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mais seulement pour les villes de plus de 40,000 habitants (1), et encore faut il en retrancher 34 villes pour lesquelles les documents précis font défaut.

Nous savons que dans 195 villes de France, dont les relevés mortuaires ont pu être considérés comme exacts, il est mort en 1886 3,284 varioleux; qu'il en est mort 2,603 en 1887, et 2,904 en 1888. Nous savons qu'en 1887, alors qu'on a ajouté à cette statistique les villes de 5,000 habitants, la mortalité totale a été de 2,095; de sorte, qu'en 1889, la mortalité connue, par variole, en France, a été d'un tiers (806 décès en moins) moins élevée pour 538 villes ayant 5,000 habitants ou plus, qu'elle ne l'avait été l'année précédente (1888) dans 195 villes seulement ayant plus de 40,000 habitants. C'est une forte décroissance de la variole.

La seule chose que nous sachions d'une manière certaine, c'est que, sur une population de 8,573,574 habitants, il est mort en moyenne pendant ces trois années 1886, 1887 et 1888: 2,929 varioleux, soit 34 pour 100,000; mais nous ne savons rien de plus, et nous ignorons combien de varioleux sont morts parmi les 29,645,329 Français habitant les petites villes et les villages. Lors donc que notre collègue M. Brouardel évalue notre mortalité annuelle par variole à 14,000 décès, il faut bien savoir que c'est un chiffre idéal, heureusement fort exagéré. En effet, en calculant le chiffre de la mortalité des 29 millions d'habitants de la campagne, sur le taux de la mortalité moyenne, connue, des habitants des grandes villes, on n'arriverait pas même à ce chiffre, et lorsqu'il s'agit de maladies contagieuses, il ne faut pas calculer la mortalité des villages où la contagion s'exerce peu, par suite de l'isolement des habitants et des habitations, sur le taux de la mortalité des villes où s'entasse une population compacte et où les occasions de contagion se multiplient.

Utilisant les documents publiés par le ministère de l'intérieur, j'ai calculé la mortalité par variole par groupe de villes pendant les années 1886, 1887 et 1888. Je me borne à ce résumé: 88 villes, ayant plus de 20,000 habitants et réunissant une population de 7,067,446 habitants, ont eu 2,529 décès par variole, ce qui représente une mortalité de 35.7 pour 100,000. Cette mortalité n'a été que de 26.5 pour 100,000 dans le groupe des 107 villes de 10 à

(1) Le relevé de 1889 a été fait exceptionnellement pour les villes de 5,000 habitants.

20,000 habitants, réunissant 1,506,130 habitants et n'ayant eu que 400 décès.

Nous semblons réserver notre sollicitude pour la variole et nous paraissons oublier que d'autres maladies, dont il serait facile de diminuer la fréquence puisqu'elles sont contagieuses, causent en France des ravages bien plus considérables. Dans les trois années 1886, 1887 et 1888, il est mort dans ce groupe de 195 villes 9,820 varioleux; mais 12,705 malades ont succombé à la rougeole, 47,023 à la diphtérie; ce qui donnerait, si nous adoptions la même base de calcul que celle dont s'est servi M. Brouardel, une mortalité annuelle de 24,000 diphtéritiques; Paris a perdu en 1889: 430 varioleux, il a laissé mourir 1,706 diphtéritiques.

Quoi qu'il en soit, si nous ignorons le taux exact de la mortalité par variole pour toute la France (ce que nous connaissons pour la Prusse depuis 1816, pour l'Angleterre depuis 1838), nous sommes certains qu'on peut diminuer et même faire disparaître cette mortalité par de bonnes mesures. Ces mesures sont de deux ordres; les unes ont pour but de s'opposer à la dissémination du germe contage de la variole; les autres, de rendre le plus grand nombre, sinon la totalité des citoyens réfractaires, par la vaccination et par la revaccination, à la réceptivité du germe variolique. Qu'existe-t-il en France sous ce rapport?

Sur le premier point, la réponse est facile: en dehors de Paris, il n'existe rien, absolument rien! Je ne connais pas sur toute l'étendue du territoire un seul hôpital réservé exclusivement au traitement des varioleux. Partout ils sont confondus avec les autres malades; si quelquefois on les isole, c'est dans une salle, placée à côté des autres salles; médecins, infirmiers, élèves circulent librement du lit d'un varioleux au lit d'un autre malade. Dans la pratique civile, aucune précaution n'est prise, aucune désinfection n'est imposée; c'est, en un mot, l'incurie poussée à ses plus extrêmes limites.

C'est la contagion qui crée les épidémies et la vaccine peut à peine les restreindre. Les habitants de Lorient, Cette, Perpignan, Aurillac, Fougères n'étaient pas moins vaccinés en 1888 qu'ils ne l'étaient en 1886, et cependant! alors que dans toutes ces villes, il n'y avait eu aucun décès par variole en 1886, il mourut en 1888: à Aurillac, 69 varioleux; à Fougères, 109; à Perpignan, 144 ; à Lorient, 155; à Cette, 269. Lyon, en 1886, n'a que 9 décès varioliques, alors que Marseille en a 2,050.

Paris vous fournit un exemple de ce qu'on peut obtenir par le

seul fait de l'isolement des varioleux reçus à l'hôpital. Le 23 mai 1887, l'administration des hôpitaux concentra dans un hôpital de 164 lits, placé à Aubervilliers, tous les varioleux de nos hôpitaux, réunis antérieurement dans deux services spéciaux à Saint-Louis et à Saint-Antoine. Les mesures les meilleures sont prises pour empêcher la contagion et je félicite chaleureusement l'Assistance publique de son initiative. Le nombre des varioleux hospitalisés rend un compte assez fidèle de la fréquence de la variole dans la population ouvrière à Paris. Les admissions ont suivi une marche décroissante:

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C'est en quatre ans une diminution des trois quarts des cas et des cinq sixièmes des décès.

