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du nerf nasal; puisque la pupille, dans le cas dont nous parlons, était fortement dilatée pendant tout le temps de la maladie, et il n'y a aucun doute que c'est surtout le nerf nasal qui était influencé dans ce cas par les anastomoses du nerf maxillaire supérieur.

3o Que la même cause a suffi à la production d'une suppuration dans l'antre d'Hyghmor, occupant exclusivement la membrane qui le tapisse, sans attaquer néanmoins la substance de l'os, comme le prouvait l'absence complète de gonflement de cet os et d'aucune autre altération possible.

4° Que le pus, accumulé dans la fosse de l'os maxillaire supérieur, s'est ouvert une voie de sortie aussi peu commune par la paupière inférieure.

5° Enfin que, quoique l'amaurose fut complète et dura un an et demi à-peu-près, elle disparut cependant si subitement, que la vue fut rétablie neuf jours après l'extraction de la dent.

14. NOTE SUR LES MOUVEMENS DE LA LANGUE ET QUELQUES MOUVEMENS DU PHARYNX; par M. le D' GERDY.

I

Les mouvemens de la langue résultent probablement tous de l'action de plusieurs muscles et sont par conséquent composés.De ces mouvemens: 1° les uns sont propres aux parties de la langue qui se meuvent les unes sur les autres; 2° d'autres sont communs à la langue et aux organes voisins. Ces derniers sont des déplacemens de sa totalité. 3o enfin il y en a d'autres plus compliqués encore que les précédens. Ils résultent de l'ensemble ou de la succession des mouvemens partiels et des mouvemens de la totalité de la langue. Ce sont des mouvemens fonctionnels qui s'observent 1° dans la mastication, 2° dans la préhension des boissons, 3° dans la déglutition, 4° dans l'expuition des crachats, 5° dans la prononciation et 6° dans la respiration.

Art. 1er. Mouvemens propres à la langue.—La langue se rétrécit et s'allonge à la fois par l'action combinée des linguaux transverses et verticaux. Elle s'élargit par l'action probablement unique des linguaux verticaux et par le relâchement de ses autres muscles. Elle s'élargit et se raccourcit par l'action de ses muscles verticaux et longitudinaux.Elle peut se raccourcir par l'action des seuls muscles longitudinaux; dans ce cas, elle semble se gonfler

suivant son épaisseur. Elle peut se raccourcir et se rétrécir à la fois par l'action combinée des muscles linguaux longitudinaux transverses, verticaux et obliques.

Elle se recourbe en gouttière par l'action simultanée du génioglosse, du transverse; et peut-être le secours de ses muscles élévateurs et de ceux des joues est-il nécessaire à ce mouvement; car la langue ne peut se courber ainsi sans s'élever un peu, se détacher du plancher de la bouche, et sans que les joues et l'ouverture de la bouche ne se resserrent elles-mêmes.

Elle se fléchit, en haut, par l'action des fibres moyennes ou supérieures du lingual longitudinal superficiel, et de quelquesunes des fibres antérieures de l'hyo-glosse; en bas, par l'action compliquée des portions linguales du stylo-glosse, des fibres latérales du lingual superficiel, du profond et de quelques-unes des fibres antérieures de l'hyo-glosse.

Elle peut se fléchir sur les côtés par l'action combinée des parties latérales du lingual superficiel, du profond, des fibres antérieures de l'hyo-glosse et de la portion linguale du styloglosse.

Elle se fléchit dans tous les sens intermédiaires par l'action combinée des muscles qui opèrent cet effet dans chacun de ces sens en particulier.

Ils sont opéd'autres mus

Art. 2o. Mouvement de totalité de la langue. rés par ses muscles extrinsèques et en partie par cles qui lui sont étrangers. Ils ont lieu en différens sens.

