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dans le but de se conformer aux leçons de l'expérience et de tenter de nouvelles recherches; mais alors il ne faut accorder aux systèmes d'autre mérite que celui d'un artifice mnémonique, et rien de plus.

Je ne puis encore laisser sans réponse cette assertion que, « Mieux vaudrait tirer des observations recueillies, des corollaires erronés, que de les laisser sans application pratique. Admettre qu'il vaille mieux introduire une erreur dans la pratique, en médecine surtout, que de s'en tenir au doute, c'est, suivant moi, admettre une assertion réfutée par le simple énoncé; et je ne suis nullement ébranlé, par la raison qu'une observation non appliquée est perdue, ne sert à rien; moi je prétends qu'elle servira. Mais il faut savoir attendre et c'est trop se hasarder que de dire qu'en tirant des inductions pratiques on frappe vivement les esprits et on provoque des recherches nouvelles, destinées à sanctionner la vérité ou à réfuter les erreurs auxquelles ces inductions ont donné lieu : eh mon dieu! la routine et les préventions de système sont là pour que les corollaires erronés restent long-temps suivis comme articles de foi; parce qu'en dépit de tout traitement, quelques malades guérissent, et que la force des argumens que l'on pourrait puiser dans les non-succès, n'est jamais numériquement démontrée. Cependant on ne connaîtra bien l'action des médicamens et la valeur des diverses méthodes thérapeutiques, que lorsqu'une sorte de statistique médicale sera devenue usuelle dans les hôpitaux et parmi les praticiens. Nous sommes venus à une époque où les à-peu-près doivent être sans valeur; la tendance vers les faits positifs est telle, que je pense qu'il sera bientôt généralement admis qu'il n'y a pas une question morale ou physiologique qui ne puisse se réduire en nombres, ou du moins tirer de grandes lumières de semblables données.

Nous voilà bien éloignés de l'analyse du Dictionnaire de Médecine-pratique, sans doute; mais comme un ouvrage de cette nature est peu susceptible d'analyse, il n'y a rien de mieux à faire, au sujet d'une lacune que ce Dictionnaire tend à remplir, que de signaler l'esprit de quelques-uns des collaborateurs et les directions nouvelles vers lesquelles leurs efforts devraient se porter; ils assureraient ainsi un succès durable à une entreprise utile. Indiquons maintenant les principaux articles contenus dans ces deux premiers volumes :

Dans le 1er volume, l'article Abcès est de M. Dupuytren, c'est assez dire que des détails pratiques d'un haut intérêt y sont accumulés, et que des préceptes fondés sur l'observation y sont donnés avec cette variété d'aperçus et cette sûreté de vue, qui sont le résultat de l'expérience.

A l'article Abdomen, M. Cruveilhier anatomiste habile et praticien expérimenté, a présenté des considérations anatomiques relatives à l'étiologie, au diagnostic et au traitement des maladies de l'abdomen.

L'article Absorption, de M. Magendie, contient tout ce qui est vrai et tout ce qu'il importe au médecin de connaître sur l'important phénomène de l'absorption. Clarté et choix dans la manière de dire, précision dans les faits et dans la description des phénomènes. Il nous semble que la physiologie réduite ainsi à ce qui est démontré et observable, est une étude admirable, qui devrait faire bien plus de prosélytes que la physiologie de l'école nouvelle.

Abstinence. Article de M. Londe, qui contient des détails intéressans sur les naufragés de la Méduse.

Acclimatement. Ce mot est de M. Andral; on y trouve des vues judicieuses; mais il eût été à désirer que l'auteur eût fait voir comment l'habitation, dans des régions tempérées, détruit l'effet de l'acclimatement dans un pays chaud, et réciproquement. Nous avons développé quelques considérations à ce sujet dans un article sur l'ouvrage de M. Daniel sur les fièvres automnales de Savannah. (Bulletin, cah. d'août 1829.Tom. XVIII, art. 91.)

Accouchement. Cet article est de M. Dugès, et renferme par conséquent les détails les plus précis sur la physiologie de l'accouchement, sur l'état du fœtus pendant les six premiers jours, sur les cinq genres de positions et les quatorze espèces qu'il admet: la fréquence respective en est indiquée sur un nombre de 21,723 accouchemens. Des détails hygiéniques relatifs à l'enfant et à la mère, terminent cet article, riche en faits d'observation. (La suite au prochain cahier.) D. F. 23. MEDICAL REPORT OF THE HOUSE, etc. Rapport médical de la Maison de Santé et Hôpital des Fièvres, de Dublin, pour l'année 1827; par J. O' REARDON, M. D. (Medico chirurg. Review, n° XXI, cah. 1oг.)

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L'importance de ces rapports est depuis long-temps appré

ciée et fait souhaiter que l'exemple des praticiens irlandais soit suivi.

Le Docteur O'Reardon a traité, dans l'année 1827, 803 fiévreux dans l'hôpital. Il a calculé que les six septièmes des cas de fièvre continue étaient compliqués de différens degrés d'affection viscérale; savoir, avec douleur sub-inflammatoire de la tête, des poumons, de la gorge (fauces), de l'estomac, ou des intestins, ou avec rhumatisme. En quelques cas un seul organe était affecté matériellement; en d'autres, deux ou trois organes étaient simultanément affectés à un degré plus ou moins grand.

L'auteur considère toutes les divisions des fièvres dans nos écrivains classiques, ponr lesquelles on a dépensé tant de gree et de latin, comme de pures variétés d'un seul genre, qui est la condition sub-inflammatoire générale, constituant la fièvre. Ces variétés sont produites, à ce qu'il pense, par le régime, les occupations, la localité, le tempérament, l'habitude du corps, l'état de l'ame, et quelques autres circonstances accidentelles, en même temps par le climat, la saison, le traitement et l'influence épidémique.

