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le congrès ; et c'est à la courtoisie du révérendissime abbé de Farnborough que je dois les précieux renseignements que je puis communiquer aux lecteurs du Patriote.

Sans entrer dans les détails du programme, qui nécessairement ne sont pas encore fixés, je puis dire qu'on a fait appel aux personnes les plus compétentes en matière de liturgie et qu'elles ont promis leur concours. Des conférencesen anglais et en français seront données sur plusieurs sujets importants, dont quelques-unes intéresseront spécialement l'Angleterre, mais dont la plupart auront un intérêt général. Citons-en quelques-uns : « l'usage de la langue latine dans la liturgie » ; — « les principaux livres liturgiques employés en Angleterre >> ; << la tradition liturgique et la foi chrétienne » ; - « le couronnement des rois d'Angleterre »; « l'usage du sacramentaire gélasien en Angleterre » ; — « le rit mozarabe >> ; - << l'importance de l'office du dimanche dans la liturgie » ; << l'usage de la Bible dans les offices de l'Église » ; — « la liturgie d'après les monuments des catacombes >> ; << la liturgie considérée comme lien entre les chrétiens et avec Rome >> ; - « les dernières réformes dans le bréviaire » ; etc..

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En dehors de ces conférences, il y aura un certain nombre de communications ou notes sur des sujets liturgiques ou se rapportant à la liturgie. Les membres du congrès pourront poser des questions sur ces divers sujets.

Le samedi, 25 juillet, fête de saint Jacques, une grand'messe pontificale sera célébrée, et une ordination de sous-diacres, de diacres et de prêtres aura lieu. Ces cérémonies seront précédées d'une conférence spéciale qui leur servira de préparation.

La musique d'Église anglaise jouissait d'une grande renommée au moyen-âge. Une des séances du soir du congrès sera consacrée à une audition de morceaux de chant grégorien tirés de ce répertoire. Enfin le samedi soir aura lieu un concert religieux sous la direction du Dr Terry, le célèbre maître de chœur et organiste de la cathédrale de Westminster.

Tous les jours les congressistes pourront assister aux offices de la cathédrale, grand'messe, vêpres et complies, qui sont exécutés de la façon la plus remarquable. Enfin, en dehors des conférences du matin et du soir, les membres du congrès, sous la conduite de guides expérimentés, seront invités à visiter la cathédrale catholique, l'abbaye de Westminster, le musée de South Kensington et le British Museum, qui contiennent tant de richesses liturgiques.

Le congrès se terminera le dimanche 26 juillet par une excursion à l'abbaye de Farnborough où les congressistes seront invités à assister à la grand'messe et aux vêpres selon le rite bénédictin. Un sermon sera prêché en cette circonstance sur «< la piété chrétienne et la liturgie ». Ces cérémonies suffiront pour attirer les fidèles : inutile d'ajouter que la campagne aux environs de Farnborough est ravissante.

On ne saurait être trop reconnaissant à Son Ém. le cardinal Bourne de son intelligente initiative. Un exemple parti de si haut sera incontestablement imité.

Les autres nations catholiques voudront avoir leurs congrès liturgiques. Quant à l'Angleterre elle-même elle recueillera les premiers fruits de ces assises inaugurées à Westminster. On sait l'influence que les questions rituelles ont exercé sur une fraction notable des membres de la «< Haute-Église », puisqu'elles leur ont fait donner le nom de «< Ritualistes ». La liturgie a ramené beaucoup d'anglicans au bercail, elle en ramènera encore beaucoup d'autres.

Musique sacrée. Extraits du mandement publié par Mgr l'évêque de Bayonne, à la suite du congrès musical tenu dans cette ville en décembre 1913.

Le véritable succès du congrès, celui-là infiniment précieux, et durable, nous l'espérons, ce n'est pas l'enthousiasme de milliers d'auditeurs, c'est leur conquête par la musique sacrée.

Beaucoup, il faut le reconnaître, venaient en amateurs, en curieux, peut-être en sceptiques; ils se retirèrent émus, conquis. Ils apprenaient qu'il y a une autre musique que la musique profane; qu'il y a une musique sacrée, une musique d'église, avec ses caractères propres, avec ses exigences, ses intransigeances, avec un passé glorieux. On ne leur disait pas du mal de la musique profane qui s'enorgueillit à bon droit de tant de chefs-d'œuvre. Mais on leur montrait que la place de cette musique n'est pas à l'église puisqu'elle n'est pas composée pour exprimer le sentiment religieux; que d'ailleurs une autre musique trop ignorée, trop délaissée, qui a aussi des pages d'une beauté surprenante, d'une inspiration sublime, est la musique exclusive de l'Église. Et la conviction se faisait dans les esprits, en même temps que l'exécution portait dans l'âme la persuasion et le ravissement.

