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cuisses évidées et non pas rondes, des cheveux châtains, des pieds plus étroits et moins longs, des épaules plus tombantes, un front moyen, un nez fin et relevé.

Les physiologistes admettant que les femelles sont partout les gardiennes sacrées de la pureté des races, il faut conclure, et les faits historiques le prouvent, -que partout où les conquérants se présentent seuls ils sont absorbés, dans leurs principaux caractères, au bout d'un nombre assez restreint de générations. Mais les antiques invasions du Nord s'opéraient par des déplacements, absolument analogues aux changements de lits de grands cours d'eau. Ils avançaient, comme nous voyons errer les Bohémiens, avec les femmes, les enfants, le mobilier. Les groupes blonds, au milieu desquels vit M. Houdoy ont-ils de beaucoup dépassé les Flandres? on en peut douter. Ils ne parvinrent certainement pas à s'implanter dans la Bourgogne. Le substratum humain, et par conséquent l'élément féminin, était vraisemblablement cette race brune ou châtaine, dont la couleur devint une injure, ainsi que le prouve ce passage de la Vie de sainte Godelive, par le moine Drogon, du monastère de Saint-André, près Bruges, au xır° siècle : « Non solum in eam probrosa intentio vituperare patuit, quod erat nigris capillis et nigris superciliis. » La rareté des blondes de plus en plus sensible dans le cœur de la France, rareté telle que Nestor Roqueplan avait proposé la création d'une véritable société d'acclimation dans le monde parisien, et telle aussi que la mode de se teindre en rouge flavescent a de nouveau sévi dans ces dernières années, vient certainement à l'appui des lois reconnues par la science.

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Si la couleur des cheveux,-on sait que les cheveux, les sourcils, la barbe, les pilosités du corps tout entier sont les preuves indéniables de notre succession à un ancêtre dont le type n'a point encore été découvert et qui comblerait la distance entre l'homme et les primates, si la couleur des cheveux a toujours eu une importance si grande, c'est qu'elle est le signe de toute une série de perfections spéciales, d'attraits irrésistibles pour tels ou tels groupes localisés dans telles ou telles portions du globe. Chaque peuple ou chaque fraction de ce peuple occupant les grands bassins de l'âge actuel, doit donc se montrer jaloux et fier de la beauté de ses femmes poursuivie dans les plus minuscules détails. Le rêve d'une

beauté qui réunit le nez retroussé d'une femme de l'Ile de France, au front bas d'une Grecque, les pieds camards d'une Espagnole, aux forts mollets d'une Flamande, les bras épais d'une Romaine, aux épaules sveltes d'une Tourangelle, est un rêve coupable.

L'Esthétique seule « ia vacuo bombinans », a pu détourner ainsi les poëtes et les artistes de l'étude franche et suivie de la simple nature. Nos peintres ne savent plus créer que des ombres, j'allais écrire a des monstres ». Le fait est criant de vérité dans nos Salons annuels, où circulent tant de femmes, de jeunes filles, diversement délicieuses, et dont la mode n'arrive point à dissimuler la construction et les reliefs typiques, mais où les murs ne sont tapissés que de portraits sans saveur, de poses allanguies, de silhouettes raides aux tons blafards ou noirs.

Sans toucher à la question profondément humaine et morale de la beauté intellectuelle, de la passion, également propres à chaque âge de chaque société, de cet être intérieur qui, dans la vie vécue, se révèle et s'affirme par la forme, la couleur, le geste, il est vraiment inexplicable qu'un peuple tel que la France, qui occupe dans l'histoire et dans le présent un échelon aussi supérieur, envoie ses élèves peintres, pendant les années où l'absorption des circonstances extérieures est le plus intense, composer leurs tableaux d'après des modèles étrangers.

Le xvIII n'a-t-il pas créé des déesses adorables avec nos femmes à fossettes, mignonnes, rieuses et spirituelles?

Le livre de M. J. Houdoy n'eût-il provoqué en moi que ces réflexions générales, je l'en remercierais vivement, car les livres qui font penser, et penser à la moderne, sont rares. Mais il est encore plein de notes techniques, et il est écrit avec une finesse et une cordialité toutes françaises. Son explication du terme « vair» souvent employé par nos poëtes, et depuis très-controversée, est topique. Ses réflexions sur l'indépendance des artistes vis-à-vis des canons de l'Eglise sont probantes. Ses remarques sur la brusque cessation de la poursuite d'un idéal jalousement national aux premières années de la Renaissance est une des plus utiles déductions de son travail.