La pratique consiste principalement dans le plan anti-phlogistique de traitement, modifié suivant les circonstances. Les symptômes bilieux et hépatiques doivent être réduits par les remèdes appropriés, assez connus; remèdes qui rentrent pour la plus grande partie dans le plan précédent.

Ce traitement, basé sur de justes principes, est étendu et varié dans son application. Il admet une médication moyenne dans les cas médiocres, comme les remèdes les plus actifs et les plus énergiques en quelques cas. F. D-É.

24. TRAITÉ DE LA PÉRITONITE PUERPÉRALE, par M. A. C. BAUDELOCQUE, Agrégé en exercice de la Faculté de Médecine de Paris, etc. Ouvrage couronné par la Société royale de Médecine de Bordeaux. In-8o de xx111 et 479 p. ; prix, 6 fr. 50 c. Paris, 1830; Gabon.

Décrire la péritonite puerpérale, et déterminer par des faits cliniques les cas dans lesquels les diverses méthodes de traitement, préconisées dans cette maladie jusqu'à ce jour, trouvent leur application: telle est la question qui avait été proposéé par la Société de Médecine de Bordeaux, et l'ouvrage imprimé,

que nous annoncons maintenant, est à-peu-près le même que le manuscrit envoyé au concours, à part quelques nouvelles observations propres à appuyer des principes qui avaient été émis, et quelques éclaircissemens en divers endroits que l'auteur a trouvés un peu obscurs.

Admis en 1821, comme élève interne à la Maternité, où les fièvres puerpérales sont toujours nombreuses et quelquefois très-meurtrières, M. Baudelocque commença dès-lors à préter une attention particulière à cette maladie. « A mon arrivée, ditil, l'inflammation du péritoine se montrait sporadiquement dans cette maison. Les succès les plus brillans étaient obtenus par les évacuations sanguines combinées avec les purgatifs. J'avais peine à comprendre tout ce qui avait été écrit sur la gravité de la fièvre puerpérale, et une année d'expérience me confirmait dans l'opinion que cette maladie ne présentait pas plus de danger que la phlegmasie de toute autre membrane séreuse. J'eus bientôt occasion de voir quelle était mon erreur à cet égard. Le Le célèbre Chaussier venait d'être frappé d'apoplexie. M. Déneux, appelé à le suppléer, me permit de l'accompagner dans ses visites à l'hôpital. Quel fut mon étonnement en trouvant la salle des morts encombrée, en voyant les infirmeries occupées par des femmes moribondes! Un grand nombre d'accouchées étaient atteintes de péritonite; elles périssaient alors presque toutes en peu de jours, quelquefois en 18 ou 24 heures. Le traitement que j'avais vu si efficace un an auparavant, échouait complètement; il semblait même rendre plus rapide la marche et la terminaison funeste de la maladie. Les symptômes étaient à-peu-près ceux que j'avais observés précédemment, à l'exception, toutefois, que la constipation se trouvait remplacée par une diarrhée qui précédait quelquefois la phlegmasie du péritoine. Je ne tardai pas à être convaincu que la nature de l'inflammation n'était pas la même, qu'il y avait maintenant autre chose qu'une simple inflammation. Il n'est guère possible d'exercer pendant quelque temps la médecine parmi les femmes nouvellement accouchées, sans reconnaître que l'altération primitive des humeurs est la cause d'un grand nombre de maladies. »

L'opinion émise par M. Baudelocque, il y a quelques années, sur la nature et les causes de la péritonite puerpérale, différait

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tellement des idées médicales alors généralement répandues, que, redoutant de se mettre en opposition avec elles, et craignant d'ailleurs d'avoir mal interprété ce qu'il avait vu, il retardait toujours d'écrire sur cette affection. Enfin parut le programme de la Société royale de Médecine de Bordeaux; il ne voulut point laisser échapper l'occasion de soumettre ses opinions à l'examen de praticiens tout-à-fait désintéressés dans le jugement qu'ils en porteraient, et il se mit à l'ouvrage. La lecture de tout ce qui avait été publié d'important sur ce sujet, lui fit bientôt reconnaître qu'il y avait peu de choses nouvelles à dire sur la péritonite puerpérale, et que si un bon traité pratique de cette maladie manquait encore, il fallait moins en accuser la disette de matériaux que les doctrines médicales régnantes, qui avaient fait rejeter ou avaient laissé dans l'oubli les excellentes remarques, les judicieux préceptes de nos devanciers. Aussi M. Baudelocque cite-t-il souvent textuellement chaque auteur, afin de ne pas être exposé à altérer le sens de ses idées.

L'étiologie de la péritonite puerpérale est la partie de ce traité qui a reçu le plus de développement. Voici les corollaires qui terminent ce chapitre :

1o On ne peut mettre en doute les changemens qui surviennent dans les humeurs de la femme après la conception; ces changemens ne sauraient être regardés, comme dépendans de la présence du lait, ni comme pouvant donner lieu à la périto nite.

2o La pléthore sanguine, si commune chez les femmes grosses, ne mérite pas une grande importance, considérée comme cause d'inflammation du péritoine après l'accouchement.

3o La compression et la distension du péritoine ne doivent pas être regardées comme causes de son inflammation; sa distension peut tout au plus le rendre plus accessible à l'action des causes morbifiques et donner à la maladie plus de gravité. 4o Les grossesses pénibles ne disposent pas plus à la péritoque les grossesses exemptes d'accidens.

nite, 5o Quand, au moment de l'accouchement, la femme est attaquée d'une maladie aigue ou chronique, on voit souvent cette maladie se compliquer de péritonite.

6o L'inflammation du péritoine peut survenir après l'accou

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