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d'être relevée que la superstition de Napoléon contre le vendredi. Mais ce que M. de Saint-Leu devait savoir et avouer franchement, c'est que Bernadotte, Augereau, Jourdan et Moreau lui-même n'étaient pas complices du 18 brumaire, et que, si la majorité du Directoire, ou si Barras seul en avait donné l'ordre, Napoléon aurait été arrêté sur la première marche de son trône encore imaginaire. A quoi tiennent les destinées ! elles sont comme l'enflure dont M. de Saint-Leu demande pardon au roman. cier. Il est trop ridicule (voyez p. 46) de prétendre « que Bonaparte avait compris sa destinée au sortir de l'enfance, « et qu'il a marché à son but avec au« tant de génie que de courage et d'ar« deur. Les difficultés que l'auteur convient qu'il eut à vaincre, les fatigues extraordinaires qu'il dut braver a sont a la preuve que tout ne se faisait pas « en vertu du décret éternel qui lui

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avait été révélé dans son berceau. » Quel ennemi de Napoléon voudrait croire qu'il eût accepté cette destinée s'il avait prévu qu'il deviendrait le fléau de la terre, dont tous les exploits ne tendraient qu'à affermir la tyrannie, et n'auraient pour résultat que de prolon ger l'agonie de la France pour la faire succomber sous les désastres de 1813, 1814 et 1815 ? Quelques reproches mérités qu'on ait eu le droit d'adresser au Directoire, on conviendra qu'on était alors bien loin de redouter de pareils revers. On eût certainement répudié tant de gloire pour éviter tant d'infortunes. Ce peu de mots répond au dernier chapitre du livre de M. le comte. Cette réfutation de l'ouvrage de sir Walter Scott ne nous a appris qu'une particurité jusqu'à présent inconnue, c'est que l'un des ancêtres de Napoléon a été souverain de Trévise. - Voilà de quoi rẻjouir les partisans de la légitimité et du droit divin à Florence et aux bains de Toeplitz.

GÉOGRAPIHE. TOPOGRAPHIE. Dictionnaire géographique univer

sel de Vosgien, totalement refondu et mis au niveau de la science moderne, purgé de 500 doubles emplois, articles imaginaires, etc.; et augmenté d'environ 10,000 articles. Par V. Parisot. in-8. Chez Baudouin frères. Livr. I. (A—BON). avec 2 cartes. fr. 25.; cartes.coloriées, 1 fr. 40.`

L'ouvrage aura 6 livraisons.

Nouvel Itinéraire de la GrandeBretagne. Par L. Quentin. in18. avec carte routière et plusieurs panoramas des villes principales. Chez Langlois fils. 6 fr. CARTES GÉOGRAPHIQUES,

Atlas géographique, historique, politique et administratif de la France, Par H. Brué. Sept livraisons in-fol. chacune de 2 feuilles. Chez Me Desray.

VOYAGES.

Voyage en Turquie et à Constantinople. Par R. Walsh, attaché à l'ambassade de lord Strangford; trad. de l'angl. par H. Vitmain et E. Rives, attachés au ministère des affaires étrangères. in-8. avec pl. et cartes. Chez Moutardier.

Après un séjour de plusieurs années à Constantinople, où il faisait partie de la suite de lord Strangford, ambassadeur de la Grande-Bretagne, l'auteur se décida à retourner en Angleterre, en parcourant la Turquie d'Europe. La route qu'il décrit est celle que Darius suivit dans sa mémorable expédition contre les Scythes, il y a deux mille trois cents ans, et que les Russes ont prise pour marcher sur Constantinople. Avec l'idée de voyager, dit M. Walsh,

