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MM. Rieffel, M. le Maire de Vitré, M. de Champagny, M. de Pontbriant, M. le Sous Préfet de Vitré et M. Ropartz ont successivement pris la parole, à la séance d'ouverture. M. le Curé de Notre-Dame de Vitré a adressé, à la fin de la messe, une allocution excellente et très-remarquée. Les élections du lundi ont donné des suffrages unanimes à M. le Cte de Kergariou, sénateur, comme président de la section d'agriculture, et à M. Arthur de la Borderie, comme président de la section d'archéologie.

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La section d'archéologie s'est réunie immédiatement pour la fixation de ses ordres du jour, et nous résumons les divers travaux, ou pour mieux dire la liste des divers travaux qui lui ont été communiqués : une note de M. Pocard-Kerviler sur les fouilles du bassin de Saint-Nazaire, et les divers objets mis à jour, et qui constatent en ce point, l'existence d'un port préhistorique; un travail de M. l'abbé Guillotin de Corson, sur les anciens usages du chapitre de Rennes; un travail de dom Plaine, sur le B. H. Robert d'Arbrissel; une note de M. Charil des Mazures sur l'établissement d'un jeu d'orgue dans l'église N.-D. de Vitré; un travail de M. A. de la Borderie sur les curés alternatifs de N.-D. et de SaintMartin de Vitré ; un travail de M. l'abbé Le Mée sur les origines du christianisme en Bretagne; une très-curieuse communication de M. Mac-Culloch, de Guernesey, sur les rapports de Guernesey avec Vitré, depuis le XVIe siècle, et sur les familles de Vitré établies à Guernesey; la conférence de M. Morin sur le camp de Jublains; une communication de M. de la Bigne-Villeneuve sur les origines de la municipalité de Rennes au XVe siècle; - un travail de M. de Montluc sur les éléments celtiques de la langue française; une note de M. Racine, instituteur, sur

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les antiquités de la paroisse de Brie; une note de M. Decombes sur un projet d'éphémérides bretonnes; un travail de M. l'abbé Piéderrière sur le château de Bodégat qui fut aux Sévigné. Aux séances du soir l'Association a successivement entendu, après la conférence de M. Ropartz sur la musique bretonne, un travail de M. de la Villemarqué sur le rôle de la femme dans la poésie bretonne; une conférence de M. de la Borderie sur la découverte récente de deux cents lettres inédites de Mme de Sévigné, et sur la publication faite l'an dernier par M. le duc de la Trémoille de la correspondance de Charles VIII avec La Trémoille à l'occasion de la guerre contre la Bretagne, terminée par la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier; une communication de M. Ropartz à propos de l'Olium semestre de Jean de Langle, sur les origines du parlement de Bretagne ; une note de M. l'abbé de Corson, sur le cartulaire de SaintGeorges de Rennes, récemment publié par M. de la Bigne-Villeneuve; le compte rendu des excursions du congrès dans la ville de Vitré, M. l'abbé Pâris; deux contes bretons de M. du Laurens de la Barre et deux poèmes, l'un de M. Yves Ropartz, l'autre de M. l'abbé Nicol.

par

Les excursions de la section archéologique ont été triples: dans la ville même de Vitré, au château et aux expositions; à Fougères, le jeudi; et au Mont Saint-Michel le lundi. Un des caractères particuliers du congrès de Vitré a été la présence assidue des délégués des socié1és agricoles et archéologiques de Jersey et de Guernesey. Ces messieurs, après avoir suivi les travaux du congrès, après avoir pris une part aussi intelligente qu'instructive pour nous, se sont plu à déclarer que désormais chacun des congrès de l'Association compterait sans aucun doute un nombre plus grand encore d'habitants des îles anglaises, venant se mêler aux Bretons.