Ce fut pour le grand nombre une révélation; la parole de Pie X trouvait sa réalisation dans ces foules attentives, pénétrées d'étonnement et d'admiration. << Le chant grégorien ramené d'une manière si satisfaisante à sa pureté primitive, tel qu'il fut transmis par nos pères, et qu'il se trouve dans les manuscrits des diverses églises, apparaît doux, suave, très facile à apprendre et d'une beauté si nouvelle, si inattendue, que là où il a été introduit, il ne tarde pas à exciter un véritable enthousiasme chez les jeunes chanteurs ».

La cause était gagnée.

Maintenant il s'agit d'arriver à des conclusions pratiques. Ce beau congrès serait, en définitive, de médiocre importance, s'il n'avait causé que des sensations agréables mais éphémères, s'il ne laissait pas des traces durables et profondes, s'il ne commandait pas des résolutions énergiques.

Un double devoir s'impose désormais à nous, Nos très chers Frères : Nous devons bannir de nos églises, impitoyablement, toute musique profane; nous ne devons permettre à l'église que la musique sacrée.

C'est l'ordre de notre saint père le pape, et personne ne peut se soustraire à cet ordre; le bon sens, ajouterons-nous, veut qu'il en soit ainsi. Est-ce que

l'on chante des Kyrie ou des cantiques au théâtre ? Pourquoi, à l'église, diraiton de la musique d'opéra?

A chacun sa musique; chaque musique à sa place.

Pie X a dit : « La musique sacrée, comme partie intégrale de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale qui est la gloire de Dieu, avec la sanctification et l'édification des fidèles ». Puisque donc la liturgie et le chant se complètent, le prêtre ne saurait rester indifférent sur cette question de la musique sacrée. Encore moins croira-t-il que la musique est chose superflue, ou de pur agrément dans les cérémonies religieuses.

Pie X affirme qu'il n'est pas difficile au clergé zélé de fonder des scholae même dans les petites églises, dans les églises de campagne. Quelques curés de ce diocèse en ont fait l'expérience; en peu de temps, avec les enfants, avec les congréganistes de Marie. ils sont arrivés à des résultats très appréciables.

Voilà, dans l'ensemble, les règles pratiques édictées par Pie X sur la musique sacrée. Ces règles sont devenues loi générale qui oblige l'Église universelle depuis que le pape a écrit les lignes suivantes : « Nous publions la présente Instruction à laquelle, comme un code juridique de la musique sacrée, Nous VOULONS, PAR LA plénitude de nOTRE AUTORITÉ apostolique, qu'IL SOIT DONNÉ FORCE DE LOI, ET NOUS EN IMPOSONS A TOUS, PAR LE PRÉSENT CHIROGRAPHe, la

PLUS SCRUPULEUSE OBSERVANCE. >>

Le soin de favoriser cette réforme a été surtout laissé, par la volonté de Pie X, aux évêques, aux chanoines des collégiales et des cathédrales, aux curés et recteurs des églises, aux supérieurs des séminaires, des instituts ecclésiastiques et des communautés religieuses, aux maîtres de chapelle.

Ces désignations sont faites par le Motu proprio. Tous ceux-là donc sont tenus de travailler sans retard et hardiment à l'exécution et au développement de la réforme commandée. Il ne leur est pas permis de se cantonner dans les vieilles routines, de se réfugier dans les anciens errements. S'il y a des obstacles, on les écartera doucement, mais avec fermeté; s'il y a des oppositions, on les vaincra par la persuasion; on n'a plus le droit de maintenir le statu quo, même pour ménager des méthodes, condamnées aujourd'hui par la plus haute autorité à laquelle les catholiques doivent tous une humble obéissance. L'Église reste

maîtresse chez elle.

Qu'à l'unité de foi, de rite, vienne s'ajouter l'unité de chant : una fides, unus

cantus.

Le bon gros.

Sous ce titre un peu spécial Pierre l'Ermite fait l'apologie du << Paroissien ». Nous nous en voudrions de ne pas reproduire sa prose étincelante. Et je me dis: Je connais ce dos-là...? et ce chapeau...? et ce petit bout d'homme...?

