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Les Universités sont largement subventionnées par l'État. L'une d'elles au moins, celle du Sud-Australie, colonie radicale, est presque une institution d'État, sans caractère confessionnel.

Elles ne sont pas gratuites: outre les droits d'inscription et d'examen, il faut acquitter un droit de scolarité assez élevé. Les étudiants peuvent être externes; ils peuvent aussi faire partie d'un collège; on appelle ainsi une institution généralement confessionnelle et dirigée par un révérend ou par un prêtre catholique où vivent sous un régime d'internat très libéral, un certain nombre d'étudiants. Le collège prépare aux examens ; il peut être situé loin de l'Université, dans une autre ville même ses élèves ne sont obligés d'aller à l'Université que pour passer leurs examens. Seuls en effet les professeurs proprement dits ont le droit de conférer des grades. On trouve dans les collèges tout le confort des établissements anglais et on le paie aussi cher qu'à Oxford ou Cambridge. Les élèves de ces institutions forment en général de petits groupes aristocratiques, surtout dans les grandes villes comme Sydney et Melbourne.

Pour faciliter à quelques jeunes gens pauvres l'entrée de l'Université, les États ont créé des bourses d'externat, plus rarement des bourses de collèges. Ceux qui en profitent sont le plus souvent des élèves d'écoles normales ou des instituteurs qui ont trouvé le temps d'apprendre les matières de l'examen d'immatriculation; ceux-là, et avec eux le plus grand nombre des étudiants peu fortunés, se destinent en général à l'enseignement dans les écoles secondaires. Les étudiants riches qui peuplent les collèges cherchent seulement à se donner un air de bonne éducation. Les étudiantes deviennent de plus en plus nombreuses. L'Université de Sydney et celle de Melbourne ont l'une et l'autre un collège réservé aux femmes. Les femmes peuvent d'ailleurs être étudiantes sans appartenir à ces collèges.

Jusqu'à présent, les familles aristocratiques ont eu soin de faire élever leurs fils dans une école secondaire renommée de la

Métropole, Eton, par exemple, et de leur faire terminer leur éducation à Oxford ou à Cambridge. Les professeurs en titre. des Universités australiennes, ceux qui donnent un enseignement commun à tous et supérieur à ceux des collèges ont, pour la plupart, pris leurs grades en Angleterre.

Les Universités des antipodes sont construites sur le modèle anglais. Elles ont toujours d'énormes proportions, les gouvernements ayant donné sans compter de grands terrains placés dans des sites agréables. L'Université est construite hors de la ville, au milieu de pelouses vertes et de massifs d'arbres. Elle est gothique avec des portes à tours, uu beffroi, des cloîtres, une salle du chapitre, une chapelle. Les collèges, gothiques eux aussi, l'entourent et lui font un cadre pittoresque avec leurs créneaux, leurs pinacles, leurs clochetons qui surmontent des murs couverts de lierre.

On y trouve, outre des salles de cours, musées, bibliothèques, des clubs avec billards, fumoirs, salons. Derrière les bâtiments s'étendent de grands champs de récréations pour les jeux de cricket et de foot ball où les Australiens surpassent même les Anglais.

L'ensemble a donc l'aspect de l'Université anglaise, mais ce n'est pas à Oxford et à Cambridge trop aristocratiques qu'il convient de comparer l'Université australienne; c'est plutôt aux Universités écossaises, construites elles aussi en style gothique. mais où le recrutement est plus démocratique, les méthodes plus modernes, le travail plus assidu quoiqu'on s'y passionne pour les jeux et les exercices physiques.

Les Résultats.

Les États australasiens ont abandonné l'ancien système anglais qui faisait de l'enseignement une entreprise particulière et bornait le rôle de l'État à encourager par des subventions l'initiative privée. Ils sont allés plus loin que l'Angleterre contemporaine où l'instruction publique est confiée, dans chaque district, aux Schools Boards élus par les contribuables. Ils ont un ministère de l'instruction primaire, sous la direction duquel sont les écoles publiques, obligatoires, à peu près laïques, souvent gratuites. L'enseignement confessionnel est libre, mais ne reçoit aucune subvention; du reste, aucune Église, sauf la catholique, ne fait une concurrence systématique aux écoles de l'État, et comme les catholiques sont en minorité, le plus grand nombre des enfants

dans chaque colonie reçoit l'enseignement primaire à l'école publique. Les colonies australasiennes consacrent à l'instruction près d'un dixième de leurs revenus.

L'enseignement secondaire et supérieur est resté partout entre les mains des particuliers; il n'est pas national et gratuit comme dans beaucoup d'États américains. L'Australasie donne done un excellent enseignement primaire, elle accorde des subventions considérables aux Universités, corporations privées, mais elle n'assure pas encore au peuple le chemin de l'enseignement supérieur. Comme, en effet, l'enseignement secondaire qui conduit à l'Université en payant, les Collèges et les Universités sont fréquentés presque exclusivement par la classe bourgeoise : l'esprit qui y règne n'est pas très démocratique, bien au contraire. Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire d'avoir passé par l'enseignement supérieur pour faire son chemin dans les fonctions publiques, et qu'on va chercher à l'Université plutôt un développement intellectuel et un certain air de bonne éducation. Il serait pourtant fâcheux qu'il se fit dans la société une distinction permanente entre les « primaires » comme nous dirions, et les University Men. Les gouvernements y ont partiellement remédié en instituant des bourses d'enseignement secondaire et supérieur.

