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DES SCIENCES MÉDICALES.

ANATOMIE.

1. RECHERCHES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR LES MEMBRANES DU CERVEAU et de la moelle épinière, et sur le liquide cérébro- spinal; par M. le D' MARTIN ST.-ANGE. (Journal hebdomadaire de médecine; 23 janv. 1830.)

Les recherches intéressantes de M. Magendie sur le liquide céphalo-spinal et sur la disposition de l'arachnoïde viennent d'être confirmées par M. Martin St.-Ange, voici les conclusions de son mémoire.

1o L'arachnoïde forme un sac sans ouverture, et ne pénètre point dans les ventricules.

2o Le canal, décrit par Bichat et auquel on a donné le nom de ce grand anatomiste, n'existe pas réellement; il n'est que le résultat d'une déchirure que l'on fait inévitablement en enlevant le cerveau.

3o L'arachnoïde offre des prolongemens pour les vaisseaux et les nerfs qu'elle accompagne. Ces prolongemens sont de véritables culs-de-sac, et s'arrêtent, pour les nerfs rachidiens, sur les ganglions inter-vertébraux.

4o Des injections, faites dans la cavité arachnoïdienne, et de la moelle vers le cerveau, n'ont point pénétré dans les ventricules.

5o La pie-mère pénètre seule dans les ventricules, qu'elle tapisse en partie après avoir formé la toile choroïdienne, et enveloppe les vaisseaux qui constituent les plexus-choroïdes.

6o Elle fournit à la glande pinéale une enveloppe telle que celle-ci peut sortir comme d'un sac, et seulement par-devant dans le troisième ventricule.

7o Il existe sur cette glande un prolongement qui paraît être formé de quelques vaisseaux enveloppés de la pie-mère. Ce C. TOME XX.

prolongement, qui se termine en une espèce de plexus, peut servir, peut-être, à boucher incomplètement l'aqueduc de Sylvius.

8 La pie-mère offre, près du calamus scriptorius, une ouverture oblongue et irrégulière, présentant le plus souvent un réseau vasculaire au-devant d'elle. C'est par cette ouverture qu'elle se réfléchit et pénètre dans le ventricule, et c'est à travers cette espèce de tamis que le liquide filtre, pour ainsi dire, des ventricules dans la cavité sous - arachnoïdienne de la moelle.

9o Des observations exactes, qui seront consignées dans la seconde partie de ce Mémoire, prouvent qu'un état pathologique peut être la cause de l'oblitération de ce canal.

10° Les épanchemens de sang et de sérosité qui ont lieu dans la cavité sous-arachnoïdienne du cerveau, ont pu pénétrer facilement dans les ventricules, et cela deviendrait impossible à admettre, si l'on regardait la cavité des ventricules comme tapissée par une séreuse.

2. ESSAI SUR QUELQUES POINTS D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE MÉDICALE ET CHIRURGICALE DE LA MEMBRANE INTERNE DES ARTÈRES. Thèse inaugurale soutenue à la Faculté de Paris par le D' C. Ed. LETIERCE, de Peronne. In-4°. Paris, août 1829.

Dans un précédent article (Bulletin, Tome XVIII, septembre 1829, no 126) nous avons dit que le D1 Gorgone (1), qui a fait des recherches sur la structure de la membrane interne des artères, la regardait comme étant de la nature des membranes mu queuses; M. le Dr Letierce n'est pas de cet avis. Il assimile la membrane interne des artères aux membranes séreuses : nous ne citerons ici qu'une partie de ses observations. Pour reconnaître l'idendité de nature qui existe entre la membrane vasculaire générale et les membranes séreuses, laissez macérer cette membrane avec d'autres tissus : quand les autres parties sont

(1) Nous regrettons de ne pouvoir joindre à l'analyse de la thèse du Dr Letierce sur la membrane interne des artères, celle d'une autre thèse sur la nature de la tunique moyenne des artères, qui a été récemment publiée en Italie en 1829, par M. Barinetti; mais nous n'en connaissons que le titre: De naturâ tunicæ media arteriarum.

que

détruites depuis long-temps, celle-ci commence à peine à s'altérer, et l'on voit la résistance à la putréfaction être la même celle que présentent les membranes séreuses. La soumet-on à l'ébullition, on retrouve encore la même analogie : elle est la dernière qui se ramollisse et se dissolve. Parmi les expériences de ce genre que l'auteur a faites, nous citerons la suivante. Dans le but de chercher à distinguer les fibres de la membrane moyenne en employant le tannin, plusieurs portions d'artères furent mises en contact avec de l'eau bouillante contenant du quinquina concassé ces portions d'artères se resserrèrent fortement et présentèrent à l'intérieur de leurs cavités des plis uniquement formés par la membrane interne qui semblait froncée par suite de la rétraction de la membrane moyenne. Ces tubes artériels furent alors retournés sur eux-mêmes, de manière à ce que la membrane interne devint extérieure. Dès qu'on les eut de nouveau plongés dans la décoction de quinquina, la membrane interne devint saillante, d'une couleur blanche, tandis que les membranes moyenne et externe ou celluleuse prirent la teinte du liquide dans lequel elles plongeaient. Cette expérience, qui peut faciliter l'isolement de la membrane interne, rend aussi plus sensible son degré de résistance à la dissolution par l'ébullition. Comme les membranes séreuses, le feuillet interne des vaisseaux est charbonné ou durci par le contact des acides, et gonflé, puis ramolli par l'action des alcalis.

