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ment, qu'inférieurement. Ce monstre, du sexe féminin, avait un cordon ombilical simple, et pesait neuf livres au moment de sa

naisssance.

12. MONSTRORUM TRIUM PRÆTER NATURAM CUM SECUNDINIS COALITORUM DISQUISITIO. Auct. CAROL. ED. RUDOLPHI, Gryphiswaldens. Def. die 18 Maj. 1829. In-4°, de 18 pages, avec 3 planches. Berlin.

Ces trois monstres, qui sont conservés au Musée de Berlin, étaient hémicéphales, et les méninges étaient adhérentes, par continuité de tissu, avec les placentas.

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13. OBSERVATION D'UNE AMAUROSE produite par la présence d'une esquille de bois introduite accidentellement dans la cavité d'une dent cariée; communiquée par M. GALENZOWSKI, Prof. adj. à l'Université de Wilna.

F. P...., de la Russie-Blanche, âgé d'environ 30 ans, doué d'une bonne constitution et exempt de maladies, à l'exception de quelques douleurs passagères aux membres et à la tête, se trouvant l'automne de 1825, à une soirée chez un de ses voisins, ressentit subitement une douleur très-forte dans la région temporale gauche, douleur qui s'étendait jusqu'à l'œil et à la joue de ce même côté, et qu'il attribuait à un refroidissement contracté en sortant fort échauffé, et en s'exposant ainsi à l'air froid. Cette douleur, assez aiguë, dura quelques jours; elle diminua ensuite d'intensité, et finit par revenir de temps à autre sans causer cependant assez de souffrances au malade pour le forcer de consulter quelqu'un; mais six à sept semaines plus tard, les douleurs augmentèrent subitement avec une telle violence, en occupant principalement l'œil du même côté, qu'il lui semblait que cet organe était sur le point de sortir de son orbite, et précisément à cette époque il s'aperçut, en appliquant quelque chose près de l'œil, qu'il ne voyait plus de ce côté. Effrayé d'une semblable découverte, il se rendit aussitôt chez un médecin voisin; tout ce que celui-ci entreprit durant deux mois entiers, tant pour adoucir la douleur que pour rétablir la vue, n'eut aucun succès; l'abolition complète de la vision persista; quant aux douleurs, de continuelles qu'elles étaient, elles devinrent presque périodiques, se faisant seulement ressentir la

nuit et laissant le malade tranquille pendant quelques heures de la journée; les conseils de plusieurs autres médecins qu'il consulta plus tard ne changèrent en rien son état. Ayant ainsi perdu l'espérance de recouvrer la vue et la santé, il retourna à la campagne, et s'abandonnant à la nature, il résolut d'attendre patiemment ce que le temps amènerait. Huit mois après l'invasion, durant lesquels il éprouva des douleurs plus ou moins fortes, la joue se tuméfia, et revint bientôt à son état normal dès qu'il s'opéra, pendant la nuit, un écoulement de matière sanguinolente (environ quelques cuillerées, d'après le rapport du malade) par la paupière inférieure de l'œil gauche, qui fut suivie de la diminution des douleurs, à un tel point, qu'il en ressentait à peine dans la région temporale, quoique la cécité restat complète. Trois semaines plus tard, le même phénomène de l'écoulement eut lieu et se réitéra ensuite, au dire du malade, toutes les deux ou trois semaines durant l'espace de six mois,pendant lesquels son état fut supportable. Mais à l'automne et dans l'hiver de l'année 1826, malgré l'apparition fréquente de l'écoulement par sa voie ordinaire, les douleurs et surtout celles de l'œil devinrent si cruelles, que le malade ne balança pas à venir à Wilna au commencement de l'année 1827, dans le but de se faire enlever l'œil, s'il était reconnu impossible de le débarrasser de ses souffrances par un autre moyen. Ayant été appelé chez le malade, je trouvai l'œil gauche entièrement insensible à l'influence de la lumière, de manière qu'en fermant l'œil sain il ne pouvait nullement la distinguer; la pupille était dilatée; du reste, je ne pus découvrir aucune altération dans le globe de l'œil ni dans les paupières; la figure n'était pas enflée et n'offrait aucune trace de tuméfaction; lors de son arrivée, il ne souffrait pas de ces fortes douleurs auxquelles il était en proie ordinairement; mais il disait éprouver de temps en temps de violens picotemens dans la tempe gauche, les parties environnantes de l'œil et dans la région sus-orbitaire du même côté ; il me montra aussi un oreiller portant l'empreinte de taches d'un rouge pâle, qui étaient les traces de l'écoulement du pus par la paupière inférieure, qui s'était opéré en route.