s'associe naturellement la pensée de trouver des routes faciles, des voitures commodes, de bonnes hôtelleries, des soupers comfortables et un bon lit; mais, hélas, en Turquie les routes ne sont que des sentiers tracés par un cavalier, suivis par un autre, et que chacun dirige à son gré; les voitures sont un assemblage de quelques planches montées sur des roues grossières, tirées avec des cordes par des buffles, que l'on emploie plus ordinairement à porter des fardeaux; les hôtelleries ne sont que de grandes écuries, où l'ou ne trouve que de la paille hachée; les soupers se composcut de ce qu'on a pu ramasser sur la route, et apporter au gîte où l'on veut passer la nuit; quant aux lits, ils sont formés de la paille de l'écurie ou bien d'une planche dans un grenier, et fort souvent on ne peut se la procurer. L'ouvrage n'est divisé ni en chapitres ni en lettres; comme il serait difficile de suivre l'auteur dans sa route et le fil de sa narration, nous nous contenterons d'en extraire quelques passages isolés. La plus grande partie du café dont on fait usage en Turquie vient des colonies anglaises des Indes occidentales', et le café moka est une rareté aussi précieuse à Constantinople qu'à Londres. Dans le Levant on prend toujours le café sans lait ni sucre. Les Turcs donnent aux différens peuples qui résident dans leur empire des noms qui indiquent le degré d'estime qu'ils ont pour eux : les Grecs sont appelés Yeskir, ou esclaves, parce qu'ils sont considérés comme ayant perdu le droit de vivre à la prise de Constantinople, et comme ne le conservant depuis que par condescendance; les Arméniens sont nommés Rayas, ou sujets, parce qu'ils n'ont jamais été un peuple conquis, et qu'ils se sont mêlés insensiblement dans la population de l'empire; les Juifs ont le nom de Mousaphir, ou visiteurs, attendu qu'ils sont venus chercher un asile chez les Turcs; en conséquence, comme visiteurs, ils sont traités avec bonté et hospitalité. Toutefois tous les sujets de la Turquie

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qui ne sont pas Turcs ont la dénomination générale de Rayas. Les Turcs s'attendent depuis long-temps à une invasion de la part des Russes; dans leur prévision ils ne se bornent pas à des préparatifs militaires. Leur grand cimetière est situé sur le rivage de l'Asie : on le remarque par la grande quantité de cyprès qui, dans une étendue considérable, s'élèvent auprès de Scutari. C'est peut-être le plus vaste cimetière qu'il y ait au monde : il a trois milles de longueur, et il s'accroît continuellement, à cause de la prédilection que les Turcs de Constantinople ont pour ce dernier asile. Ils sont persuadés qu'ils seront forcés de se retirer en Asie, d'où ils sont venus et ils veulent que leurs corps reposent dans un lien où les infidèles chrétiens ne viennent point les troubler : en conséquence, la plus grande partie des Turcs qui meurent à Constantinople sont transportés par leurs amis de l'autre côté du Bosphore; et le lieu où ils s'embarquent ordinairement est appelé, à cause de cela, Meit-Iskelli (l'échelle de la mort). Cette impression dans leur esprit est confirmée par d'anciennes prophéties, et pår d'autres circonstances futiles qui ont néanmoins une grande influence sur l'imagination faible et superstitieuse des Turcs. L'auteur donne des détails fort intéressans sur la mort de Tépédelenly-Ali-Pacha et sur la révolte et le massacre des janissaires. Le nombre de ces victimes de la politique de Mahmoud est estimé à plus de vingt mille. Des arubas et autres voitures furent employées pendant plusieurs jours à transporter les corps morts, qu'on jeta dans le port et dans le Bosphore. On les voyait flotter sur la mer de Marmara; souvent même les vents les jetaient sur le rivage. La surface des eaux était recouverte de ces débris, qui entravaient la marche des bâtimens. L'église grecque est encore plus éloignée de la simplicité de l'évangile que l'église latine; les cérémonies sont plus fastueuses et les superstitions plus pué,

riles. Dans l'église latine, l'architecture,
la musique et la peinture ont été appe
lées au secours des impressions reli-
gieuses, et ses écarts sont dissimulés
avec tant d'ait, qu'ils sont presque ca-
chés par
des accessoires d'une rare
beauté. L'église grecque n'a pas ces
ressources ses édifices sont petits et
malpropres, ses tableaux sont d'une
médiocrité désolante, sa musique in-
supportable. Les bords du Bosphore
sont très-peuplés, et de Constantinople
à la mer Noire, l'on peut dire que ce
n'est qu'un grand village. Le mouve-
ment sur ce point est extraordinaire.
La mer est couverte de bateaux qui
passent et repassent. Cette manière de
se faire transporter est particulièrement
favorable à l'indolence orientale. On se
couche sur un coussin, on fume, et on
arrive où les affaires vous appellent sans
éprouver la moindre fatigue. Les
Turcs attachent une vertu particulière
au bleu, parce qu'ils pensent que cette
couleur détruit les effets du sortilège.
Dans toutes les boutiques on vend de
petites boîtes de graines bleues, qui
ont la forme de mains; on en achète
pour les enfans, et on leur en attache
autour de la tête. Les Turcs entourent
de leurs soins et de leur sollicitude jus-
qu'aux choses inauimées : ils couvrent
les mâts, la proue et la poupe de leurs
navires de guirlandes d'amulettes, et
ils attachent au-devant de leurs mai-
sons des talismans de diverses formes
pour attirer le premier regard de ce
mauvais œil, et détruire ainsi la mali-
gnité. Description d'une maison dans
un village bulgare : l'édifice est placé
sur un terrain oblong, circulaire à une
extrémité et carré de l'autre ; autour
de cet espace s'élève une clôture for-
mée de petits pieux de quatre pieds de
haut, qui sont enfoncés dans la terre;
entre eux sont placées de fortes bran-
ches de saule, de manière à former
comme un immense panier. Le toit est
élevé sur ces pieux et couvert de chau-
me, et la clôture qui sert de muraille
est enduite de terre détrempée. L'en-

