Les soins généraux consistent à placer de petits tuteurs, fixés contre le sommet des tiges d'Églantiers, pour servir do supports aux jeunes pousses, en les attachant avec du jonc au fur et à mesure qu'elles s'allongent, et les garantir des coups de vent. Pendant la végétation, il faut pincer vigoureusement les bourgeons sortis des deux yeux laissés au-dessus des écussons, ainsi que ceux qui pousseront sur le corps des tiges, afin qu'ils ne dépensent pas la sève au détriment de ces derniers. Enfin, lorsqu'on veut faire ramifier les pousses des greffes, on en pince le sommet à la hauteur de 16 centimètres, ne supprimant les onglets qui dépassent les écussons que vers le mois d'août ou de septembre, au moment de la déplantation.

CHAPITRE IV.

TAILLE ET ENTRETIEN DU ROSIER.

De la taille du Rosier. La taille est une opération qui a pour but de donner à la tête du Rosier la forme la plus convenable à sa nature, et aussi de rajeunir les branches pour obtenir une floraison abondante.

La manière de tailler dépend du mode de végétation du Rosier. Une taille courte appliquée à une variété très-vigoureuse donne lieu à un développement exagéré de drageons sur les racines et de gourmands sur les branches, productions qui épuisent le sujet sans donner de fleurs. Une taille longue appliquée à une variété faible fait produire plus de Roses que la séve n'en peut nourrir, et ces fleurs sont petites et mal conformées.

Si on pouvait répartir les Rosiers en catégories bien dis

tinctes, quant au mode de végétation, il deviendrait facile de préciser le genre de taille qui convient à chaque catégorie; mais cette répartition est très-difficile à faire d'une manière absolue, et en outre la végétation d'une variété pouvant varier du plus fort au plus faible, selon la fertilité du sol et selon le mode de culture, il s'ensuit que, dans la pratique, des règles trop absolues deviendraient embarrassantes, puisque le praticien doit tenir compte non seulement de la vigueur de la variété, mais encore de la vigueur du sujet. Nous croyons donc devoir nous borner à quelques principes généraux appliqués à des divisions naturelles sans spécification de variétés.

Nous dirons donc : Taillez (fig. 27):

Les Rosiers à végétation faible et très-florifères, à deux ou trois yeux, soit 3 ou 4 centimètres;

Les Rosiers à végétation mixte, à quatre ou cinq yeux, soit à 8 ou 10 centimètres ;

Les Rosiers vigoureux, à six ou sept yeux, soit à 15 ou 16 centimètres;

Les Rosiers sarmenteux peu florifères, à 20 ou 30 centimètres.

Pratique de la taille. - S'approcher du Rosier, examiner rapidement la tête et déterminer quels sont les rameaux qui doivent être conservés; nettoyer le Rosier en coupant les brindilles gourmandes à rameaux trop faibles ou mal placés ; enlever les onglets des tailles précédentes, le bois mort, enfin tout ce qui nuirait à l'espèce et à la bonne conformation. Quand il ne reste plus que les rameaux conservés (six à dix, selon la force du Rosier), on les taille en leur appliquant les principes généraux établis ci-dessus. Établir la coupe en biseau à l'opposé de l'oeil, à 1 centimètre au-dessus de celui-ci, et autant que possible sur un œil placé en dehors.

Pour guider les amateurs qui seraient livrés à eux-mêmes,

nous allons dire quelques mots sur la taille des variétés les plus connues.

Rosiers Thés, Ile-Bourbon, Noisette à rameaux très-florifères, greffés sur églantier, tailler court et espacer les rameaux de trois travers de doigt.

Rosiers Bengale, Thés, Noisette, Ile-Bourbon, francs de pied, ne laisser que cinq à six rameaux choisis à la base des coursons de l'année précédente, tailler sur trois ou quatre yeux.

Rosiers multiflores et Sempervirens, ordinairement employés à garnir des murs ou à former des colonnes, la première année tailler très-court pour obtenir deux ou trois bourgeons qui se développeront de 3 mètres environ; donner à ces bourgeons la direction désirée; la deuxième année les tailler à 1 mètre du point de naissance, ce qui fera ramifier sur les côtés ; à partir de la troisième année tailler le bourgeon terminal de 70 à 80 centimètres, et les ramifications latérales à trois yeux.

Rosiers sarmenteux, Noisette, Desprez, Chromatelle, Lamarque, Solfatare, etc., tailler les jeunes Rosiers de 16 à 30 centimètres, selon la grosseur du rameau, pour obtenir des bourgeons latéraux qui porteront chacun un bouquet terminal; diminuer la longueur des tailles à mesure que les sujets prennent de l'âge; arquer les jeunes pousses des variétés rebelles à fleurir, pour les forcer à porter fleur.

Les Rosiers Banks, Persian Yellow ou Jaune de Perse, Aurore de Chine et d'autres, fleurissent sur le bois de l'année précédente; il ne faut donc pas rabattre ce bois et conserver tous les rameaux qui doivent fleurir.

Époque de la taille. -- Cette époque varie nécessairement selon le climat. A Paris on peut sans inconvénient tailler avant l'hiver les hybrides Cent-Feuilles et Roses mousseuses; mais en général il est plus prudent d'attendre le mois de

mars. On commence par les variétés les plus rustiques, réservant pour les dernières les Bengales, Noisettes et francs de pied. Toutes ces variétés délicates, qui sont couvertes pendant l'hiver, sont taillées au moment où on les découvre.

Soins à donner aux Rosiers dans les jardins. Les soins d'entretien à donner aux Rosiers, quel qu'ait été leur mode de plantation, sont les mêmes pour l'amateur et pour l'horticulteur. Nous allons indiquer sommairement en quoi ils consistent.

Engrais. Tous les deux ans, au labour du printemps ou à celui d'automne, il faut largement fumer la terre. Employer le fumier de vache pour les terres légères, siliceuses ou calcaires; mettre la vieille gadoue, les fonds de couche, le fumier de cheval à demi consommé dans les terres fortes et argileuses.

Drageons et gourmands. A chaque labour visiter soigneusement le pied des Rosiers; couper les drageons au rez de la tige avec la serpette et non avec la bêche, car ce dernier instrument laisse subsister un talon qui repousse plus vigoureusement; examiner aussi les tiges et enlever les bourgeons qui se montrent au-dessous de la greffe, et qui ne tarderaient pas à se développer en gourmands.

Vers blancs. Faire une chasse très-active aux vers blancs et à toute autre larve, les rechercher lors des labours.

Insectes. Pendant la première végétation détruire les insectes nuisibles en employant les moyens indiqués au chapitre des insectes.

Paillis. Une couche de paillis de 5 à 6 centimètres d'épaisseur, étendue au pied des Rosiers, favorise singulièrement leur développement.