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à laquelle on fait remonter la culture intellectuelle dans ces contrées, nous pouvons affirmer dès maintenant que c'est cependant dans la Mésopotamie inférieure que nous devons aller surprendre les germes de la civilisation dont les développements se sont répandus pendant plus de vingt siècles avant notre ère dans toute l'Asie occidentale.

N° II.

J. MENANT.

INSCRIPTION TROUVÉE DANS LES FOUILLES DU FORUM.

J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie, au nom de M. Descemet, bibliothécaire de l'École française de Rome, l'inscription suivante, qu'on vient de trouver dans les fouilles

du Forum:

[T] [F] ABIVS TITIANVS [V.C.]

CONSVL
PRAEF VRBI
CVRAVIT

Fabius Titianus a exercé la préfecture de la ville, une première fois en 339 (cf. Orelli, 5587.- Corpus, VI, n. 1653), et une seconde fois en 350-351 (Orelli, l. c. — Corpus, VI, 1166, 1167). L'inscription paraît se rapporter à la première préfecture.

J'ai l'honneur de communiquer, de la part du père Bruzza, l'inscription suivante trouvée dans les mêmes fouilles tout récemment, sur le piédestal d'une statue dont on voit encore les attaches inférieures, mais qu'il reste à découvrir:

DN TRIV M P H A
TORI SEMPERAVG

CONSTANTIO MAX
FL LEONTIVS V C
PRAEF VRBI ITERVM
VICE SACRAIVDICANS

DNMQ EIVS

Domino nostro triumphatori semper Augusto Constantio maximo Flavius Leontius vir clarissimus præfectus urbi iterum, vice sacra judicans, devotus numini majestatique ejus.

Domitius Leontius fut préfet de Rome pour la seconde fois en 356 jusqu'au quatrième jour des kalendes de novembre. Voir dans Orelli, n° 5584, l'inscription de son successeur. cf. Corpus, VI, 1160.

De ces deux clarissimi viri, le premier avait géré le consulat en 337, le second en 344.

A. GEFFROY.

APPENDICE N° I.

SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE

DU VENDREDI 8 DÉCEMBRE 1878.

DISCOURS D'OUVERTURE

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M. LABOULAYE,

PRÉSIDENT DE L'ANNÉE 1878.

Messieurs.

Protéger les lettres, les arts et les sciences, a été longtemps considéré en France comme le privilége du Gouvernement. Au temps de l'ancienne monarchie, l'idée était naturelle; tout partait du roi, tout devait y aboutir. Aujourd'hui, il n'en est plus de même. L'État est toujours le plus puissant des Mécènes, mais il n'est plus seul; il trouve dans la société un concours et un appui. De simples citoyens tiennent à honneur

d'attacher leur nom à des fondations en faveur de la science, et c'est à l'Institut qu'ils remettent l'exécution de leur volonté. Qui ne connaît le nom de M. de Monthyon, du baron Gobert, de M. Bordin? Rien de plus utile, rien de plus patriotique que ces libéralités. Combien de jeunes gens, incertains de leur avenir, à qui le programme d'un prix a révélé leur vocation! Combien de professeurs perdus au fond d'une province, combien de savants luttant dans l'obscurité, qui, grâce à ce généreux patronage, obtiennent l'attention d'un public dédaigneux! N'est-ce pas enfin parmi ces lauréats que l'Institut va chercher un grand nombre de ses membres, soldats la veille, officiers le lendemain?

Le seul défaut de ces fondations qui s'accroissent tous les ans, c'est que la séance publique d'une académie ressemble trop à une distribution de prix. C'est une fête de famille qui n'a guère d'intérêt que pour les amis de la maison. Mais la maison est hospitalière et les amis nombreux. S'il en était un qui, par hasard, eût peu de penchant à l'indulgence, qu'il songe que deux lignes d'éloge décernées au nom de l'Académie sont la récompense de longues années passées dans un labeur assidu; il sentira qu'aujourd'hui la patience n'est que de la justice.

