tuelle ou corporelle. Quoiqu'ils aient leurs desseins à part, leurs sentimens et leurs volontés, aussi distincts que s'ils vivaient sous des pôles différens ; quoique leur système nerveux leur sang et les organes de leur corps, ainsi que toutes leurs fonctions aient l'air d'être indépendans, comme si l'attache qui les unit était un gond de métal, il s'ensuivrait nécessairement que, avec le même degré de ressemblance qui se trouve chez d'autres jumeaux, étant attachés l'un à l'autre depuis 18 ans, étant obligés de faire le même exercice, d'aller se coucher en même temps, de se nourrir des mêmes mêts, de respirer le même air, leur extérieur doit contracter la ressemblance qu'on leur donne. Aucun des faits établis d'une manière authentique ne montre qu'il y ait d'autre échange de sensation ou de sentiment que celui que leur constante proximité occasionerait. Leurs gardiens, qui nous assurent qu'ils s'endorment et veillent en même-temps, n'ont pas la pré tention de nous dire qu'ils font les mêmes rêves. Admettons que 'celui qu'on appelle Cheng soit porté à aimer la tortue de mer, et que par cette passion il soit dans le cas d'attraper la goutte, son frère Eng, s'il continuait à ne manger que du riz, pourrait préserver ses orteils contre les attaques de ce mal; et si d'un autre côté, Eng renonçant à vivre frugalement, surchargeait son estomac de viandes de porc, et en éprouvait un cauchemar, il est très-probable que Cheng, s'il se couchait sans souper, jouirait d'un sommeil paisible. Il est reconnu par M. Hunter, qui a connu pendant six ans les deux Siamois, que l'attache est devenue plus cartilagineuse, et qu'il s'y est fait beaucoup de changemens dans les quatre années dernières. Si cette induration continue, il n'y aurait plus aucun danger à séparer les deux individus; mais on ne pourrait non plus tenter de détruire leur union, tant que cette union sera profitable à leur existence. (Asiatic Journal; décembre 1829, p. 756 ). Sir Ant. Carlisle a adressé la lettre suivante à l'Éditeur du Times. Comme elle contient quelques détails qui ne se trouvent pas dans la notice de M. Warren, et dans celle que nous venons d'extraire de l'Asiatic Journal (décembre 1829), nous en donnons ici la traduction. M.... ayant été, ainsi que plusieurs de mes confrères, invité à l'intéressante exhibition dans l'Egyptian- Hall, le public accueillera peut-être le récit suivant. Les deux frères portaient les vêtemens de leur pays, et aucune partie de leurs corps n'était à découvert, si ce n'est le cordon vivant qui les unit, et qui est placé immédiatement audessous des os de la poitrine. Ce cordou est recouvert d'une peau naturelle et saine, et, au toucher, elle semble renfermer un prolongement de chacun des cartilages qui terminent les os de la poitrine. On peut facilement passer quatre doigts derrière ce lien lorsque les jumeaux se tiennent épaule contre épaule; si l'on serre le cordon avec le pouce et les doigts, on en peut faire le tour. Les traces d'un ombilic commun sont apparentes à la partie inférieure et moyenne de ce lien commun. Si l'un des deux Siamois veut tousser, il devient évident pour la personne qui tient la main sur l'attache, qu'une sorte de hernie faisait violence dans l'attache, près de l'individu qui toussait, et qu'un espace à moité fermé de plus d'un pouce restait entre ces sacs herniaires. Ces faits sont importans, parce que dans le cas de la mort de l'un des Siamois, la vie de celui qui survivrait pourrait être sauvée par une séparation rapide et adroite du mort. Le pouls du Siamois qui tient la droite, battait 87 fois par minute; celui de l'autre 82. Mais comme ils n'avaient pas encore vu de montre à secondes, et qu'ils éprouvaient beaucoup d'agitation en examinant ses mouvemens, il est probable que cette émotion morale a eu quelque influence sur la fréquence