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France entière, il ne faut pas que leurs membres se considèrent comme laboureurs, marchands, militaires, jurisconsultes, etc., mais uniquement comme citoyens ».

Nous avons changé tout cela, et l'idéal d'un bon député, aujourd'hui, parait être de se considérer comme l'avocat ou l'agent des intérêts spéciaux d'une région ou d'une industrie, dût-il, pour les servir, sacrifier impitoyablement d'autres intérêts également respectables et, avec eux, les intérêts généraux du pays et la justice qui seule peut assurer une prospérité durable. C'est là peut-être, au point de vue économique, la plus grande plaic de notre époque, et c'est pourquoi je me permets de demander tout particulièrement à la rédaction de la Revue Economique de Bordeaux de se donner pour principale mission et pour but constant l'étude de toutes les questions qu'elle aura à examiner au point de vue le plus élevé et le plus impartial. L'accord de l'utile et du juste, a dit mon confrère M. Baudrillart, est l'étoile polaire de l'Économie politique. Et je crois que saint Paul avant lui avait dit, en substance, sinon peut-être textuellement :

« Quand chacun ne songe qu'à dévorer autrui, il ne reste plus rien pour personne ».

FREDERIC PASSY.

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Les Bibliothèques publiques de Paris. Peu de capitales possèdent un aussi grand nombre de collections et d'établissements scientifiques. Notre Bibliothèque nationale est assurément, avec celles du Vatican, de l'Ermitage et du British Museum, ces deux dernières possédant presque tout ce qui est sorti de chez nous, une des plus importantes et des plus riches de l'Europe. Cet immense dépôt s'est formé à la façon des terrains les plus récents de la croûte terrestre que de nouvelles alluvions ont exhaussés de siècle en siècle. Fondé en 1373 par le roi Charles V, il se composait à cette époque de 910 volumes seulement; vu l'époque, ces volumes n'étaient, pour la plupart,que des traités de théologie ou des ouvrages d'astrologie. Déjà fort augmenté sous ses successeurs, notamment par François Ier et Charles IX, il se développa considérablement sous Louis XIV ou plutôt sous Colbert, qui lutta de générosité avec Mazarin à cet égard et légua sa magnifique bibliothèque à celle du Roi, comme elle s'appela jusqu'en 1792. Dès lors, sans cesse accrue des exemplaires exigés des imprimeurs ou libraires, en même temps que d'acquisitions incessantes, elle comptait en 1860, soit cent soixante-sept ans après la mort du ministre bienfaiteur, 800.000 volumes imprimés, un nombre au moins égal de brochures et de pièces plaquettes, 85.000 manuscrits, 1 million à peu près de documents et de pièces historiques, sans parler de 50.000 cartes géographiques, de 8.000 portefeuilles d'estampes, de 2.000 camées ou pierres gravées, de 76.000 médailles et médaillons antiques, de 40.000 pièces de monnaie du moyen âge ou de l'Orient. On calculait que chaque année voyait entrer environ 3000 volumes publiés en France et 6000 autres qui venaient de

l'étranger; enfin elle figurait au budget pour une somme annuelle de 300.000 francs, affectée aux dépenses ordinaires seulement.

Depuis, c'est-à-dire en moins de trente ans, le nombre des envois, des dons et des acquisitions a tellement progressé que l'on peut estimer à bien près de 2 millions et demi le chiffre des imprimés, à 100.000 les manuscrits, à 150.000 les cartes et à 5 ou 600.000 les estampes.

D'après les calculs soigneusement faits depuis une quinzaine d'années et qui sont aussi simples qu'éloquents, les volumes de la Bibliothèque, partagés en 3 formats (in-folio, in-4°, in-8°), occupent la jolie longueur de 34.000 et quelques mètres, soit plus que l'enceinte fortifiée de Paris; - les estampes, un simple kilomètre (1.015 m.). Quant au budget, elle y figure actuellement pour la somme de 720.000 fr.

Autour de cet établissement principal viennent se grouper, comme autant de satellites, mais chacune possédant son utilité propre, la bibliothèque de l'Arsenal, la bibliothèque Mazarine, la bibliothèque Sainte-Geneviève, celles de l'Institut, du Muséum d'histoire naturelle, du Conservatoire des arts et métiers, du Sénat, du Corps législatif, du Conseil d'État, les bibliothèques ou archives des ministères, de l'École des Beaux-Arts, de l'Opéra, des Avocats, de la Ville (reconstituée depuis l'incendie de mai 1871), etc., etc.

On peut voir, aux heures de la journée pendant lesquelles les bibliothèques restent ouvertes, le concours varié d'hommes studieux, jeunes ou vieux, pauvres ou riches, ignorants ou lettrés, qui prennent place autour de leurs tables et dégarnissent leurs rayons. De nombreux changements ont été apportés aux séances, autrefois trop courtes; la Nationale ouvre maintenant à 9 heures et ferme à 6 heures en été, à 4 heures en hiver. Se-Geneviève est ouverte en toute saison de 10 h. à 3 heures et de 6 heures à 10 heures du soir. Le Conservatoire des arts et métiers, l'Ecole des Beaux-Arts, la Chambre de commerce, ont suivi cet exemple et sont accessibles matin et soir.

