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Ce soleil, M. Caro ne le nomme point. Nous le ferons pour lui. Comment pourrions nous perdre confiance, si nous nous écrions: 0 Crux, ave?

RENÉ KERVILer.

ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE FINISTÈRE, par M. R.-F. Le Men, archiviste du département, directeur du musée départemental d'archéologie. Quimper, Jacob, Lemercier et Salaün; et Quimperlé, Th. Clairet. 1875. In-12, 192 pp.

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Ce petit livre, rempli de faits nouveaux, d'observations judicieuses et de documents curieux, est la réunion d'un certain nombre d'articles sur l'archéologie ou sur l'histoire du Finistère, publiés à diverses époques par le savant éditeur de l'Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, dans les journaux de Quimper ou dans les bulletins et mémoires de plusieurs sociétés savantes. Aucun lien ne les rattache entre eux, sinon l'intérêt de l'histoire départementale; mais chacun présente dans son espèce l'étude d'un événement bien caractérisé ou d'une période bien définie.

Voici, d'abord, un long mémoire sur la Découverte de Vorganium, capitale des Osismii, peuplade gauloise qui habitait le nord du Finistère, au moment de l'occupation romaine. Ce mémoire, publié en 1873 pour prendre date, a été depuis revu par l'auteur; mais tel qu'il fut écrit à l'origine, il présentait une importance capitale au point de vue de la géographie armoricaine; car Dieu sait toutes les hypothèses qu'on avait faites jusque-là sur l'emplacement de Vorganium; la lecture d'une borne milliaire romaine située à Kerscao, près Kernilis, a permis à M. Le Men d'en fixer définitivement la situation à l'embouchure de la petite rivière de l'Abervrac'h; et bien lui a pris d'imprimer immédiatement son mémoire; car si les pilleurs de mer n'existent plus dans ces régions, il y a encore des pilleurs d'idées un archéologue, qui habite Rennes depuis plusieurs années et qui s'est fait connaître par des études d'épigraphie romaine, n'a-t-il pas dernièrement contesté à M. Le Men la priorité de sa découverte ! Il faut lire, dans l'une des dernières livraisons de la Société Archéologique du Finistère,

la vigoureuse réplique que le savant archiviste de Quimper a opposée à cet imprudent.

Nous disions, l'an dernier, dans le Compte rendu du Congrès de l'Association bretonne, tenu à Vannes, que M. Le Men venait de fixer aussi l'emplacement définitif de Vorgium à Carhaix par la lecture d'une nouvelle borne milliaire située à Maël-Carhaix. Quoique nous soyons en désaccord avec M. Le Men sur plusieurs points essentiels de la géographie armoricaine, en particulier au sujet des Curiosolites et des Diablintes, nous sommes heureux de constater ici qu'il y a plaisir à discuter avec un savant d'une aussi courtoise érudition que la sienne, et nous faisons des vœux ardents pour que de nouveaux mon uments épigraphiques permettent à M.Le Men de fixer sans réplique de nouveaux points obscurs et ils sont nom

breux de notre ancienne histoire.

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Après le mémoire sur Vorganium, on trouve dans le petit livre de M. Le Men une note fort intéressante sur les oppida gaulois retrouvés par lui en de nombreux points du littoral du Pagus CapSizun; des documents inédits sur des épisodes des guerres de la Ligue en Bretagne : la capitulation du château de Kerouzéré, la prise de' Coëlfrec par La Fontenelle, la prise du fort de Primel par ⚫ les Espagnols; le compte rendu des fouilles d'un tumulus dans la forêt de Carnoët; des documents sur le pillage du manoir de Mezarnou en 1594; - un mémoire sur l'Aguilanneuf, qui devra être étudié en regard de celui que M. Duseigneur a récemment publié sur le même sujet dans cette Revue: autant de mémoires sur ce sujet, autant d'opinions différentes; enfin, une note sur un sarcophage gallo-romain en plomb, découvert au Pouldu, dans la commune de Clohars-Carnoët.

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Tout cela est exposé avec clarté et précision, nourri de faits nouveaux et présenté sous une forme intéressante. Nous avons trop rarement l'occasion de rencontrer des opuscules sur l'archéologie bretonne, pour ne pas remercier sincèrement M. Le Men de sa publication.

