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BULLETIN

DU

Bouquiniste

PUBLIE PAR AUGUSTE AUBRY

Avec la collaboration de Bibliophiles et d'Erudits
Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois.

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CHEZ AUG. AUBRY, ÉDITEUR LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS 18, Rue Séguier-Saint-André-des-Arts.

Et chez les principaux libraires de la France et de l'Etranger.

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EN DISTRIBUTION:

CATALOGUE

DE

LIVRES ANCIENS ET MODERNES

Composant la Bibliothèque de feu M. N***, bibliophile,
Officier de la Légion d'honneur

LA PLUPART TRÈS-BIEN RELIÉS PAR CLOSS

Histoire, archéologie, OUVRAGES RELATIFS A L'HISTOIRE DE LA PICARDIE et de la Brie, principalement du Valois, littérature, etc. NOMBREUX OUVRAGES DU XVIII SIÈCLE

Illustrés de vignettes d'Eisen, Gravelot, Choffard, Moreau, Cochin, etc.

Collection de Journaux, Affiches, Pamphlets,

Parus de 1848 à 1860,

Dont la vente aura lieu Hôtel des Ventes, rue Drouot, SALLE No 7, AU 1er ÉTAGE

Les 13 et 14 novembre 1876,

Par le ministère de Me Bancelin, commissaire-priseur,
Assisté de M. A. Aubry, libraire.

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COMPOSÉE D'OUVRAGES DE LITTÉRATURE ET D'HISTOIRE Curiosités modernes. Ouvrages sur Paris

Vente rue Drouot,

SALLE No 4, AU 1er ÉTAGE

Samedi 11 novembre, deux heures.

M CHARLES OUDART, commissaire-priseur.

Assisté de M. A. AUBRY, libraire.

NOTA.

Le même jour, vers quatre heures, il sera vendu une collection de Fayences de la Révolution, Antiquités, Armes, et autres objets provenant du même cabinet.

EN PRÉPARATION:

CATALOGUE de Livres anciens et modernes de Sciences et Arts, Littérature et histoire, provenant de la BIBLIOTHÈQUE DE M. LE COMTE DE ***

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Vente rue des Bons-Enfants, fin novembre.

M. MACIET, commissaire-priseur.

Assisté de M. AUGUSTE AUBRY, libraire.

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

De la Poesia heroico-popular Castellana,

POR DON MANUEL MILA Y FONTANALS (1)

A une époque où l'on ne s'occupait encore que très-peu de poésies populaires, M. Milà y Fontanals, l'un des savants dont l'Espagne contemporaine s'honore le plus, publia un volume fort intéressant sur ce sujet. Il disait dans cet ouvrage que chez les peuples européens la poésie populaire eut son origine dans des chants qui ne furent pas le patrimoine exclusif des hautes classes et qui, écoutés avec sympathie par des auditeurs de tous les états, finirent par devenir la proie de rustiques rapsodes. D'après lui, ceux des romances castillans que l'on peut qualifier de cycliques, dérivent d'antiques chansons de geste. Ils en furent, non les germes, comme certains critiques l'avaient pensé, mais les fruits. On voit que cette doctrine diffère de celle qui a été le plus généralement émise, et qui peut se réduire à ces deux propositions principales: 1° les premiers chants historiques contemporains des événements racontés, ou les suivant de près, furent l'œuvre d'hommes du peuple ou de soldats, de chefs peut-être; 2° les compositions épiques se formèrent plus tard de l'agrégation de ces chants sous la plume de poëtes de profession.

M. Milà a voulu examiner plus à fond cette question d'origine, et tel a été le point de départ du livre dont je veux parler. Tout en s'occupant de cet examen, M. Mila a écrit une histoire de la poésie populaire héroïque en Espagne, et c'est cette partie de son œuvre qui se rattache si fréquemment à notre propre histoire littéraire, qui m'occupera surtout. Je laisserai donc maintenant à peu près de côté la question d'origine, qu'il me semble suffisant d'avoir indiquée, pour m'arrêter aux chansons de geste et aux romances.

(1) Barcelone, Alvaro Verdaguer. - Paris, Maisonneuve. 1 vol. in-8 də XLV st 490 pages.

Les Espagnols connaissent depuis aussi longtemps que nous le mot de chanson de geste, cantar de gesta. Ce titre était d'abord appliqué à des productions orales. Celui de romanz, dont on fit plus tard romance, fut primitivement attribué à toute composition littéraire en langue vulgaire. Le mot roman en serait pour nous la vraie traduction; mais nous avons pris le mot castillan lui-même, en le prononçant mal et en lui faisant à tort changer de genre. Aussi, depuis plusieurs années, les critiques les plus autorisés lui ont-ils, chez nous, rendu son genre masculin, que je lui conserve.

