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NOTICES ET COMPTES RENDUS

L'ABBÉ JEAN-MARIE DE LA MENNAIS, par l'auteur des Contemporains.
-Edition populaire, avec portrait et autographe.
Retaux, 1876. In−18. -

Prix: 0, 80 c.

Paris, Bray et

Ce petit volume, comme l'indiquent son titre et le nom de celui qui l'a écrit, est une esquisse anecdotique de la vie si utile et si pleine du fondateur des Frères de l'Instruction chrétienne. L'auteur, dans sa dédicace au R. F. Cyprien, supérieur général des Frères, explique comment un séjour prolongé en Bretagne lui a fait connaître l'Institut, et lui a inspiré le regret de n'avoir pas, depuis longtemps, esquissé le portrait de Jean de la Mennais, en regard de celui de Féli, compris dans la première série des Contemporains. C'est de cette pensée qu'est né le petit volume publié aujour d'hui. Il est écrit avec une profonde et respectueuse sympathie, et pour le Fondateur et pour l'Institut des Frères, dans un style vif, et qui convient à l'anecdote familière, qui se retrouve pour ainsi dire à chaque page, recueillie dans les vivants souvenirs des Frères. « C'est, dit l'auteur lui-même, beaucoup moins mon œuvre que celle des élèves, des disciples reconnaissants et des pieux amis que l'abbé Jean de la Mennais a laissés en si grand nombre, non-seulement en Bretagne, dans le clergé de trois diocèses, mais dans la société laïque elle-même. Je n'ai fait que mettre en ordre leurs souvenirs, qu'analyser ou citer textuellement les notes fidèles, les détails authentiques et sûrs, que m'ont fournis le livre si complet de M. Ropartz, l'éloquente oraison funèbre de Mer de Lezeleuc, les Pèlerinages de M. Violeau, et la remarquable étude, publiée autrefois dans le Journal de Rennes, par M. l'abbé Guillou, ancien au

mônier de l'Institut de Ploërmel, maintenant archevêque de Portau-Prince. >

Ce petit livre aura, particulièrement en Bretagne et dans les autres pays où s'est répandu l'Institut des Frères, un succès populaire; c'est un crayon fidèle, qui ne saurait sans doute remplacer le portrait historique peint avec tant de soin et de vérité par M. Ropartz, et les études de Mer de Lezeleuc, de M. Hippolyte Violeau, de M. de la Gournerie; qui, au contraire, donnera à tous le désir de connaître, et dans ses grandes lignes, et dans ses œuvres vivantes, une des figures les plus vénérables et les plus sympathiques du siècle.

LOUIS DE KERJEAN.

LA VIE, LES MIRACLES ET LES ÉMINENTES VERTUS DE SAINT BRIEUC, premier évesque de l'évesché appelé de son nom Saint-Brieuc; ensemble la translation des reliques dudit saint Brieuc, plus les remarques et observations nécessaires pour l'intelligence d'aucunes difficultez qui se trouvent en cet œuvre, par L.-G. de la Devison, chanoine en l'église cathédrale de Saint-Brieuc. A Saint-Brieuc, par Guillaume Doublet, imprimeur et libraire, 1627. Réimprimé par L. Prod'homme, 1874, in-12 de xvij-224-46, pp., avec une lettre-préface de Mer David.

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LA VIE, LES MIRACLES ET LES ÉMINENTES VERTUS DE SAINT GUILLAUME, évesque de Saint-Brieuc, par L.-G. de la Devison, chanoine en l'église cathédrale de Saint-Brieuc. A Saint-Brieuc, par Guillaume Doublet, imprimeur et libraire, 1627. - Réimprimé par L. Prud'homme, 1874, in-12 de lvj. 220-18-10 pp., avec une préface de M. S. Ropartz.

M. Ludovic Prud'homme, en prenant la succession des affaires de son père à la tête de l'établissement d'imprimerie qui honore depuis plusieurs générations la ville de Saint-Brieuc, par le soin typographique tout particulier qu'on remarque dans ce qui sort de ses presses, a eu l'heureuse idée de signaler son début dans l'art délicat des Etienne, des Alde, des Elzévirs et des Didot, en réimprimant deux livres rarissimes, édités jadis par son trisaïeul maternel, Guillaume Doublet, imprimeur et libraire à Saint-Brieuc. Cette

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réimpression a d'autant plus d'à-propos, que les deux livres dont nous avons reproduit plus haut le titre exact, avaient été écrits par un chanoine du diocèse, et qu'ils racontent la vie de deux saints qui ont illustré le siége épiscopal de la cité briochine. Aussi Mer David, qui a bien voulu accepter la dédicace de cette nouvelle édition, pour laquelle il a écrit une lettre-préface fort spirituelle, a-t-il eu raison de dire que c'est là une œuvre doublement religieuse et patriotique. En conservant au livre sa forme typographique primitive, en reproduisant le style, l'orthographe, le format, les notes marginales, etc., M. Prud'homme a, de plus, fait revivre la physionomie authentique de l'œuvre, et les bibliophiles lui en sauront beaucoup de gré. Cette forme s'harmonise bien avec la touchante naïveté du bon chanoine La Devison, qui n'apporte pas dans la critique historique la méthode exacte et raffinée des Bollandistes et des Bénédictins, mais qui, « par un délicieux mélange de piété, de savoir et de candeur (ce sont les paroles mêmes de Mer David), nous offre une lecture des plus attachantes.

