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professionnel, aurait sans doute le même droit à en réclamer la réparation, quel sera le recours? Il paiera comme patron; qui l'indemnisera comme ouvrier?

M. Liégeois, professeur à la Faculté de droit de Nancy, présente quelques observations sur l'échec de cette Caisse d'assurances en cas d'accidents, créée par la loi du 11 juillet 1868 et signalée par M. Roy.

A quoi cela tient-il? D'abord à ce qu'elle est restée entièrement inconnue soit aux patrons, soit aux ouvriers, ou au moins à l'immense majorité d'entre eux. Puis les fonctionnaires de l'État n'ont pas, comme les agents des compagnies d'assurances, intérêt à propager une institution qui ne peut que leur donner un surcroît de travail sans leur procurer jamais aucun bénéfice.

M. Liégeois déclare ne pouvoir s'associer aux opinions de M. Ch. Limousin, qui parait croire à la nécessité de lois spéciales sur la responsabilité des patrons en cas d'accidents. L'article 1382 du Code civil, dans la généralité et l'ampleur de ses termes, a jusqu'ici suffi à tout.

M. Liégeois croit préférable, jusqu'à preuve contraire, de ne pas faire de lois applicables seulement à certaines catégories de citoyens. Il y avait, avant 1789, des privilèges contre certaines classes de la population; on a bien fait de les supprimer, mais il ne serait pas juste de créer maintenant des privilèges nouveaux en leur faveur.

Au contraire, M. Liégeois donne une approbation chaleureuse à la communication faite par M.Muller et aux louables efforts des patrons eux-mêmes, cherchant sans y être forcés par l'État à diminuer dans la plus large mesure les accidents provenant des travaux industriels. A moins d'une nécessité impérieuse, palpable, évidente, il ne faut pas faire appel à la puissance de l'État : son domaine n'a été que trop étendu en France. Nous devons, chaque fois que cela est possible, nous confier, pour la solution des difficultés économiques, à la liberté.

La séance est levée à onze heures trente-cinq minutes.

Le Rédacteur du compte rendu, CHARLES LETORT.

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Répartition géographique et densité de la population en France, par M. VICTOR TURQUAN 1. Avec une carte en couleurs.

1 Nancy, imp. de Berger Levrault, 1886, 8°.

L'exploitation des téléphones, par M. LÉON DUCRET 1.

Bulletin de l'Association pour la défense de la liberté commerciale. N° 10, 19 avril 1888 1.

Le monopole de l'alcool en Suisse. Étude sur la loi fédérale suisse du 23 décembre 1886 concernant les spiritueux, par M. HENRI PASCAUD3. Banca nazionale nel regno d'Italia. Adunanza generale degli azionisti tenuta il 29 febbraio 1888. Anno 38 *.

Traité d'économie politique rurale, par GUILLAUME ROSCHER, trad. par CHARLES VOGEL. Préface de M. LOUIS PASSY 5.

La morale économique, par M. G. de MOLINARI ".

Revue économique de Bordeaux, publiée avec le concours de la Société d'économie politique. Programme '.

Confederazione delle Società della pace e dell' arbitrato, proposta dal Congresso di Berna del anno 1884, per FRANCESCO VIGANò *. 2o éd. Unione lombarda per la pace e l'arbitrato internazionale, dal prof. VIGANÒ.

10

Lettre sur le commerce et l'industrie 1o.

E. LEVASSEUR. Six semaines à Rome 11.

Revue géographique internationale (Directeur: GEORGES RENAUD). Mars 1888 12.

Ministero delle finanze. Bollettino di legislazione e statistica doganale e commerciale. Marzo 1888 13.

Boletin mensual de estadistica municipal. Febrero 1888 ".

1 Paris, Guillaumin et Cie, 1888, in-18.

2 Paris, 14, rue Richelieu, 8°.

3 Paris, Guillaumin et Cie, 1888, 8o.

Roma, 1888, 4°.

