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Libr.
Wester.

12-18-40
42218

Συ.

HISTOIRE

DE LA

LIBERTÉ EN FRANCE

DEPUIS LES ORIGINES JUSQU'EN 1789

INTRODUCTION

I. — LA LIBERTÉ NATURELLE; LIBERTÉ ANTIQUE; DÉFINITIONS DIVERSES.

La liberté naturelle, ce droit que possède l'homme, ce droit imprescriptible pour chacun d'exercer sa volonté en agissant ou en n'agissant pas; d'employer ses facultés à faire ce qu'il regarde comme devant lui être utile ou agréable, dans les limites que l'état social pose en vue de l'intérêt commun; de penser et de manifester sa pensée par l'écriture; de se permettre tout ce que ne défend pas la loi; ce droit existe à la fois dans le domaine moral et dans le domaine politique.

« On pourrait dire, observe Victor Hugo, que la liberté est l'air respirable de l'homme. » Oui, la nature a créé l'homme libre comme l'air; la société seule lui a donné des entraves. JeanJacques Rousseau a écrit, excellemment : « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. » Et Turgot a déclaré, avec une parfaite logique « La liberté d'agir sans nuire ne peut être restreinte que par des lois tyranniques. >>

Tout cela nous paraît absolument vrai, dans le domaine moral; et aucune subtilité philosophique, aucune prescription reli

gieuse, aucun paradoxe de l'esprit, ne sauraient détruire cette vérité.

De même, dans le domaine politique, les faits interrompent plus ou moins longtemps les droits à la liberté, sans jamais les prescrire ni les anéantir. Il en est ainsi depuis le temps des premières familles, des premières tribus, des premières nations du monde.

Se soumettre aux faits n'implique pas l'aliénation des droits. Sur ce point, la soumission volontaire elle-même ne doit pas enchaîner irrévocablement; à plus juste raison cesse-t-elle quand elle a été imposée.

L'antiquité n'a guère connu la liberté politique, parce qu'elle a surtout divinisé la force. A peine voulut-elle admettre la liberté civile, car elle repoussait la liberté individuelle, sa base primordiale.

En Asie, en Egypte, en Grèce, presque personne n'était libre, sinon dans l'acception de ce mot opposé à celui d'esclave.

La liberté politique ne se rencontre point dans les antiques sociétés, soit à leur naissance, soit aux temps de leurs conquêtes, soit pendant leur décadence pour ainsi dire fatale. Toutes avaient une classe privilégiée, et le petit nombre, parmi les populations, jouissait d'avantages particuliers, au détriment du reste.

Aristote pensait : « Il est évident que les uns sont naturellement libres et les autres naturellement esclaves, et que, pour ces derniers, l'esclavage est aussi utile qu'il est juste. >>

Désolante affirmation, que l'ancien monde a acceptée, pratiquée durant plusieurs siècles.

Alors le travail même, le saint travail qui amène les sueurs du corps, qui use l'individu dans sa chair et dans ses os, était chose d'esclaves; et les peuples le méprisaient, comme étant le lot d'hommes voués à l'esclavage.

Xénophon disait : « Un homme assis tout le jour, ou exposé à un feu continuel, ne saurait manquer d'avoir le corps altéré,

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