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Tolner était conservé en manuscrit à Coblentz, ne date, je pense, que du XVe siècle.

Je ne sais ni ce que devinrent les domaines de Sigefroid en Brabant, ni comment se dénoua l'association conclue sous ses auspices entre les sanctuaires d'Afflighem et de Laach. Peut-être faut-il chercher la cause de la séparation des deux communautés dans les événements politiques qui suivirent la mort de l'empereur Henri V. Le duc de Brabant, Godefroid Ier, de la Maison de Louvain, se souleva alors contre le successeur de Henri, l'empereur Lothaire de Saxe; à la faveur de la guerre qui désola la BasseLotharingie pendant plusieurs années, les relations entre les bords du Rhin et Afflighem étant devenues difficiles, les religieux de Laach se seront constitués en communauté indépendante. C'est dans ces conditions qu'ils obtinrent, du roi Conrad III, en avril 1138, la restitution du domaine de Bendorf, et du pape Innocent II, le 23 mars de l'année suivante, la confirmation de leurs possessions et de leurs immunités et, en particulier, de la faculté de se choisir un abbé, conformément à la règle de saint Benoît (1). Le chef du diocèse duquel Afflighem dépendait, l'évêque de Cambrai, figure comme témoin de la charte royale, mais le duc Godefroid, quoique l'un des partisans du roi Conrad, ne s'y montre pas. On ne peut donc dire s'il a approuvé la séparation de Laach et d'Afflighem.

(1) Voir BEYER, loc. cit., pp. 551 et 560.

TOME XIIme, 4me SÉRIE.

2

II

Correspondance artistique du comte de Cobenzl.
(4o fascicule.)

(Par M. ALEXANDRE PINCHART, Chef de section aux Archives du royaume.)

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Jean Garemyn, peintre d'histoire et de genre, naquit à Bruges, le 5 août 1712, et y mourut le 23 juin 1799. (Biographie nationale, t. VII, col. 485.)

SOMMAIRE: Envoi des deux tableaux que Cobenzl lui avait commandés.

I.

GAREMYN A COBENZL.

Bruges, le 22 janvier 1762.

Monseigneur, les deux tableaux qu'il a plu à Votre Excellence de m'ordonner sont partis aujourd'hui : ils arriveront à Bruxelles, le 23, par le coche. Par le travail on conjecturera aisément, je pense, ma diligence, ce que Mr le vicomte de Vooght, notre grand bailli (1), qui m'a journellement bien voulu encourager, témoignera, désirent [sic]qu'ils puissent être

(1) Pierre-François, vicomte de Vooght, grand-bailli de la ville et district de Bruges et du Franc, par lettres-patentes du 11 juin 1756.

du goût de V. E., et la suppliant d'approuver la courte explication de mon idée que je prens la liberté d'y joindre, etc. J. GAREMYN.

L'explication des deux tableaux. - Comme il a plu à V. E. de m'ordonner des ruines bien détaillées, j'espère qu'elle ne désapprouvera que j'y ai ajouté la représentation d'un Marché aux Herbes, enrichi de toutes sortes de légumes tardifs, qui sont assez communs dans la province de Flandre. Les fruits et légumes caractérisent la saison que j'ai peint mes tableaux, avec la plus grande application. Le devant du tableau présente en partie des troupes qui y sont actuellement de garnisson, savoir du régiment de Ligne et d'Arberg, qui font une bonne partie de la consomption de notre ville.

L'autre pièce représente une ruine sur la plage de nos côtes, ornée de bateaux de pêcheur, convenables pour y aborder, où les pêcheurs (jouissant d'une grande tranquilité sous la bonne patrouille des troupes de S. M. l'impératrice-reine), satisfaits de la bonne prise, l'exposent en vente. On y trouve aussi le frère quêteur surchargé de poison [sic]. Le tout y est représenté d'après nature.

II.

Bruxelles, 26 janvier 1762.

COBENZL A GAREMYN.

J'ai bien reçu les deux tableaux de votre composition, et j'en suis infiniment content. L'usage que je compte en faire me mettra, j'espère, à même de contribuer à la juste récompense de vos talens. En attendant je vous prie de dire à M' le vicomte de Vooght le prix de vos peines; dès que je le sçaurai je vous en ferai tenir le montant. Je suis, etc.

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F.-J. Jacqué était libraire à Lille.

Le Catalogue des livres de la bibliothèque de cet amateur se compose de 522 pages qui comprennent 6,246 numéros. Le Catalogue des estampes et tableaux de son cabinet décrit plus de 2,200 recueils et estampes en feuilles, cartes, dessins, etc., et une centaine de tableaux, parmi lesquels il y avait beaucoup de copies.

SOMMAIRE: Vente de la collection des tableaux de l'abbé Favier, dont faisaient partie un Tiziano, un Van Dyck et un Teniers que Cobenzl aurait désiré voir.

J.

Il lui adresse, par lettre du 30 août 1765, un exemplaire du catalogue de la collection de feu l'abbé Favier, « qui pas» soit à juste titre dit-il pour le plus grand amateur et » curieux de cette ville, et il lui fait ses offres de service.

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II.

COBENZL A JACQUÉ.

Bruxelles, le 3 septembre 1765.

Je vous suis obligé, Monsieur, pour le beau catalogue que vous avez bien voulu m'envoïer, et en attendant que j'aie le tems de parcourir les livres, je vous prie de me dire s'il n'y auroit pas moïen que je puisse voir quelques tableaux qui pourroient convenir à moi ou à quelque ami. Ces tableaux

sont :

1. Un jeu de boules, de Teniers, marqué no 24.

2. La chute des réprouvés, marqué dans l'avis des amateurs n° 2.

3. Le portrait de Charles I, roi d'Angleterre, par Van Dyck, n° 12.

Je paierai avec plaisir les fraix de l'envoi et du retour en les mettant à mon adresse; ils ne paient point de droits dans les bureaux de l'impératrice-reine; mais il faudroit voir ce que coûteront les droits d'entrée et sortie aux bureaux de la France. Si les tableaux peuvent se vendre de la main à la main, je vous prie de m'en dire le dernier prix, sinon je vous les renverrai et vous donnerai la commission de les acheter.

III.

JACQUE A COBenzl.

Lille, le 6 septembre 1765

Monseigneur, j'ai communiqué à l'exécuteur testamentaire de feu M. l'abbé Favier la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire le 3 courant. Nous avons cherché, Monseigneur, tous les moyens possibles pour pouvoir satisfaire votre curiosité quant au no 24 contenant un Jeu de boules de Teniers, par la raison que tous les jours ce sont des étrangers qui viennent de toutes les villes voisines, et qui demandent à voir le cabinet de tableaux, où rien ne peut manquer dans la crainte qu'un faux bruit ne se répande qu'on venderoit à la main ce qui est annoncé dans le catalogue, ce qui feroit grand tort à la vente, et ce qu'ils ne veuillent absolument pas faire. Quant aux trois autres, le so Le Clerc, peintre, dépositaire et point propriétaire de ces trois tableaux, n'oseroit prendre sur lui de les laisser sortir de son cabinet sans le consentement dudit propriétaire, qui est un seigneur demeurant à 30 lieux ou environ d'icy, à qui il deveroit écrire pour en obtenir la permission, et il est moralement sûr de ne pas l'obtenir. En conséquence j'ai pris le parti d'en envoyer le prix à V. E.

La chute des réprouvés, par Rubens 7,000 livres de France (1).

(1) Ce tableau, qui est une toile de grande dimension, fait aujourd'hui partie du Musée de Munich.

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