D'autres mesures ont été prises dans l'intérêt du public, de plus en plus nombreux la rédaction, par exemple, dans chaque bibliothèque, de catalogues imprimés mis sur les tables à la disposition des lecteurs, facilitant ainsi les recherches et mettant en relief les richesses spéciales du dépôt.

Au premier rang des bibliothèques indiquées figure certainement celle de l'Institut, des plus riches en ouvrages concernant la philologie et l'ethnographie, les voyages et la géographie; non publique, elle est accessible à tous sous le patronage et sur la simple présentation d'un académicien.

4 SÉRIE, T. XLII.

- 15 juin 1888.

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Bien des désiderata, depuis si longtemps et si justement signalés, ont été satisfaits depuis quelques années. Mais, dans ces derniers temps, des considérations budgétaires ont retardé l'agrandissement du cadre des employés supérieurs ou inférieurs. Et désormais, ce qui peut affliger les aspirants ou candidats aux sinécures, les attachés aux bibliothèques seront considérés comme de simples employés dépendant du public, révocables au bout de tant d'années d'âge ou de services, n'ayant plus à jouir de ce que quelques-uns appellent encore les canonicats littéraires ».

Avec les autres bibliothèques que renferme Paris, et dont on peut estimer le nombre à cinquante au moins d'assez importantes, soit par le chiffre, soit par le choix et la spécialité de leurs collections, on arrive facilement à doubler, au bas mot, les 2 millions 1/2 de la Nationale. On se bornera à indiquer ici les vingt suivantes, qui se classent ainsi par ordre alphabétique :

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Pour le nombre des volumes, elles se classent ainsi, en chiffres ronds et forcément approximatifs, la plupart n'ayant encore, malheureusement, que des catalogues fort incomplets ou très en retard.

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Sans parler des bibliothèques scolaires et populaires, qui se sont développées, depuis 20 ans, d'une façon presque fabuleuse; mais leurs collections n'ont nulle importance pour le travailleur ou le curieux, français ou étranger, et répondent ou sont censées répondre aux besoins du quartier dans lequel ou pour lequel elles ont été créées.

Le nombre des maisons à Paris. Tandis que l'administration des contributions directes du département de la Seine compte à Paris 82.088 propriétés bâties, le recensement ne relève que 73.342 maisons. La différence de ces deux chiffres, très sérieusement élaborés l'un et l'autre, doit tenir à des différences de définition, ainsi que le fait remarquer le service de la statistique municipale auquel nous empruntons ces renseignements. La définition de la maison n'est, en effet, donnée par aucune loi ni par aucune instruction ministérielle; l'administration des contributions ouvrant un article spécial au rôle foncier pour toute addition de construction, comme par exemple la cage vitrée d'un photographe, on peut s'expliquer ainsi l'augmentation du chiffre donné par elle. Le nombre total des maisons du département de la Seine est actuellement de 137.130; il a plus que triplé depuis soixante ans (il était en effet, en 1822, de 40.180). Pendant la période de 1822 à 1855, l'accroissement a été assez régulièrement de 1.000 par an; puis de 2.000 par an de 1861 à 1881; de 1881 à 1886, ce taux d'accroissement s'est élevé à 3.000 par année.

L'accroissement du nombre des maisons a été naturellement beaucoup plus faible au centre de Paris que dans les faubourgs ou la banlieue. La banlieue, quoique beaucoup moins peuplée que Paris, compte presque autant de maisons (69.788 pour la banlieue, 72.312 à Paris).

Mais la moitié des maisons de Paris (48 0/0) ont plus de quatre étages, tandis que plus de la moitié des maisons de la banlieue (65 0/0) n'ont qu'un rez-de-chaussée ou un étage au plus.

Deux types de maison existent principalement à Paris : la maison à 1 ou 2 étages et la maison à 6 ou 7 étages; la maison à 3 étages est relativement rare. Les quartiers les plus pauvres sont ceux où domine le type de la maison basse. Ce type est au contraire peu fréquent dans les quartiers riches, Passy excepté. (Journal des Débats.)

Les mendiants à Paris.

Les questions suivantes avaient été posées à tous les commissaires de police de Paris, à la suite d'un vœu émis par le Conseil municipal :

1° Quel est le nombre des infirmes mendiants, vieillards, femmes et enfants implorant la charité à poste fixe;

2o Le nombre des enfants mendiants pour leurs parents ou pour d'autres personnes;

3o Le nombre d'individus, femmes ou enfants demandant la charité en offrant soit des crayons, soit du papier à lettres, soit des plumes, soit des fleurs;

4o Le nombre des mendiants à domicile;

5o Le nombre des mendiants nomades?

De l'enquête faite par les commissaires de police, il résulte que le nombre des mendiants est de 4.500 à 5.000. Voici du reste, pour quelques quartiers, des renseignements curieux :

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(Presque tous ceux-ci sont des mendiants à domicile.)

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Ajoutons qu'il y a très peu de mendiants nomades. Le nombre des mendiants à domicile et à poste fixe est le plus important. Celui des enfants demandant la charité pour leurs parents, pour des personnes les exploitant, ou offrant des fleurs dans les cafés des grands boulevards, a considérablement diminué.

Les mendiants habitent les quartiers excentriques et surtout Malakoff

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