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ments, sauf quelques manifestations des « Sans Travail » à Lyon (1), les grèves s'étant apaisées, le pays est calme. En vain les pourchasseurs de mandats législatifs s'évertuent à l'émouvoir. La « Patrie française », en dépit de correctes conférences à Nancy (2) où M. Jules Lemaître se demande si « nous sommes en République » et où M. Godefroy Cavaignac flétrit « la propagande antimilitariste dans l'armée et dans l'enseignement », donne à Paris le spectacle un peu ridicule de compétitions électorales qui mettent aux prises des alliés de la veille, le nombre de ses candidats étant de beaucoup supérieur au nombre des sièges disponibles, et personne ne voulant céder le pas! Et c'est une amusante cacophonie que la réunion organisée par les étudiants républicains nationalistes (3) pour entendre les discours de MM. Cavaignac, Dausset, Syveton, Auffray, Foursin et Rousset! Les progressistes, représentés par M. Jules Roche, dénoncent à Nancy encore (4) « la tyrannie parlementaire »; les impérialistes banquètent à Paris (5) en l'honneur du DeuxDécembre et M. Paul de Cassagnac, auquel on ne saurait dénier le mérite de la franchise, dit « que le pays est trop lâche pour rien tenter de violent ». Les socialistes à la réunion du Parti Ouvrier Français à Lens (6) excommunient Jules Guesde. Tant de déclamations furieuses se perdent dans l'indifférence générale. Pourtant elles attirent, peut-être bien à tort, l'attention du gouvernement qui leur prête une portée qu'elles n'ont point sans doute et qui, ne sachant comment s'orienter parmi tant de contradictions, prend le parti de sévir à la fois contre ses adversaires et contre ses partisans. C'est ainsi que M. Roger Ballu, inspecteur des beauxarts et professeur à l'école des arts décoratifs, est relevé

(1) 8 et 15 décembre. (2) 1er décembre. — (3) 24 décembre. cembre. (5) 2 décembre. — (6) 15 décembre.

(4) 1er dé

de ses fonctions (1) pour des paroles malsonnantes prononcées au Raincy le 15 décembre; que M. Louis Lapicque, maître de conférences, est suspendu pour avoir fondé la caisse de solidarité universitaire en protestation de la condamnation de son collègue Hervé; que l'enseigne de vaisseau Díraison est placé dans la position de réforme (2) pour la publication d'un livre Les Maritimes où les mœurs des officiers de marine apparaissent sous un aspect assez répugnant; que le deuxième numéro du Pioupiou de l'Yonne est saisi à Auxerre (3), on ne sait encore pourquoi.

Gagnés par la contagion universelle, les ministres se remuent eux aussi et parlent beaucoup. Le général André, qui détient toujours le record des déplacements ministériels, discourt à Angoulême (4) à propos de la remise du drapeau à une section de vétérans; à SaintJean-de-Losne (5) à propos de la restitution de deux pièces d'artillerie dont Napoléon Ier avait fait présent à cette ville en l'honneur de sa « belle défense » contre les troupes de Galas; à Dijon (6), où il installe des batteries d'artillerie et où il reçoit une ovation. M. Pierre Baudin à Nantua (7) parle de son illustre parent, et dans les mines du Nord (8) se rend compte par lui-même des conditions du travail. M. Waldeck-Rousseau prend part aux fêtes de la Société amicale et de prévoyance de la préfecture de police (9). M. Mougeot inaugure un pont à Toul (10). Enfin M. Millerand (11), à une réunion du Syndicat du bâtiment, se félicite de l'institution des conseils du travail où il a voulu réunir les patrons et les ouvriers pour parler de leurs intérêts communs en donnant des

cembre.

(1) 18 décembre. (2) 21 décembre. (3) 24 décembre. — (4) 1er dé(5) 8 décembre. (6) 29 décembre. — (7) 1er décembre. (8) 14 décembre. — (9) 1er décembre. (10) 8 décembre. cembre.

