après eux, chacun en son temps. CY DONNONS EN MANDEMENT à nos capitaine séneschal, alloué, lieutenant, procureur, controlleur, receveur et miseur de nostre ditte ville de Guerrande de présent, à ceulz qui pour le temps à venir le seront et à chacun en droit soy, si comme à luy apartiendra, de cette présente franchise faire souffrir, jouir et user nos dits subgectz ainsi qu'ilz ont par cy devant fait au moien de la dite franchise de notre dit oncle, sans les contraindre et conpeller d'aller ne envoier à la dile réparacion ne y contribuer en mise ne aucune manière. - Cy gardez que en ce n'ait faulte.- Car c'est notre plaisir.- Et voullons que au vidimus de ces presentes retenu soubz scel des actes de notre conseil ou de nos cours, plaine foi soit ajoustée, comme à ce présent. - Donné en notre ville de Rennes, le xxviije jour de janvier l'an mil iiij c iiij xx neuf (1489). Par la duchesse, de son commandement. ANNE. GUYHART. POÈTES ET RIMEURS Cessez, amis, cessez de m'appeler poète; Oh! le poète!... c'est le cygne au vol superbe, Le poète est le vent qui des grands monts s'élance Le poète! c'est Job, Dante, Byron, Virgile; Le poète nous lègue avec ses chants sublimes. Tandis que je m'en vais, pauvre chercheur de rimes, RAYMOND DU DORÉ. MEURS ADMINISTRATIVES LA PLUME DU PAON PROVERBE Personnages. LE BARON MARTIN, directeur général au ministère de... ALBERT DE VERVILLE. La scène se passe à Paris, dans le cabinet du directeur général. SCÈNE PREMIÈRE. LE BARON, ALBERT. LE BARON. Vous voilà donc journaliste, mon cher ami? ALBERT. Je ne prendrais pas cette qualité, monsieur le baron, et j'aime mieux la chose que le nom. J'ai terminé mon droit ; je n'ai pas de carrière tracée; ne plaide pas qui veut. J'ai des goûts littéraires, et je me suis estimé heureux de trouver l'occasion de m'occuper, en écrivant. LE BARON. - Et vous écrivez fort bien. J'ai été très-frappé de vos derniers articles et j'ai voulu en faire mon compliment au fils de mon vieux camarade. ALBERT. Vous êtes bien indulgent, monsieur le baron. LE BARON. La presse est une grande puissance, mon ami, et qui conduit à tout, quand on a le talent que vous annoncez. On voit que vous avez étudié les questions économiques et financières. ALBERT. - Ces questions ont, en effet, de l'attrait pour moi. LE BARON. Vous allez juger de la confiance que vous m'inspirez déjà. Nous manquons, dans nos ministères, de plumes habiles, et je ne pourrais guère d'ailleurs me soumettre à la critique d'un de mes subordonnés. J'ai désiré avoir votre avis sur un mémoire que je destine au ministre, et que je tâcherai d'insérer au Journal officiel, sous mon nom. C'est un projet de réforme fort important que j'ai conçu et que je crois de nature à me faire honneur. Je souhaite que ce soit très-soigné de style et je vous demande d'être mon correcteur. ALBERT. Y pensez-vous, monsieur le baron? A mon âge, corriger la rédaction d'un directeur général? Demandez-moi plutôt de préparer une rédaction que vous corrigerez. Ce sera plus dans l'ordre et je serai mieux à mon aise. LE BARON. L'âge n'y fait rien, mon cher ami. Je n'ai pas de prétentions littéraires, moi, je ne suis pas un écrivain de profession, et j'accepterai toutes les critiques. Il est trop tard, d'ailleurs, pour procéder autrement, l'idée m'a passionné, le mémoire est écrit, et puisque je le signe, j'ai la petite faiblesse de désirer qu'il demeure mon œuvre personnelle, dans la forme comme dans le fond. Un peu d'amour-propre d'auteur, vous comprenez cela. LE BARON. Ce qui n'empêche pas de consulter, pour les détails, un spécialiste de style, comme on consulte un architecte pour les détails d'un plan. ALBERT. — Vous me flattez, monsieur le baron, mais je reste intimidé. Êtes-vous bien certain que vous prendriez en bonne part des observations de style, à supposer que j'en eusse à vous sou mettre? On se fait quelquefois à cet égard des illusions. LE BARON, souriant. Convenez, maître Gil-Blas, que vous pensez à l'archevêque de Grenade. ALBERT. Oh non! l'archevêque de Grenade était, lui, un spécialiste d'homélies. LE BARON. Bien répondu, mon ami. Vous voyez que vous pouvez être sans crainte. Tenez, asseyez-vous là, et lisez. Je me rends auprès du ministre. Je serai probablement retenu quelque temps, et vous aurez celui de lire : corrigez, raturez librement, au crayon, bien entendu. Vous permettrez que je me réserve de statuer en dernier ressort? LE BARON. Ne vous embarrassez pas de la beauté de l'expédition. Je suis encore moins calligraphe qu'écrivain, et j'ai fait copier la minute, que vous auriez eu de la peine à déchiffrer. On en sera quitte pour une nouvelle copie. A tout à l'heure, et mettezvous à l'ouvrage. (Il sort.) SCÈNE II. ALBERT, seul. Ah! ça, je suis donc un foudre de guerre? comme dit le lièvre. Ce que c'est que de tenir une plume dans un journal! Quand je suis arrivé à Paris, il y a trois ans, muni d'une lettre de recommandation de mon père pour ce baron, il n'a pas daigné faire la moindre attention à moi, et m'a éconduit, à peine poliment. J'en suis resté à lui mettre le jour de l'an une carte, qu'il ne me rendait pas. Voici qu'il m'appelle pour me consulter sur sa prose. - Lisons donc sa prose. (Il lit.) C'est singulier, j'ai déjà lu cela quelque part..... Les beaux esprits se rencontrent..... Je ne me trompe pas, c'est mon idée... et même mes phrases... Continuons... Ah! voici une bonne incorrection; ce doit être une correction du baron, sa marque de fabrique. (Il tourne plusieurs feuillets.) — Magnifique calligraphie ! C'est un plaisir de se relire ainsi. Toujours mes phrases, émaillées de... quelques marques de fabrique. - Voyons |