L'hospitalité de la ville de Vitré a été constante et charmante: le dimanche, cavalcade; le mardi, soirée à la sous-préfecture; le jendi, concert; le samedi, punch réunissant tous les lauréats du Congrès et pendant lequel trois discours excellents de M le Maire de Vitré, de M. de Kerjégu et de M. Mourant, délégué de Jersey; le second dimanche, illumination vraiment féerique du parc magnifique que possède la ville. Sans calembour, le Congrès de 1876 a été l'un des plus brillants qu'ait tenus l'Association bretonne.

LOUIS DE KERJEAN.

CONGRÈS DE VITRÉ

Section d'Archéologie de l'Association bretonne

DISCOURS D'OUVERTURE

ET DISCOURS DE CLOTURE DU PRÉSIDENT.

A l'ouverture de la séance générale du 5 septembre, en prenant la présidence de la Section d'archéologie et d'histoire, M. Arthur de la Borderie a prononcé les paroles suivantes :

« Messieurs, en prenant place à ce fauteuil, c'est un devoir pour moi de renouveler à mes excellents confrères de l'Association bretonne l'expression de gratitude que je leur ai adressée hier, lorsqu'ils m'ont, moi très-indigne, appelé à l'honneur de présider la section d'archéologie du congrès.

» Le sentiment de mon insuffisance m'avait contraint de décliner cel honneur. La Direction de notre Association m'ayant fait un devoir de prendre (au moins provisoirement) la présidence, j'ai fini par obéir; mais le sentiment qui avait dicté mon refus persiste; et je ne me fais d'ailleurs aucune illusion sur le motif réel de l'honneur qui vient de m'être conféré par l'Association bretonne.

» Je le dois uniquement à une double absence qui existait dans nos rangs au moment où l'élection s'est faite, absence que nous déplo

rions tous et qui n'est encore réparée qu'incomplétement, — l'absence de M de Kerdrel et celle de M. de la Villemarqué.

» M. de Kerdrel, qui a présidé dix fois la classe d'archéologie de l'Asscciation bretonne; qui, dans ses dix présidences, a constitué par ses exemples ce que vous me permettrez d'appeler le code du président parfait. Courtoisic exquise, esprit distingué, vraiment français, fermeté de direction, science aimable, éloquence sympathique et entraînante, tous ceux qui ont entendu M. de Kerdrel dans nos congrès vous diront mieux que moi, Messieurs, à quel point il a tout cela, sans parler des qualités plus hautes qui distinguent ce cœur loyal, ce ferme caractère, cette intelligence élevée! (Vifs applaudissements.)

l'un des membres distingués de notre

» Et M. de la Villemarqué, savante Académie des Inscriptions, qui a retrouvé et rendu à la Bretagne un de ses titres historiques les plus précieux et peut-être sa plus pure gloire littéraire les chants populaires bretons. En face des critiques injustes qui, depuis quelques années, ont assailli son œuvre, je tiens à honneur de fai rendre ici, au nom du Congrès, au nom de la Bretagne, ce témoignage! (Nouveaux applaudissements.)

» A défaut de M. de la Villemarqué et de M. de Kerdrel, absents tous deux au moment où vous avez élu votre bureau, vous m'avez fait l'honneur, Messieurs, de me choisir comme un des vétérans (et des plus fidèles) de notre Association, comme un représentant autorisé des traditions de cette vieille Association bretonne, née il y a plus de trente ans, qui porta haut le drapeau et la devise de la Bretagne, et qui fut un jour (en 1859) brisée par l'Empire, parce qu'elle avait refusé de s'abaisser à des complaisances courtisanesques. (Applaudissements.)

» Il me reste à ajouter deux mots.

» L'Association bretonne comme les meilleures choses du monde a ses ennemis.

» Et pour m'en tenir à ce qui touche la section d'archéologie et d'histoire, on a dit. Messieurs, et l'on répètera encore sans doute que, si nous étudions le passé, c'est pour défendre, pour prôner, pour ressusciter, s'il était possible, des institutions qui ont eu leur utilité et leur éclat, mais que le cours des siècles et les nécessités de la société moderne ont emportées à jamais.