L. DE KERPENIC.

CHRONIQUE

SOMMAIRE.

Vers de M. Joseph Rousse à la mémoire de M. Emile
Prise de possession de l'église

Pébant. M. Hippolyte Richelot.

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Sainte Marie-de-la-Victoire à Rome, par S. E. le cardinal Saint-Marc.
Mgr Maupied. Fouilles de
Le Vénérable Père Baudouin.
Saint-Clément à Quiberon. La prochaine exposition de céramique
Un oratorio à Rennes.

bretonne à Quimper.

Girardin. M. l'abbé Chesnel. chevalier de Saint-Grégoire. Vincent-de-Paul à Nantes.

M. Victor de M. Thibault de la Guichardière, Le troisième centenaire de Saint

M. Joseph Rousse a publié, le 6 avril, dans le Phare de la Loire, des strophes qu'il nous est impossible de laisser enfouies dans les colonnes de ce journal: un pareil hommage était bien dû aux talents et au caractère du savant bibliothécaire de Nantes, à qui l'on vient de donner pour successeur M. Pierre Morin, ancien lieutenant de vaisseau, ancien directeur des mouvements du port de notre ville.

A la mémoire d'Émile Péhant.

Comme ces vieux palais de Sienne et de Vérone,
Rougeâtres ou noircis, d'un style étrange et fier,
Maître, j'aimais vos chants dont la grandeur étonne,
Où vivent les héros de l'histoire bretonne,
Femmes au noble cœur, guerriers bardés de fer.

Poète, vous étiez de la race du Dante :

Vos tableaux sont remplis de sang et de terreur;
Mais sur les tours fleurit l'œillet rose ou la menthe;
Dans les camps l'oiseau vient chanter sur une tente,
Aux ombres vous mêlez quelque blanche lueur.

Votre âme bouillonnait comme celle d'Eschyle,

En voyant l'injustice et la fatalité.

Loin du riche insolent et du pauvre servile,

Au delà de la terre, elle espérait asile,

Pleine d'âpres désirs de l'immortalité.

Aujourd'hui, vous pouvez sonder le grand mystère,

Vous lisez l'avenir dans le Livre éternel.
En passant le Léthé de Virgile et d'Homère,
Vous avez oublié votre jeunesse amère,

Mais les doux souvenirs refleurissent au ciel.

Quand Brizeux s'en alla

vers une autre Bretagne,»
Sur les bords du Blavet on sculpta son tombeau.
Barde, il eût préféré, dans l'aride campagne,
Un grisâtre menhir au pied d'une montagne,
Parmi la brande verte où coule un frais ruisseau.

Vous, chantre de Clisson et de Jeanne la Flamme,
Poète des combats, où dormirez-vous mieux
Qu'à l'ombre des remparts où s'éveilla votre âme,
Où le nom des Montfort fit naître votre drame,
Près des murs de Guérande, où dorment vos aïeux?
Sur ses douves encor passera l'hirondelle,
Comme un rapide éclair effleurant le roseau;
Les cloches tinteront dans la haute tourelle;
La mer vous bercera de sa plainte éternelle,
Et la gloire viendra dorer votre tombeau.

Si ce n'est pas la gloire, ce sera du moins le respect universel qui accompagnera chez nos neveux le souvenir d'un honorable vieillard dont les obsèques ont donné lieu à Rennes, le 3 avril, à une éclatante manifestation des sympathies publiques. Toute la magistrature de notre ancienne capitale assistait ce jour-là aux obsèques de M. Hippolyte Richelot, doyen honoraire de la faculté de droit, chevalier de la Légion d'honneur, ancien membre du conseil municipal de Rennes et du conseil général d'Ille-et-Vilaine, mort le 1er avril, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Nous trouvons dans le discours prononcé sur sa tombe par M. Bodin, doyen actuel de la faculté de droit, les éléments d'une intéressante biographie du respectable professeur.