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Louis Fromet de La Devison, dit M. Ropartz dans l'excellente et substantielle notice qu'il a écrite, avec son érudition ordinaire, pour la Vie de saint Guillaume, a eu cette mauvaise ou peut-être celte H bonne chance, que, jusqu'à la présente réimpression, ses livres étaient absolument introuvables: lui-même est resté fort inconnu, et toutes les recherches de M. Ropartz pour découvrir exactement le lieu et la date de sa naissance ont été infructueuses. Il est néanmoins probable qu'il naquit dans la paroisse de Saint-Brieuc-deMauron, aujourd'hui du diocèse de Vannes, vers l'année 1573. On ne sait rien de sa jeunesse, et le premier document officiel qui parle de lui est la date de sa réception au chapitre de Saint-Brieuc, le 9 mai 1621, qu'il quitta en 1627, pour devenir simple recteur de Romagné, près Fougères, où il écrivit une vie de sainte Anne, suivie d'un traité des miracles. Mais nous ne voulons pas déflorer la savante étude de M. Ropartz sur le bon chanoine : c'est un véritable voyage à la découverte au travers de pays complétement inconnus, effacés de la carte par la poussière des vieux parchemins; c'est un véritable modèle de biographie consciencieuse, où la patience du

bénédictin et l'élégante simplicité d'un style sûr de lui-même viennent au secours de l'érudition la plus consommée.

On connaît l'histoire de saint Brieuc, d'abord disciple de saint Germain, et abordant des régions britanniques dans la forêt armoricaine où chassait le comte Rigual, et y fondant un monastère autour duquel s'élevèrent les constructions qui donnèrent naissance à la ville qui s'honore aujourd'hui de son nom; et celle de saint Guillaume Pichon, originaire d'une famille de paysans de la paroisse de Saint-Alban, au diocèse de Saint-Brieuc, qui, obligé de s'exiler à Poitiers, pendant les guerres civiles du XIII• siècle, se chargea dans cette ville des fonctions épiscopales; mais ce qu'on connaît moins, c'est le détail de leurs vertus et de leurs miracles, et La Devison nous les expose de la manière la plus touchante. On trouve, à la fin de la Vie de saint Brieuc, de précieux documents sur la translation de ses reliques d'Angers à Saint-Brieuc, sous le règne de Philippe-Auguste; et, à la fin de celle de saint Guillaume, la bulle de canonisation donnée par Innocent III, et le procès-verbal d'ouverture de la châsse de ses reliques et de son tombeau en 1847. Tous ces documents, avec la notice complémentaire que M. Ropartz y a jointe, pour rectifier, et surtout pour compléter, la notice du bon chanoine, à l'aide de chartes et de pièces originales qu'il n'avait pas connues, font de cette publication, illustrée de curieuses photographies, une œuvre hagiographique très-remarquable. Guillaume Doublet avait placé ce sixain en tête de la Vie de saint Guillaume:

Mon sainct Patron, faictes en sorte,
Puisque vostre beau nom je porte,
Que j'hérite aussi vos vertus,
Et que, par une saincte envie,

Je chemine toute ma vie

Par les sentiers qu'avez battus.

M. Ludovic Prud'homme, digne héritier de ce pieux aïeul, montre aujourd'hui que la prière du fondateur de sa maison a été exaucée jusque dans sa dernière postérité.

RENÉ KERVILER.

SOMMAIRE.

Des martyrs: Le P. Ménoret; M. de la Nouë et ses compagnons. L'amiral Mallet et le fort de Rosny. Les lauréats de la Sorbonne. L'Association bretonne. La Société bibliographique

et la Bibliothèque à 25 centimes.

Une nouvelle à la fois triste et glorieuse nous arrive d'Afrique: le diocèse de Nantes vient d'inscrire sur ses annales le nom d'un nouveau martyr. N'étant encore que séminariste, M. l'abbé Ménoret, né à SaintÉtienne-de-Montluc, s'était senti pressé de répondre à l'appel de Mer l'archevêque d'Alger, et avait obtenu l'autorisation d'entrer dans la société des missionnaires destinés à porter le flambeau de la foi dans les contrées encore inexplorées de l'intérieur de l'Afrique. Mer Lavigerie avait reconnu dans notre jeune compatriote un véritable cœur d'apôtre et l'avait élevé au sacerdoce. Au mois de novembre dernier, le R. P. Mé– noret annonçait à M. l'abbé Durassier, secrétaire général de l'Évêché de Nantes, son départ pour Tombouctou, à travers le grand désert du Sahara, afin de pouvoir pénétrer ensuite jusqu'aux régions plus centrales, où vivent des tribus nomades et sauvages. Il y a trouvé la mort pour la foi, avec les RR. PP. Bouchand, du diocèse de Lyon, et Paulmier, du diocèse de Paris.

< Partis dans le commencement du mois de décembre 1875, écrit le supérieur des missionnaires d'Alger au père de l'un d'entre eux, les trois apôtres firent d'abord sans encombre la première partie de leur voyage. C'est seulement dans le pays des Thouaregs, à près de trente journées du littoral, qu'ils paraissent avoir été arrêtés dans leur route. On ne connaît pas encore tous les détails qui ont accompagné leur mort; mais on sait, par des témoins dignes de foi qui ont vu leurs restes sanglants, qu'ils ont tous trois été décapités sur les confins sud du Sahara et en dehors de la route des caravanes. On suppose que ce sont des Thouaregs noirs, ou Isghers, qui les ont mis à mort. Leurs corps ont été retrouvés à demi couchés les uns sur les autres, comme s'ils s'étaient rapprochés et agenouillés pour recevoir les coups de leurs bourreaux. La tête était complétement séparée du tronc.

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