Page images
PDF
EPUB

LE TRÉSORIER lit un rapport sur la situation financière du Cercle pendant l'année 1877. Paul DELALAIN, au nom de la Commission chargée de vérifier les comptes, propose à l'aslée d'approuver les comptes du trésorier. Il ajoute que la Commission s'associe pleinement pensée du Conseil d'administration qui propose de réélire M. Ducrocq comme trésorier. Ce lui donner un témoignage de reconnaissance pour ses intelligents et dévoués services.

I. Henri Delalain, Dumaine et Fouret sont nommés membres de la Commission de vérificapour l'année prochaine.

LE PRÉSIDENT reprend la lecture de son rapport.

roulement fait sortir cette année de votre Conseil d'administration 8 membres; démission de notre secrétaire, M. Armand Templier, porte à 9 les élections elles vous allez procéder.

us avez à nommer:

re nouveau Président, votre secrétaire, le trésorier qui est rééligible, et 6 conseildont 3 siégeront pendant trois années consécutives, 2 pendant deux années, et dant une année seulement.

roulement conforme aux statuts, qui avait été interrompu par inadvertance, se era ainsi régulièrement rétabli.

re Conseil d'administration a l'honneur de proposer à vos suffrages, pour président, orges Hachette.

hoix lui a paru indiqué, non-seulement par les mérites personnels de M. Hachette, membre de votre Conseil d'administration et du Tribunal de commerce, l'un des urs de la grande maison fondée par son père, mais encore par le nom même qu'il

lant l'Exposition qui va s'ouvrir en mai prochain, les chefs des maisons impordu monde entier viendront à Paris. Il y a pour tous les membres du Cercle un incontestable à les attirer dans nos salons, où leur seront fournis tous les renments et rendus les services dont peut avoir besoin un étranger. La maison te a étendu ses relations dans tous les pays. M. Georges Hachette, plein de zèle ivité, sera certainement, auprès de nos confrères étrangers, le président le plus é de la réunion de nos industries.

e Conseil présente à la réélection pour trois ans notre trésorier, M. Ducrocq, aplit ses fonctions avec trop de dévouement et de régularité pour qu'on pense à ner un successeur tant qu'il consentira à les conserver. Je ne veux pas en dire sa louange, pour qu'il ne regarde pas un supplément d'éloges comme une autode faire valoir ses droits à la retraite.

[ocr errors]

vous proposons d'élire également pour trois ans, en lui attribuant les es de secrétaire, M. Nourrit, de la maison Plon et C, en remplacement de and Templier, démissionnaire. M. Armand Templier se retire par prévision de n de M. Georges Hachette, afin que deux membres de la même maison ne se pas appelés à siéger en même temps dans le Conseil.

me soit permis de remercier personnellement M. Templier et de lui rendre un ommage pour le concours si distingué qu'il nous a donné dans ses fonctions s de secrétaire.

mplacement de :

Delagrave, Henri Delalain, Dumont, Jousset, Lair, Tanera, membres sortants, appelons vos suffrages sur MM. Alfred Didot, Paul Delalain, Alfred Lemercier, -Lebel, Chardon, Charles Poussielgue.

du Conseil pendant trois ans ; les autres ensuite, par rang d'âge, siégeront deux ou

un an.

Ma tâche est terminée, et je fais mes plus chaleureux remerciements de leurs con cours dévoué aux membres qui se sont succédé pendant ces trois années dans vot Conseil d'administration; ils me l'ont rendue possible par leur expérience des intérêt et des affaires de librairie dont je n'avais pas, à cause de ma profession, une cor naissance parfaite.

Je désire vivement, au moins, que vous ayez apprécié mes efforts à vous donner sati faction, car j'ai tout fait pour payer ma dette au Cercle.

[ocr errors]

Entré jeune aux affaires, en 1844, j'en sors après trente-quatre ans de travail, penda: lesquels j'aurai fait partie quinze ans de vos conseils, et je n'ai jamais oublié que avec l'appui de vos suffrages que j'étais arrivé au Tribunal de commerce, où, apr avoir siégé huit années consécutives, dont les quatre dernières comme juge titulaire président de section, j'ai reçu la croix de la Légion d'honneur.

Je vous devais plus encore! En m'appelant à la présidence du Cercle, vous m'av fait le plus grand honneur que j'eusse pu ambitionner pour clore ma carrière c merciale.

Aussi, c'est de cœur que je vous exprime, avant de descendre de ce fauteuil, profonde gratitude pour ce suprême témoignage d'estime.

La lecture de ce rapport est accueillie par l'assemblée avec une sympathique émotion. Il est ensuite procédé aux élections.

