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Musée pédagogique

et

Bibliothèque centrale de l'Enseignement primaire

Revue pédagogique

Les Écoles

maternelles en 1900.

L'organisation des écoles maternelles, qu'il s'agisse de l'installation matérielle, de l'hygiène, de l'éducation, préoccupe de plus en plus tous ceux qui ont souci de l'enfance. Si, depuis l'origine des humbles salles d'asile, bien des progrès ont été réalisés, nous savons qu'il reste beaucoup à faire. Ce ne sont ni les lois, ni les règlements qui nous manquent, mais il faut que les inspecteurs d'académie et les inspecteurs primaires s'emploient sans cesse à intéresser les municipalités aux écoles maternelles, à guider les maîtresses qui en sont chargées, à leur montrer combien doit y être large le rôle de l'éducation, combien doit y être modeste la part de l'instruction; il faut encore qu'ils groupent autour de ces écoles ces initiatives privées dont elles ne peuvent se passer. On a jugé que, pour ces raisons, les lecteurs de la Revue Pédagogique liraient avec intérêt et avec profit des extraits d'un rapport d'une inspectrice générale des écoles maternelles.

C. BAYET.

Fréquentation. Un fait dont l'importance ne saurait échapper, c'est que le nombre des enfants de deux à quatre ans, insignifiant jusqu'à ce jour, s'accroît dans nos établissements dans des proportions inquiétantes.

REVUE PÉDAGOGIQUE, 1901. 2 SEM.

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Si ce mouvement continue des modifications s'imposeront dans nos règlements en vue de ces très petits qui relèvent plutôt de la crèche et qui ne sauraient en aucune façon être enseignés, mais qu'il suffit de faire vivre dans des salles riantes, spacieuses, ornées d'images, en s'attachant à leur donner les soins physiques que réclame leur âge.

Il serait fâcheux d'avoir à constater que la femme, la jeune femme dans toute sa force, tend à se désintéresser des soins à donner à son enfant, et à se débarrasser, sans y être absolument obligée, de cette première éducation qui devrait être pour elle le plus doux et le plus sacré des devoirs.

L'idée vient que, dans notre société moderne, l'ouvrière est poussée de plus en plus hors du foyer par la nécessité d'un salaire. C'est évidemment la principale cause de l'abandon de l'enfant par la mère. Il ne m'apparaît pas que ce soit la seule; car le nombre des femmes employées dans les ateliers et les fabriques reste stationnaire. Du moins, les chiffres qui me sont fournis par la préfecture du Rhône, de la Loire, du Gard pour les dévidages et les tissages de soie d'Alais et du Vigan, sont les mêmes ou à peu près les mêmes que ceux que j'avais notés, préoccupée de la même question, il y a dix ans.

Peut-être faut-il chercher dans le goût de la vie plus facile l'explication de cet état de choses et reconnaître, d'autre part, que tout a été fait pour le créer par nos institutrices désireuses de soutenir la concurrence avec les classes enfantines privées qui se sont multipliées indéfiniment depuis l'arrêté qui les autorise sur une simple déclaration.

Quoi qu'il en soit, ces facilités données au dressage de ces écoliers d'un genre particulier, ont eu les mêmes résultats dans des milieux très différents c'est par milliers qu'il faut les compter dans les écoles de toutes les catégories, gratuites ou payantes.

Je suis très convaincue de l'utilité humanitaire et sociale de notre école maternelle. Je pense absolument que, de quatre à six ans, s'ouvre pour l'enfant une période importante pour la formation des idées et des habitudes dont nous ne saurions nous désintéresser.

Toutefois, je croirais son action meilleure, si elle se faisait la

collaboratrice des familles et ne se substituait à celle-ci que dans le cas où la mère est occupée au dehors.

Les soins à donner à l'enfant, le souci de le vouloir sain physiquement et moralement constituent pour la femme le plus certain des sursum corda; car c'est pour elle une occasion toujours pressante de s'élever, de se perfectionner. Ce tout petit avec sa faiblesse et sa grâce apporte avec lui de l'idéal, de la vie spirituelle je ne vois pas par quoi le remplacer s'il manque ou si elle s'en désintéresse.

Il faudrait que, par l'école maternelle, nous nous attachions à faire sentir ces choses, que la plus modeste devint le lieu par excellence de renseignements, d'information, de vulgarisation des soins physiques et moraux à donner à l'enfance.

L'école primaire, sur ce point, ne saurait donner une direction décisive, car les impressions sont nécessairement superficielles chez la jeune fille.

Il n'en va pas de même de la mère qui amène son enfant. Nous pouvons, par des échanges de vues, des contacts fréquents, prendre sur elle une action morale profonde.

Déjà, sur nos indications, nos institutrices s'ingénient à trouver des points de rapprochement : plusieurs se sont faites maîtresses de couture et maîtresses habiles, je les ai vues à l'œuvre. Elles enseignent la confection des premiers vêtements, leurs conditions spéciales d'hygiène, l'achat, l'entretien, le ravaudage dans l'économie domestique; la prévoyance, qui n'est que la dignité de suffire soi-même à ses besoins et, enfin, le bon usage à faire du salaire si péniblement gagné par le mari.

Quelques-unes sont venues d'autres écoles pour lire et commenter avec agrément et profit pour ce public spécial des passages de Marion, de Compayré, Perez, etc.

Ce ne sont là que des tentatives isolées, bonnes à noter cependant. Il est certain pour moi que nous pouvons faire davantage pour associer la famille ouvrière, d'une manière active et éclairée, à l'éducation des petits. Le personnel jeune, avide de se dépenser, est facilement entraînable dans cette voie. Il sent, du reste, ce qu'il y a de généreux dans de telles entreprises.

En dehors de lui, les comités de patronage sont avec nous. Si quelques-unes de ces dames reculent devant le rôle de Confé

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