» N'en croyez rien, Messieurs.

>> Si nous étudions avec ardeur l'histoire du passé, c'est d'abord pour y retrouver un à un et pour mettre en pleine lumière les rayons oubliés ou ignorés de la gloire de la France, de cette grande et malheureuse France que nous aimons tous avec passion! (Applaudissements.)

» C'est aussi pour y chercher d'utiles enseignements qui éclairent le chemin de l'avenir.

» Et ces enseignements, que nous prodigue le passé de notre race, on peut les résumer en deux mots. Car, à toutes les pages de son histoire, la Bretagne nous donne ce double exemple:

» Soumission, dévouement à l'autorité fondée sur Dieu, à la loi fondée sur la justice;

» Résistance implacable à l'oppression, d'où qu'elle vienne, au despotisme d'en haut et à l'anarchie d'en bas.

» Et de cette histoire, quand on sait la lire, se dégage à chaque ligne celle vérité c'est que pour tous les hommes de cœur, pour tous les

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bons citoyens, quels que puissent être leurs dissentiments accidentels, -il existe dans tous les temps, sous tous les régimes, un terrain d'union, d'action commune, qui s'appelle

>> La grande cause de la Religion, de la Patrie et de la vraie Liberté ! a (Vifs applaudissements dans toute la salle.)

A la fin de la séance générale du samedi 9 septembre, M. A. de la Borderie, président de la section d'Archéologie, a dit :

Messieurs, conformément aux traditions de nos Congrès, avant de lever cette séance, la dernière de la section d'histoire et d'archéologie au Congrès actuel, il me reste à remplir une double tâche : résumer brièvement les travaux de la section; payer en son nom le tribut de reconnaissance dû à la ville qui donne l'hospitalité à l'Association bretonne. » Les travaux de notre section pendant le Congrès de Vitré peuvent se classer sous quatre chefs: 10 histoire religieuse de la Bretagne,- 20 histoire civile et politique, 3o histoire des arts, histoire de la langue et de la littérature populaire.

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Histoire religieuse. Le Congrès a entendu une savante dissertation de M. l'abbé Le Mée sur les origines chrétiennes de la Bretagne; - plusieurs communications intéressantes de M. l'abbé Guillotin de Corson sur l'histoire, l'organisation, les usages du chapitre cathédral de Rennes, sur le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Georges de la même ville; moire sur les origines des paroisses de Vitré; - un poème de M. l'abbé Nicol, sur un curieux épisode de la vie du B. Robert d'Arbrissel.

un mé

» Histoire civile et politique. Sous ce chef se placent les études de M. Ropartz relatives au Parlement de Bretagne, non-seulement son travail sur l'Otium semestre de Jean de Langle, mais aussi sa notice sur la buvette et le déjeuner de MM. les conseillers au XVIe siècle; - 10 savant mémoire sur les Matières bénéficiales, dernier legs de feu M. Aymar de Blois à notre Classe d'Archéologie dont il avait été le fondateur, le directeur habile et zélé, et où son souvenir aimable et bon vivra toujours dans nos sympathies et nos respects.

L'histoire de nos villes et de nos communes a été aussi l'objet de travaux intéressants, entre autres : les études de M. de la Bigne Villeneuve et de M. Audran sur l'origine des institutions municipales de Rennes et de Quimperlé; l'esquisse des « annales » de la commune de Brie, près Janzé, par M. Racine, instituteur de cette commune; les renseignements si curieux que M. Mac-Culloch, de Guernesey, nous a fait connaître sur les familles vitréenues établies dans les îles anglo normandes. (Applaudissements.)

Dans un autre ordre d'idées, j'ai essayé, en profitant des lumières nouvelles que donne la Correspondance de Charles VIII, publiée par M. le duc de la Trémoille, de tracer un tableau vrai de la campagne de 1488, marquée par la célèbre bataille de Saint-Aubin-du-Cormier.