Les candidats présentés sont élus.

Le Conseil d'administration, pour l'année 1878, est donc composé de la manière suivante :

MM. HACHETTE, président;

GUILLARD, ODENT, vice-présidents;

NOURRIT, secrétaire;

DUCROCQ, trésorier;

BAPST, BOUASSE-LEBEL, CHARDON, Paul DELALAIN, Alfred FIRMIN-DIDOT, DES FOSSÉS, Gr LEFEVRE, Alfred LEMERCIER, Charles POUSSIELGUE, conseillers.

La séance est levée à 10 heures et demie.

Pour extrait :

Le Secrétaire,

A. TEMPLIER.

Le Secrétaire-Gérant,

BLANCHOT.

CHRONIQUE

DU JOURNAL GÉNÉRAL

DE L'IMPRIMERIE ET DE LA LIBRAIRIE.

Paris, au Cercle de la Librairie, de l'Imprimerie et de la Papeterie, rue Bonaparte, 1.

SOMMAIRE: Jurisprudence.

Variétés Les Bibliothèques publiques aux Etats-Unis (suite),
Ventes publiques.

JURISPRUDENCE,

OUR D'APPEL DE PARIS (40 chambre). Présidence de M. SALMON.

Audiences des 8, 15, 22 février et 1er mars 1878.

[ocr errors]

EVRES POSTHUMES D'ANDRÉ CHÉNIER. PROPRIÉTÉ LITTÉRAIRE. MM. CHARPENTIER ET C, ÉDITEURS, CONTRE M. GABRIEL DE CHÉNIER ET M. LEMERRE, ÉDITEUR.

Nous avons rapporté les débats de cette faire lorsqu'elle s'est présentée devant le ibunal civil de la Seine. Elle revient aurd'hui devant la Cour sur l'appel qui a été terjeté par M. Charpentier, du jugement ndu par le Tribunal, le 11 août 1876.

M. Charpentier prétend que son père s'ét rendu acquéreur, en 1838, du droit de blier les œuvres posthumes d'André Chéer, ce droit doit s'étendre à des manuscrits i ne lui avaient pas été remis en 1838, et i avaient été conservés par la famille. Les représentants des héritiers d'André Chéer, au contraire, soutiennent que si le droit lé à M. Charpentier père lui permettait de irer des mains de tous dépositaires les mascrits d'André Chénier qu'il découvrirait, droit ne s'appliquait qu'aux manuscrits , à différentes époques, étaient sortis des ins de la famille, mais non pas à ceux que s membres de la famille avaient conservés. A propos de ce procès relatif aux œuvres

. Voir nos Chroniques des 26 août, 2, 9, 16, 23 et Septembre 1876,

d'André Chénier, il n'est pas sans intérêt de rappeler quelques détails sur André Chénier et sur sa famille :

André de Chénier arrêté, le 18 ventôse an II, à Passy où il demeurait chez son père, fut conduit au Luxembourg, puis à Saint-Lazare, pour aller bientôt mourir sur l'échafaud.

Le gouvernement de la Terreur ne pouvait pas laisser la vie au publiciste éminent qui avait écrit que « le moment des révolutions n'est jamais celui des hommes droits et invariables dans leurs principes... >> et a qu'on doit braver le peuple pour lui être utile. » Aussi, le 7 thermidor suivant, condamné au dernier supplice, avec vingt-cinq autres malheureux aussi peu coupables que lui, condamné sans aucun recours, il fut exécuté le même jour à la barrière de Vincennes, avant même l'enregistrement de la décision qui le frappait, décision qui n'eut lieu que le lendemain.

Il y avait urgence, à cette néfaste époque, à se débarrasser de ceux dont on redoutait les talents ou les yertus.

Deux jours après cette exécution, vingt-six fois sanglante, le gouvernement de Robespierre tombait, et celui-ci montait bientôt à son tour sur l'échafaud.

Avant sa mort, André Chénier avait publié quelques brochures politiques et des articles de journaux trèsremarquables, dans lesquels il avait défendu Louis XVI, flétri Collot-d'Herbois, attaqué Robespierre qui devait se venger plus tard. Il avait ainsi montré son amour ardent de la patrie et de la liberté allié aux généreuses indignations de la jeunesse et de l'honneur ; et chaque fois qu'il avait pris la plume, il avait flétri les infamies qui se déroulaient sous ses yeux. Il avait publié aussi deux pièces de vers; l'une ayant pour titre le Jeu je Paume, dédiée au peintre David, contenant quatre cent dix vers, l'autre intitulée: Hymne sur l'entrée triomphale des Suisses révoltés du régiment de Chateauvieux, fétés à Paris sur une motion de Collot-d'Herbois, qui contient cinquante-six vers; elle est datée du 15 avril 1792; on sait ce qui l'avait inspirée. Les Suisses de Châteauvieux, on le sait, avaient pillé la caisse du régiment et massacré leurs officiers; on les avait condamnés aux galères. Une

