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y achever le reste de me étude, et revenir aus ordres que V. E. voudray m'onorer. Et étant appuïez de votre puissante protection j'ose me flater de faire honneur à V. E. comme étant insigne protecteur des arts. Sy V. E. vouloit m'onorer de quelle [sic] petits secours pour contribuer à l'avancement de mes étudre, et me faciliter les moïens de pouvoir étudier plus frécanment, je pouray, Monseigneur, faire des plus grands progret. C'est la grâce signalée que vous demande avec le plus profond respect et déjà pénétré de la plus vive reconnoisP.-F. LE ROY, sance, etc.

sculpteur.

Oseray, Monseigneur, vous présenter mon addres; elle et chez Mr Vitale Finelli, sculpteur (1). Je resteray, Monseigneur, quelleque tems à Carrara pour conoydre toutes les calité des marbres; comme le vray marbre statuaire et fort rare, et que dans notre pays il en viens jamais, ce pourquoy je me feray des amis ici pour en avoir du véritable pour faire en marbre les superbre figures que je coppiray d'après les antiques pour V. E. et en orner votre cabinet.

II.

LE ROY A COBENZL.

De Carrara, le 13 décembre 1769.

Monseigneur, puisque vous l'ordonnez, vous serez obéi. J'ai acheté le bloc de marbre que j'ai façonné en Vestale trois

(1) Cet artiste appartient à la famille des sculpteurs de ce nom. Les Memorie biografiche publiés par M. CAMPORI en 1873 sur les peintres, sculpteurs, etc., natifs de Carrara, lui consacrent quelques lignes, sans toutefois faire connaître la date de sa naissance et celle de son décès. Vitale Finelli était le père de Charles, fameux statuaire, né en 1782 et mort en 1853.

sans livres, argant de France. Mon salaire est qu'il vous soit agréable, mais pour entrer dans les vues de Votre Excellence, je demande pour la façon deux fois la valeur du marbre. Heureux, Monseigneur, si cet essai de mes travaux peut m'assurer pour toujours votre protection toute-puissante. Le buste partira de Ravine pour Marcille par mer. J'ai l'honneur d'être, etc. P.-F. LE ROY,

sculpteur.

III.

La réinstallation du conseil de Brabant en 1793, d'après une relation officielle.

(Par M. L. GALESLOOT, chef de section aux Archives du royaume.)

L'inauguration récente et solennelle du splendide Palais de justice de la capitale donne un intérêt d'actualité à certains documents transcrits dans un des registres aux résolutions de l'ancien conseil souverain de Brabant et en relève la valeur historique. Mais, combien les circonstances diffèrent et que les temps sont changés (1)! La Belgique, jadis courbée sous le joug de l'étranger, est aujourd'hui un État indépendant et prospère.

Ces documents se rapportent à la réinstallation du conseil de Brabant, après le retour du gouvernement autrichien, suite de la défaite des Français à Neerwinden. Elle eut lieu en grand apparat, le 5 avril 1795. Le comte de Metternich-Winnebourg, ministre plénipotentiaire pour

(1) Mutantur tempora et nos mutamur in illis, a dit Cicéron, dont la statue est un des ornements du nouveau Palais « le monument du » siècle ». Par ses proportions colossales, son originalité, sa richesse, il s'élève à l'état de symbole de la prospérité de deux règnes. Décrété sous Léopold Ier, il s'achève sous Léopold II, œuvre commune de quatre gouvernements, issus du libre suffrage de la nation. Ainsi s'exprime M. L. Hymans dans l'Office de publicité, numéro du dimanche 14 octobre 1883. (Le Palais de Justice.)

le gouvernement des Pays-Bas, y procéda en personne (1).

(1) C'était le père du célèbre prince de Metternich. Les détails suivants sur la famille de Metternich sont empruntés à l'historien Capefigue, qui fit paraître daus le Nouveau dictionnaire de la conversation un article étendu sur le prince de Metternich. (Voir l'édition publiée à Bruxelles, en 1843, par A. WALHEN.)

