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M. Mouchez. L'Académie accueillera sans doute ce Mémoire avec le même intérêt qu'elle a porté récemment à celui de M. Vialètes d'Aignan. Ces communications sont, d'ailleurs, dues l'une et l'autre à la bienveillance de M. le contre-amiral Mathieu, directeur du Dépôt de la Marine.

>> M. Mouchez entre dans de grands détails sur les dispositions qu'il a prises pour observer les phénomènes aussi exactement que possible. Il expose comment il a réglé les instruments, et, en particulier, la détermination de l'heure. La latitude du lieu de son observation a été déterminée directement par une série de 80 hauteurs circum-méridiennes des deux bords du soleil; cette latitude est un peu différente de celle donnée par la carte.

>> Outre les heures des contacts, M. Mouchez s'est attaché à prendre micrométriquement un grand nombre de mesures des distances des cornes.

» De l'ensemble de ses observations, il conclut une longitude de BuenosAyres, qui se trouve plus petite que celle insérée dans la Connaissance des temps, et il fait remarquer qu'il arrive à une conséquence pareille, soit au moyen de l'éclipse du premier satellite de Jupiter observée à Buenos-Ayres, soit au moyen de culminations lunaires observées au Parana. »

ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les formations cellulaires, l'accroissement et l'exfoliation des extrémités radiculaires et fibrillaires des plantes; par MM. GARREAU et BRAUWERS. (Extrait par les auteurs.)

(Commissaires, MM. Brongniart, Moquin-Tandon, Payer.)

« Pour observer avec fruit les faits qui se rattachent aux formations cellulaires et à l'accroissement de la radicule, il est indispensable d'en suivre le développement en l'absence du contact de tout corps étranger capable de Jui adhérer ou d'en modifier la surface, condition qu'il est facile de réaliser en plaçant des graines humides sur les mailles d'un tamis et les recouvrant d'un drap de laine imprégné d'eau distillée. Un tel germoir, placé sur une terrine dont le fond est garni d'eau, maintient les graines dans une atmosphère constamment humide, de telle sorte que les radicules dont le développement marche plus ou moins rapidement, suivant la température du milieu choisi, forment sous les mailles du tamis et au-dessus de l'eau un taillis dans lequel les sujets égaux d'âge et de dimensions permettent à la fois la multiplicité des recherches et le contrôle des faits observés. Quand la radicule commence à poindre dans les conditions de température ordinaire de l'atmosphère, elle est lisse et ne présente aucun indice d'exfoliation; mais à une température de 20 à 25 degrés, l'exfoliation de leur extrémité commence de très-bonne heure chez les graines à périsperme ou à cotylé

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dons féculents (Graminées, Légumineuses, Polygonées), et cette tendance plus précoce à s'exfolier coïncide avec un mode particulier de dislocation de leurs organes élémentaires.

» La radicule naissante du froment,' qui se présente sous la forme d'un cylindre conique à son sommet, montre au centre de cette dernière région une portion de sphère formée de cellules quadrilatères dont l'ensemble nuancé d'une teinte ambrée differe nettement des cellules plus allongées et incolores qui les recouvrent. Les premiers constituent le sommet de l'axe radiculaire, et les secondes la couche corticale exfoliable.

la

» Toutes les cellules de la couche corticale, y compris celles du sommet, qui plus tard doivent s'exfolier, sont lisses et adhérentes entre elles; mais à mesure que l'organe s'accroît, les cellules épidermales dont la taille est d'autant plus grande qu'elles siégent plus près de la base de la radicule, montrent, dans leur cavité, une portion de leur matière animale semée de granules très-ténus. Cette matière s'accumule bientôt à la région médiane de chacune des cellules en un petit amas au-dessus duquel la paroi cellulaire s'arrondit extérieurement sous forme d'une hernie légère dans la cavité de laquelle cette matière parvient à se loger; à mesure qu'elle s'y accumule, cet appendice se développe pour acquérir une longueur considérable, de telle sorte, que chaque cellule épidermale a l'apparence d'une croix dont la hampe serait démesurément longue. Il n'est pas possible de saisir le mécanisme à l'aide duquel cette matière détermine l'allongement de paroi de la cellule en appendice; mais on peut conjecturer qu'agent essentiel de toutes les formations cellulaires, c'est elle qui en sécrète et coordonne les matériaux. A mesure que la radicule se développe, on voit son sommet se renfler et prendre une forme larmaire, et cette région, qui est devenue visqueuse, se délite facilement alors qu'on l'immerge dans l'eau en lui donnant la consistance du blanc d'oeuf et une saveur sucrée trèsprononcée. Les extrémités radiculaires de 500 grammes de blé immergées dans l'eau distillée, puis retirées de ce liquide après quelques minutes de contact, abandonnent leur extractif que l'analyse montre composé de dextrine, glucose, diastase (et caséine), phosphate de chaux, phosphate de potasse, substances qui représentent les éléments d'une farine sacpar la diastase. Cette matière, qui se trouve, du reste, répandue dans tout le tissu de la radicule, sert en partie seulement au développement de cet organe; car, soluble dans l'eau, elle est, sous l'action des pluies abondantes, entraînée et desséminée en certaine proportion dans le sol. La radicule, prise dans ces conditions et examinée à l'aide d'un gros

