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correspondant aux leçons de la semaine, de la quinzaine, du mois au plus; en temps ordinaire, protéger le buste de la République, le globe terrestre, au moyen d'une gaze pouvant s'enlever facilement; attribuer à chaque objet sa place, avec la préoccupation constante de la ligne, de la couleur, des proportions; utiliser les fleurs, les feuillages, non pour entasser des bouquets ou des gerbes qui nuisent à l'aération, mais pour montrer une branche, une grappe, quelques tiges fleuries ou en boutons, dans leur port naturel et avec le cachet qui les distingue; initier les élèves, en les y faisant participer, à l'arrangement gracieux de toutes choses; placer sous les yeux, en bon éclairage, dès qu'on le pourra et autant qu'on le pourra, des reproductions de chefs-d'œuvre 1, en ayant soin de choisir ceux qui se distinguent par la simplicité et la netteté du dessin, par la finesse et l'exactitude du coloris, par la puissance de l'exécution, ou bien par l'inspiration profondément morale et humaine (Notre-Dame de Paris, le Pont du Gard, Mme Vigée-Lebrun et sa fille, les Glaneuses, de Millet...), en ayant soin aussi de les renouveler à intervalles suffisants, notamment par un roulement entre les classes. (Les cadres passe-partout peuvent rendre des services.)

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On n'oubliera pas que le chant, pour jouer son rôle bienfaisant, doit saisir les esprits et pénétrer les cœurs. Done choisir des chants expressifs, où la musique soit intimement appropriée aux paroles, où paroles et musique convergent au but; faire chanter avec âme, sans négliger le rythme, mais en veillant spécialement sur les nuances, instituer le chant en commun qui ouvre et prépare la journée, ou même qui commence chaque classe par un instant de recueillement..... b. ENSEIGNEMENT. La gymnastique bien entendue, les exercices callisthéniques, peut-être la danse, rendront les élèves plus attentifs à la tenue du corps, à la correction des attitudes. à la gràce des mou

vements.

Aux exercices pratiques de politesse et de savoir-vivre, la morale ajoutera des conseils discrets, des louanges décernées avec tact, à propos de la toilette, de la coiffure... ainsi que des remarques sur les cas fréquents où la laideur physique est la compagne habituelle d'une autre laideur (colère, paresse, désordre, gourmandise, intempérance, etc.).

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En français, on sera prudent et difficile dans le choix des lectures, des textes à étudier, des sujets de devoirs; on mettra à contribution, dès le début, les chefs-d'œuvre de notre littérature, telles les fables de La Fontaine; on renoncera tout à fait aux exercices de mise en prose, qui sont des mutilations barbares.

En dessin et en travail manuel, on ne fera reproduire que des formes très pures; on ne laissera assembler que des couleurs ou

1. Photogravures Braun, 18, rue Louis-le-Grand; Bulloz, 21, rue Bonaparte, etc.

des nuances bien assorties (gamme des couleurs); on n'encouragera que les créations peu compliquées, légères, harmonieuses....

c. MOYENS OCCASIONNELS.

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On profitera des promenades scolaires pour attirer et maintenir l'attention sur un beau spectacle de la nature coucher de soleil, orage lointain, paysage grandiose ou délicat...), — sur un bel arbre d'une individualité bien caractérisée, sur un beau monument placé dans son cadre, etc.

On emploiera les visites aux musées, si elles sont possibles, non pas à traverser des salles au pas de course, mais à s'arrêter longuement devant un tout petit nombre de chefs-d'œuvre, surtout ceux dont la reproduction aurait été déjà présentée aux regards.

On saisira de très bonne heure toutes les occasions de faire sentir le beau par les constrastes fleur naturelle et fleur artificielle; fine estampe coloriée et vulgaire image d'Epinal; illustrations soignées et enluminures criardes des journaux à un sou; photographies de deux œuvres similaires, mais de valeur esthétique très inégale (la Maison Carrée et la Madeleine...), etc.

Sil se peut, on réservera aux œuvres d'art des séances spéciales de projections lumineuses 1; on intercalera tout au moins des vues artistiques dans les conférences ou les causeries, concurremment avec les clichés historiques, scientifiques...

On écartera scrupuleusement des fêtes scolaires, non seulement ce qui porte atteinte à la moralité, mais encore tout ce qui est laid ou choquant dans la mise en scène, tous les textes qui sont d'une puérilité excessive, trop peu littéraires ou trop artificiels.

1. Collections Bulloz; Musée pédagogique.

A. BELOT.

Les Instituteurs français

à l'étranger.

L'institution des bourses de vacances.

Nous avons parlé, il y

a deux ans, à cette place, de l'institution des bourses de vacances et de l'intéressante correspondance des instituteurs et institutrices qui avaient passé les mois d'août et de septembre à l'étranger.

D'autres boursiers ont obtenu la même faveur l'année suivante, plus nombreux que précédemment, grâce aux bourses complémentaires mises à la disposition du Ministère par le Comité Dupleix. D'autres encore ont pu être envoyés à l'étranger en 1900.