amnistie avait été demandée pour eux à l'Assemblée nationale par Collot-d'Herbois; cette amnistie avait été votée et les Suisses avaient reçu une ovation à Paris. André de Chénier avait alors stigmatisé tous ces faits dans une poésie où débordait toute l'indignation d'un cœur honnête et d'un esprit élevé; il ne pouvait comprendre l'amnistie d'un abominable crime par une assemblée politique française. On voit qu'il ne pouvait pas vivre longtemps et que ses jours étaient comptés; il devait en effet écrire bientôt :

Mourir sans vider mon carquois!

Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans la fange
Ces bourreaux barbouilleurs de lois,
Ces tyrans effrontés de la France asservie.

Puis, presque en même temps, en prison, attendant l'échafaud, certain de son sort, mais intrépide, indigné, désespéré de vivre, désespéré de mourir, il exhale ces beaux vers:

Nul ne restera donc pour attendrir l'histoire

Sur tant de justes massacrés!

Pour consoler leurs fils, leurs veuves, leur mémoire,
Lorsque des brigands abhorrés

Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance.
Pour descendre jusqu'aux enfers
Nouer le triple fouet, le fouet de la vengeance

Déjà levé sur ces pervers!

Pour cracher sur leurs noms, pour chanter leur supplice,
Allons, étouffe tes clameurs;
Souffre, & cœur gros de haine, affamé de justice!
Toi, Vertu! pleure si je meurs.

Cependant André de Chénier, qui n'avait que trente et un ans quand il expiait les crimes d'un grand cœur, avait laissé des œuvres posthumes: deux poëmes, neuf élégies, neuf idylles, neuf épigrammes, des églogues, des iambes, de nombreux fragments, et enfin les dernières poésies écrites à Saint-Lazare; l'Hermès, l'Aveugle, le Jeune Malade, l'Oarystis, la Jeune Captive. Tout cela qui ne constitue pas ses œuvres complètes, forme aujourd'hui un volume de cinq cents pages, édition Charpentier de 1872.

Ceux qui héritaient de la propriété des écrits publiés et inédits de cette grande figure historique étaient. son père, sa mère, trois frères : Marie-Joseph de Chénier, Constantin de Chénier, Louis-Sauveur de Clénier, enfin une sœur, Hélène de Chénier, qui épousa quelque temps après M. Latour-Saint-Ygest.

M. de Chénier père est mort en 1795, Mme de Chénier bientôt après; tous deux succombaient sous le poids du chagrin profond que leur avait causé la mort tragique de leur fils adoré. Mme Latour-Saint-Ygest est morte en 1797 laissant un fils, de sorte qu'en 1805, l'héritage d'André de Chénier, et la propriété de ses œuvres publiées et posthumes se révélant par ses manuscrits, appartenaient indivisément à ses trois frères, Constantin, Sauveur et Marie-Joseph, et au fils de Mme Latour-Saint-Ygest.

Mais en 1805, la propriété dite littéraire n'était régie que par la loi du 19 juillet 1793, ainsi conçue : « Les auteurs... jouiront, durant leur vie entière, du droit exclusif de vendre, faire vendre, distribuer leurs ouvrages... et d'en céder la propriété en tout ou en partie. Leurs héritiers ou cessionnaires jouiront du même droit durant l'espace de dix ans après la mort

Rien ne réglementait la propriété des œuvres posthumes lorsque, le 1er germinal an XIII (22 mars 1805), dans le but d'encourager la publication de celles de ces œuvres qui pourraient avoir du mérite et de l'utilité, parut le décret suivant, qui combla cette lacuse: « Les propriétaires par succession ou à autres titra d'un ouvrage posthume ont les mêmes droits que l'ateur, et les dispositions des lois sur la propriété exc sive des auteurs et sur sa durée leur sont applicables. »

On sait que les lois des 5 février 1810, 8 avril 18 et 14 juillet 1866 ont successivement porté le délai ★ dix aus à vingt, trente et cinquante années, et qu'ejourd'hui, après le décès de l'auteur, veuve, enfaza et héritiers jouissent pendant un demi-siècle du dret de vendre et de faire vendre les œuvres de ceux qu représentent, les œuvres éditées comme les eine posthumes.

