19e ANNÉE

29 FÉVRIER 1892.

Abonnements :

France.... 15 francs par an. Etranger.. 20 franes par an.

La fabrique d'Elbeuf a été douloureusement impressionnée par la mort de M. Lucien Dautresme, industriel, ancien député de cette ville, ancien ministre du commerce, membre du Sénat, et l'un de ceux qui défendirent le travail national avec le plus de conviction. L'industrie drapière lui est en grande partie redevable du relèvement des tarifs de douane.

Dans une réunion tenue le 16 courant, à Fourmies, et à laquelle assistaient presque tous les industriels de la région, une association a été formée pour lutter en commun, par des mesures uniformes, contre les prix ruineux de la façon de filature.

Tout le monde sait que, depuis vingt mois, l'industrie du rayon travaille à des prix de 10 à 30 0/0 au-dessous du revient. Plusieurs établissen.ents sont fermés; un nombre énorme d'ouvriers est sans ouvrage. Il importe que cette situation se modifie au plus tôt. Il se peut qu'une réduction de travail, importante, s'impose comme seul remède au mal. Dans ce cas, les industriels ont décidé, en principe, que, tous, ils viendraient en aide à leurs ouvriers, dans la mesure des sacrifices qu'ils pourront s'imposer.

Les peignages de la région de Fourmies sont bien alimentés. L'alimentation des façons de filature est un peu moins difficile, mais les prix restent mauvais. En fils, les affaires sont très rares parce que les détenteurs refusent d'accepter les prix trop bas qu'on leur offre. On a fait très peu de ventes en tissus depuis quelque temps; on est, du reste, entre deux saisons. Les

Publicité.

Réclames... 1 fr. la ligne Annonces ... A forfait.

blousses épurées, même chardonneuses, se vendent très facilement et maintiennent bien leurs prix.

Le peu d'affaires en peigné faites à Reims, la semaine dernière, dénote un nouveau recul, d'environ 2 à 3 pour cent, sur tous les genres, sauf les qualités supérieures, qui du reste sont fort rares. En blousses, il y a une tendance générale à la baisse, surtout pour les genres défectueux. Les peignages ne parviennent pas à s'alimenter, par suite de l'insuffisance des arrivages. Les affaires sont nulles en filatures de laine peignée; quant à la façon, on espère que l'arrêt des broches, qui se pratique de tous côtés, amènera un relèvement des prix. L'alimentation de la filature de laine cardée est toujours bien suivie. En tissus, la situation des cachemires et mérinos ne s'améliore pas; la vente est presque nulle et la tendance reste mauvaise. Les affaires en flanelles sont assez satisfaisantes, et en nouveautés elles sont bonnes.

-

s'annonce pas sous des apparences très favorables. La vogue semble vouloir se porter de plus en plus sur la cheviot et les articles en cardé.

La place de Sedan s'est ressentie aussi des importations faites pendant le mois de janvier, afin de soustraire les draperies étrangères aux nouveaux tarifs douaniers; car il n'a été expédié, de cette viile, que 162.504 kil. de tissus de laine dans le premier mois de cette année, alors que les expéditions de la période correspondante de 1891 avaient atteint 194.887 kil.En janvier dernier, Sedan a expédié 135.328 kil. de laines lavées, et la place a reçu 221 217 kil. de laines diverses.

Le rapport annuel du ministère anglais des affaires étrangères sur le commerce international, dit que, depuis la mise en vigueur du bill Mac-Kinley, les exportations françaises en Amérique ont considérablement diminué.

Les exportations des soies en 1891 ont dimiqué de 500.000 kilogs, celles des laines et des tissus et autres ont diminué de 412.000 kilogs; elles étaient de 1.117.000 kilogs en 1890.

