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C'est par obstruction intestinale que ces ténias amènent la mort de l'oiseau. Les intestins en sont souvent bourrés, de manière à ressembler à de petites saucisses, et on compte souvent des centaines d'individus chez un seul faisan. Le développement en est très rapide, aussi rapide que chez le syngame et chez les ascarides, chez lesquels, on le sait, le développement est direct.

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A, tête avec rostre rétracté armé de crochets et ventouses à bourrelet couvert d'épines. B, tête à rostre rétracté inerme, bourrelet des ventouses ayant conservé quelques épines.

Il m'a été impossible de trouver le moindre cysticerque ou cysticercoïde dans les larves de fourmis que l'on donnait à manger aux faisans.

C'est ce qu'avait déjà constaté Friedberger pour le ténia qu'il a aussi découvert chez de jeunes faisans, dont il amène rapidement la mort, et qui est une espèce voisine de notre Tœnia Guevillensis; mais on ne l'a encore vu qu'en Allemagne.

Parmi notre gibier à plumes, les faisans ne sont pas les seules

victimes des ténias les perdrix en sont, cette année surtout, tout aussi éprouvées.

Déjà l'année dernière, un de mes correspondants, M. Thirion, de Moret-sur-Loing, me signalait une grave épidémie qui ravageait son élevage de perdrix et m'envoyait même des spécimens des parasites qu'il avait trouvés obstruant les intestins de quelques sujets morts qu'il avait ouverts. J'y reconnus un ténia déjà décrit depuis longtemps par les naturalistes allemands qui l'avaient trouvé chez le coq de bruyère, mais qu'on n'avait pas encore vu chez la perdrix.

Cette année, la même épidémie s'est reproduite chez le même amateur, faute sans doute d'une suffisante désinfection des parquets d'élevage par le sel marin dénaturé, qui tue pourtant parfaitement bien les embryons d'helminthes.

D'une localité du Loiret, Lorme, j'ai reçu aussi le 28 juin dernier une perdrix morte d'une épidémie qui avait entièrement dépeuplé un élevage de ces oiseaux. Je montre à l'Académie l'intestin de cette perdrix conservé dans l'alcool et fendu de manière à faire voir, dans la position qu'ils occupent, les nombreux ténias à l'action desquels la perdrix avait succombé. Dans ces nombreux ténias, il y a les représentants mélangés de deux espèces parfaitement distinctes, l'une est le Tania (Davainea) Urogalli, déjà vu chez les perdrix de M. Thirion, l'autre est une espèce nouvelle, qu'à cause du renflement singulier de son cou je propose de nommer Tania lagenocollis.

Je ne décrirai pas le Davainea urogalli, cette description a déjà été donnée plusieurs fois, et elle se trouve en particulier accompagnée d'une figure, à la page 435 du tome IV des Mémoires de la Société zoologique de France, dans les Notices helminthologiques de notre collègue M. R. Blanchard; je me contenterai d'en donner la figure (fig. 3), en faisant observer toutefois que beaucoup de ces ténias ont seulement le rostre armé, et ont les ventouses parfaitement lisses.

Quant au Tænia lageno collis, en voici la description, avec les détails de son organisation représentés dans la figure 4.

Le Tania lagenocollis nov. sp. (ou à cou en bouteille) est long de 8 à 10 centimètres et large de 2 millimètres au milieu du corps. Jusque vers la deuxième partie postérieure, où les anneaux deviennent mûrs et chargés d'œufs, tous ceux qui les précèdent sont plus larges que longs et anguleux postérieurement de façon que le strobile parait

denté en scie sur les bords (fig. 4 B et E). La tête est large de 0mm,60 et a la forme d'un cœur renversé, dont la pointe figure le rostre; ce

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A, le ténia de grandeur naturelle. B, sa tête grossie avec son rostre rétracté armé de crochets et le bord de ses ventouses armé d'épines. C, crochet du rostre très grossi. C', groupe de ces crochets. D, épine des ventouses. D', groupe de ces épines. E, anneaux du milieu du corps. F, anneau de l'extrémité postérieure. G, groupe d'oeufs encapsulés.

rostre est rétractile et l'on voit facilement par transparence l'appareil musculaire qui le fait mouvoir (fig. 4, C); il est armé de dix-huit crochets disposés en couronne sur un seul rang; ces crochets ont la forme de couteaux à lame légèrement courbée, égale au manche qui

en est séparé par une garde peu saillante (fig. 4, D). Le rostre est

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A, ce ténia de grandeur naturelle. B, sa tête, son cou et ses premiers anneaux, grossis. C, son rostre armé de dix-huit crochets. D, un des crochets. E, anneaux sexués du milieu du corps. F, pénis couvert de spicules rétrogrades. G, un anneau mûr de l'extrémité postérieure. H, un œuf embryonné.

séparé du cou, qui le dépasse en largeur, par un sillon assez profond; un autre étranglement moins accusé sépare le cou du corps.

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Sur les anneaux du milieu, qui sont sexués, on voit au milieu du bord s'ouvrir les pores génitaux qui sont irrégulièrement alternes (fig. 4, E). Le pénis qui se voit à partir du cinquante-cinquième anneau, est revêtu de poils raides rétrogrades (fig. 4, F). Les anneaux murs sont ovoïdes, plus longs que larges et remplis d'œufs, réunis au nombre de cinq ou six dans une capsule gélatineuse assez épaisse (fig. 4, G H).

C'est, comme chez les faisans dont nous venons de parler, par obstruction intestinale que meurent les perdrix affectées, soit de Tænia urogalli, soit de Tania lagenocollis, soit des deux ensemble.

La prolifération de ces ténias est aussi très rapide, et nous n'avons pu trouver ni cysticerques, ni cysticercoïdes, dans les larves d'insectes qui entrent dans la nourriture des perdrix, aussi n'émettrons-nous aucune hypothèse sur l'intermédiaire par lequel les perdrix seraient infectées, si toutefois il y en a un, car la multiplication a lieu exactement comme si le développement était direct.

Au point de vue de l'hygiène publique, je ne pense pas que les épidémies de ténias sur le gibier à plume fussent dangereuses à l'homme. La chair des perdrix et des faisans malades du fait des ténias est certainement moins nutritive, moins savoureuse que celle des oiseaux similaires bien portants, mais c'est tout. Je ne crois pas non plus que leurs ténias soient transmissibles à l'homme. D'abord les entrailles qui peuvent contenir ces ténias sont jetées au fumier ou aux ordures, - ce qui n'est pas prudent pour les autres volailles qui vont y picorer, et à ce point de vue il vaudrait mieux les brûler. Et puis le corps des faisans et des perdrix destiné à la consommation, est cuit de manière à détruire tous les germes qu'ils pourraient contenir. Enfin, je ne crois pas que les ténias des oiseaux en général fussent transmissibles à l'homme; on n'a, jusqu'à présent, aucun exemple de cette transmissibilité, et ils appartiennent à des espèces génériquement très différentes des siens. Cependant il y a un ténia semblable à ceux des Gallinacés, qui appartient même au genre DAVAINEA et à l'espèce Davainea Madagascariensis, dont notre collègue M. R. Blanchard a entretenu l'Académie il y a quelque temps et qui a été rencontré chez des enfants en Orient et même en Amérique, et on ne sait pas encore d'où il vient.

En somme, je pense que nous n'avons pas à nous inquiéter de

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