Que sont devenus maintenant les frères d'André de Chénier? Qu'est-il advenu de leurs droits dans la pre priété des manuscrits de ce dernier? Le voici:

Marie-Joseph est mort en 1811, célibataire, lassa sa part à ses deux frères, Constantin et Sauveur & Chénier, et à son neveu, Latour-Saint-Ygest, qu a devinrent ainsi copropriétaires chacun pour unes En 1819, le 13 août, Louis-Sauveur de Chénier, ajourd'hui représenté par son fils, Gabriel de Char a vendu son tiers à Mlle Boveret, libraire à Paris. E 1822, Constantin-Xavier a cédé son tiers à M. 6laume, aussi libraire à Paris. Enfin, en 1824, M. La tour-Saint-Ygest, ayant pour mandataire son cert M. Gabriel de Chénier, a aussi vendu son tiers a même libraire Guillaume, qui, devenu ainsi propos taire de deux tiers des œuvres posthumes d'Andre de Chénier, a, en 1833, acheté le tiers vendu à Me B veret par Sauveur, en 1819, et s'est ainsi trouvé sez propriétaire de la totalité de ces œuvres.

Louis-Sauveur de Chénier est mort en 1823, Cotantin de Chénier est mort en 1837, et Latour-Sa Ygest, leur neveu, est mort en 1853; M. Gabriel's Chénier, fils de Louis-Sauveur de Chénier et ce d'André, est aujourd'hui le dernier du grand na j Chénier. Constantin de Chénier est mort sans térité; Latour-Saint-Ygest a laissé quatre enfantsfa deux vivent aujourd'hui.

M. Guillaume, le libraire, est mort en 1834; ** succession a mis en vente la propriété des ŒETTE posthumes d'André de Chénier, et le 17 octobre 183. M. Charpentier père, libraire, s'en est rendu ca dicataire; il est aujourd'hui représenté par so l'éditeur populaire de la bibliothèque qui porte

nom.

Cependant, en 1819, parut la première édition œuvres posthumes d'André de Chénier, donnée par M. de Latouche, et à laquelle ne collaborèrent pas ka les membres de la familie, dont plusieurs étaient tenteurs de matériaux qu'ils ont conservés jusqu'à c derniers temps. Cette édition ne fut donc pas ac plète; elle fut suivie de différentes autres de 1881 1870, qui furent publiées par M. Charpentier p d'abord, puis par M. Charpentier fils sous la directi de M. de Latouche, du bibliophile Jacob et de M. Berg de Fouquières et qui, toutes, sauf quelques addition et quelques variantes, furent faites ou à peu près si“ la donnée de l'édition de 1819.

En 1872, M. Charpentier avait publié une derni édition donnant tout ce qu'il connaissait, tout ce qui

r. Cette édition, enrichie de notes, préfaces, comentaires, par M. Becq de Fouquières et par M. Sainteuve, il la vendait au prix de 3 francs et en attendait bons résultats, lorsque, de son côté, M. Lemerre, teur, publia une édition dite complète des œuvres ndré de Chénier, contenant les matériaux édités à et d'autres encore inédits réunis par M. Gabriel Chénier, parmi lesquels trois mille vers tout à fait orés jusqu'ici. Cette édition nouvelle, véritable ne fortune pour les lettrés, se vendait 18 francs; tuait l'édition de M. Charpentier malgré l'élévade son prix.

n procès éclata, on le comprend, entre MM. Lere et Gabriel de Chénier, d'une part, et M. CharLier d'autre part. Celui-ci, redoutant à juste titre, ffet, que son édition perdit tout son intérêt pour Bélicats de la littérature, et qu'elle ne fût pas lue, a assigné ses concurrents, M. Lemerre et Gabriel de Chénier devant le Tribunal civil de la e pour faire déclarer qu'il avait le droit exclusif ublier les œuvres posthumes d'André de Chénier il avait le droit, en conséquence, d'exiger la se des manuscrits des œuvres inédites ou des nents qui se trouvaient actuellement dans les de M. Gabriel de Chénier, neveu d'André de er, et qui étaient sa propriété à lui seul, aux es de l'adjudication du 17 octobre 1838.

est cette affaire qui revient en ce moment nt la Cour.

intérêts de M. Charpentier sont défendus le Oscar de Vallée.

Oscar de Vallée s'est exprimé ainsi : Charpentier a trouvé dans la succession de son 'éditeur bien connu, la propriété des œuvres mes, édites et inédites, d'André Chénier; il y a des titres à la propriété des manuscrits de ce x poëte. Ces droits ont été méconnus et violés . Gabriel de Chénier et Lemerre. M. Charn'est pas parvenu à les faire prévaloir devant unal. Il espère y parvenir devant vous.