ALBERT MÉTIN,

Agrégé d'histoire et de géographie,

Professeur à l'École municipale Lavoisier (Paris),
Boursier de voyage autour du monde (1898-1900).

Chronique de l'Enseignement

Primaire en France.

CERTIFICAT D'APTITUDE AU PROFESSORAT DES ÉCOLES NORMALES (sciences). CONSEILS AUX CANDIDATS. Le rapport présenté par M. Gernez, président du jury, à la suite de la dernière session, renferme les observations suivantes qu'il nous paraît utile de faire connaître aux lecteurs de la Revue pédagogique.

«En ce qui concerne les épreuves écrites, notre préoccupation a été surtout de déterminer la valeur intellectuelle des candidats et de nous assurer de la solidité des connaissances acquises. A cet effet, nous avons choisi des sujets de composition tels que chaque aspirant fût obligé, avec son bagage scientifique ou littéraire, de faire une œuvre personnelle, de composer la réponse aux questions proposées. Nous avons eu le regret de constater que, sauf de très rares exceptions, les réponses aux questions proposées reproduisaient plus ou moins exactement les passages des traités spéciaux qu'ils jugeaient s'en rapprocher plus ou moins. On ne saurait trop, en conséquence, leur recommander pour chacune des compositions: 1o de lire soigneusement le texte proposé afin de n'en rien omettre et de n'y rien ajouter; 2o de mettre en évidence les idées générales et de les appuyer par des faits précis; 3° de coordonner méthodiquement les diverses parties du sujet et d'arriver ainsi, par un enchaînement logique, à établir soit une démonstration, soit la solution de la question; 4o de prendre dans la rédaction plus de souci des exigences de la langue française et de la propriété des termes.

A ces recommandations générales j'en ajouterai d'autres spéciales: 1o à côté d'un résultat scientifique acquis il est nécessaire de faire ressortir les conséquences pratiques qui en dérivent ;

2o Dans les questions dont la solution conduit à un résultat numérique il ne faut pas se borner à l'indication des calculs, il est essentiel de les effectuer;

3 Il faut proscrire absolument les expressions on démontrera facilement, on verrait de même que, - en faisant les calculs on trou

vera que

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par lesquelles les candidats masquent souvent leur ignorance des démonstrations.

Quant aux épreuves orales, le jury a remarqué que dans les leçons les candidats paraissent, en général, préoccupés de faire étalage de

leurs connaissances diverses plutôt que de se renfermer dans le sujet qu'ils ont à traiter. Ils doivent, au contraire, s'attacher à faire des leçons élémentaires, traiter avec rigueur et précision les points essentiels. soigner l'enchaînement des idées, rester toujours à la portée des élèves et leur faire sentir les applications immédiates de la leçon. Les interrogations ont donné, pour certains candidats, des résultats meilleurs que ne le faisaient prévoir les autres épreuves et elles ont relevé le niveau moyen de l'examen, ce qui nous a permis d'élever à onze le nombre de candidats jugés dignes du certificat.

CONCOURS POUR L'ADMISSION AUX ÉCOLES NORMALES PRIMAIRES. M. le Ministre a décidé de proroger, pour l'année 1902, la mesure transitoire en vertu de laquelle les candidats aux concours d'admission aux écoles normales primaires, ágés de plus de dix-huit ans, et s'étant déjà présentés, peuvent bénéficier d'une dispense d'àge excédant six mois, par décision ministérielle ren ue après l'avis du recteur.

LA PRÉPARATION AUX EXAMENS DE L'INSPECTION PRIMAIRE A LYON. Les conférences instituées à la Faculté des Lettres de Lyon en vue de la préparation aux examens de l'inspection primaire ont été très régulièrement suivies pendant l'année 1900-1901.

Le nombre des assistants et correspondants de la conférence de pédagogie, dirigée par M. Chabot, a été de 33, chiffre sensiblement supérieur à celui des années précédentes.

Plusieurs instituteurs et institutrices se sont distingués par leur assiduité et leur zèle: on peut compter, au témoignage du professeur, sur leur prochain succès.

La conférence a réuni cette année une moyenne de 15 à 20 assistants. Les exercices ont été d'une part des leçons ou lectures expliquées faites par le professeur ou les étudiants sur des sujets et textes du programme; on a fait, d'autre part, des lecons sur des sujets de pédagogie étrangère ou de pédagogie comparée,

La conférence de législation scolaire a été, de même, très vivante cette année. Le nombre des auditeurs n'est jamais descendu au dessous de 18 et a souvent dépassé 22.

Les élèves correspondants, au nombre d'une douzaine, ont envoyé régulièrement des compositions sur les sujets qui leur sont proposés chaque mois.

L'enseignement a embrassé toutes les questions de l'administration et de la législation de l'enseignement primaire : pour celles qui n'ont pu faire l'objet d'une leçon orale, des sommaires autographiés ont été remis à tous les élèves.

LE RECRUTEMENT DES ÉCOLES NORMALES, -M. Forfer, inspecteur d'Académie à Laon, a traité, dans le Moniteur scolaire du département de l'Aisne (no du 15 juin), la question du recrutement des écoles nor

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