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- Quelle chance qu'il ne se mette pas en poche !.. c'est une raison de plus pour moi de le chérir !... Si vous saviez comme j'aime, le dimanche, la chanson des livres de messe !...

... Bons livres aux tranches marbrées, et rouges, et dorées !...

... Bons livres, reconnaissables toujours, que j'aime à vous voir dans la rue, dans le tramway, dans le métro, dans les wagons, chez les fournisseurs entre les mains des femmes, et des jeunes filles, et des petits enfants, et aujourd'hui, entre les mains des hommes !

Quelle tradition vous constituez !...

Quelle tranquille affirmation du devoir accompli vous êtes, au milieu des lâchetés et des respects humains !...

... Paroissiens entre les mains des fidèles, vous nous rappelez nos mères et nos aïeules, et leurs livres usagés à gros fermoirs dans lesquels lurent les générations qui haussèrent la France au premier rang du monde...

... Vous nous prêchez de touchants sermons !... Et combien de gens, en vous reconnaissant, ont jeté un regard d'envie sur ceux qui vous portaient, car ceuxlà avaient rempli leur devoir... ils avaient mis dans la prose de la semaine la poésie divine de la messe du dimanche !...

Paroissiens du dimanche ne disparaissez pas des mains de nos fidèles...
Restez vous-mêmes !...

Ne devenez ni porte-monnaies, ni porte-cartes, ni houppettes, même en veau écrasé !..

-

Mais je n'ai jamais pensé à tout cela !... me dit-elle.

Hélas!...

- Et je ne suis pas la seule !...

Plus hélas encore !...

Et voici pourquoi, au seuil de ce Carême qui doit nous donner des chrétiens connaissant leur foi, et capables de la défendre, je crie, avec la grande voix du journal ce qu'entendit un jour saint Augustin: «< Tolle !... lege !... Prenez le livre... et lisez-le !... >>

Ordre monastique.

Le centenaire du retour de Pie VII à Rome. Enfermé au château de Fontainebleau par ordre de Napoléon le 12 juin 1812, Pie VII, qui fut l'un des derniers fils de saint Benoît monté sur le siège de Pierre, devait y rester jusqu'en janvier 1814. Au retour de la désastreuse retraite de Russie et pendant que les alliés envahissaient la France, l'empereur donnait

1 Cf. Revue Liturgique 1912, p. 493.

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le 22 janvier 1814 au vieux pontife l'ordre de retourner à Rome. Mais le voyage devait être entouré de multiples précautions. Le pape devra partir immédiatement, entouré non pas de ses cardinaux, mais d'une escorte de police, voyager incognito sous le nom d'évêque d'Imola, en la seule compagnie de son chapelain, suivre un itinéraire strictement fixé d'avance, voyager sans repos, et par tous les temps, éviter de stationner dans les villes, ne s'arrêter qu'aux auberges indiquées.... Ce n'est pas par le mont Cenis que le pontife regagna Rome, mais par le centre et le midi de la France. Le dimanche 23 janvier, le pape quittait Fontainebleau.

<< Malgré toutes les précautions prises, le voyage pontifical ne peut rester longtemps secret. Des estafettes courent en avant pour mander aux divers postes de relais de tenir vingt-quatre chevaux prêts à être attelés sans retard à première réquisition. Tout de suite il apparaît que ces voyageurs annoncés sont des personnages de qualité, et à les voir, les curieux s'empressent. De plus, pour la patrie envahie par les alliés, l'heure est grave; les moindres nouvelles sont avidement recueillies et les postes de relais sont les centres où elles sont apportées... Pour toutes ces raisons, quand les voitures arrivaient, vite elles sont entourées. Or les traits de Pie VII sont connus: son portrait a été répandu à profusion, en 1804, lors des fêtes du couronnement de Bonaparte, et ces traits sont caractéristiques, inoubliables, figure émaciée, empreinte de noblesse, de fermeté douce et ombrée de douleur.