de leurs pulsations. Ils ont genéralement beaucoup de ressem blance; leurs dents sont de la même forme. Ils sont gais, ont également l'apparence d'une bonne santé, et nullement habitués à se gêner. Il n'y a rien de repoussant dans l'exhibition de ces êtres curieux. On ne doit pas les regarder comme des monstres, puisque leur frêle union n'est qu'une des nombreuses circonstances qui arrivent dans toute la classe des êtres. Certes, si la nature n'avait pas soigneusement prévu à la fréquence de ces irrégularités dans la race humaine, les cas de jumeaux unis donneraient lieu à beaucoup de contestations légales. 10. UNION de deux Jumeaux InDIENS par une bande comme les deux Siamois. Cette union, qui ressemble à celle des jumeaux Siamois qu'on fait voir maintenant à Londres, était regardé comme un phénomène sans exemple, même dans l'Orient, où ces réunions contrenature sont peut-être plus fréquentes que dans aucune autre partie du monde. Celui qui en a été témoin, était, en 1807, député de la province de Coimbetore; il examina lui-même à Blavany, les deux enfans, et voici la description qu'il nous en envoie. Ces deux enfans sont du sexe féminin; ils sont nés dans un village du Coimbetore. Lorsqu'il les examina, ils avaient trois ans. L'un a 34 pouces de haut, l'autre a un quart de pouce de moins. Ils ont la tête longue, et les côtés en sont très-comprimés ; ils se ressemblent beaucoup pour les traits. Leur corps sont unis par la partie inférieure de l'os de l'estomac au nombril qui leur est commun à tous deux. Ils sont face-à-face, et re pourraient dormir dans une autre position. En marchant ils sont côte-àcôte, et quelquefois ils se meuvent circulairement. Ils dorment presque toujours à la même heure, et l'un crie sans que l'autre en fasse autant. Si l'on pince le corps de l'un, l'autre ne paraît pas le sentir; mais si l'on pince la partie qui les unit, tous deux en ressentent la douleur. La médecine qu'on avait donnée à l'un avait agi sur l'autre ; tous deux se portent bien, et ne sont pas autrement difformes. L'un parle beaucoup, l'autre parle peu. Le plus vif est plus hardi que l'autre. Tous deux ont eu la petite vérole en même-temps, et d'une espèce bénigne ; pour se mouvoir ou regarder dans des directions différentes ou contraires à leur position naturelle, ils croisent leurs mains et leurs bras. Ils peuvent monter les escaliers, et sont pétulans en jouant avec les autres enfans. Nous ne savons ce que ce cou ple singulier est devenu. Il est probable, et peut-être doit-on désirer qu'ils aient terminé une aussi déplorable existence. (Galignani's Messenger; 6 janvier 1830). II. OBSERVATION DU Dr J. W. PENDLETON, concernant un fœtus double. Une négresse est accouchée dans ces derniers temps d'un enfant qui présentait deux têtes et deux cols séparés l'un de l'autre. A partir des épaules les parties étaient réunies; il existait trois bras et trois membres abdominaux. Le sternum parais sait double, ce qui n'était cependant pas sensible au toucher il y avait deux colonnes vertébrales plus distinctes supérieure ment, qu'inférieurement. Ce monstre, du sexe féminin, avait un cordon ombilical simple, et pesait neuf livres au moment de sa naisssance. 12. MONSTRORUM TRIUM PRÆTER NATURAM CUM SECUNDINIS COALITORUM DISQUISITIO. Auct. CAROL. ED. RUDOLPHI, Gryphiswaldens. Def. die 18 Maj. 1829. In-4°, de 18 pages, avec 3 planches. Berlin. Ces trois monstres, qui sont conservés au Musée de Berlin, étaient hémicéphales, et les méninges étaient adhérentes, par continuité de tissu, avec les placentas. 