Le sujet proposé pour le prix ordinaire à décerner cette année était de traiter un point point quelconque touchant l'histoire de la civilisation sous le Khalifat. Aucun mémoire n'a été présenté. L'époque florissante du Khalifat de Bagdad est, dans l'histoire de l'Islamisme, quelque chose de si particulier et de si étrange, que les esprits curieux ont été souvent attirés vers ce sujet. Le Khalife de Bagdad, grand ami du luxe et du plaisir, tour à tour sceptique et crédule, aimable et cruel, est une figure à part chez les peuples musulmans. Il n'a rien de la raideur et de la gravité de l'Islamisme. D'où vient cette civilisation qui ressemble à celle des petits princes italiens du xv® et

du xvr siècle, et qui s'éteint brusquement après avoir eu tant d'éclat? Voilà ce que l'Académie voudrait savoir. Les documents abondent, la question est belle et de nature à séduire un orientaliste. C'est pourquoi l'Académie proroge le concours au 31 décembre 1880.

Une autre question prorogée à l'année 1878 avait pour sujet de faire connaître, d'après les auteurs et les monuments, la composition, le mode de recrutement et les attributions du sénat romain sous la république et sous l'empire, jusqu'à la mort de Théodosc.

Trois mémoires ont été présentés; il en est un qui a fixé l'attention de l'Académie. C'est le n° 3, qui a pour devise deux vers de Lucain :

Nec jam regnare pudebit;

Nec color imperii, nec frons erit ulla senatus.

L'auteur a fait preuve d'une solide connaissance du droit romain, et il n'est pas étranger aux études épigraphiques; mais certaines parties de son mémoire sont traitées de façon imparfaite, la période impériale, par exemple. L'Académie n'a pas jugé à propos de décerner le prix à cette étude, qui besoin d'être complétée; mais, pour reconnaître tout ce qu'il y a d'estimable dans ce travail, elle accorde à l'auteur, M. Mispoulet, élève de l'École des Hautes Études, une somme de

1.500 francs comme encouragement.

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Pour le concours de 1880, l'Académie demande une Étude grammaticale et lexicologique sur la latinité de saint Jérôme.

Les Pères de l'Église parlent le langage de leur province et de leur temps; leurs écrits nous ont conservé une phase de la langue latine et permettent de suivre les tranformations qui ont fait sortir du latin les langues néolatines; c'est donc une question qui mérite d'être étudiée.

Le concours annuel pour les antiquités nationales a été rarement aussi riche en bons livres que cette année.

La première médaille a été donnée à M. G. Fagniez pour ses Études sur l'industrie et la classe industrielle à Paris au XIII et au XIVe siècle.

L'auteur s'est proposé de nous faire connaître l'organisation civile, religieuse, économique, des métiers de Paris durant l'époque la plus florissante du moyen âge. Pour être complet, M. Fagniez a fouillé les archives et rassemblé des documents de toute espèce; il ne s'est pas contenté d'étudier la condition des maîtres et des ouvriers, il a voulu connaître le métier même, et, comme Diderot écrivant l'Encyclopédie, il s'est fait en quelque façon ouvrier, pour nous expliquer comment on travaillait à Paris au temps de saint Louis et de Philippe le Bel. C'est un livre aussi curieux qu'instructif et qui restera.

M. Corroyer a obtenu la seconde médaille pour son livre sur l'Abbaye du Mont-Saint-Michel. Jusqu'à présent, on avait des notions assez confuses sur cet ensemble de constructions qui n'appartiennent pas toutes à la même époque. Architecte et antiquaire, M. Corroyer a contrôlé les textes par des recherches habilement faites sur toutes les parties subsistantes de l'ancien monastère, et il est arrivé à des vues neuves et justes sur l'histoire de ce grand monument. Le nom de M. Corroyer sera désormais attaché à l'abbaye du Mont-SaintMichel.

M. Julien Havet, qui porte dignement un nom respecté, a obtenu la troisième médaille pour une étude bien faite sur les Cours royales des îles normandes. On sait que Jersey, Guernesey, Aurigny, débris du duché de Normandie, sont restées à l'Angleterre, et qu'elles ont gardé leur langue et leurs coutumes. Par ce côté, leur histoire appartient à nos antiquités nationales; leurs lois nous expliquent le vieux coutumier de Normandie. Elles n'ont pas moins d'importance pour éclairer

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