è céderai pas à la tentation de parler d'André plus qu'il ne convient ici. Je n'en ferai pas, l'un de mes contradicteurs devant le Tribunal, rait étudié, plein d'images, d'antithèses, d'adbrillant sans doute, mais un peu tourmenté et d'un trait arbitraire. Toutefois, puisque nous putons la propriété de ses œuvres, désormais es par une vive, touchante et presque uniadmiration, il convient de le mettre sous son r, de lui prendre à lui-même, dans quelques

il se marque vraiment et sincèrement, son norale et littéraire. Quelques citations me . Elles vont le faire vivre, parler, sentir des. Vous l'aurez vivant, ouvert à toutes les néreuses, éloquent, brave, emporté contre s lâchetés révolutionnaires, et bien digne de le la main de ceux qui l'ont tué. dil est frappé de la beauté théorique des qui semblent devoir présider à la Révolulans une des deux pièces de vers publiées de t: le Serment du Jeu de Paume, dédié à le peintre David, qu'il appela plus tard le David, il s'écrie :

u peuple surtout sauvez l'abus amer

Contenez dans son lit cette orageuse mer, Par vous seuls dépouillé de ses liens de fer, Dirigez sa bouillante audace

Vers les lois, le devoir, et l'ordre et l'équité, Guidez, hélas! sa jeune liberté ;

Gardez que nul remords n'en attriste la fête!

Le voilà confiant et crédule et généreux. Mais quand on se met à honorer le crime des Suisses révoltés du régiment de Châteauvieux, il est superbe de colère, de courage, d'indignation, de mépris. C'est le libéral converti, qui flétrit les victorieux et semble appeler sur lui la glorieuse mort qui devait l'atteindre :

Salut, divin Triomphe! entre dans nos murailles,
Rends-nous ces guerriers illustrés

Par le sang de Désille et par les funérailles
De tant de Français massacrés.

Quarante meurtriers chéris de Robespierre,
Vont s'élever sur nos autels.
Beaux-arts, qui faites vivre et la toile et la pierre,
Håtez-vous, rendez immortels

Le grand Collot-d'Herbois, ses clients helvétiques,
Ce front que donne à des héros

La vertu, la taverne et le secours des piques...

Je détache de ses œuvres en prose, publiées de son vivant et que l'un de mes contradicteurs signalait comme des modèles pour les journalistes d'aujourd'hui, quelques lignes où éclatait l'âme, la raison, la sagesse du citoyen, lignes exemplaires et toujours vraies :

«M. Bailly est porté par le suffrage public à la première magistrature de la cité; les gens de bien s'en réjouissent, et voient un encouragement au mérite et à la vertu dans l'élévation d'un homme qui doit tout au mérite et à la vertu; mais sitôt que cet homme veut remplir sévèrement les devoirs de sa charge en s'efforçant d'établir le bon ordre et l'union, de calmer et de concilier les intérêts divers, et d'empêcher que les ambitions particulières a'empiètent sur les droits d'autrui et sur la paix publique, le voilà dénoncé lui-même comme un ambitieux, comme un despote, ennemi de la liberté. M. de Lafayette est mis à la tête de l'armée parisienne. De grandes actions exécutées pour une belle cause, à un âge où la plupart des autres hommes se bornent à connaître les grandes actions d'autrui, le rendent cher à tous ceux qui pensent et qui sentent; tout le monde applaudit; mais dès qu'avec beaucoup de courage, d'activité, de sagesse, il parvient à apaiser un peu les agitations de cette grande cité, dès qu'on le voit se porter de côté et d'autre en un instant et ramener la tranquillité, veiller à tout ce qui intéresse la ville au dedans et au dehors, contenir chacun dans ses limites, en un mot, faire son devoir; les voilà tous déchaînés contre M. de Lafayette : c'est un traitre, un homme vendu, un ennemi de la liberté. L'abbé Sièyes, par des écrits énergiques et lumineux, et par son courage dans les États-Généraux, jette les fondements de l'Assemblée nationale et de notre constitution et du gouvernement représentatif et tous se réunissent pour admirer, respecter, honorer l'abbé Sièyes. Ce même abbé Sièyes s'oppose au torrent de l'opinion générale dans une matière où l'expérience a démontré qu'il avait raison; il condamue les rigueurs exercées contre les personnes, lorsqu'il ne devait être question que des choses; il veut mettre un frein à l'intolérable audace des écrivains calomniateurs ; et voilà l'abbé Sièyes devenu un ennemi de l'Etat, un fauteur de despotisme, un dangereux hypocrite, un courtisan déguisé. »

« PreviousContinue »