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il y a la loi prussienne du 12 avril 1875, réglant l'application dans le royaume de Prusse de la loi précédente.

Je rappellerai également que la vaccination est obligatoire en Bavière depuis 1807, dans l'armée prussienne depuis 1834, et que, d'après la loi du 8 avril 1874, la vaccination doit être pratiquée avant deux ans révolus; et que l'époque de la revaccination a été fixée dans l'année où l'on atteint douze ans.

M. Le Fort ajoute qu'en France, rien ne s'est fait en dehors de Paris pour l'isolement des varioleux, mais il existe à Bordeaux un hôpital spécial, l'hôpital Pellegrin; il y a aussi des services d'isolement dans les hôpitaux à Marseille, Montpellier, le Havre, Lille, Narbonne, Valenciennes, etc.

Je ferai même remarquer qu'à Marseille ce service spécial n'est pas un remède suffisant, puisque la variole y est en progrès constant.

J'ajouterai que, depuis quelques années, le ministre de l'intérieur, sur la proposition de M. Monod, directeur de l'Assistance publique, a doté six hôpitaux de province d'étuves à désinfection par la vapeur sous pression.

Ce qui est difficile, c'est de trouver un personnel qui comprenne la nécessité de l'isolement. A ce compte, l'hôpital du Havre est bien servi. L'isolement y est effectif et strictement observé et cependant on y a de la variole.

A Montpellier, les locaux sont parfaits.

A Valenciennes, il y a un bâtiment pour les affections contagieuses. Il a abrité beaucoup de varioleux, il y a trois ou quatre ans.

Je dois ces renseignements à M. le D' Napias, inspecteur général des services administratifs, qui a pour mission de visiter tous ces hôpitaux.

Mais supposons qu'il y ait partout des services et des pavillons isolés pour les contagieux et qu'on soit décidé à faire, de l'isolement sérieux, combien faudra-t-il isoler de maladies? cinq, six, ou sept? C'est-à-dire combien faudra-t-il faire de services spéciaux?

Dans les hôpitaux où l'on a prévu quelque chose pour l'isolement, il n'y a, la plupart du temps, qu'une petite salle de quelques lits pour les hommes, et une semblable pour les femmes.

S'il survient une épidémie de variole, voilà les salles occupées. Où meltra-t-on pendant ce temps les scarlatineux ou les diphtéritiques, s'il s'en présente? Faut-il construire de nouvelles salles d'isolement? Mais avec quelles ressources? Les hôpitaux riches

sont la grande exception, et les communes riches sont rares. Pouvez-vous demander cinq ou six locaux distincts pour les affections épidémiques à tel hôpital où l'on en est encore à mettre pêle-mêle dans une salle unique les vieillards et les malades, les adultes et les enfants, les fiévreux et les blessés.

Si donc il est à souhaiter qu'il puisse exister partout des locaux isolés pour les maladies contagieuses, il est, par-dessus tout, désirable de rendre ces maladies mêmes aussi rares que possible. Aussi, la vaccination et la revaccination obligatoires sont encore, à ce point de vue, une excellente mesure.

Il y a quelques années, on a installé à l'asile de Vincennes un quartier pour les convalescents de variole. Mais en même temps, M. le Dr Du Mesnil faisait revacciner tous les entrants des autres quartiers. Il n'y eut pas de cas intérieurs dans ce grand établis sement de convalescence.

J'ajouterai qu'en Angleterre M. Thorne-Thorne a établi dans un ouvrage important que les hôpitaux spéciaux pour les maladies infectieuses, qui avaient été construits à la suite de l'épidémie variolique de 1871-1874, n'ont pas donné les résultats que l'on en espérait.

« Dans la pratique civile, dit M. Le Fort, aucune précaution n'est prise, aucune désinfection n'est imposée; c'est, en un mot, l'incurie poussée à ses dernières limites. >>

Or, partout en France où il existe un bureau d'hygiène, on prend des mesures contre la variole : à Nancy, au Havre, à Reims, Amiens, Pau, Saint-Étienne, Toulouse, Nice, Grenoble et Lyon.

J'ajouterai qu'à Paris on a bien fait d'isoler, mais que non seulement on a isolé, mais depuis ces dernières années on a beaucoup vacciné et revacciné; j'en appelle à M. Hervieux, j'en appelle à M. le Directeur de l'Assistance publique. Je pourrais communiquer un grand nombre de renseignements à ce sujet; je n'insiste pas et me contente de ceux-ci, qu'il est du reste facile de contrôler.