Le système de versification des chansons de geste castillanes se réduisait à des lignes de mesure peu égale et offrant des séries de rimes ou d'assonances. Les héros de ces chants étaient avant tout des guerriers chrétiens, et se trouvaient souvent, de même que les nôtres, en opposition avec leurs souverains, situation plus ou moins modifiée depuis Fernan Gonsalez qui aspire à l'indépendance, jusqu'au Cid qui eût été si bon vassal s'il avait eu un bon seigneur. Le plus souvent, l'opposition ne se transforme pas en hostilité positive. Les héros sont de bonne race, mais doivent surtout leur grandeur à eux-mêmes. Ils ne s'occupent pas de galanteries, et le merveilleux est absent de leur histoire, où l'on ne rencontre guère, en fait de surnaturel, que a trace de certaines superstitions relatives à des augures.

On s'étonnera peut-être d'entendre parler des chansons de geste espagnoles comme si l'on en possédait un grand nombre, tandis qu'on n'en connaît que deux, ayant chacune le Cid pour héros, et incomplètes. La principale, qui se compose de 3,744 vers, est celle que l'on a désignée improprement par le titre de Poëme de Cid; la seconde e celle qui a été appelée la Chronique rimée. Mais bien d'autres chansons ont laissé leurs traces dans la Chronique générale attribuée à don Alphonse X, et pour le moins inspirée par lui. Elles y sont citées. analysées, combattues, invoquées, reproduites même par fragments, comme M. Milà le démontre en rétablissant des lambeaux de texte en vers. Outre les deux chansons sur le Cid, les Espagnols en eurent sur Bernard del Carpio, sur les sept infants de Lara, et en très-grand nombre sur des personnages du cycle carlovingien.

Les cantares furent supplantés par les chroniques; mais leur disparition ne fut guère qu'apparente. Les chansons de geste eurent une prompte résurrection dans les romances qui reprirent les héros

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célébrés d'abord par les cantares, qui les reprirent soit directement à ces poèmes, soit à des traditions orales. Longtemps on a attribué aux romances une date trop reculée. On y avait vu la source des légendes qui ont envahi l'histoire d'Espagne au point d'y causer souvent d'étranges confusions. C'est bien des fois le contraire qui eut lieu. C'est fréquemment des chroniques que ces légendes passèrent aux romances, comme jadis elles avaient passé aux chroniques des chansons de geste. Les œuvres dans lesquelles se réveilla la poésie populaire sont donc la continuation des chansons de geste; mais, sous la forme de romances, les plus antiques de ces œuvres atteignent tout au plus au XIV siècle; si elles ont perdu le prestige d'une grande ancienneté, elles ne restent pas moins très-dignes d'attention, elles constituent une poésie populaire fort riche et peuvent être divisées en deux grandes catégories. Des romances en assez grand nombre, par leur étendue et par les sujets traités, peuvent être réellement comparés aux chansons de geste et sont dus à des jongleurs; d'autres sont d'une origine et d'une facture plus populaires. Les données des romances sont de trois sortes: tantôt ces chants s'inspiraient d'antiques traditions natio. nales ou de récits carlovingiens modifiés; tantôt ils traitaient d'événements historiques plus récents; tantôt, enfin, ils ne se rapportaient pas à des époques déterminées; alors ils étaient suggérés par des importations étrangères, françaises surtout, et souvent n'étaient que de simples traductions.

Dans ces derniers chants, on remarque des vestiges, faibles d'ailleurs, de l'influence qu'exercèrent les poèmes de la Table ronde. Comme je l'ai développé ailleurs, le vieux caractère espagnol, religieux, austère, s'accommodait peu des amours de la cour d'Artus. A Lancelot, à Tristan, il préférait les chevaliers de la chronique du prétendu Turpin, chronique écrite sous une inspiration monacale, pleine de miracles, et se rapprochant de la rudesse primitive de l'Espagne. Une autre chose encore devait rendre ces chevaliers sympathiques au delà des Pyrénées. On devait là s'intéresser vivement aux expéditions de Charlemagne contre les Mores, expéditions qui avaient pour théâtre l'Espagne même. Les traditions étrangères devenaient ici presque patriotiques. Quantité de romances offrent de curieuses traces de cette influence si prolongée du cycle carlovingien. Roland, Renaud, Aude, Maugis sont les personnages que ces romances em

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