charifiée

C. R., 1859, 1er Semestre. (T. XLVIII, No 1.)

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sissement convenable, montre, au moment de l'humectation et sous la pression du verre le plus léger, la couche la plus externe de son extrémité conique qui s'affaisse, les cellules qui la composent s'écartent les unes des autres et nagent dans la matière visqueuse complétement isolées. Ces cellules, qui se sont formées à l'extrémité hémisphérique de l'axe radiculaire, ont été refoulées en avant par des formations nouvelles, et, à mesure qu'elles s'éloignent du point où elles se sont formées, elles s'accroissent graduellement, les granules qu'elles recèlent grossissent en devenant plus rares, puis elles grandissent dans le sens de l'axe et restent appliquées sur la partie persistante de l'épiderme ou s'exfolient rapidement. Ces cellules allongées prises à l'état adulte sont dépourvues de gros granules, mais leur matière vivante se montre alors sous la forme de nucléus reliés à la membrane interne par des filaments qui sont le siége de courants rapides semés de granules d'une très-grande ténuité. Plus tard, alors qu'elles se sont accrues, la matière des courants et du nucléus s'isole dans une mème cellule en deux ou trois amas de forme ovalaire qui donnent naissance à deux ou trois cellules du bord accolées bout à bout, mais qui finissent par s'isoler les unes des autres.

» Les extrémités radiculaires de la chicorée sauvage, de la laitue cultivée, du pavot somnifère, de la moutarde noire, de la caméline cultivée que l'on laisse s'exfolier dans l'eau distillée, donnent des solutés qui, évaporés, laissent des résidus à peine colorés et d'un aspect gommeux. Celui que fournissent les radicules de la chicorée exhale une odeur vireuse et possède l'amertume de la thridace. Celui qui provient des radicules du pavot possede l'odeur et la saveur de l'opium; et ceux que l'on obtient des radicules de la moutarde et de la caméline ont une saveur salée, sulfureuse, et exhalent une odeur alliacée infecte. Ces matières, qui dans le cours ordinaire de la végétation sont abandonnées au sol, expliquent les antipathies de certaines plantes pour d'autres, puisque l'expérience directe a démontré leur nocuité alors qu'elles sont absorbées en quantité suffisante par les végé

taux.

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Le mode d'évolution des cellules de l'extrémité de l'axe radiculaire présente plus de difficultés aux recherches. Ces cellules, qui, par leur réunion, constituent un axe ou cylindre dont l'extrémité libre se termine en hémisphère, se présentent sous la forme de prismes quadrangulaires et décroissent de la base de l'organe vers son sommet pour devenir carrées ou tabulaires dans cette dernière région. Celles de ces cellules qui limitent la portion hémisphérique de l'axe sont munies de matière protéique agglomé

