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tion serait naturellement contrarié par la nature de la maladie qui aurait causé la mort et par son influence sur le survivant. L'union des corps de plusieurs jumeaux par diverses parties, n'est pas une circonstance extraordinaire. Ambroise Paré a décrit de ces unions par le ventre, le dos et le front. Cette dernière union eut lieu chez deux filles qui vécurent dix ans. L'une d'elles étant près de mourir, on la sépara de l'autre. La blessure de celle qui vivait prit un mauvais caractère, et bientôt elle en mourut. Les sœurs hongroises qui vécurent environ un siècle après, étaient unies par le dos, n'avaient qu'un passage des intestins, et des organes urinaires communs. Elles moururent à vingt-deux ans. Dans les Transactions philosophiques et dans divers autres ouvrages, on trouve recueillies une multitude de monstruosités semblables. La plupart de ces monstres sont nés morts ou sont morts bientôt après leur naissance.

Je crois que les Siamois actuels sont un des accidens les plus remarquables qu'on ait jamais connus, quand on examine la perfection et la distinction de leur organisation, et le nombre d'années qu'ils ont vécu. Ils se portent bien en ce moment; mais il est à craindre que le changement de leur manière simple de vivre, par l'abondance où ils se trouvent, ainsi que la réclusion, où les force nécessairement leur situation, ne les laissent vivre que peu d'années.

9. LES JUMEAUX SIAMOIS. Rapport d'une exhibition particulière qui en a été faite à Londres.

Hier 24 novembre 1829, les jeunes Siamois furent montrés dans une sorte de séance préparatoire, avant de se faire voir publiquement. La compagnie invitée et réunie à cette occasion, offrait plusieurs des membres les plus renommés de la Faculté, ainsi que beaucoup de savans en tous genres. On remarquait dans le nombre Sir Astley Cooper, Sir Antony Carlisle, M. Brookes, M. Thomas, le D' Holland, Sir F. Burdett, et autres personnes de mérite.

Les chirurgiens et les anatomistes avaient à établir la vérité des détails publiés précédemment, et à examiner la nature du lien qui unit ces deux êtres. Après cet examen, une déclaration fut écrite par M. Brookes, l'anatomiste, et signée par plusieurs médecins recommandables de la

Faculté, attestant que ces jumeaux étaient un objet très-extraordinaire de curiosité, et assurant aux spectateurs qu'il n'y avait aucune supercherie. Cette déclaration n'était pas nécessaire pour ceux qui étaint présens, mais pouvait être utile pour appeler l'attention publique sur ce singulier spectacle. Sir Astley Cooper, après avoir examiné la partie commune aux deux jeunes gens, ses proportions et son apparence, qui ont déjà été décrites, prononça qu'elle était cartilagineuse, et non simplement cutanée. Toutes les personnes qui avaient touché ce lien partagèrent cette opinion. Le fait suivant, et sans doute le plus remarquable, fut reconnu comme positif: les jumeaux n'avaient qu'un ombilic, que l'on aperçoit vers le milieu de l'attache de réunion. La figure des deux jumeaux n'offre rien de repoussant, leur maintien, leurs mœurs et leurs mouvemens n'ont rien d'extraordinaire, ils ont un air de santé, ils sont gais, et il y a de la grâce dans tous leurs mouvemens. Aucune de leurs actions ne laisse soupçonner qu'ils éprouvent un sentiment pénible de leur réunion forcée; ils valsent à l'entour de la salle avec toute l'aisance et la grâce des plus habiles danseurs, et ils paraissent n'avoir jamais aucune différence d'intention qui puisse produire de tiraillement du lien qui les unit, en leur faisant faire des mouvemens opposés.

