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Nous avons vu dans un précédent chapitre que le poil est hérissé, chez les animaux, par la contraction des petits muscles lisses, involontaires, qui s'attachent à chacun des follicules. Indépendamment de cette action, chez l'homme, d'après les expériences très-concluantes que M. Wood me communique, les cheveux de la tête qui s'implantent vers le devant, et ceux de la nuque qui s'implantent en arrière. sont entraînés en sens inverse par la contraction de l'occipito-frontal ou muscle du cuir chevelu. Ainsi ce muscle paraît contribuer à produire le hérissement de la chevelure chez l'homme, de même que le muscle analogue panniculus carnosus, aide à l'érection des piquants sur le dos de certains animaux, ou même joue le principal rôle dans ce phénomène.

Ce muscle s'étend

Contraction du muscle peaucier. sur les parties latérales du cou; il descend un peu au-dessous des clavicules, et remonte jusqu'à la partie inférieure des joues. Dans la fig. 2, on en voit une portion (M), connue sous le nom de risorius; la contraction de ce muscle attire les coins de la bouche et la partie inférieure des joues en bas et en arrière. En même temps apparaissent, sur les sujets jeunes, des saillies divergentes longitudinales, bien marquées, sur les côtés du cou; chez les vieillards amaigris, il se produit de fines rides transversales. On a dit quelquefois que le peaucier n'est pas soumis à l'empire de la volonté; cependant, demandez au premier venu de tirer les coins de sa bouche en bas et en arrière avec une grande force, et presque toujours il fera agir ce muscle. J'ai entendu parler d'un homme qui pouvait à volonté le mettre en action d'un seul côté.

Sir C. Bell21 et d'autres auteurs ont établi que le peau

21. Anatomy of Expression, p. 168.

cier se contracte fortement sous l'influence de la frayeur; le docteur Duchenne lui attribue tant d'importance dans l'expression de cette émotion, qu'il l'appelle le muscle de la frayeur 22. Il admet toutefois que sa contraction est complétement inexpressive, si elle n'est pas associée à celle des muscles qui ouvrent largement les yeux et la bouche. Il a publié une photographie (ci-dessous copiée avec réduction) du même vieillard que nous avons déjà vu apparaître à diverses reprises, avec les sourcils fortement relevés, la bouche ouverte, et le paucier contracté, le tout au moyen de l'électricité. J'ai montré la photographie originale à vingtquatre personnes, en leur demandant, sans aucune explication, quelle expression elle paraissait rendre; vingt ont répondu immédiatement: frayeur intense ou horreur; trois ont dit: chagrin, et une: malaise extrême. Le docteur Duchenne a donné une autre photographie du même vieillard, avec le peaucier contracté, la bouche et les yeux ouverts et les sourcils rendus obliques au moyen du galvanisme. L'expression ainsi produite est frappante de vérité (voir Pl. VII, fig. 2); l'obliquité des sourcils ajoute l'apparence d'une grande douleur intellectuelle. L'original ayant été montré à quinze personnes, douze ont répondu : terreur ou horreur, et trois angoisse ou grande souffrance. D'après ces exemples et d'après l'étude des autres photographies publiées par le docteur Duchenne, avec les remarques qui les accompagnent, on ne peut douter, je crois, que la contraction du peaucier n'ajoute puissamment à l'expression de la frayeur. Cependant il n'est guère possible d'accepter pour lui la dénomination de muscle de la frayeur, car sa contraction n'est certainement pas nécessairement liée à cet état de l'esprit.

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Une extrême terreur peut se manifester de la manière la plus nette par une pâleur mortelle, par la transpiration

22. Mécanisme de la Physionomie humaine, Album, légende XI.

de la peau, et par une prostration complète, tous les muscles du corps, y compris le peaucier, étant complétement relâchés. Le docteur Browne, qui a vu souvent chez les aliénés ce muscle trembler et se contracter, n'a pu cependant

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relier son action à aucune émotion éprouvée par eux; il a pourtant étudié avec un soin particulier les malades affectés d'une grande crainte. M. Nicol a observé, au contraire, trois cas dans lesquels ce muscle paraissait contracté d'une manière plus ou moins permanente, sous l'influence de la mélancolie, associée à la peur; mais dans l'un de ces cas,

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