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ART. 9.

Les séchoirs qui seraient construits ultérieurement

devront être établis dans les mêmes conditions.

ART. 10.

Les dispositions qui précèdent seront exécutoires

à partir du 1er septembre 1893.

ART. 11. Les ministres du commerce, de l'industrie et des colonies, de l'intérieur, des finances et de la guerre, sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du présent décret qui sera inséré au Bulletin des lois et publié au Journal officiel de la République française.

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PRÉCAUTIONS A PRENDRE POUR L'EMMAGASINAGE
DES CHIFFONS ET MATIÈRES GRASSES.

(Lettre collective n° 9.)

Paris, le 23 août 1893.

Messieurs, un incendie, qui s'est déclaré le 5 juillet dernier, dans un magasin de fournitures diverses, à la poudrerie de Sevran, a été attribué à une inflammation spontanée de chiffons, ayant pu être mouillés par suite d'avaries faites à la couverture dans l'explosion d'un dépôt et peut-être aussi imbibés en partie d'essence provenant d'un fût placé à une trop faible distance.

Deux commencements d'incendie, survenus récemment dans le séchoir no 18, à Esquerdes, et dans l'atelier des turbines, à SaintChamas, ont également été attribués à l'inflammation spontanée de chiffons restés dans ces ateliers.

Pour éviter le renouvellement d'accidents de même nature, je vous prie de tenir la main à l'exécution des prescriptions anté

rieures qui vous ont déjà été adressées au sujet de l'emmagasinage des chiffons et qui peuvent se résumer comme il suit :

Tous les chiffons, déchets de coton, etc., distribués aux ateliers pour le nettoyage doivent être constamment renfermés, qu'ils aient ou qu'ils n'aient pas servi, dans des étouffoirs fermant hermétiquement et placés, autant que possible, à l'abri de l'humidité, en dehors de ces ateliers.

Les chiffons et déchets neufs, conservés en magasin, seront placés de même dans de grands étouffoirs.

Enfin les huiles, essences, matières grasses ou autres substances susceptibles de donner lieu à des inflammations spontanées, par leur contact avec des matières poreuses et combustibles, devront être emmagasinées à part. Gal LOIZILLON.

N° 178.

INCENDIE SURVENU, LE 5 JUILLET 1893, DANS LE MAGASIN ' DE LA POUDRERIE DE SEVRAN-LIVRY.

(Lettre collective n° 11.)

Paris, le 5 septembre 1893.

Messieurs, un incendie s'est produit, le 5 juillet dernier, vers 430 du matin, à la poudrerie de Sevran-Livry, dans un compartiment du bâtiment h' servant, au comptable en matières, de magasin pour les fournitures diverses: le feu, déjà très intense lorsqu'il fut aperçu des gardiens de nuit, ne put être arrêté que grâce au concours prêté, par la compagnie d'infanterie, aux agents domiciliés dans l'établissement.

Je vous envoie ci-joint, avec une vue photographique du bâtiment après l'incendie, le rapport de M. l'inspecteur général Biffe, qui a fait l'enquête réglementaire.

Il résulte de ce document que l'accident paraît devoir être attribué à une inflammation spontanée de chiffons, ayant pu être mouillés par suite d'avaries faites à la couverture dans l'explosion d'un dépôt, et peut-être aussi imbibés en partie d'essence provenant d'un fût placé à trop faible distance.

Bien que l'enquête n'ait pas permis de déterminer, d'une manière absolument certaine, les causes de l'accident, les circonstances dans lesquelles il s'est produit me conduisent à recommander de nouveau aux ingénieurs de faire exécuter strictement

les prescriptions de ma lettre collective n° 9 du 23 août 1893, relatives à l'emmagasinage des chiffons.

Il me sera accusé réception de la présente lettre collective.

Gal LOIZILLON.

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RAPPORT

sur l'incendie survenu, le 5 juillet 1893, dans le magasin h'
de la poudrerie de Sevran-Livry.

Un incendie s'est déclaré le 5 juillet, vers 4h30m du matin, à la poudrerie de Sevran-Livry, dans le compartiment h', situé à l'extrémité nord du grand bâtiment h.

État des lieux avant l'incendie. Le compartiment h' servait de magasin au comptable en matières; il présente une superficie de 11 de Fig. 1.

Forge

Cheminée

LÉGENDE.

b. Atelier de carbonisation.

d. Atelier de réparations.

h, g. Hangars aux bois, à charbon.

h', g'. Magasins aux ustensiles et fournitures.

largeur sur une longueur de 13", 50, fermée sur les quatre faces par des murs en moellons de om, 50 d'épaisseur; le mur ouest et le mur sud qui forme séparation avec l'autre partie du bâtiment h, sont pleins; le mur nord est percé, à une hauteur de 3m, d'une ouverture fermée par un châssis vitré

fixe; enfin, dans le mur est, en face de la forge placée à l'extrémité ouest du bâtiment d, s'ouvraient une porte à deux battants et deux fenêtres.