Cette harmonie d'intention et cette unité de mouvemens, combinées avec une ressemblance générale de goûts, de dispopositions et d'habitudes, semblent avoir fait croire à quelques personnes, que leur organisation était plus intime qu'elle ne le paraissait au premier abord. On dit qu'ils s'endorment, et qu'ils veillent en même temps. L'un ne peut se réveiller dans la nuit sans immédiatement produire le même effet sur son compagnon, Ils dirigent presque toujours leurs yeux vers les mêmes objets; et l'on a remarqué qu'ayant été promenés dans la ville, en voiture, on ne peut les engager à regarder par la portière opposée; ils sont bien portans ou indisposés en mème-temps, et tout ce qui affecte l'un, affecte immédiatement l'autre.

D'après ces diverses circonstances, nous avons pris plaisir hier, à écouter des médecins et métaphysiciens élever des doutes sur une organisation séparée de ces jumeaux, sans réfléchir que chacune des particularités s'explique aisément par leur réunion extérieure accidentelle, sans aucun rapport de l'union intellecC. TOME XX.

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tuelle ou corporelle. Quoiqu'ils aient leurs desseins à part, leurs sentimens et leurs volontés, aussi distincts que s'ils vivaient sous des pôles différens; quoique leur système nerveux leur sang et les organes de leur corps, ainsi que toutes leurs fonctions aient l'air d'être indépendans, comme si l'attache qui les unit était un gond de métal, il s'ensuivrait nécessairement que, avec le même degré de ressemblance qui se trouve chez d'autres jumeaux, étant attachés l'un à l'autre depuis 18 ans, étant obligés de faire le même exercice, d'aller se coucher en même temps, de se nourrir des mêmes mêts, de respirer le même air, leur extérieur doit contracter la ressemblance qu'on leur donne. Aucun des faits établis d'une manière authentique ne montre qu'il y ait d'autre échange de sensation ou de sentiment que celui que leur constante proximité occasionerait. Leurs gardiens, qui nous assurent qu'ils s'endorment et veillent en même-temps, n'ont pas la pré tention de nous dire qu'ils font les mêmes rêves. Admettons que 'celui qu'on appelle Cheng soit porté à aimer la tortue de mer, et que par cette passion il soit dans le cas d'attraper la goutte, son frère Eng, s'il continuait à ne manger que du riz, pourrait préserver ses orteils contre les attaques de ce mal; et si d'un autre côté, Eng renonçant à vivre frugalement, surchargeait son estomac de viandes de porc, et en éprouvait un cauchemar, il est très-probable que Cheng, s'il se couchait sans souper, jouirait d'un sommeil paisible.

Il est reconnu par M. Hunter, qui a connu pendant six ans les deux Siamois, que l'attache est devenue plus cartilagineuse, et qu'il s'y est fait beaucoup de changemens dans les quatre années dernières. Si cette induration continue, il n'y aurait plus aucun danger à séparer les deux individus; mais on ne pourrait non plus tenter de détruire leur union, tant que cette union sera profitable à leur existence. (Asiatic Journal; décembre 1829, p. 756).

Sir Ant. Carlisle a adressé la lettre suivante à l'Éditeur du Times. Comme elle contient quelques détails qui ne se trouvent pas dans la notice de M. Warren, et dans celle que nous venons d'extraire de l'Asiatic Journal (décembre 1829), nous en donnons ici la traduction.

M.... ayant été, ainsi que plusieurs de mes confrères, invité à

l'intéressante exhibition dans l'Egyptian- Hall, le public accueillera peut-être le récit suivant.