Vivement, je prends déjà la tangente par le rayon de papier à lettres, quand le moutard tire d'un coup sec la robe de sa mère :

Maman... M'sieu l'abbé qu'est là !...

Je suis pris... Sale gosse!...

Cher Monsieur le curé...

Madame !...

C'est la Providence qui vous envoie !... j'étais précisément en train de choisir un livre de messe pour le dimanche, et j'hésite entre ce bleu pâle, ou ce rouge...?

Je contemple en silence les deux objets...

La femme est grande !... grande !...

Les livres sont petits !... petits !...

- Voyez, continue-t-elle, comme c'est commode !.. On va à une messe de mariage... de convoi... on a besoin de passer chez le pâtissier ou chez ses beauxparents après la grand'messe... Pourquoi souriez-vous..?

Moi... ?

Vous avez l'air un peu de vous moquer... ?

- Est-ce possible!...

- Vous n'oseriez pas !... Mais enfin, je vous demande votre avis... ? Constatez !... je vous le donne... je souris !...

A ce moment, pommadé, brillantiné, le crayon à l'oreille et la pensée je ne sais où... un vendeur arrive, prend l'objet, et, d'un ton volubile et amorphe : Voyez, Madame, cet article a été établi sous le volume le plus restreint... douze pages de texte seulement !... On a un livre et on n'en a pas !... personne ne s'en doute ! Il se met indifféremment dans la poche du manchon ou de la jaquette... nous en avons avec glace et sans glace... avec porte-cartes ou portemonnaie... poudre et houppette... toutes nuances... En voici en veau écrasé... en maroquin du Levant... glacé ou non glacé... je vous conseille le «< non glacé »... ça glisse moins... Prix défiant toute concurrence. Le veau, 2 fr. 95 ; le maroquin, 3 fr. 55... 4 fr. 60... Nous avons également une façon crocodile... mais c'est plus cher...

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Elle ne prit rien du tout... sinon un air un peu froissé...
Mais, en sortant, elle sollicita quelques explications.

« Voyons, Madame,comment vouliez-vous que je réponde sérieusement ? C'est comme si vous me demandiez ce que je pense, pour vous nourrir, d'une gaufrette ou d'un biscuit !...

- Je ne comprends pas très bien... ?

Alors, je m'explique : Nous sommes à une époque terrible, où tout attaque Dieu le journal, la revue, le livre... Il n'y a pas une demi-heure, je voyais un libraire du boulevard mettre à son étalage un nouveau livre d'histoire où un professeur de Sorbonne traite le christianisme avec un mépris transcendantal, comme si notre religion divine était une des peaux de bêtes, dont l'humanité en marche vers le progrês, se débarrasse à chaque tournant de son histoire... Tout un chapitre expliquait même que la fête de Pâques n'était que la fête du soleil... ... Et les conversations des amis, et l'anarchie qui est en nous-même !... Il faut un rude tempérament chrétien pour résister à ces perpétuels assauts... ... Moi, prêtre, je lis et j'étudie tous les jours...

...

Et vous ne voulez pas que je sourie quand je vous vois, vous, chrétienne, chargée de l'âme de votre enfant, de celle de votre mari, cet autre grand enfant, prétendre suivre et comprendre vos offices essentiels avec le joujou que vous alliez acheter !... Je vous répète : c'est comme si on nourrissait un soldat en campagne avec une cuillerée à café de soufflé à la crème !...

Il y eut un instant de silence un peu gêné.
Elle le rompit la première :

Alors, quel livre faut-il prendre?

Mais le bon gros paroissien, tout court !... on en édite d'excellents, à très bon marché, en un ou quatre volumes. Et aussitôt, quelle différence dans l'intérêt des cérémonies auxquelles vous assistez !... Vous avez un guide... Vous suivez, vous comprenez, vous priez...

... Vous faites suivre et comprendre vos enfants. Pendant tout le Carême, notre liturgie est débordante de doctrine; elle est touchante, troublante, implorante... Et vous allez passer à côté de cet océan de perspectives surnaturelles, sans rien y voir !... Vous devenez peu à peu la femme qui a des pratiques et aucune doctrine... l'arbre qui ne tient plus que par son écorce, et que le premier vent d'orage jettera sur le sol !...

Seulement, c'est lourd !... murmura-t-elle sans conviction, et comme pour couvrir sa retraite.

- Vous osez dire cela, vous qui portez cette jaquette d'astrakan pesante comme une cuirasse !...

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