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Il y a eu à Paris et dans diverses villes de France des séries de publications du même genre et du même nom; mais celle de Limoges n'avait pas encore été signalée, ou du moins les bibliographies l'avaient négligée ou n'en avaient fait qu'une mention insuffisante.

Le grand almanach-annuaire de la Creuse, édité par M. Paul Ducourtieux pour 1905. Dans la partie historique, il y a à signaler une notice de M. C. Pérathon, concernant des tapisseries d'Aubusson inédites; une autre de M. L. Lacrocq, sur l'exposition des beaux-arts à Guéret, en 1904; et un curieux article de M. Antoine Thomas, qui sous ce titre : La pucelle de La Souterraine, et documents en mains, raconte une histoire vraie.

Académie des inscriptions et belles-lettres (compte rendu des séances de l'année 1904). Nous trouvons dans un de ces comples rendus une appréciation justement élogieuse de l'ouvrage de M. Rupin sur Roc-Amadour, auquel l'Académie a conféré une seconde médaille, au concours des antiquités de France.

Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français (novembre-décembre 1903 et septembre-octobre 1904).

On sait que M. Alfred Leroux, dans son étude sur le vitrail dit de Jeanne d'Albret, à Limoges, avait établi que ce vitrail, par sa facture, ses caractères et les costumes des personnages, était antérieur à l'époque où vivait la célèbre reine et que la satire qu'il contenait ne pouvait par conséquent la concerner.

Un correspondant du Bulletin, qui partage du reste l'opinion de M. Leroux, a pensé que le personnage pouvait bien figurer la reine Marguerite de Navarre, sa mère, bien connue dans l'histoire par ses ardeurs de prosélytisme. A cette hypothèse notre confrère a répondu, dans une lettre insérée au Bulletin, que cette nouvelle identification lui paraissait tout à fait conjecturale, par diverses raisons et notamment par des motifs archéologiques.

Ces raisons n'ont cependant pas convaincu M. Weiss, qui persiste dans son hypothèse, tout en convenant qu'au point de vue des textes et des preuves formelles la question reste encore ouverte.

M. Alfred Leroux signale encore un important et savant ouvrage de M. Antoine Thomas Nouveaux essais de philologie française. L'auteur, après un coup d'oeil général sur l'histoire et la méthode de la science étymologique, donne des notes critiques sur la toponymie gauloise et gallo-romaine, où l'on trouve un grand nombre d'indications sur des noms de lieux du Limousin et de la Marche; puis traite du suffixe aricius, des substantifs abstraits en ier et de l'évolution phonétique du suffixe arius. Une deuxième partie contient de nombreuses recherches étymologiques.

T. LIV

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Une Notice sur M. Louis Guibert, contenant tous les discours prononcés et articles parus lors de son décès, publiée par l'administration de la Gazette du Centre, est offerte en hommage à la Société.

M. Léopold Mouret adresse un exemplaire d'un Traité des injures dans l'ordre judiciaire, par F. Dareau, avocat en parlement et au présidial de la Marche à Guéret, imprimé en 1771 chez Prault père, imprimeur à Paris, quai de Gesvres. A cet envoi, il joint une notice, où il relève un certain nombre de faits et de noms intéressant le Limousin et la Marche.

M. F. Briquet, de Genève, envoie un spécimen d'une grande publication qu'il a entreprise sous ce titre : Les filigranes, histoire des marques de papier (de 1282 à 1600).

L'auteur a fait des recherches à Limoges il y a quelques années; toutefois, le haut prix de l'ouvrage ne permet pas à la Société d'en faire l'acquisition.

COMMUNICATIONS. M. d'ABZAC a relevé dans un article du Petit Journal (numéro du 27 août dernier), la mention de l'acquisition faite par l'administration des musées nationaux, en 1903, d'une petite châsse limousine pour le prix de 20.000 francs.

Il y aurait intérêt à avoir quelques renseignements sur la provenance, les dimensious, le style et les caractères de ce précieux objet qui a été placé au département des objets d'art du moyen âge.

M. HERSANT Signale, d'après une correspondance qui lui a été adressée, un émail peint représentant la Visitation, signé S. C., et qui appartient à Mgr Géraud, à Aurillac ; il suppose que cette pièce est une œuvre de Suzanne Court ou de Court; mais la reproduction photographique qui lui a été envoyée est trop exiguë et imparfaite pour pouvoir se prononcer.