Quant aux rapports des vaisseaux avec la membrane interne des artères, voici ce que M. Letierce a observé. Sur les fœtus d'environ sept mois, les vaisseaux propres des artères ( vasa vasorum ) paraissent être dans une connexion plus immédiate avec la tunique interne ; ils forment ça et là derrière elle quelques arborisations assez prononcées, mais dans des points isolés et qui partent excentriquement à la manière des vaisseaux du placenta. L'auteur a plusieurs fois observé cette forme d'injection sur la crosse de l'aorte, chez des fœtus à terme morts par asphyxie, ou qui avaient langui quelque temps. Pour mieux distinguer cette injection vasculaire, on fait macérer ces artères pendant quelque temps, après avoir poussé du sérum ou de l'huile de lin colorée dans une des branches qui partent ordinairement des premières intercostales pour se rendre dans les tuniques de

l'aorte. En pressant ensuite légèrement le vaisseau injecté avec le doigt, on fait passer successivement le liquide coloré dans les ramifications les plus ténues. Quand l'injection a réussi, en enlevant avec précaution les couches antérieures du vaisseau, on voit les ramuscules devenant de plus en plus rares, et finissant par s'arrêter sur la face externe du feuillet fibro-celluleux de la tunique interne, où ils se rendent isolément en affectant la forme placentaire. M. Letierce n'a jamais pu réussir à faire passer l'injection à travers la membrane interne de l'artère : quelquefois la matière de l'injection vient soulever légèrement cette membrane en s'épanchant au-dessous de sa face externe. Ce fait ne concourrait-il pas à expliquer la formation des ecchimoses qu'on a observées dans les parois des artères ? M. Letierce examine ensuite comparativement les altérations de texture de la membrane interne des artères et des membranes séreuses, et trouve dans ce rapprochement de nouvelles preuves de l'identité d'organisation de ces membranes avec celle des artères.

3. DESCRIPTION ANATOMIQUE DU PIed d'une Chinoise; par M. BRANSBEY COOPER (communiquée à la Société royale de Londres par M. Roger). ( Philosophical Transactions, 2o partie, 1829.

Ce pied appartenait à une femme dont le corps fut trouvé flottant dans la rivière de Canton. Il avait à l'extérieur tous les caractères de difformité qui résultent de l'emploi des bandelettes qu'on applique communément en Chine pour arrêter le développement de cette partie. L'art avait réussi à imiter parfaitement un vice de conformation congénial, et l'on eût pris partout ailleurs ce pied pour ce qu'on nomme un pied-bot, ou pour le résultat d'une dislocation mal guérie. Sa plus grande longueur était de 4 pouces (3 pouces 8 lignes de France). Le talon, au lieu de faire saillie en arrière, était en ligne droite avec les os de la jambe; le gros orteil était rebroussé et regardait directement en-haut; les autres étaient courbés en-dessous, appliqués contre la plante du pied, et contournés de telle sorte, que leur articulation avec les os du métatarse, au lieu de former la partie antérieure du pied, faisait plus de la moitié de son bord externe. Nous ne suivrons point l'anatomiste dans le détail des changemens qu'avaient subis tous les os en particulier, il

suffira de dire que, d'après la disposition que présentait tout leur ensemble, la marche devait être tellement pénible qu'il était indispensable que cette femme, pour conserver l'équilibre dans les mouvemens de locomotion, eût le corps habituellement penché en avant.

Une planche supérieurement gravée se trouve jointe au mémoire de M. Bransbey Cooper, et donne une idée bien plus nette de l'espèce de difformité artificielle que les Chinoises regardent comme une beauté.

4. A SYSTEM OF HUMAN ANATOMY, etc. Système d'anatomie humaine, traduit du français de M. H. CLOQUET, par Rob. KNOX, M. D. etc. Avec des notes et une nomenclature cor. rigée. In-8o, 840 pag. Édimbourg, 1828.

L'auteur a inséré dans son ouvrage des remarques curieuses sur l'état de l'anatomie dans notre pays, comparé avec celui où elle est en Angleterre. Les défauts du commun des anatomistes français y sont relevés d'une manière également vraie et judicieuse.

5. MÉMOIRE SUR L'ORGANE DE L'OUIE DES POISSONS; par le D' BRESCHET. (Lu à l'Académie roy. des sciences dans la séance du 2 novembre 1829.)

Si l'étude de la structure de l'organe de l'ouie dans les poissons présente de nombreuses difficultés, elle donne en récompense des résultats aussi nombreux que variés. Dans aucune autre partie de la chaîne animale on ne trouve plus de différences dans la disposition des divers élémens qui composent l'appareil de l'audition. Ainsi, soit qu'on examine les osselets du tympan représentés, suivant quelques anatomistes, par les pièces operculaires; soit qu'on considère les vestiges du tympan lui-même, que nous avons retrouvés dans les clapes et les sturioniens; soit enfin que l'on étudie les connexions de la vessie natatoire avec les cavités labyrinthiques, constamment on découvre et variété dans les dispositions, et importance dans les résultats, qui soutiennent et animent puissamment le zèle des investigateurs.

Le Mémoire que M. Breschet a présenté à l'Académie n'est qu'un fragment d'un travail dont il s'occupe depuis long-temps; mais il a cru convenable, dans les circonstances présentes, de

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