« M. Hippolyte Richelot était né le 3 juin 1792; il appartenait à l'une de ces vieilles familles de la bourgeoisie rennaise qui ont donné plus d'un échevin à leur ville natale, ainsi qu'il le répétait volontiers luimême. Reçu licencié en droit à vingt ans, dès 1812, il se faisait inscrire au tableau de l'Ordre des avocats; pendant soixante-quatre années, son nom y est resté, et on peut dire que M. Richelot était devenu le doyen, non-seulement des avocats, mais encore de tous les hommes qui fréquentent le Palais. Il aimait à rappeler que ses débuts avaient été encouragés par Toullier, dont il fut secrétaire, et la mémoire de son illustre maître a toujours été pour lui l'objet d'une pieuse vénération. M. Richelot a occupé un rang éminent au barreau de Rennes; les anciens m'ont dit qu'il se faisait surtout remarquer par la variété des moyens, la fécondité des ressources, la sûreté de la doctrine.

>> Mais l'enseignement du droit a toujours été sa préoccupation la plus vive. Nommé suppléant à la Faculté de Rennes en 1827, il devenait professeur de Code civil dès 1831; dix ans plus tard, il remplaçait M. Vatar dans les fonctions de doyen; en 1860, il demandait sa retraite, et peu de temps après le titre de doyen honoraire venait récompenser ses longs services. M. Richelot était plein de zèle dans l'exercice de ses

CHRONIQUE.

devoirs universitaires, son accueil était bienveillant, les étudiants l'aimaient et le respectaient. Presque tous les hommes de ce pays qui sont maintenant aux affaires ont été ses élèves; bien d'autres l'ont, hélas ! déjà précédé dans la tombe!

» Notre regretté collègue trouvait encore le moyen de faire profiter les intérêts généraux, dans nos assemblées locales, de son expérience consommée et de ses connaissances étendues. Plusieurs fois il a été membre du conseil municipal de Rennes et conseiller général du département d'Ille-et-Vilaine. Dans les dernières années de sa vie, il a consacré les loisirs de sa verte vieillesse à l'administration de nos hospices civils; il s'était dévoué à cette mission, et deux jours avant sa mort il exprimait encore, avec une sollicitude attendrie, le regret d'avoir été forcé de la quitter par suite de son grand âge.»

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Quelques jours après ces funérailles, le jeudi 6 avril, à trois heures de l'après-midi, Son Éminence Mgr le cardinal Brossais Saint-Marc, archevêque de Rennes, prenait possession à Rome de son église titulaire de Sainte-Marie-de-la-Victoire, sur l'Esquilin. Eu égard aux conditions actuelles de Rome, cette cérémonie s'est accomplie à portes closes. Le cardinal et les personnes de sa suite sont entrés du côté de la sacristie, où ils ont été reçus par le recteur de l'église, le Rme P. Giuseppe Maria Turchi, et par une trentaine de religieux de l'Ordre du Carmel, qui jadis occupaient le couvent annexe à l'église de la Victoire, transformé aujourd'hui en école technique. Le cardinal s'est aussitôt rendu à l'église, où Mgr Cataldi, maître des cérémonies pontificales, lui a présenté le goupillon de l'eau bénite, dont il a aspergé l'assistance, après s'être signé lui-même. Son Eminence a prié quelque temps devant l'autel du Saint-Sacrement, puis elle a visité les chapelles latérales et s'est informée avec le plus vif intérêt de l'état des travaux que le prince Torlonia fait exécuter au maître-autel, où sera placée la prodigieuse image de Marie, sous le vocable de laquelle l'église est érigée. Le prince y doit dépenser, dit-on, près de 300,000 francs.

La visite terminée, Son Eminence se rendit dans la sacristie, où un trône était préparé. Mgr Cataldi, en présence d'un notaire de la Daterie apostolique, donna lecture de la bulle pontificale qui lui confère le titre cardinalice de Sainte-Marie-de-la-Victoire, et le R. P. Turchi, recteur de l'église, lut au nom de l'assistance, un compliment dont nous croyons devoir reproduire le préambule et la péroraison :

« Monseigneur le Cardinal,

» Je n'étais certes pas digne de prendre aujourd'hui la parole au nom des fils de sainte Thérèse pour remplir le devoir de remercier Votre Eminence Révérendissime de l'acte de haute bienveillance qu'elle accomplit à notre égard. L'honneur qui nous est fait de recevoir pour titulaire et protecteur de notre église de Sainte-Marie-de-la-Victoire un succes

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