Des rapports anglais constatent que la fabrication des tissus de laine, dans son ensemble, a été très malheureuse dans le Royaume-Uni, pendant l'année dernière. L'industrie de Huddersfield se trouve au nombre des plus éprɔuvées, pour plusieurs causes: faiblesse des demandes pour l'exportation, concurrence entre eux des producteurs de cette place, faillites de maisons de commerce qui semblaient solides, etc. A Leeds on a produit beaucoup, mais avec de très maigres profits.

Quelques acheteurs venus de France, du Canada et certaines maisons anglaises ont fait pendant la semaine des acquisitions assez importantes à Huddersfield. Les Allemands ont également placé quelques ordres importants. Des articles de belle qualité ont été demandés pour les Etats-Unis. En général, les ordres sont nombreux, mais ils portent sur de petites quantités.

A Bradford, il y a eu une petite demande en étoffes pour robes de la part des acheteurs anglais, mais l'exportation n'a que peu d'ordres à placer.

INVENTIONS ET PERFECTIONNEMENTS

Perfectionnements aux machines à carder Par M. Eastwood

Cette invention consiste en des perfectionnements apportés aux rouleaux d'alimentation des machines à carder la iaine, et autres substances fibreuses, à l'aide desquels une alimentation plus parfaitement régulière et uniforme est assurée.

Le passage de parties dures ou feutrées par les rouleaux est empêché, l'échappement des substances passant à travers les rouleaux est

rendu impraticable; enfin un plus parfait dressage ou étirage de la fibre est obtenu.

Pour produire les effets susdits, on dispose les tiges ou aiguilles des rouleaux d'alimentation, qui se joignent el s'engagent les unes dans les autres, de telle façon que les cercles produits par les aiguilles dans leur révolution intersectent le cercle engendré par la révolution des aiguilles du rouleau contigu au premier; c'est-à-dire que les rangées d'aiguilles seront fixées au premier rouleau, de manière à passer dans leur révolution et à opérer entre les rangées d'aiguilles du second rouleau.

Ce système d'intersection peut être continué sur toute l'étendue des rouleaux d'alimentation au besoin.

Conditionnement des échantillons de laine brute

Par M. A. Frayssé

L'inventeur propose un traitement qui puisse donner mathématiquement la teneur exacte de malière laineuse contenue dans les échantillons prélevés dans les balles de laine, et qui, comme on le fait déjà pour les engrais, les nitrates, les phosphates, les betteraves, etc., permette d'évaluer d'une façon sûre le rendement et d'éviter ces surprises que l'on rencontre et qui se traduisent par des pertes considérables au détriment de l'acheteur ou du vendeur.

Pour arriver à ce résultat, M. Frayssé applique à ce travail sa machine à échardonner. Il commence par enlever à la laine tout ce qu'elle contient de matières étrangères, et procède ensuite au lavage, au séchage et au conditionnement du produit obtenu, au moyen d'un appareil composé de deux bacs munis d'un double fond, accouplés entre eux, mais par une paire de cylindres comprimeurs qui tournent à droite et à gauche de façon à faire passer la laine d'un côté à l'autre et vice-versa. A chacun de ces deux bacs est joint un appareil à gaz qui permet de chauffer les bairs de savon et de soude à volonté; de plus, deux soupapes permettent de vider ces bacs pour changer les bains; de sorte que, en passant l'échantillon dans le premier bac et le faisant ensuite passer entre les deux cylindres, il vient tomber dans le deuxième bac et vice-versa jusqu'à ce qu'il soit assez lavé.

L'échantillon est ensuite placé sur une toile métallique qui s'adapte à ces deux bacs et, au moyen d'une douce chaleur, l'appareil se trouve transformé en séchoir. Une fois l'échantillon sec au contact de l'air, l'inventeur en prélève, après l'avoir exactement pesé, deux fois 200 grammes, dont il introduit la moitié (200 grammes) dans le plateau d'une balance tait en toile métallique. Ce plateau entre exactement dans un des bacs auquel est suspendue la balance et là, par une dessication lente, on arrive à savoir exactement les proportions d'humidité contenue dans l'échantillon de laine lavée.