13. OBSERVATION D'UNE AMAUROSE produite par la présence d'une esquille de bois introduite accidentellement dans la cavité d'une dent cariée; communiquée par M. GALENZOWSKI, Prof. adj. à l'Université de Wilna. F. P...., de la Russie-Blanche, âgé d'environ 30 ans, doué d'une bonne constitution et exempt de maladies, à l'exception de quelques douleurs passagères aux membres et à la tête, se trouvant l'automne de 1825, à une soirée chez un de ses voisins, ressentit subitement une douleur très-forte dans la région temporale gauche, douleur qui s'étendait jusqu'à l'œil et à la joue de ce même côté, et qu'il attribuait à un refroidissement contracté en sortant fort échauffé, et en s'exposant ainsi à l'air froid. Cette douleur, assez aiguë, dura quelques jours; elle diminua ensuite d'intensité, et finit par revenir de temps à autre sans causer cependant assez de souffrances au malade pour le forcer de consulter quelqu'un; mais six à sept semaines plus tard, les douleurs augmentèrent subitement avec une telle violence, en occupant principalement l'œil du même côté, qu'il lui semblait que cet organe était sur le point de sortir de son orbite, et précisément à cette époque il s'aperçut, en appliquant quelque chose près de l'œil, qu'il ne voyait plus de ce côté. Effrayé d'une semblable découverte, il se rendit aussitôt chez un médecin voisin; tout ce que celui-ci entreprit durant deux mois entiers, tant pour adoucir la douleur que pour rétablir la vue, n'eut aucun succès; l'abolition complète de la vision persista; quant aux douleurs, de continuelles qu'elles étaient, elles devinrent presque périodiques, se faisant seulement ressentir la nuit et laissant le malade tranquille pendant quelques heures de la journée; les conseils de plusieurs autres médecins qu'il consulta plus tard ne changèrent en rien son état. Ayant ainsi perdu l'espérance de recouvrer la vue et la santé, il retourna à la campagne, et s'abandonnant à la nature, il résolut d'attendre patiemment ce que le temps amènerait. Huit mois après l'invasion, durant lesquels il éprouva des douleurs plus ou moins fortes, la joue se tuméfia, et revint bientôt à son état normal dès qu'il s'opéra, pendant la nuit, un écoulement de matière sanguinolente (environ quelques cuillerées, d'après le rapport du malade) par la paupière inférieure de l'œil gauche, qui fut suivie de la diminution des douleurs, à un tel point, qu'il en ressentait à peine dans la région temporale, quoique la cécité restat complète. Trois semaines plus tard, le même phénomène de l'écoulement eut lieu et se réitéra ensuite, au dire du malade, toutes les deux ou trois semaines durant l'espace de six mois,pendant lesquels son état fut supportable. Mais à l'automne et dans l'hiver de l'année 1826, malgré l'apparition fréquente de l'écoulement par sa voie ordinaire, les douleurs et surtout celles de l'œil devinrent si cruelles, que le malade ne balança pas à venir à Wilna au commencement de l'année 1827, dans le but de se faire enlever l'œil, s'il était reconnu impossible de le débarrasser de ses souffrances par un autre moyen. Ayant été appelé chez le malade, je trouvai l'œil gauche entièrement insensible à l'influence de la lumière, de manière qu'en fermant l'œil sain il ne pouvait nullement la distinguer; la pupille était dilatée; du reste, je ne pus découvrir aucune altération dans le globe de l'œil ni dans les paupières; la figure n'était pas enflée et n'offrait aucune trace de tuméfaction; lors de son arrivée, il ne souffrait pas de ces fortes douleurs auxquelles il était en proie ordinairement; mais il disait éprouver de temps en temps de violens picotemens dans la tempe gauche, les parties environnantes de l'œil et dans la région sus-orbitaire du même côté ; il me montra aussi un oreiller portant l'empreinte de taches d'un rouge pâle, qui étaient les traces de l'écoulement du pus par la paupière inférieure, qui s'était opéré en route. Après avoir écouté avec patience tout le récit du malade, je fixai mon attention particulièrement sur l'écoulement du pus par la paupière inférieure, et je ne pus m'en rendre raison |