rée en deux ou quatre amas distincts, comme cela se remarque dans l'évolu tion qui s'opère au sein des cellules mères du pollen, et chacun de ces amas qui continue la symétrie d'une rangée cellulaire de l'axe constituera une cellule nouvelle. On ne peut déterminer exactement si ces nouvelles cellules résultent d'un cloisonnement simple de la cellule mère ou d'un cloisonnement double provenant de l'adossement des parois latérales de jeunes cellules formées autour des amas de matière protéique; mais il est très-probable qu'elles naissent d'après ce dernier mode, parce que les couches les plus superficielles de ces cellules sont celles qui, refoulées en avant, constituent la zone corticale qui s'exfolie en cellules complétement isolées, ce qui ne pourrait avoir lieu dans la supposition d'un cloisonnement mitoyen. Les cellules qui sont situées immédiatement au-dessus de celles qui sont en voie de multiplication, d'abord carrées et emplies de granules féculents, s'allongent dans le sens de l'axe, et, pendant que cet accroissement s'opère, les granules féculents disparaissent, et la matière protéique vivante, alors visible, se condense dans chaque cellule en deux ou trois amas entre lesquels des cloisons viennent s'interposer. De ces dernières cellules, dont le petit diamètre est parallèle à l'axe, les unes grandissent sans éprouver d'autre changement, les autres se multiplient par divisions binaires parallèles à l'axe, s'élargissent et grandissent comme les premières en formant avec elles des séries linéaires semblables à celles que présentent les cariopses du maïs sur l'axe de leur épi.

» Dans un grand nombre de plantes, quand la température du milieu dans lequel elles végétent est peu élevée, les extrémités des radicules et des fibrilles ne s'exfolient que tardivement, et alors les éléments, au lieu de se détacher isolément, s'exfolient sous forme de lambeaux épidermoïdes ou de coiffes (pavot, glycérie, caméline, phellandrie, lemna).

» Ce qu'il y a de remarquable, c'est que ces couches, caduques quand la radicule et les cotylédons sont suffisamment abreuvés par l'air humide, cessent de l'être si cet air saturé d'eau n'a d'accès qu'au sommet de la radicule, et alors les cellules les plus externes de la couche corticale exfoliable émettent des appendices absorbants, et les vaisseaux spiraux qui dans les conditions ordinaires s'arrêtent à une certaine distance du sommet de l'axe radiculaire se montrent tout près de l'extrême limite de cette région; ce qui semble démontrer qu'il existe une corrélation intime entre les fonctions des appendices absorbants et celles de ces mêmes vaisseaux. »

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ANATOMIE.

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Sur le développement des dents et des mâchoires;
Lettre de M. JOLY.

(Commissaires désignés pour l'examen du Mémoire de M. Natalis Guillot sur le même sujet : MM. Flourens, Coste, J. Cloquet.)

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Le Rapport sur les récents travaux de M. Natalis Guillot, relatifs au développement des dents et des mâchoires, a ramené mon attention sur plusieurs pièces anatomiques par moi déposées dans les collections de la Faculté des Sciences de Toulouse, pièces tout à fait confirmatives des vues émises par M. N. Guillot, et sanctionnées par la Commission qui a jugé son important travail. Je saisis donc avec empressement l'occasion qui se présente à moi pour faire connaître à l'Académie ces curieux spécimens.

>> Il y a quelques années que l'on faisait voir à Toulouse un cochon monstrueux dont la tête, au dire du propriétaire, ressemblait parfaitement à celle d'un mouton. L'extrême raccourcissement des os de la face, la courbure très-prononcée des maxillaires supérieurs, et surtout celle des maxillaires inférieurs dont les dents incisives étaient devenues verticales, justifiaient jusqu'à un certain point (l'imagination aidant) cette idée bizarre, que partageaient la plupart des nombreux visiteurs de l'anima]. II mourut, et j'enrichis de ses dépouilles les collections de la Faculté des Sciences de Toulouse.

» Je ne décrirai point ici les nombreuses anomalies que présente son squelette; mais je me permettrai d'attirer l'attention de l'Académie sur les principales particularités qu'offre le système dentaire de ce cochon mons

trueux.

» A la mâchoire inférieure, qui, depuis la symphyse jusqu'à la naissance de la branche montante, n'avait pas plus de o",115 de longueur, le nombre des dents était normal et les deux dernières molaires permanentes commençaient à émerger au-dessus des maxillaires. Mais elles étaient tellement pressées l'une contre l'autre, que la postérieure avait été forcée d'exécuter sur elle-même un mouvement de demi-rotation, en vertu duquel sa face interne était devenue antérieure, circonstance qui avait obligé l'os qui s'était moulé sur elle à prendre une largeur tout à fait inaccoutumée aux dépens de sa longueur.

» Du reste, cette portion de l'os, formant l'alvéole en ce moment commune aux deux dernières molaires, était d'une minceur extrême, surtout à son côté interne, et dessinait au dehors toutes les saillies correspondantes

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