Après avoir écouté avec patience tout le récit du malade, je fixai mon attention particulièrement sur l'écoulement du pus par la paupière inférieure, et je ne pus m'en rendre raison

qu'en admettant son origine dans le sinus maxillaire (antre d'Hyghmor), dans lequel le pus s'étant accumulé en grande quantité s'était ouvert une issue contre l'ordre naturel par la partie supérieure de ce même os, à l'endroit où se trouve le canal sous-orbitaire; car, comme on sait, l'os est très-mince et trèsdélicat dans cette partie, et peut être perforé avec plus de fa→ cilité par le pus, ainsi que la conjonctive de la paupière inférieure, si par hasard l'orifice naturel du sinus maxillaire était obstrué. Outre cela, je pensai que l'irritation des branches du nerf trijumeau, produite par le contact du pus ainsi que par l'aspérité de la partie perforée et cariée (peut-être) de l'os, pouvait avoir exercé une telle influence sur les nerfs de la vision, qu'elle en avait complètement éteint l'action; et comme, d'une autre part, je savais et m'étais convaincu par ma propre expérience, que la suppuration dans le sinus maxillaire est souvent le résultat de la carie des dents, quoique le malade attribuât son mal à un refroidissement, je m'informai cependant s'il n'avait pas de dent gâtée et si la maladie n'avait pas commencé par des douleurs de dents. Mes soupçons prirent en effet une apparence de réalité, lorsque le malade m'avoua qu'il en avait bien une qui se cariait depuis long-temps, quoiqu'il ajoutât en même temps qu'elle ne lui avait causé presque aucune souffrance durant sa maladie, et qu'il n'avait jamais senti que la douleur qu'il y éprouvait quelquefois coincidât avec celles qui le tourmentaient dans les tempes et dans l'œil. Malgré cela, ayant trouvé que la première dent molaire gauche était en grande partie gâtée et différait des autres par sa couleur, je résolus de l'enlever pour me convaincre si la carie avait quelques liaisons avec la maladie présente, ou bien afin que s'il se fût trouvé du pus dans le sinus maxillaire, de lui donner une nouvelle issue par l'alvéole, et détourner ainsi la direction ordinaire de l'écoulement par la paupière inférieure. Mais quel fut mon étonnement ainsi que celui du malade lorsqu'après avoir ôté la dent j'aperçus, contre toute attente un petit corps irrégulier, d'un blanc jaunâtre, faisant saillie au bout de sa racine, et qui, extrait à l'aide d'une pince délicate, n'était rien autre chose qu'une mince esquille de bois, dont la grosseur égalait celle d'une forte épingle, et dont la longueur correspondait à trois lignes à-peu-près, traversant perpendiculairement le centre de la dent.

C'est alors que je compris toute la chose, et j'en tirai la conclusion que le malade ayant une dent gâtée et s'étant servi d'un curedent de bois (ce qu'il ne se rappellait nullement), une petite esquille s'en était détachée, et s'étant implantée dans le creux de la dent, avait pénétré par son canal jusqu'à l'ouverture de la racine, irritait continuellement le nerf dentaire, par l'intermédiaire duquel l'irritation s'était propagée aux ramifications de la branche moyenne et supérieure du nerf trijumeau, et déterminant des douleurs qui se manifestaient dans les endroits où se distribuent leurs rameaux, avait produit à la fois l'amaurose et l'inflammation de la membrane interne qui tapisse la fosse de l'os maxillaire supérieur, qui fut suivie ensuite de la suppuration. Cependant l'absence des douleurs dans la dent, qui auraient dû avoir lieu simultanément avec celles des tempes et de l'œil, présentait quelques difficultés au diagnostic. Le stylet introduit dans l'alvéole pénétra jusque dans le sinus maxillaire, et lorsque je l'eus retiré, il s'en écoula quelques gouttes de liquide séro-purulent, qui confirmait la présence de la suppuration dans ce même sinus, ce que j'avais d'adord soupçonné. Durant cet examen, ainsi qu'après l'extraction de la dent, le malade ressentit quelques picotemens au-dessus de l'œil et dans la tempe du même côté, qui disparurent bientôt.