« Originaires des bords du Rhin, on rencontre de bonne heure les Metternich parmi les principaux seigneurs de Juliers. Autrefois baroniale, leur famille avait cependant dès lors droit de siège et de vote dans les diètes impériales. Elle obtint ensuite le titre de comte d'Empire et siégeait avec les comtes westphaliens. Aux XVIe et XVIIe siècles, elle donna à l'Allemagne trois électeurs, deux de Mayence et un de Trèves. De ses douze branches, il n'en reste plus qu'une seule, celle de Winnebourg et Beilstein, dont le chef actuel devint prince d'Empire le 10 juin 1805. Winnebourg et Beilstein étaient deux comtés de l'électorat de Trèves, entre la Moselle et le Hundsruck. Après l'extinction de la famille qui les possédait, celle de Metternich, favorisée par son parent l'électeur, en fit l'acquisition au commencement du XVIIe siècle, et ils restèrent en son pouvoir jus. qu'en 1801, époque où ils furent cédés à la France par le traité de Lunéville. La famille de Metternich reçut, en 1803, à titre d'indemnité, l'abbaye d'Ochsenhausen, en Souabe, laquelle, sous son nouveau nom de principauté de Winnebourg, fut médiatisée en 1806, puis abandonnée au Wurtemberg. Le 5 mars 1825, elle fut même vendue au roi de ce pays et depuis ce temps elle fait partie de son domaine particulier. La famille de Metternich possède actuellement en Bohême les seigneuries de Koenigswart, Plass, Amon, Marcusgrün et Miltigan; en Moravie, Kogetein et les biens allodiaux de la famille de Kennitz; sur le Rhin, les domaines de Gamme, Bronbach, Oberche, Rheinhardstein, enfin le château et le domaine de Johannisberg, situé dans le duché de Nassau, et célèbre par les vins du Rhin qui portent ce nom.

» Le père du propriétaire actuel, GEORGE DE METTERNICH, était né à Coblentz en 1746. Il fut longtemps envoyé extraordinaire près les cours électorales du Rhin et le Cercle de Westphalie, il remplit dans sa vie une foule d'autres missions importantes. Nous le voyons en 1790 commissaire pour le couronnement de Léopold II, et en 1791 ministre dirigeant dans les Pays-Bas, sous le duc Albert de Saxe-Teschen et l'archiduchesse Marie-Christine.

>> Au congrès de Rastadt, il était principal commissaire autrichien, et

Il prononça à cette occasion un discours empreint d'un caractère éminemment politique.

Voici le texte de ces pièces. Elles constituent dans leur ensemble une relation officielle (1).

Le 4 avril 1793, Son Excellence le Ministre plénipoten

en 1810 il remplaça momentanément son fils comme ministre des Affaires étrangères. Il avait épousé Béatrix Aloïse, comtesse de Kagenegg, et mourut le 11 août 1818. »

J'ajouterai que le comte François-George de Metternich-Winnebourg fut nommé ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas par lettres patentes de l'empereur Léopold II, du 17 juin 1791. Je crois devoir mettre ce document sous les yeux du lecteur. Celui-ci verra par son contenu combien étaient étendus les pouvoirs de l'homme d'État auquel le souverain confiait le poste élevé dont il s'agit. Ce poste était, paraît-il, onéreux, car quelques mois après sa nomination le comte de Metternich adressa une lettre au chancelier de cour et d'État, prince de Kaunitz, afin d'obtenir une augmentation de son traitement et une indemnité pour les frais que son déplacement lui aurait occasionnés. Votre Altesse, disait-il, dans cette

1)

» lettre, n'ignore point combien la représentation à laquelle je suis assujetti est onéreuse. Il est peu de villes où les étrangers affluent plus qu'à » Bruxelles. Ils portent, et dans les circonstances plus que jamais, ⚫ vu leur grand nombre, un surhaussement de prix extraordinaire sur » toutes les branches de consommation et les dépenses indispensables..... » Sur le rapport du prince de Kaunitz, l'empereur accueillit favorablement la demande du comte de Metternich. (Voy. les Bulletins de la Commission d'histoire, 3e série, t. IX, p. 411.)

(1) Registres intitulés Binneboeken, 1793, no 1580 de l'inventaire provisoire des archives du conseil de Brabant. Cette collection ne renferme pas le procès-verbal de l'installation du conseil de Brabant dans le magnifique hôtel bâti pour lui et où siège aujourd'hui la Chambre des Représentants. C'est à mon grand regret que je n'ai pas été à même de fournir des renseignements sur cet événement à M. le procureur général Verdussen, qui s'y intéressait et qui aurait voulu les utiliser dans le discours de rentrée qu'il prononça le 15 octobre dernier. D'après l'abbé Mann (Histoire de la ville de Bruxelles), le conseil prit possession de son nouveau local au mois d'août 1783. Son ancien hôtel se trouvait à la place de la Chancellerie, qui lui doit son nom. (Voy. l'Histoire de la ville de Bruxelles par MM. Henne et Wauters, t. III, p. 293.)

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