M. Hersant rapporte, en outre, un certain nombre de débris de poterie gallo-romaine et un bois de renne trouvés dernièrement dans des fouilles, avenue de la Révolution, à Limoges : l'un de ces débris porte une marque de potier qui ne peut être déterminée.

M. Alfred LEROUX fait connaître l'existence aux Archives départementales du Cantal (Inventaire, G. 750) d'un contrat de mariage de 1564, entre Françoise d'Escorailles et noble Robert de Lignerac, demeurant en son château de Lignerac, duché de Limoges.

On connaissait le marquisat de Limoges; mais c'est la première fois que nous rencontrons dans un document la mention d'un duché de ce nom. Il serait intéressant de rechercher et de recueillir d'autres mentions et des renseignements à ce sujet.

LECTURES. M. FOURNIE présente trois souvenirs métalliques qui, par leurs attaches limousines, lui paraissent avoir quelque intérêt; il s'agit d'un bouton gravé, d'un méreau en plomb et d'une médaille à portrait.

Dans un mémoire qui les concerne et dont il donne lecture, il décrit successivement chacun de ces objets, en détermine les caractères et en recherche les origines, la signification ou la des

tination.

Le bouton gravé en bronze grisâtre, de forme octogonale, figure à sa face intérieure, sensiblement bombée (l'autre face est brute et offre simplement la racine d'une tige), avec les lettres S. M. et un attribut qui n'est autre qu'une entrave de prisonnier, — deux personnages, l'un debout à la tête nimbée, revêtu de vêtements sacerdotaux, une main sur un rituel, l'autre tendue dans un geste bénissant sur le second personnage qui est une femme ceinte d'une couronne nobiliaire. Entre ces deux personnages, un monstre hirsute, sorte de dragons, fuyant à quatre pattes.

Selon M. Fournié, dont les conjectures sont tout à fait vraisemblables, cette gravure reproduit une scène d'exorcisme empruntée à la vie de saint Martial que tous les hagiographes ont représenté comme ayant eu le pouvoir de domination sur les esprits malins et en même temps comme un libérateur de prisonniers.

D'autre part, la pièce ne pouvait être une médaille de dévotion, mais devait être un ornement de luxe, un bouton d'habit de cérémonie, dont l'illustration était empruntée à un sujet qui occupait beaucoup les esprits du xi au xvi° siècle, celui de la possession démoniaque.

Le méreau en plomb, au diamètre de 30 millimètres, d'une facture assez grossière, représente à l'avers un saint personnage à tête nimbée, revêtu d'une dalmatique, accosté des lettres S. L.; et au revers, un autre personnage, agenouillé, appuyant ses deux mains sur un bâton tigé et portant sur ses épaules l'Enfant-Dieu; à sa droite, un autre personnage agenouillé, présentant une lanterne; à sa gauche, une cruche à anse; dans le champ, les lettres S. X.

Ce méreau peut être facilement caractérisé : le personnage figuré à l'avers est saint Léonard brisant les chaînes de prisonniers, et celui du revers saint Christophe passant un torrent avec le Christ enfant. Ces deux saints avaient été adoptés comme patrons par la corporation des fruitiers et regratliers, par des motifs faciles à expliquer pour le second, plus hypothétiques pour le premier; la figuration des méreaux de cette communauté subit des fluctuations;

avec le temps, l'image de saint Christophe disparaît et celle de saint Léonard reste seule comme emblème.

La corporation parisienne elle-même, qui comprenait à l'origine tous les marchands fruitiers, regrattiers, coquetiers, petits marchands de fruits, volailles, beurre et oeufs, errant dans les rues, et les plus gros marchands trafiquant à domicile, se divise au début du XVIe siècle; à partir de 1508, les regrattiers de fruits constituèrent une communauté indépendante, et c'est à celle-ci, vraisemblablement, qu'appartient un beau jeton de 1758 dont M. Fournié présente un spécimen.