Ayant donc constaté l'état de la dent, il résultait de la nature des choses, qu'il fallait attendre un certain temps et observer avec attention tous les changemens qui pouvaient s'opérer dans la maladie. C'est le motif pour lequel je n'entrepris rien dans le moment, en conseillant toutefois au malade de se rincer la bouche avec du lait coupé d'eau tiède, pour faciliter de cette manière la sortie du pus par l'alvéole, s'il s'en trouvait encore dans la mâchoire supérieure. Cependant il ne s'en écoula que très-peu; les douleurs cessèrent presque totalement; et, chose remarquable, c'est qu'en visitant le malade le lendemain, il m'annonça qu'il s'était aperçu, en lisant la veille au soir, que son œil malade était devenu sensible à l'action de la lumière, ce qui ne lui était pas arrivé avant l'extraction de la dent, et que même la lumière du jour produisait un effet semblable. Ce phénomène m'ayant donné une étincelle d'espérance pour le rétablissement de la vue, j'ordonnai au malade de se couvrir l'œil d'un léger bandeau et de le protéger ainsi contre l'action

instantanée de la lumière. Le lendemain, je fus plus satisfait de l'état du malade, et j'eus beaucoup plus d'espoir, fondé sur ce que l'extraction de la dent ayant éloigné la cause découverte par hasard de la maladie, en mettant fin aux souffrances du malade, suffirait pour amener le rétablissement de la vue,lorsqu'il me dit qu'il pouvait déjà distinguer par sa fenêtre, mais seulement comme à travers un nuage épais, des objets de plus grandes dimensions, par exemple des charrettes de foin, de bois, et autres choses semblables. Et en effet, cet espoir se réalisa et surpassa de beaucoup mon attente et celle du malade, puisque la vue s'améliora de jour en jour, en sorte que le 9° jour depuis l'extraction de la dent, il voyait aussi bien de l'œil gauche que de l'œil droit, après une cécité de 13 mois; et que le 11o de la même époque, il quitta Wilna, impatient de partager avec sa famille la joie et les transports auxquels il se livrait.

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On peut déduire de cette observation intéressante les considérations suivantes :

1o Le malade n'a pu nous indiquer le moment de l'introduction de l'esquille de bois dans la cavité de la dent cariée, quoiqu'il semble que dans cet instant il eût dû éprouver une douleur bien vive, produite par le contact de l'esquille avec la substance nerveuse.

2° Que la présence de cette esquille dans la dent, n'y causant presque aucune souffrance, a déterminé cependant des douleurs si atroces dans les rameaux plus éloignés des nerfs maxillaires supérieur et ophthalmique, et a exercé une influence si violente et si fâcheuse sur l'organe de la vue, qu'elle fut la cause immédiate de l'amaurose. Ce qui vient à l'appui de ces belles expériences de M. Magendie, qui lui prouvèrent, contre l'opinion des physiologistes qui l'ont précédé, que la rétine n'était pas le principal organe de la vision, et que si le nerf de la 5o paire n'en est pas le seul moteur, il est évident qu'il y exerce du moins une influence incontestable. De plus, cette observation paraît aussi confirmer la supposition de ce grand physiologiste touchant la source du mouvement de la dilatation et de la contraction de l'iris, dont le premier, à ce qu'il dit (T. Ior, page 77), doit être présidé par les nerfs ciliaires qui viennent du ganglion ophthalmique, et le dernier, par ceux qui naissent

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