Les deux frères portaient les vêtemens de leur pays, et aucune partie de leurs corps n'était à découvert, si ce n'est le cordon vivant qui les unit, et qui est placé immédiatement audessous des os de la poitrine. Ce cordou est recouvert d'une peau naturelle et saine, et, au toucher, elle semble renfermer un prolongement de chacun des cartilages qui terminent les os de la poitrine. On peut facilement passer quatre doigts derrière ce lien lorsque les jumeaux se tiennent épaule contre épaule; si l'on serre le cordon avec le pouce et les doigts, on en peut faire le tour. Les traces d'un ombilic commun sont apparentes à la partie inférieure et moyenne de ce lien commun. Si l'un des deux Siamois veut tousser, il devient évident pour la personne qui tient la main sur l'attache, qu'une sorte de hernie faisait violence dans l'attache, près de l'individu qui toussait, et qu'un espace à moité fermé de plus d'un pouce restait entre ces sacs herniaires. Ces faits sont importans, parce que dans le cas de la mort de l'un des Siamois, la vie de celui qui survivrait pourrait être sauvée par une séparation rapide et adroite du mort. Le pouls du Siamois qui tient la droite, battait 87 fois par minute; celui de l'autre 82. Mais comme ils n'avaient pas encore vu de montre à secondes, et qu'ils éprouvaient beaucoup d'agitation en examinant ses mouvemens, il est probable que cette émotion morale a eu quelque influence sur la fréquence de leurs pulsations. Ils ont genéralement beaucoup de ressem blance; leurs dents sont de la même forme. Ils sont gais, ont également l'apparence d'une bonne santé, et nullement habitués à se gêner. Il n'y a rien de repoussant dans l'exhibition de ces êtres curieux. On ne doit pas les regarder comme des monstres, puisque leur frèle union n'est qu'une des nombreuses circonstances qui arrivent dans toute la classe des êtres. Certes, si la nature n'avait pas soigneusement prévu à la fréquence de ces irrégularités dans la race humaine, les cas de jumeaux unis donneraient lieu à beaucoup de contestations légales.

10. UNION DE DEUX JUMEAUX INDIENS par une bande comme les deux Siamois.

Cette union, qui ressemble à celle des jumeaux Siamois qu'on

fait voir maintenant à Londres, était regardé comme un phénomène sans exemple, même dans l'Orient, où ces réunions contrenature sont peut-être plus fréquentes que dans aucune autre partie du monde. Celui qui en a été témoin, était, en 1807, député de la province de Coimbetore; il examina lui-même à Blavany, les deux enfans, et voici la description qu'il nous en envoie. Ces deux enfans sont du sexe féminin; ils sont nés dans un village du Coimbetore. Lorsqu'il les examina, ils avaient trois ans. L'un a 34 pouces de haut, l'autre a un quart de pouce de moins. Ils ont la tête longue, et les côtés en sont très-comprimés; ils se ressemblent beaucoup pour les traits. Leur corps sont unis par la partie inférieure de l'os de l'estomac au nombril qui leur est commun à tous deux. Ils sont face-à-face, et re pourraient dormir dans une autre position. En marchant ils sont côte-àcôte, et quelquefois ils se meuvent circulairement. Ils dorment presque toujours à la même heure, et l'un crie sans que l'autre en fasse autant. Si l'on pince le corps de l'un, l'autre ne paraît pas le sentir; mais si l'on pince la partie qui les unit, tous deux en ressentent la douleur. La médecine qu'on avait donnée à l'un avait agi sur l'autre ; tous deux se portent bien, et ne sont pas autrement difformes. L'un parle beaucoup, l'autre parle peu. Le plus vif est plus hardi que l'autre. Tous deux ont eu la petite vérole en mème-temps, et d'une espèce bénigne ; pour se mouvoir ou regarder dans des directions différentes ou contraires à leur position naturelle, ils croisent leurs mains et leurs bras. Ils peuvent monter les escaliers, et sont pétulans en jouant avec les autres enfans. Nous ne savons ce que ce cou ple singulier est devenu. Il est probable, et peut-être doit-on désirer qu'ils aient terminé une aussi déplorable existence. (Galignani's Messenger ; 6 janvier 1830).

II. OBSERVATION DU Dr J. W. PENDLETON, Concernant un foetus double.

Une négresse est accouchée dans ces derniers temps d'un enfant qui présentait deux tètes et deux cols séparés l'un de l'autre. A partir des épaules les parties étaient réunies ; il existait trois bras et trois membres abdominaux. Le sternum parais. sait double, ce qui n'était cependant pas sensible au toucher il y avait deux colonnes vertébrales plus distinctes supérieure

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