La langue est portée en haut directement par l'action combinée de trois séries de muscles qui agissent immédiatement, les uns sur la langue, les autres sur l'hyoïde, les autres sur le larynx. En agissant sur le larynx ou sur l'hyoïde, ces muscles concourent à l'élévation de la langue presqu'aussi sûrement que s'ils agissaient sur la langue; aussi ces trois organes, et je puis ajouter le pharynx, ne s'élèvent jamais l'un sans l'autre. Cette simultanéité de mouvement obéit en cela à cette espèce de loi de la mécanique animale, que tous les muscles capables de concourir à un mouvementy concourent. Ces élévateurs de la langue sont : 1o Les muscles glosso-staphylins, stylo-glosses, stylo-hyoïdiens, stylo-pharyngiens, constricteurs du pharynx.

2o Les mylo et génio-hyoïdiens ainsi que les fibres inférieures des génio-glosses.

3o Les muscles digastriques ou mastoïdo-géniens.

re

Elle est portée en haut et en arrière par une contraction plus énergique des muscles de la 11e série, et par le ventre postérieur du mastoïdo-génien; en haut et en avant par une contraction plus forte des muscles de la 2o série, et par le ventre antérieur du mastoïdo - génien : alors la langue s'avance sur les lèvres et sort d'autant plus de la bouche que l'effort est plus grand.

Elle est portée en haut et de côté, à droite, par exemple, par tous ses muscles du côté droit : alors tandis que l'hyoïde et la base de la langue sout tirés à droite la pointe de cet organe est dévié à gauche, et, si l'on tire la langue de la bouche, elle doit sortir dirigée du côté gauche. C'est ainsi que dans certaines hémiplégies, la langue sort déviée du côté paralysé; et l'on conçoit qu'il n'en peut être autrement : 1o parce que la base de la langue est portée du côté actif et la pointe du côté paralysé; 2° parce que les insertions des génio-glosses, génio - hyoïdiens, et des mastoïdo-géniens à l'hyoïde sont toutes plus écartées en dehors de la ligne médiane que celle de leur attache antérieure ou maxillaire; ensorte que leur contraction doit tendre à rapprocher leur attache hyoïdienne de la ligne médiane et à porter d'autant la pointe de la langue du côté opposé. M. Lallemand de Montpellier n'a pas compris ce mécanisme et s'est trompé dans tout ce qu'il en a dit dans ses lettres sur l'encéphale.

Il ne faut pas confondre cette déviation de toute la masse de la langue avec la flexion latérale de sa pointe. Nous avons vu que ce phénomène dépend des muscles longitudinaux du côté fléchi.

La langue est portée en bas, et par les hyo-glosses, et par les fibres antérieures du génio-glosse, et par les muscles scapulo, sterno et thyro-hyoïdiens; en bas et en arrière, par les hyoglosses et les scapulo-hyoïdiens, et par l'action plus énergique de ces hyo-glosses et scapulo-hyoïdiens, combinée avec celle de tous les abaisseurs; en bas et en avant, par les génio-glosses, c'est-à-dire par leurs fibres antérieures et supérieures. Ces mouvemens sont très-bornés parce que la langue repose sur les génio et mylo-hyoïdiens et sur le mastoïdo-génien.

Enfin la langue peut être simultanément abaissée par sa

pointe et relevée à sa base, par la contraction combinée des fibres antérieures des génio-glosses et de tous ses muscles releveurs; abaissée par sa base et relevée en même temps à sa pointe, par l'action combinée de tous les abaisseurs, d'une part, et de la portion moyenne du lingual superficiel, d'autre part; abaissée d'un côté et relevée du côté opposé, par la contraction des muscles releveurs d'un côté et des abaisseurs du côté opposé. A peine est-il nécessaire de dire que tous ces déplacemens de la totalité de la langue peuvent coïncider avec ses mouvemens particuliers déterminés par l'action des fibres que nous avons dit les produire.

Maintenant que j'ai exposé le mécanisme de chacun des mouvemens de la langue, il me suffira d'indiquer ces mouvemens dans les actions motrices très-compliquées auxquelles la langue prend une part si active.