«< De jour en jour, les courriers deviennent moins discrets. D'abord devant des interrogations précises, ils restent silencieux, puls ils essaient d'être adroits en insinuant qu'ils annoncent les princes d'Espagne rentrant dans leur pays, enfin ils laissent percer la vérité. Bientôt une rumeur se précipite en avant de la route à parcourir, précède les estafettes elles-mêmes : le pape va arriver, le pape arrive. Les populations cèdent à un élan fait de respect, de religion, de compassion et de réparation, qui le jette en foule sur le passage du pontife, et la translation du captif devient le passage d'un triomphateur. »

-

A Orléans, « la bonne ville » qu'à la demande des assistants, «< il bénit de tout son cœur » à Salbris (diocèse de Blois) où la nouvelle de l'arrivée du pape surprend le curé pendant qu'il se dispose à célébrer un mariage; aussitôt il sort de l'église suivi de ses paroissiens, et il conjure le saint Père de bénir lui-même cette union « c'est impossible, répond le pontife, je ne puis m'arrêter, mais faites venir les époux à ma voiture, je les bénirai »> à Limoges, où l'évêque le reçoit entouré de son clergé et proteste de sa fidélité, pendant que les séminaristes escortent la voiture deux lieues durant à Cahors, à Montauban, à St-Joris, à Toulouse, à Carcassonne, à Béziers, à Montpellier, à Lunel, à Nîmes, à Beaucaire, à Aix, ce sont des manifestations indicibles de foi et de respect : les récits contemporains, les mémoires du cardinal Pacca sont remplis de traits touchants qui montrent sur le vif et la vénération du peuple et la bonté du pontife. Le pape arriva à Nice le 8 février; le 22 mars il était à Savone. Par Plaisance, Bologne

et Ravenne, il gagna Césene qui lui rappelait le souvenir de ses années de vie bénédictine, s'y reposa jusqu'au 7 mai et le 24 même mois faisait sa rentrée solennelle à Rome.

Les diocèses du centre et du midi de la France ont célébré dignement le souvenir du passage du glorieux pontife. Des fêtes splendides, présidées par S. É. le cardinal de Cabrières ont eu lieu à Nîmes, le 6, 7 et 8 février. A St-Jory, au diocèse de Toulouse, fut inauguré le buste en pierre du pontife sur le portail de l'ancienne maison de relais transformée, en école libre, et la fête présidée par l'archevêque de Toulouse. Des solennités identiques ont été célébrées à Fréjus, à Carcassonne, à Montauban, à Lunel.

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A Savone, le 22 mars, ont commencé de grandes fêtes religieuses et civiles. Deux plaques commémoratives ont été inaugurées, l'une sur l'immeuble qui, lors de la captivité de Savone, précédant celle de Fontainebleau, servit de demeure à Pie VII, et l'autre sur le palais de l'évêque, duquel le souverain pontife, libéré, donna, eu 1814, la bénédiction au peuple de Savone. Le même jour, le marquis Cripolti donnait au théâtre Chiabrera, de Savone, une conférence sur la chute de Napoléon et le triomphe de l'Église.

BIBLIOGRAPHIE

CHANOINE ARCHELET. L'Office divin. Evreux, Imprimerie de l'Eure, 1912, In-8, 30 p. o fr. 50.

Ces pages contiennent le texte d'un discours prononcé en l'église abbatiale des RR. PP. Prémontrés de St-Michel de Frigolet (Leffe-Dinant) à l'occasion de la fête de saint Norbert.—On aurait tort de croire qu'elles n'ont qu'un intérêt local. A part le début et une partie de la péroraison qui empruntent nécessairement aux circonstances un ton particulier, elles sont pleines de doctrine. Du point de vue surnaturel, le seul infaillible où il se place, l'orateur n'a pas de peine à mettre en bonne lumière que l'office divin constitue la fonction la plus élevée, - la plus nécessaire, la plus bienfaisante. Et il le fait dans une langue chatoyante, avec une conviction communicative qui n'est pas la moindre qualité de ce discours. Tous ceux que l'Église astreint à la récitation de l'office divin ne liront pas ces pages sans y trouver un réconfort et un encouragement à s'acquitter de cette fonction avec joie et amour.

CHANOINE ARCHELET. De la joie dans les cloîtres bénédictins. - Discours prononcé en l'église abbatiale de St-Nicolas de Verneuil à la cérémonie jubilaire de l'abbaye St-Nicolas. Grand in-8, 50 pages. Verneuil (Eure). Imprimerie Aubert, 1913.

En ces jours où l'alleluia, parole et symbole de joie, retentit sur les lèvres

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