La toiture était en tuiles mécaniques, posées sur lattis et chevrons supportés par des pannes qui s'appuyaient sur les murs sud et nord et sur deux fermes intermédiaires, puis se continuaient dans le restant du bâtiment h; toute cette charpente était en sapin.

Le sol était couvert par un carrelage en terre cuite.

A l'intérieur du magasin h' se trouvaient, au rez-de-chaussée, contre le mur sud et sur deux rangées, les huiles et essences diverses renfermées dans des bacs, des fûts métalliques ou des fûts en bois; les autres parties du sol étaient occupées par des balles de chiffons, les métaux en barres, les câbles, les articles de peinture, droguerie, etc., tous matériaux lourds et encombrants; des étagères, disposées contre les murs nord et ouest, renfermaient les fournitures moins lourdes et moins encombrantes qui se prêtaient mieux à un classement; d'autres casiers étaient disposés plus haut, sur les trois faces sud, ouest et nord du bâtiment, et renfermaient des fournitures d'un maniement encore plus facile ou d'un usage peu

courant.

Une galerie en bois, supportée par des colonnes en fonte, desservait cet étage, où l'on accédait par un escalier en bois.

L'explosion du 26 juin 1893 avait démoli en grande partie la toiture du magasin h', et avait brisé les portes et les fenêtres. On avait dû faire une porte provisoire et les fenêtres avaient été bouchées par des planches clouées; la toiture avait été refaite aussi rapidement que possible et l'on avait même, pour cela, découvert complètement la partie la plus voisine du hangar h sur une longueur de 4 à 5", qui était encore dans cet état au moment de l'incendie.

Toutefois, cette réparation n'avait pu être assez rapide pour empêcher la pluie de venir mouiller quelques objets.

Aussitôt la toiture réparée, le magasin avait été soigneusement nettoyé. Effets de l'incendie. L'incendie avait déjà acquis une grande intensité lorsqu'il fut aperçu des gardiens de nuit, qui appelèrent des secours. Aussi, quelque promptitude qu'ait apporté le personnel des agents domiciliés dans l'établissement, avec le concours des gardiens, à mettre une pompe en batterie, ce n'est qu'à l'arrivée de la compagnie d'infanterie et d'un certain nombre d'ouvriers qu'on put se rendre maître du feu. Après des efforts assez heureux pour préserver les bâtiments voisins et particulièrement le hangar h, qui recouvrait de grandes quantités de bois de bourdaine, caisses d'emballage, etc., l'incendie localisé dans le compartiment h' put être éteint; il ne restait plus, d'ailleurs, que peu d'aliments à la combustion.

Les pertes en matières et objets divers sont évaluées à environ 15 000, celles de l'immeuble sont estimées à 97001.

Causes de l'incendie.

tement déterminées.

Les causes de l'événement n'ont pu être exac

Les surveillants de nuit, en passant dans une ronde près du bâtiment incendié, vers 4", n'avaient rien remarqué, et toutes les indications recueillies font écarter la supposition de malveillance. On est, par conséquent, porté à attribuer l'origine de l'incendie aux chiffons que renfermait le bâtiment, dont une combustion spontanée aurait été provoquée par la pluie, quelques jours auparavant, la toiture ayant été endommagée par l'explosion du 26 juin.

Peut-être aussi, l'une des balles de chiffons, entamée depuis assez longtemps, avait-elle été atteinte par de l'essence, à la suite des suintements qu'on avait constatés dans un fût distant seulement de om, 50. Après s'être aperçu de ces fuites, le magasinier les avait arrêtées en recouvrant les joints de suif et avait bien nettoyé le carrelage, mais il n'est pas impossible que quelques fragments de matière textile, pénétrés par l'essence, aient échappé à son attention.

Conclusions.

L'événement démontre que les matières inflammables, comme des huiles ou des chiffons, doivent toujours être tenues à distance les unes des autres, qu'elles doivent être emmagasinées à part, et que la construction du bâtiment destiné à les abriter ne doit comporter que des matériaux incombustibles.

Responsabilités.

Dans l'incertitude où l'on se trouve des causes de l'accident, il est impossible de l'imputer à une négligence ou à une faute qui, aux termes de l'instruction ministérielle du 17 septembre 1881, mette en cause la manière de servir d'aucun agent; aussi proposons-nous de décharger le personnel de la poudrerie, à tous les degrés de la hiérarchie, de toute responsabilité dans l'incendie survenu le 5 juillet, à la poudrerie de Sevran-Livry.

Paris, le 19 août 1893.

L'inspecteur général,

BIFFE.

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