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l'aient tué, et au Jardin Zoologique ils frappent toujours la viande crue dont ils sont nourris avant de la dévorer.

Nous avons maintenant, je pense, suffisamment démontré notre premier principe, à savoir que toutes les fois qu'une sensation, un désir, une répugnance, etc., a provoqué durant une longue série de générations un certain mouvement volontaire, une tendance à l'accomplissement d'un mouvement semblable sera presque certainement excitée toutes les fois que surviendra, même à un faible degré, la même sensation, ou une autre sensation analogue ou associée; et cela quoique le mouvement, dans le cas actuel, puisse n'être d'aucune utilité. De pareils mouvements habituels sont souvent, sinon constamment héréditaires, et alors ils diffèrent peu des actions réflexes. Quand nous parlerons des expressions spéciales de l'homme, on reconnaîtra la justesse de la dernière partie de notre premier principe, tel qu'il a été donné au commencement de ce chapitre à savoir, que lorsque des mouvements associés par l'habitude à certains états d'esprit sont en partie réprimés par la volonté, les muscles tout à fait involontaires comme ceux qui sont le moins placés sous le contrôle direct de la volonté peuvent néanmoins se contracter, et que leur action est souvent très-expressive. Réciproquement, lorsque la volonté est affaiblie d'une façon temporaire ou permanente, les muscles volontaires font défaut avant les muscles involontaires. C'est un fait familier aux pathologistes, comme le remarque sir Ch. Bell 20: « Lorsqu'une affection du cerveau produit de la faiblesse, son influence se fait sentir davantage sur les muscles qui sont, à l'état normal, placés sous l'empire le plus immédiat de la volonté. » Dans les

20. Philosophical Transactions, 1823, p. 182.

chapitres suivants, nous nous arrêterons sur une autre proposition contenue aussi dans notre premier principe : à savoir que, pour réprimer un mouvement habituel, il faut parfois exécuter d'autres légers mouvements qui servent eux-mêmes à l'expression.

CHAPITRE II.

PRINCIPES GÉNÉRAUX DE L'EXPRESSION.

(Suite.)

Principe de l'antithèse. - Exemples chez le chien et le chat.

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principe. Signes conventionnels. - Le principe de l'antithèse n'a pas pour origine des actions opposées accomplies en connaissance de cause sous l'influence d'impulsions opposées.

Nous arrivons maintenant à notre second principe, le principe de l'antithèse. Certains états d'esprit, ainsi que nous l'avons vu dans le dernier chapitre, amènent certains mouvements habituels dont l'utilité a été réelle primitivement, et peut l'être encore; nous allons voir que lorsque un état d'esprit tout à fait inverse se produit, il se manifeste une tendance énergique et involontaire à des mouvements également inverses, bien qu'ils n'aient jamais été d'aucune utilité. Nous donnerons quelques exemples frappants d'antithèse quand nous traiterons des expressions spéciales à l'homme; mais c'est surtout dans les cas de ce genre que nous sommes exposés à confondre des attitudes et des expressions conventionnelles ou artificielles avec celles qui sont innées ou universelles, qui seules méritent d'être rangées parmi les expressions véritables; c'est pourquoi, dans ce chapitre-ci, je me bornerai presque entièrement aux expressions des animaux.

Lorsqu'un chien d'humeur farouche ou agressive rencontre un chien étranger ou un homme, il marche droit et

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Fig. 5.

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Chien qui s'approche d'un autre, avec des intentions hostiles, par M. Rivière.

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Le même, d'humeur humble et tendre, par M. Rivière.

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