d'avoir accompli un devoir filial en disputant à l'oubli les origines et les débuts du collège de Bayeux.

M. Pillet signale les transformations et changements d'installation depuis l'époque où l'évêque Bernardin de Saint-François acheta une maison dans la rue Aux-Coqs pour les écoles publiques, jusqu'à 1830, c'est-à-dire jusqu'à la séparation du collège et du petit séminaire.

Il a mis sous les yeux de l'assemblée un programme de distribution de prix de l'an 1752.

Les procès-verbaux des clubs révolutionnaires de Bayeux ont permis de suivre les fortunes diverses du collège pendant a période correspondante.

L'installation de l'école secondaire en l'an xi, le règlement en soixante-treize articles de son organisation, son budget, complètent la communication de M. Pillet.

M. LE PRÉSIDENT remercie M. Pillet de son intéressante communication et donne la parole à M. REBUT, professeur au lycée du Mans, sur l'histoire du Lycée du Mans.

Le mémoire de M. Rebut est ainsi conçu :

Les origines. En 1599, Claude d'Angennes, évêque du Mans, changea le presbytère de Saint-Ouën du Mans en un collège et séminaire, qu'il dota des revenus que la reine Bérengère, en 1216, avait donnés à une maison d'éducation de la paroisse de Gourdaine. L'établissement de ce collège ou séminaire fut confirmé par des lettres patentes de 1601, enregistrées au Parlement.

Outre le collège de Gourdaine, on réunit au précédent celui de la Tannerie, qui appartenait à la ville, et auquel on avait réuni, depuis plus d'un siècle, celui de la Juiverie, le plus ancien collège connu dans la ville du Mans. Ce collège de la Juiverie appartenait moitié aux chanoines de SaintPierre, moitié à la ville du Mans.

Établissement de l'Oratoire. En 1624, Ms Ch. de Beaumanoir de Lavardin, évêque du Mans, informé du zèle avec lequel les prêtres de l'Oratoire conduisaient les collèges de Nantes et d'Angers, résolut, après en avoir conféré avec les principaux de son clergé, de leur donner la direction

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