» Histoire des arts et des monuments. M. Kerviler, ingénieur à Saint-Nazaire, a adressé au Congrès, avec dessins à l'appui, une notice sur les objets antiques, extrêmement curieux, appartenant à la civilisa tion de l'age du bronze, qu'il vient de trouver dans les fouilles du bassin de Penhouët, et qui, à ses yeux, constatent l'existence en ce lieu d'un port de l'époque préhistorique ou préceltique découverte du plus haut

intérêt.

M. Danjou nous a adressé une carte et de curieux dessins des monuments megalithiques de l'arrondissement de Fougères. C'est lui aussi qui a guidé, dans cette dernière ville, avec une bonne grace parfaite, dont nous tenons à le remercier, l'excursion archéologique du Congrès, à laquelle il a bien voulu faire lui-même les honneurs de sa riche collection. Les circonstances n'ont malheureusement pas permis à cette excursion d'avoir un rapporteur.

>> en a été autrement de la visite très-détaillée faite par le Congrès aux vieux monuments de Vitré, si bien décrits dans le rapport de M. l'abbé Pâris.

L'histoire de la musique en Bretagne, terrain jusqu'ici inexploré, a été abordée par M. Ropartz dans une notice où tout est neuf et intéres

sant.

› Histoire de la langue et de la littérature populaire. La philologie est représentée à notre Congrès par un élégant mémoire de M. de Montluc sur la part qui revient à l'élément celtique dans la formation de la langue française question ardue et controversée. La poésie bretonne a donné lieu à cette belle étude, que nous avons tous applaudie, où M. de la Villemarqué a peint la femme bretonne avec les couleurs vives et touchantes fournies par nos bardes et nos vieux chants nationaux. Enfin, M. du Laurens de la Barre et M. Ropartz fils, continuant à explorer le côté pittoresque de notre littérature populaire, nous ont lu des contes et des légendes écoutées avec un vif intérêt.

» Après ce résumé fort incomplet de nos travaux, la seconde partie de ma tâche, particulièrement douce à un enfant de Vitré, consiste à remercier cette ville du bon accueil fait par elle au Congrès breton.

Cet accueil, Messieurs, a été tel, qu'il fera époque, je dois le dire, dans l'histoire de l'Association bretonne.

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» Nous n'oublierons ni cette brillante cavalcade où, près du duc de Bretagne et de ses barons, figuraient les personnages et les types les plus populaires de l'histoire de Vitré, Pierre Landais et les tricoteuses du Rachat (applaudissements); - ni ces belles cantates exécutées sous la direction d MM. Bourgault et Thielemans; ni cette exposition si intéressante a triple point de vue de l'art ancien, de l'art moderne et de l'industrie locale. Et que M. le maire de Vitré, qui s'est employé avec tant de zèle à têter l'Association bretonne, nous permette de le lui dire cette exposition, due à son initiative, à sa volonté persévérante, en même temps qu'elle a été pour la plupart d'entre nous une vraie surprise, est aussi la plus belle fête qu'on pût offrir au Congrès breton. (Applaudissements)

› Recevez donc l'expression de toute notre gratitude, vous, monsieur le maire et messieurs les conseillers municipaux de la ville de Vitré; vous, monsieur le sous-préfet, qui vous êtes uni à eux pour faire à l'Associa tion bretonne cette brillante réception; vous, messieurs les représentants du clergé, de l'armée, de la magistrature, qui avez bien voulu prendre place autour de notre bureau; vous tous enfin, mesdames et messieurs, qui avez suivi nos séances avec tant d'empressement et de bienveillance. "Permettez-moi d'adresser un remerciement spécial à MM. les délégués des îles de Jersey et de Guernesey, qui, pour la seconde fois, honorent de leur présence le Congrès breton. (Applaudissements.)

Cette présence nous est doublement précieuse. Elle montre d'abord que ces iles, dites anglo-normandes, sont vraiment, par leur histoire,

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