Les lecteurs de la Revue savent que ces bourses sont accordées à des maîtres et maîtresses qui enseignent la langue étrangère dans les écoles auxquelles ils sont attachés. Ils n'ont pas encore le certificat d'aptitude de la langue qu'ils enseignent; mais ils comprennent que pour l'enseigner avec succès et pour la faire parler à leurs élèves, il faut non seulement la savoir soi-même, mais encore la parler avec une certaine facilité; et pour arriver à ce résultat, rien ne vaut un séjour dans le pays même.

On recommande d'ailleurs aux boursiers de ne pas étudier au sens habituel du mot. Ils n'emploieront pas leurs vacances à faire des thèmes et des versions; ils feront mieux : ils écouteront, ils entendront parler autour d'eux, ils parleront aussi, ils vivront pour ainsi dire dans la langue du peuple voisin; ils liront aussi, si possible, avec des collègues et à haute voix; ils apprendront la langue sans s'en douter, par l'oreille et par la parole, par le commerce avec les gens du pays.

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La campagne. Les uns désirent se rendre dans une ville où ils ont des relations, où ils connaissent des collègues et trouveront plus facilement de nombreuses occasions de se perfectionner, de pratiquer la langue. D'autres préfèrent la campagne.

Le premier que nous rencontrons, dans une tournée de visite que nous faisons aux boursiers, avait choisi une commune rurale de la plaine badoise. Nous y arrivons par un de ces chemins de fer locaux, si nombreux dans le pays, qui ne font pas précisément soixante kilomètres à l'heure, mais qui permettent au voyageur de voir à loisir la campagne et même de descendre de voiture pendant les arrêts dans les villages. La station où nous attend notre compatriote se trouve au centre d'un petit bourg coquet dont les maisons, aux toits rouges et aux volets verts, sont à moitié cachées dans les jardins. Partout des pots de fleurs aux croisées... Les habitants sont polis. Il n'en est pas un qui ne nous salue d'un aimable « guten morgen ». Notre boursier y est comme chez lui, connu de tous.

Mais quelles ressources ce village peut-il offrir à un instituteur français qui y vient pour apprendre la langue? C'est la question que l'on se pose tout d'abord. « Les occasions sont plus nombreuses qu'on se l'imagine, nous dit notre boursier. Le matin, je tiens société pendant une ou deux heures à l'un des instituteurs du cours complémentaire, obligé de garder la chambre. Nous causons; nous lisons le journal arrivé par le courrier du matin; nous nous entretenons de nos écoles et de nos élèves, des événements du jour.

« La semaine prochaine, continue notre instituteur, les classes vont recommencer, et, à partir de ce jour, j'assisterai toute la matinée aux classes. A midi je me rencontre à table avec mes commensaux habituels: un clerc de notaire, un pharmacien stagiaire, un garde général des forêts, un vétérinaire, un conducteur des ponts et chaussées, tous gens instruits et courtois qui, dès le premier jour, m'ont fait le meilleur accueil. Vous les verrez d'ailleurs, et vous constaterez combien nos relations sont amicales...

REVUE PÉDAGOGIQUE, 1901.

2 SEM.

9

« L'après-midi, je passe deux heures avec le notaire du bourg qui veut se perfectionner dans la pratique de notre langue, en vue de son prochain voyage à l'Exposition de Paris. Nous consacrons la première heure à la lecture du « Temps », et nous ne parlons que le français; pendant la seconde heure, nous lisons une revue badoise et nous ne parlons que l'allemand. Et cet échange de leçons nous profite singulièrement à tous deux.

<< Souvent aussi je fais une promenade avec l'un ou l'autre de ces messieurs; ou bien j'accompagne, à bicyclette, le vétérinaire dans sa tournée, ce qui me donne l'occasion de faire connaissance avec les personnes et les choses du pays et de converser sur tous les sujets possibles.

« Le soir, je vais plusieurs fois par semaine à la Société de lecture, dont il faut que je vous parle. C'est une bibliothèque fondée par les « honorationes » du bourg, les instituteurs, le curé et son vicaire, les deux médecins, le pharmacien et son aide, le notaire et son clerc, quelques commerçants et hôteliers, deux pasteurs et quelques instituteurs des environs, en tout 35 membres, qui paient 10 francs par an. La Société dispose ainsi d'un capital suffisant pour pouvoir s'abonner à plusieurs journaux et revues, et acheter chaque année les livres nouveaux qui paraissent. Le lieu de réunion est, comme l'on pense bien, une salle spéciale d'une brasserie, où l'on vient lire les journaux et les livres, tout en fumant son cigare et en buvant la traditionnelle chope de bière à 10 ou 15 centimes. La dépense n'est pas excessive, et l'on se rencontre avec des hommes accueillants et cultivés, heureux de faire les honneurs de leur Société aux étrangers. Tous les habitants du village viennent y chercher des livres. »

La ville.

Un autre boursier a préféré la grande ville, où un instituteur lui avait offert la pension et le logement, et lui confiera en retour son fils, futur colonial, qui doit passer une année en France. Il se trouvait ainsi en relation avec les instituteurs de la ville, bien accueilli partout, admis aux séances des associations pédagogiques et des sociétés chorales, aux conférences, aux réunions familiales, aux bals du monde universitaire; et il

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