5 Paris, Guillaumin et Cie, 1888, 8°.

6 Paris, Guillaumin et Cie, 1888, 8°.

7 Bordeaux, imp. de Bellier, 1888, 4o.

8 Milano, 1887, 8°.

9 Milano, 1888, 8o.

10 Douai, 1888, 8°.

11 Paris, Libr. de la Nouvelle Revue, 1888, 8°.

12 Paris, 76, rue de la Pompe, 4o.

13 Roma, 1888, 4°.

14 Buenos-Aires, 1888, 4o.

SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE DE PARIS

RÉUNION DU 18 MAI 1888.

COMMUNICATIONS: L'Annuaire statistique du Japon. de la population dans les communes, en France. DISCUSSION: Météorologie économique et sociale.

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La séance est présidée par M. A. Cochut, président.

M. T. Loua, secrétaire général, annonce la date du 3 congrès international de la Navigation intérieure, qui doit se tenir à Francfort le 20 août 1888.

Parmi les publications récentes de nature à intéresser les membres de la Société et arrivées depuis la précédente séance, M. Loua signale spécialement la sixième année de l'Annuaire statistique du Japon, publié par M. Ishibashi, chef de ce service rattaché au Cabinet de l'empe

reur.

Rédigé en japonais, ce travail est suivi, pour la première fois, d'un résumé, en langue française, contenant un grand nombre de renseignements.

Ainsi on y trouve les quelques détails que voici relatifs au Japon.

Cet empire compte aujourd'hui 38 millions d'habitants. Il est divisé en 85 provinces, compte 12,000 villes et 59,000 villages. Cinq villes ont plus de 100,000 habitants. Tokio, la capitale, en renferme 903,000, et Osaka, la seconde ville de l'empire, 335,000.

On compte au Japon 142 banques publiques ou d'émission, avec 127 succursales, ayant ensemble un capital de 260 millions de francs et mettant en circulation pour 155 millions de billets. Il y a, en outre, ¡200 banques privées avec un capital d'environ 100 millions de francs, et741 autres sociétés de crédit avec 76 millions de capital. Ajoutons enfin 1,523 sociétés industrielles et commerciales au capital de plus de 200 millions de francs,

Le Japon possède des caisses d'épargne, des compagnies d'assurances, des chemins de fer, des télégraphes. Les hôpitaux y sont adaptés aux meilleures exigences de l'hygiène moderne, etc., l'agriculture y est dans l'état le plus florissant.

L'instruction publique est entièrement développée. On compte en effet plus de 100.000 maîtres d'école et 2,328,418 élèves dont la moitié sont des jeunes filles. En 1885, il a été publié au Japon plus de 1,160 livres de différents genres en toutes langues. Il y avait 100 journaux avec une circulation de 54,466,410 numéros, et 53 revues avec une circulation de 3,544,027.

D'autre part, les fabrications industrielles de toutes sortes prennent au Japon l'essor le plus rapide et le plus considérable, et, dans ce beau pays, elles savent se tenir constamment à la hauteur des progrès scientifiques les plus récents.

On ne peut qu'être émerveillé de pareils résultats] quand on vient à songer qu'il y a moins de cinquante ans, le Japon était plus attardé en barbarie que ne le sont aujourd'hui les indigènes de Madagascar, les Abyssins ou les Birmans.

M. de Crisenoy offre à la Société le nouveau volume qu'il vient de publier pour résumer les travaux des conseils généraux. Cette publication intéressante est assurée par un crédit spécial ouvert au ministère de l'intérieur et paraîtra désormais avec la plus grande régularité.

M. Victor Turquan offre à la Société un exemplaire du tirage définitif de la carte réduite qu'il vient de faire établir sur la densité de la population des communes de France. Il expose en même temps plusieurs spécimens de cartes relatives à cette question, l'une portant sur la densité des départements, l'autre sur celle des cantons, et enfin la dernière sur la densité des communes, en faisant remarquer que cette dernière seule offre l'expression complète de la répartition des habitants sur le territoire français.