(11) 15 dé

avis éclairés aux pouvoirs publics pour l'application des lois du travail.

On ne saurait mieux clore ce récit décoloré des événements de l'Année politique et parlementaire qu'en mentionnant la fête charmante donnée par M. Paul Deschanel aux enfants des fonctionnaires et des agents du Palais-Bourbon, à l'occasion de Noël (1). Ce n'est pas la première fois que le président de la Chambre des députés montre qu'il considère que le souci des humbles est un des devoirs les plus impérieux de sa charge. Mais en manifestant sa bonté sous cette forme gracieuse et touchante, il en a doublé le prix.

Mémento du mois. ELECTIONS LÉGISLATIVES. Chambre des députés. Valognes. M. Villaut-Duchesnois, républicain, élu contre le comte Le Marois, conservateur 1er décembre).

LÉGION D'HONNEUR.

Guerre 31 décembre).

ÉVÉNE MENTS DIvers.

Promotions du ministère de la

Constitution définitive des cinq

Conseils du Travail à Paris (21 décembre). - Émission

de l'emprunt 3%, couvert plus de 24 fois (21 décembre).

(1) 25 décembre.

CLAUDE-LOUIS.

II. L'ANNÉE POLITIQUE ÉTRANGÈRE.

MEMENTO CHRONOLOGIQUE,

par M. Joseph DUBOIS.

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AFRIQUE DU SUD

Janvier. 4. Les commandos boers continuent à envahir la colonie du Cap, une colonne s'avançant vers la capitale. une autre vers le sud et le sud-est.

14. Les Boers multiplient leurs attaques contre les postes anglais et les chemins de fer.

Février. 7. L'Angleterre envoie un nouveau renfort de 30.000 hommes dans l'Afrique du Sud.

12. L'existence de la peste bubonique est officiellement avouée à Capetown.

16.

Dewet et plusieurs autres chefs de commandos réussissent à pénétrer dans la colonie du Cap.

20. Le général Kitchener court le risque d'être fait pri sonnier par les Boers.

Proclamation du président Steijn pour protester contre les procédés, contraires au droit des gens, employés par les Anglais pendant la guerre.

24. Les généraux Botha et Dewet, et le président Steijn,

réussissent à échapper encore une fois à la poursuite des Anglais et à rentrer dans l'État libre.

Mars. 8. Kitchener et Botha poursuivent des négocia tions pour mettre fin aux hostilités. Un armistice de huit jours est signé entre les deux généraux.

22. D'après le Livre Bleu qui vient d'être publié, les pourparlers auraient commencé le 23 février par l'intermédiaire de Mme Botha, et Kitchener se serait rencontré le 28 février avec le général boer. Les conditions étaient les suivantes: amnistie générale pour tous les rebelles, les prisonniers renvoyés chez eux, le régime de la loi militaire remplacé par une administration civile, les dettes de l'État payées jusqu'à concurrence d'un million de livres sterling, assistance pécuniaire aux fermiers pour la reconstruction de leurs fermes et renouvellement de leurs troupeaux. M. Chamberlain consulté, ayant répondu par dépêche que le gouvernement anglais ne pouvait accorder l'impunité aux rebelles du Cap et du Natal, tout fut rompu.

Avril. Tandis que les escarmouches se poursuivent, sans résultat appréciable pour les Anglais, le gouvernement anglais accorde un congé de trois mois à sir Alfred Milner, haut commissaire britannique et gouverneur des nouvelles ⚫ colonies » du Transvaal et de l'Orange. On dément officiellement que ce congé déguise un rappel définitif et un désaveu. Tout au contraire, à son arrivée en Angleterre, on lui confère le titre de lord Milner de Capetown.

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Mai. 30. La situation des Anglais dans l'Afrique du Sud, loin de s'améliorer, devient plus critique.

Juin. 12. Le gouvernement anglais publie un Livre Bleu de 161 pages donnant le rapport de la commission char

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