Les citations, où le latin alterne avec la traduction, sont du meilleur goût. J'en détache cet échantillon gracieux; c'est un des poètes excellents de la langue d'oïl au xv siècle, Martin Franc, l'auteur du

« Champion des dames », dédié à Philippe le Bon, qui a écrit cette jolie strophe:

Corps traictis plus droit que sappin,

Col poly, cristallin gosier,

Pieds bien formés, sans escappin,
Rains ployant comme franc osier,
Corps florissant comme rosier,
Corps plus que fin basme odorant...
Il doit estre bien, par rudesse,

Préservé de toutes les manières...

Ce livre ingénieux, travaillé, instructif dans le sens expansif du mot, est, ce nous semble, un type de ces mémoires que nos Académies devraient annuellement proposer à leurs lauréats. Ce sont autant de paragraphes pour les chapitres de la vraie histoire de France.

PH. BURTY.

LA VIE DE SCARAMOUCHE

PAR

MEZETIN

Réimpression de l'édition originale (1695), avec une introduction et des notes

Par Louis MOLAND (1).

Peut-être eût-il mieux valu pour le pauvre Scaramouche (Tiberio Fiorilli), que les vers de Loret eussent été vrais :

... Cet homme archi-complaisant

A péri vers le bord du Rône,
Par un torrent d'eau imprévû,
Qui le prenant au dépourvû
Dans une vallée ou fondrière,

Luy fit perdre la vie et la lumière...

Il aurait évité les soucis, les douloureuses misères, causés par

(1) Paris, J. Bonnassies et chez A. Aubry, 1 vol. Prix, 10 fr.

lie d'épouser

Marie Duval qu'il avait fait la folie d'épouser, ayant plus de 72 ans. C'était, comme il le disait : « pour la retirer de la nécessité et vie débauchée et dissolue ». Il en fut tristement récompensé! M. Louis Moland, auteur de Molière et la Comédie italienne, nous donne aujourd'hui la Vie de Scaramouche, réimpression de l'édition originale de 1695, due à Mezetin (Angelo Constantini), de la Comédie italienne. Cette vie est accompagnée d'une introduction de 32 pages et de notes explicatives. L'œuvre de Mezetin, sauf quelques chapitres de la fin où la ladrerie du vieux comédien semble des traits de comédie, ne jouit pas d'une grande considération et répond mal à la curiosité du lecteur, comme le dit lui-même M. Moland. C'est le cas de dire que, grâce aux fleurs dont il a paré, non sa victime, mais son sujet, tout l'intérêt réside dans l'introduction. I met sous nos yeux les renseignements nouveaux, touchant Scaramouche que MM. Campardon et Longnon viennent de découvrir dans les Archives des Commissaires au Châtelet de Paris (1). Il nous fait, enfin, connaitre toute la vie de l'homme que Molière étudiait avec une attention suivie, au point de vue de la mimique, auquel il témoigna toujours une admiration sans bornes. On sait que c'était pour son agilité (à plus de 80 ans, il se donnait encore, dit-on, un soufflet, avec son pied), et surtout pour son talent de mime qu'il était renommé. sist

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et

La gravure de M. E. Gervais, d'après Bonnard, est parfaite et rend bien l'original. Nous avons rarement vu des reproductions aussi fidèles, aussi réussies. La tête est remarquable de ressemblance et gravée avec un soin tout particulier. A

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(1) Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile de France (tome II, page 106 et suiv.).

La publication de ces pièces est fort intéressante. Elles nous montrent Searamouche ne s'éloignant pas du lieu de ses succès, l'ancien hôtel de Bourgogne (où était installée la Comédie-Italienne). Ainsi, il habitait rue Tireboudin (Marie-Staart) en 1691, rue Comtesse d'Artois (Montorgueil) en 1694, et lors de son mariage avec Marie Duval, il demcurait Cul-de-sac des Deux-Portes-Saint-Sauveur Su 5097 sb-309134

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2 »

Cont. quatorze lettres, dont : Les Capitaines d'Abbeville. Les péchés inignons de nos pères. Toison-d'Or et sa famille.

Pierre le Prestre.

Deux erreurs de la justice.

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Friquet

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sieurs de Vendôme, etc.

· Mes

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