trée est toujours à l'extrémité carrée, où le toit fait une grande saillie soutenue par des piliers de bois, ce qui forme un porche et comme une colonnade rustique. La cheminée est placée de ce côté de la chaumière : elle est vaste, et s'avance dans l'intérieur, comme dans les cabanes d'Ecosse et d'Irlande. Le logement intérieur est garni de grands et gros tapis de laine, sur lesquels la famille s'asseoit pendant le jour et dort pendant la nuit. Autour de chaque habitation est un enclos rempli de blé, de foin et de troupeaux. Il y a dans tout cela une propreté, une abondance et un air d'aisance, qui feraient de ces peuples les hommes les plus heureux de la terre, s'ils n'étaient pas soumis à des exactions dont ils se plaignent beaucoup. La ville de Schumla est à l'angle d'une vallée formée par deux chaînes de ces montagnes du Balkan inférieur, et qui en sont l'extrémité. Aux environs de la ville, les montagnes forment un amphithéâtre en demi-cercle, et sont couvertes de jardins et de plantations jusqu'à leur sommet, ce qui forme le plus agréable coup-d'œil. Au pied de cette chaîne de montagnes commence une plaine immense qui s'étend jusqu'au Danube au nord, et jusqu'à la mer Noire à l'est. Dans cette dernière direction se trouvent la ville et le port de Varna, situés entre deux promontoires à dix - huit lieues de Schumla. Schumla est une grande ville fort peuplée. On y compte · environ soixante mille âmes. Elle est divisée en deux parties : l'une est occupée par les Turcs, l'autre par les chrétiens. La première est la plus élevée; elle est remplie de mosquées, dont les dômes et les minarets sont couverts de plaques d'étain poli qui ont un grand éclat quand elles sont éclairées par le soleil. La seconde partie de la ville de Schumla, qui est séparée de la première par un intervalle, et qui se nomme Warish, s'étend dans la plaine. Elle est habitée par les Rayas, ou par la population juive et chrétienne. Cette place

Journal général de la Littérature de France. 1829. N° 1.

a quelques fortifications irrégulières ; comme position militaire, elle est d'une grande importance pour l'empire turc. Elle est le point où aboutissent loutes les routes qui conduisent aux forteresses placées sur le Danube. Ses fortifications, aux yeux des troupes européennes, seraient faibles et méprisables; mais elles sont des moyens de défense très-effica- ' ces quand elles sont occupées par des soldats turcs. Elles se composent de remparts de terre et de murs de briques, flanqués par des tours pouvant contenir huit ou dix fusiliers. Elles ont trois milles de longueur et un mille de largeur, sur un terrain entrecoupé de vallées. L'étendue et l'irrégularité de la surface du terrain s'opposent à ce que la place soit complètement investie. C'est là que, dans leurs guerres avec les Russes, les Turcs forment leur camp retranché, et les Russes l'ont toujours trouvé imprenable.

(La suite au numéro prochain).

POLITIQUE. ÉCONOMIE

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cipales qui se sont opposées jusqu'à présent au perfectionnement de la science du droit et de la législation. Des caractères distinctifs dans la méthode et le principe fondamental des deux principales écoles actuelles de philosophie. De la méthode à suivre dans la recherche des principes du droit et de la législation. La première partie, divisée en quatre chapitres et autant de paragraphes, contient l'exposition des principes du droit, et de leur rapport avec ceux de l'idéologie, de la science morale et de l'économie. La deuxième, en douze chapitres, renferme les principes généraux de la législation. Dans un appendice, l'auteur examine le mode et l'ordre de travail des traités ultérieurs des diverses branches de la législation.

Collection de lois maritimes antérieures au 18e siècle. Par J. M. Pardessus, conseiller à la Cour de cassation, professeur de droit commercial à la Faculté de Paris. ‹ 5 vol. in-4. Chez Treuttel et Würtz. Tome I. 20 fr.