La Compagnie des chemins de fer de l'Est a fait vacciner et revacciner d'office tous ses employés; il en a été de même de l'usine Cail.

D'après les renseignements que M. Peyron, directeur de l'Assistance publique, a bien voulu me fournir, voici le nombre des vaccinations pratiquées de 1886 à 1890 sur les malades des hôpitaux et dans les bureaux de bienfaisance à Paris :

1891. N° 3.

3o SÉRIE, TOME XXV.

7

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D'antre part, je tiens de M. le Dr Du Mesnil, médecin en chef de l'asile national de Vincennes, que dans cet établissement on a pratiqué en 1887, 1,467 revaccinations; en 1888, 4,920; en 1889, 15,913, et en 1890, 7,003.

M. Le Fort a également rappelé que le service de la vaccine à l'Académie coopérait au développement de la vaccination en

France; mais il a ajouté que sur les soixante et un médecins auxquels il s'est adressé, il n'en a trouvé que « six qui s'adressent quelquefois à l'Académie, et, sur les six, il y en a quatre qui prennent ordinairement leur vaccin à d'autres sources ». Il faut reconnaitre que notre collègue a été bien mal servi par les circonstances, car le nombre des médecins qui demandent directement du vaccin à notre service vaccinal est important; il dépasse quinze cents; en outre, depuis deux ans, l'Académie fournit également du vaccin à un grand nombre de préfets et de maires.

Mais, messieurs, tout cela a peut-être peu de portée; la question capitale est de démontrer :

4° Que la variole est encore, comme autrefois, une maladie grave lorsqu'elle rencontre un terrain qui n'est pas rendu réfractaire par la vaccination;

2° Que, si l'isolement obligatoire rend des services, la vaccination et la revaccination obligatoires ne sont pas moins nécessaires; 3° Que l'exemple de l'Allemagne est, à cet égard, absolument démonstratif.

La loi de 1874 n'a pas eu seulement l'avantage, comme je l'ai dit, d'étendre la vaccination obligatoire à toute l'Allemagne, elle a eu ce mérite particulier de rendre non seulement la vaccination obligatoire, mais aussi, de rendre obligatoire la revaccination.

C'est là une des raisons, et probablement la principale, pour laquelle jusqu'à ces dernières années le succès n'avait pas été aussi grand en Angleterre qu'en Allemagne.

L'épidémie variolique de 1871 à 1874, en Angleterre, a présenté, en effet, ceci de remarquable qu'elle a frappé plus particulièrement les adultes.

Or, en Angleterre, la vaccination seule est obligatoire, tandis qu'en Allemagne, la revaccination est obligatoire comme la vaccination. Telle est la différence capitale, et cette différence je ne la trouve nulle part indiquée dans le discours de M. Le Fort, qui a bien parlé de toutes les lois anglaises, des lois et des règlements allemands; qui s'est adressé à toutes les autorités anglaise, allemande et française, mais qui, je le répète, a méconnu absolument cette différence capitale.

Je citerai un seul exemple pour établir l'importance des revaccinations.

C'est un tableau comparé des morts par variole en Allemagne en 1870 et 1871; la comparaison est faite, pour les non vaccinés,

les vaccinés et les revaccinés à Munster, à Posen et dans quatre hôpitaux de Berlin.

Ce rapport est extrait d'un travail très intéressant de M. Golds chmidt, de Strasbourg, et publié dans la Revue de Médecine (avril 1890):

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La variole n'a rien perdu de sa gravité.

Je citerai comme exemple la petite épidémie qui a porté sur les Esquimaux au jardin d'acclimatation.

Il y a eu 8 malades et 8 décès.

A Paris, il y a eu, en 1870, 10,549 décès par variole et en 1874, 2,777.

Est-il nécessaire de parler des bienfaits de la vaccine? Du temps de Jenner, on faisait l'expérience suivante.

On prenait 100 enfants dont on vaccinait 50; les 50 autres restant neufs.

Peu de temps après, on inoculait une variole discrète aux 100 enfants.

Chez les 50 enfants vaccinés, le résultat était négatif; les autres contractaient la variole.

Le Dr Buchanan, médecin directeur du Local Government Board, a fait connaître la statistique suivante à la suite d'une épidémie de variole qui a sévi à Londres il y a une dizaine d'an

nées.

Nombre de décès pendant une épidémie de variole à Londres. Pour les non vaccinés, sur un million, 3,350; pour les vaccinés, 90.

Sur les individus au-dessous de 20 ans : 4,420 pour les non vaccinés; 61 pour les vaccinés.

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