M. A. de Foville donne communication d'un travail qu'il vient de terminer sous le titre de : Essai de météorologie économique et sociale. Il commence par expliquer comment il a été amené à choisir, au milieu de la masse des documents statistiques publiés dans notre pays ou provenant de pays étrangers, un certain nombre de faits particuliers, au nombre de trente-deux, qui lui ont paru représenter le mieux les oscillations du mouvement économique.

Au moyen de nombreux calculs, dont il a rendu sensibles les résultats par des courbes appropriées, il a voulu arriver à une notion simple, celle d'une année bonne, médiocre ou mauvaise, qu'il a représentée par le rouge, symbole de la bonne santé, et le noir, symbole de la mauvaise. De là des rubans diversement colorés qui, d'un coup d'œil, permettent de saisir l'ensemble du phénomène.

Dans le tableau des onze années qu'il a observées à partir de 1877, tous les rubans offrent une analogie aussi complète que possible, et indiquent qu'après une mauvaise année 1877, viennent quelques années prospères qui s'arrêtent à 1882, année du krach. Une nouvelle crise se mauifeste et dure jusqu'en 1886, année à partir de laquelle il semble qu'on puisse revenir à quelque espérance, si les événements politiques ou autres ne viennent pas contrarier ce mouvement.

En terminant, M. de Foville rend justice à M. de Neumann-Spallart,

qui a abordé le même problème, mais par d'autres procédés, dans une communication faite à Rome sous le titre de : La mesure de l'état économique et social des peuples. C'est l'esquisse d'un grand travail que l'auteur aurait fait paraître si une grave maladie dont il souffrait ne l'avait tout récemment enlevé à la science.

M. Juglar trouve dans le beau diagramme exposé par M. de Foville la confirmation des observations qu'il a présentées lui-même dans une précédente séance à propos de la cessation de la crise.

Il fait observer que, d'après ses propres calculs, l'année 1877, que M. de Foville a pris avec raison comme point de départ, marque précisément la fin de la crise qui a sévi dans le monde entier pendant l'année 1873 et dont la France a moins souffert que les nations voisines parce qu'elle avait liquidé sa situation dès 1870. La situation est devenue dès lors plus favorable, et, par suite de l'élévation des prix, la prospérité publique a atteint un maximum en 1879 et s'est maintenue jusqu'au krach de 1882. Alors le crédit a été remplacé par le comptant; de là, une nouvelle baisse de prix et une liquidation nécessaire, qui a pris fin en 1886, date d'une nouvelle reprise, qui, malheureusement, paraît être plus lente en France que dans la plupart des pays étrangers, et cela pour des motifs politiques et autres indiqués par M. de Foville.

M. Coste demande quelques éclaircissements sur la manière dont M. de Foville a établi les nuances de ses rubans.

M. de Foville explique que la couleur rouge n'exprime pas toujours un maximum, mais quelquefois un minimum ou simplement un ralentissement marqué dans le taux d'accroissement. Il ajoute qu'il n'a pas voulu, comme l'a fait M. de Neumann-Spallart, recourir à des calculs compliqués: il s'est borné à une représentation symptomatique facile à comprendre, même par un enfant.

M. Coste demande si, sur les 32 symptômes que M. de Foville a choisis et qui n'ont pas tous la même sensibilité, il n'en est pas un certain nombre qui s'appliquent mieux au but qu'il s'est proposé.

M. de Foville en convient, mais il lui a semblé qu'il était nécessaire de prendre le plus grand nombre de variables possible, car c'est par leur nombre et leur concours que ces variables acquièrent leur plus grande valeur. Il en aurait même ajouté d'autres, d'après les indications nouvelles fournies par M. Neymarck si, en établissant ces diagrammes, il les avait eues à sa disposition.

M. Coste pense néanmoins que certains éléments sont meilleurs que d'autres c'est ainsi que les donations lui semblent un symptôme plus

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