La médaille est une pièce de bronze fondu, uniface, de 63 millimètres de diamètre, représentant le portrait en buste du poète Jean Dorat ou Daurat, né à Limoges, qui fut le maitre de Ronsard et fit partie de la pléïade. Au pourtour est la légende: JOANNES AURATUS ÆT. SUE. ANN. LXXVII et sous le premier mot de la légende : IA PRIMA, abréviatif du nom du médailleur Jacques Primavera. Cette médaille, qui est d'une belle exécution, dut être fondue sans doute, comme la plupart de celles de ce temps, sur l'initiative du poète lui-même ou de ses amis.

L'artiste fort connu par ses œuvres, qui dénotent un véritable mérite, l'est beaucoup moins dans ses origines et dans sa vie ; il était peut-être Italien, mais il a vécu en France et son talent a une allure très française.

La médaille de Dorat, assez rare, a tous les caractères d'une pièce originale de l'époque. Elle a figuré au musée de Francfort, d'où elle n'est sortie que par suite de l'occurence d'un deuxième exemplaire.

M. A. LEROUX donne lecture d'un mémoire de M. Antoine THOMAS, professeur à la Sorbonne, qui a pour titre Le roman de Gouffier de Lastours, et qui doit paraître dans la Romania de janvier 1905.

Un récit apocryphe du xv siècle, dont le bénédictin dom Col nous a conservé la teneur, rapporte qu'au retour de la Terre Sainte, vers 1098, Gouffier de Lastours trouve la reine de France emprisonnée sous l'inculpation d'adultère. La sachant ou la supposant innocente, il réussit à s'entretenir avec elle sous le déguisement d'un frère mineur chargé de la confesser; puis il va trouver le roi et lui garantit qu'il saura imposer une rétractation au chevalier félon qui l'a calomniée. Un combat singulier a lieu; terrassé, le calomniateur avoue son crime et est puni du supplice qu'on réservait à la reine quand on la croyait coupable. Finalement, de toutes les offres en terres ou en argent que lui fait le roi pour lui témoigner sa reconnaissance, Gouffier ne veut retenir que la faveur de

porter les armes royales. « Et c'est pourquoi, dit le narrateur, sur les anciennes armes de la famille, qui étaient trois tours d'argent en champ d'azur, on sema les fleurs de lis d'or de France. »>

C'est ce que M. Thomas a commenté et critiqué avec sa pénétration habituelle.

M. Franck DELAGE a recherché et trouvé dans les Archives communales de Limoges (les Archives départementales ne contiennent rien sur le sujet) quelques pièces concernant la confrérie de SaintJacques. De ces pièces, au nombre de trois, une seule est intéressante et fournit certains renseignements sur cette confrérie dont la composition et l'organisation sont fort peu connues. C'est une sentence rendue par le juge Pinot, le 9 juillet 1597, sur une demande. formée par les bayles de la confrérie des pèlerins de Saint-Jacques contre un sieur Leraillard, comparant, et d'autres confrères défaillants, en paiement de menues redevances ou cotisations auxquelles ils avaient cherché à se soustraire.

Les membres qui venaient à être parrains devaient verser à la caisse commune une certaine somme d'argent; mais il arrivait qu'ils la dépensaient avec les autres confrères de bonne volonté qui les accompagnaient à la cérémonie; c'était un abus que les bayles voulaient faire cesser.

Les défaillants furent condamnés à payer un certain nombre de sols; Leraillard fut déchargé de toute condamnation à cause de son état d'indigence.

Le document fournit une dizaine de noms de confrères et quelques indications sur les conditions sociales; le bayle devait occuper un certain rang, car il fut collecteur de tailles; on y trouve un meunier, un courtier d'affaires, etc., des membres de familles notables, tels qu'un De Julien, un Garraud; cependant la plupart devaient être de conditions modestes.

Plusieurs confrères se piquaient de poésie.

M. Delage donne lecture d'un certain nombre de sonnets élogieux adressés à l'avocat Bardon de Brun, auteur de la tragédie de Saint-Jacques qui fut représentée, en 1596, par les soins de la confrérie. Ces sonnets, tous écrits dans le style pompeux et hyperbolique qui était de mode à l'époque, sont d'une faible valeur poétique. Parmi ces pièces, on en trouve une de Pierre Guibert.

La confrérie paraît avoir été assez prospère et assez nombreuse encore à cette époque, mais, à de rares exceptions près, il semble que les membres ne faisaient plus guère le voyage de Saint-Jacquesde-Compostelle; un des sonnets fait toutefois allusion au voyage d'un des confrères.

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