Art. 3o Mouvemens fonctionnels de la langue.

Sier Mouvemens de la langue dans la préhension des alimens et la mastication. - Dans ce phénomène très-complexe, la langue s'avance quelquefois sur les lèvres, s'élargit, se courbe en gouttière et le plus souvent reste plane ou légèrement convexe dans l'arc de la mâchoire inférieure, reçoit les alimens, se retire en arrière et en bas, lorsqu'elle s'est avancée sur les lèvres, se porte de côté, se renverse, se gonfle suivant son épaisseur et force la masse alimentaire à passer entre les dents. Elle l'y maintient en se soulevant instantanément, à plusieurs reprises; et en s'élargissant en même temps en haut, elle efface la cavité de la bouche qu'elle remplit, tandis que les dents brisent et écrasent les alimens, tandis que les muscles buccinateurs, contractés, s'opposent à ce que la nourriture ne tombe entre les dents et les joues, et les muscles des lèvres à ce qu'elle ne s'échappe au-dehors. De temps en temps, la langue rassemble les alimens sur sa surface pour les repousser encore entre les mâchoires, ou les forcer à passer dans la gorge. Elle remplit cette fonction par des mouvemens assez variés : dans certains cas, elle se porte d'un côté, et quelquefois alternativement des deux côtés de la bouche, tandis que les mâchoires s'écartent, que les joues se contractent et repoussent, par la saillie qu'elles font entre les dents, les alimens qui étaient entre ces organes, ainsi que je l'expliquerai plus bas, quoique ce soit étranger à

mon sujet. Cependant la langue se creuse en cuillère, se soulève soudain avec beaucoup de précision, par le bord correspondant aux alimens, et les renverse sur sa surface. Dans d'autres cas, elle ne les rassemble sur elle qu'en les allant chercher sous elle ou entre les joues. Elle arrive à ce résultat par plusieurs manœuvres : elle se fléchit de côté ou en dessous, se renverse toujours de manière à présenter la surface supérieure de sa pointe aux alimens, et puis se gonfle et repousse, comme en rampant, la substance alimentaire fuyant devant elle. Celle-ci, arrêtée par les joues, les lèvres ou les dents, glisse sur la surface de la langue. D'autres fois, c'est en se glissant elle-même sous et contre les dents supérieures, qu'elle pousse plus loin sur sa surface la masse alimentaire arrêtée contre le bord de ces organes. Alors, ou elle la renverse encore entre les dents pour la mâcher de nouveau, ou elle la chasse dans la gorge par la déglutition.

Lorsque la langue n'a à saisir que des parcelles d'alimens, il lui suffit de les toucher avec sa pointe, celles-ci y adhèrent, la langue rentre dans la bouche, se glisse ensuite d'arrière en avant, entre les dents incisives s'il est nécessaire, pour faire avancer davantage ces alimens sur sa surface.

Que ce soit entre les joues, entre les dents, ou sur le bord des lèvres, c'est toujours par l'un des mécanismes divers que je viens d'analyser, que la langue saisit les alimens pour les avaler ou les soumettre à la mastication. Tous ces mouvemens se font avec une rapidité et une précision qui étonnent. C'est en les étudiant sur soi, par les sensations qu'ils occasionent, et en les observant à la réflexion du miroir, qu'on en prend une connaissance exacte. On est alors frappé de l'analogie que la mobilité de la langue présente avec la mobilité de la trompe de l'éléphant, et celle de la première est bien plus admirable et plus merveilleuse encore.

Quoique la nature trouve dans la langue un instrument aussi parfait qu'elle peut le désirer, pour ressaisir les alimens qui échappent de temps en temps à l'action des dents et tombent entre ces organes et les joues, elle en a pourtant d'autres encore pour reporter sous les dents les parcelles de nourriture qu'elles ont à couper et à broyer: ce sont les joues. Les joues, en effet, par la contraction des buccinateurs, pressent de bas

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