Cet isolement des varioleux, appartenant à la classe ouvrière, a diminué dans des proportions considérables le nombre des. décès par variole, non seulement dans la classe ouvrière, mais dans toute la population parisienne.

Pendant la période de 1865 à 1887, en retranchant l'année 1870 qui a présenté une mortalité exceptionnelle, ia mortalité moyenne par variole à Paris a été de 39.5 décès par 100,000 habitants, et elle se répartit ainsi :

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On interdit aux varioleux l'accès de nos hôpitaux urbains, on les concentre à Aubervilliers, et la mortalité par variole à Paris qui avait été, en 1885, de 194 pour 100,000, subit la décroissance sui

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Ainsi, pour les neuf premiers mois de 1890, la mortalité par variole à Paris n'est que de 3 6 pour 400,000. C'est le chiffre de

20,000 habitants, réunissant 1,506,430 habitants et n'ayant eu que 400 décès.

Nous semblons réserver notre sollicitude pour la variole et nous paraissons oublier que d'autres maladies, dont il serait facile. de diminuer la fréquence puisqu'elles sont contagieuses, causent en France des ravages bien plus considérables. Dans les trois années 1886, 1887 et 1888, il est mort dans ce groupe de 195 villes 9,820 varioleux; mais 12,705 malades ont succombé à la rougeole, 17,023 à la diphtérie; ce qui donnerait, si nous adoptions la même base de calcul que celle dont s'est servi M. Brouardel, une mortalité annuelle de 24,000 diphtéritiques; Paris a perdu en 1889: 130 varioleux, il a laissé mourir 1,706 diphtéritiques.

Quoi qu'il en soit, si nous ignorons le taux exact de la mortalité par variole pour toute la France (ce que nous connaissons pour la Prusse depuis 1816, pour l'Angleterre depuis 1838), nous sommes certains qu'on peut diminuer et même faire disparaître cette mortalité par de bonnes mesures. Ces mesures sont de deux ordres; les unes ont pour but de s'opposer à la dissémination du germe contage de la variole; les autres, de rendre le plus grand nombre, sinon la totalité des citoyens réfractaires, par la vaccination et par la revaccination, à la réceptivité du germe variolique. Qu'existe-t-il en France sous ce rapport?

Sur le premier point, la réponse est facile en dehors de Paris, il n'existe rien, absolument rien! Je ne connais pas sur toute l'étendue du territoire un seul hôpital réservé exclusivement au traitement des varioleux. Partout ils sont confondus avec les autres malades; si quelquefois on les isole, c'est dans une salle, placée à côté des autres salles; médecins, infirmiers, élèves circulent librement du lit d'un varioleux au lit d'un autre malade. Dans la pratique civile, aucune précaution n'est prise, aucune désinfection n'est imposée; c'est, en un mot, l'incurie poussée à ses plus extrêmes limites.

C'est la contagion qui crée les épidémies et la vaccine peut à peine les restreindre. Les habitants de Lorient, Cette, Perpignan, Aurillac, Fougères n'étaient pas moins vaccinés en 1888 qu'ils ne l'étaient en 1886, et cependant! alors que dans toutes ces villes, il n'y avait eu aucun décès par variole en 1886, il mourut en 1888: à Aurillac, 69 varioleux; à Fougères, 109; à Perpignan, 144; à Lorient, 155; à Cette, 269. Lyon, en 1886, n'a que 9 décès varioliques, alors que Marseille en a 2,050.

Paris vous fournit un exemple de ce qu'on peut obtenir par le

seul fait de l'isolement des varioleux reçus à l'hôpital. Le 23 mai 1887, l'administration des hôpitaux concentra dans un hôpital de 464 lits, placé à Aubervilliers, tous les varioleux de nos hôpitaux, réunis antérieurement dans deux services spéciaux à Saint-Louis et à Saint-Antoine. Les mesures les meilleures sont prises pour empêcher la contagion et je félicite chaleureusement l'Assistance publique de son initiative. Le nombre des varioleux hospitalisés rend un compte assez fidèle de la fréquence de la variole dans la population ouvrière à Paris. Les admissions ont suivi une marche décroissante :

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C'est en quatre ans une diminution des trois quarts des cas et des cinq sixièmes des décès.

Cet isolement des varioleux, appartenant à la classe ouvrière, a diminué dans des proportions considérables le nombre des décès par variole, non seulement dans la classe ouvrière, mais dans toute la population parisienne.

Pendant la période de 1865 à 1887, en retranchant l'année 1870 qui a présenté une mortalité exceptionnelle, ia mortalité moyenne par variole à Paris a été de 39.5 décès par 100,000 habitants, et elle se répartit ainsi :

1865 à 1869.

1871 à 1875.

1876 à 1880.

1881 à 1887.

32 pour 100,000
34

37

On interdit aux varioleux l'accès de nos hôpitaux urbains, on les concentre à Aubervilliers, et la mortalité par variole à Paris qui avait été, en 1885, de 194 pour 100,000, subit la décroissance sui

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Ainsi, pour les neuf premiers mois de 1890, la mortalité par variole à Paris n'est que de 3 6 pour 100,000. C'est le chiffre de

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