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Lorsqu'en 1824, dit l'auteur, je résolus d'entreprendre une collection d'antiquités de droit maritime, S. M. le Roi Louis XVIII permit qu'un petit écrit destiné à faire connaître mon plan et à donner l'indication des pièces dont j'étais déjà possesseur fût imprimé à l'imprimerie royale, et envoyé aux ministres et aux consuls de France établis dans les villes maritimes étrangères, afin d'obtenir des savans et des jurisconsultes les secours dont je sentais si vivement le besoin. Au moment où le premier volume paraît, le Roi, qui a daigné me continuer la protection dont son auguste prédécesseur avait honoré mon travail, et qui m'a autorisé à le lui dédier, veut bien qu'un nouvel exposé de la situation de mes recherches soit imprimé par ses ordres et distribué à tous ceux dont les conseils pourraient m'être utiles. On ne doit point voir dans cet écrit un prospectus, destiné, comme il arrive trop souvent,

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à vanter une entreprise et à capter la bienveillance du public. Ce n'est point à une époque où les travaux des jurisconsultes et les études des jeunes gens qui embrassent la carrière du barreau et de la magistrature sont dirigés d'une manière si remarquable vers les sources et les antiquités du droit, qu'il est nécessaire de développer l'utilité d'une collection des usages et des lois qui ont été la source des codes par lesquels le commerce maritime est actuellement régi. Les essais de plusieurs écrivains pour publier des collections de ce genre, l'empressement avec lequel on en recherche les exemplaires devenus rares attestent suffisamment que l'utilité en a été sentie de tout temps. Mais si, au lieu de se borner à réimprimer ces collections faites dans des pays, à des époques et sur des plans divers, il est pos sible de les refondre en une seule; si l'on ajoute aux documens dont elles sont composées un nombre infiniment supérieur de pièces d'une importance incontestable; si, au lieu de s'en tenir, comme P'ont fait les auteurs de ces collections, à traduire les documens, on en publie aussi les textes originaux, d'après les éditions les plus estimées et même d'après des manuscrits inédits; si l'on accompagne chaque document d'une dissertation qui en fasse connaître l'origine, l'objet et l'influence ultérieure sur ceux d'une date plus récente, personne ne saurait nier que les jurisconsultes, les magistrats, je pourrais dire tous les litté rateurs et les hommes éclairés, n'accueillent avec empressement un ouvrage fait sur un tel plan. Je termine cet exposé par deux observations indispensables. La première est relative à l'objet des documens que j'ai déjà recueillis et que je désire obtenir encore. Mon travail n'est destiné qu'à faire connaître le droit maritime privé, c'est-à-dire les contumes, statuts on lois qui ont eu pour objet de régler les rapports respectifs des propriétaires et constructeurs de navires, armateurs, capitaines ou patrons, matelots

et autres gens de l'équipage, chargeurs,. passagers, prêteurs à la grosse, assureurs etc. Je n'ai point formé le projet de recueillir les règlemens relatifs aux douanes, à la marine militaire et à divers ob jets dans lesquels l'intérêt public ou la police générale de l'état sont seuls envisagés,sans qu'il en résulte des questions d'intérêt privé. C'est ce que la nomenclature des pièces fera mieux comprendre que je ne pourrais l'expliquer. Peut-être même arrivera-t-il que quelques-uns des documens qui me seraient indiqués ne me paraissent pas,après un plus mûr examen, être de nature à figurer dans une collection de lois proprement dites, mais j'en ferai usage dans les dissertations historiques sur le droit maritime des pays auxquels ils appartienne nt. La seconde observation est relative à l'époque où je m'arrête. Forcé de me prescrire une limite, j'ai cru devoir terminer cette collection à la fin du 17° siècle, dont les dernières années ont été signalées par la publication de l'ordonnance de Louis XIV, du mois d'août 1681, devenue en quelque sorte le droit commun de l'Europe. Ce n'est pas que depuis cette époque, et surtout au commencement du siècle courant, la législation maritime n'ait acquis de gran ds perfectionnemens dans plusieurs états. Mais toutes les lois faites dans cet intervalle de temps n'ont plus été ce qu'on peut appeler des sources, des antiquités : elles ont reproduit ou perfectionné ce qui existait précédemment; elles forment le droit actuel, que je publierai à son tour dans une autre collection qui se rattachera naturellement à celle-ci sans former double emploi. Cette seconde collection, pour laquelle je ne sollicite pas moins de secours que pour la présente, sera, si je peux emde ployer ces mots, un ouvrage pure pratique, tandis que celle que je publie actuellement a un but scientifique et historique dont on ne saurait contester l'utilité et même la nécessité. »>

(Extrait du Prospectus).

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