Page images
PDF
EPUB

chalance. Pour nous, qui connaissons l'influence abrutissante du sensualisme musulman, nous en sommes affligés, mais non surpris. Voici la description de la journée de cet être fainéant.

Le matin, à quatre ou cinq heures, il fait scrupuleusement les ablutions et la prière, à côté des cabinets. Ensuite, s'il est riche, il se rend au Barza, qui est une varangue ou une chambre située à l'entrée de la maison. Là, ses parents pauvres et ses amis viennent lui faire la cour.

Les esclaves y portent des bassins pour le lavement des mains et un plateau chargé de haloua, pour le repas du matin.

Le haloua est un mets détestable pour l'Européen. On le fait avec de la farine, du sucre et du beurre. L'Arabe pauvre va manger chez son parent ou chez son protecteur.

Après le haloua on sert le café et on fait la conversation jusqu'à neuf heures. A ce moment, l'Arabe se rend chez le chef, avec qui il reste une heure sans rien dire, à moins que le chef ne lui adresse la parole. De là, il passe chez les Banians ou chez les Indiens, pour vendre la récolte qui est encore sur pied.

A midi, il rentre à sa maison ou va à la mosquée pour faire sa prière, après laquelle il prend son repas avec les mêmes personnes que le matin. Le repas fini, il se couche pendant une heure. A trois heures, il fait la prière appelée allassiri. Elle est

suivie d'une conversation ou d'une méditation solitaire, jusqu'au coucher du soleil.

En ce moment, il fait une nouvelle prière, suivie d'une nouvelle conversation au Barza, jusqu'à sept heures, où il prend son repas du soir. Ce repas fini, il se retire et se couche.

Telle est la journée de l'Arabe dans l'Afrique orientale. Qui a vu un Arabe, les a vus tous, car leurs usages sont invariables. Sauf quelques rares exceptions, ces Arabes sont d'une ignorance et d'une paresse à exclure même tout genre de distraction, si ce n'est quelques réunions nocturnes, appelées molidis.

Voulez-vous avoir une idée de ces réunions ? Figurez-vous une chambre mal éclairée, où ces Arabes sont accroupis. Là, ils chantent sur un ton criard et faux, s'interrompant de temps en temps, pour raconter des légendes plus ou moins absurdes sur la naissance de Mahomet.

A tout moment, on leur sert du café, de l'eau sucrée et des sorbets. De temps en temps, on les asperge d'eau de rose, et on les fumigue avec les bois de benjoin et d'aloès.

Depuis quelque temps ces réunions sont moins fréquentées, attendu que les jeunes gens s'assemblent dans des lieux clandestins pour se livrer à l'ivrognerie. N'ayant pas, généralement, le moyen d'acheter des boissons d'Europe, ils absorbent d'énormes quantités d'eau de coco fermentée, appe

lée tembo mkali. C'est une liqueur affreuse qui met le buveur dans un état d'ivresse furieuse et hébétée.

Une pareille habitude, jointe à l'indolence générale, source de mille désordres, fait vivement regretter que l'Arabe, naturellement religieux, ne soit pas chrétien. Dans sa foi il puiserait la force de vaincre ses passions, et deviendrait une des races les plus énergiques de la terre.

Je passe à d'autres détails. L'Européen ne pourrait pas plus se faire à la table de l'Arabe, qu'à son genre de vie. Viandes assaisonnées de beurre très-rance et mets sucrés, fortement épicés, composent les grands repas.

Il me souvient encore du déjeuner que je pris un jour chez le gouverneur de Zanzibar, en compagnie de plusieurs Européens. Tous nous avons été malades d'indigestion. Pour boisson, l'Arabe se sert d'eau fumigée d'encens et mélangée de divers sirops.

Plus l'Arabe est riche, plus sa maison est malpropre. Cela provient du grand nombre d'esclaves qui restent chez lui et qui, mâchant le bétel, crachent contre les murs sur lesquels ils essuient également leurs mains. On balaye bien rarement la maison, et on ne la blanchit qu'une fois pendant la vie du propriétaire.

L'Arabe n'a aucune idée de l'esthétique. Il aime le style ampoulé et boursouflé, les couleurs

vives et tranchantes et les odeurs vertigineuses. Montrez-lui la plus belle fleur du monde, il vous demandera si cela donne un fruit bon à manger ou à vendre; car le Dieu Mammon est loin de lui être inconnu.

L'Arabe observe scrupuleusement certaines règles d'étiquette, dont la moindre infraction le blesse. Ainsi, ce serait une grande offense de présenter à quelqu'un la main gauche, à cause de l'usage qu'ils en font dans leurs ablutions. Ce serait également une insulte de lui présenter la main, sans ôter

le gant.

L'Arabe est généralement grave et solennel. Il ne plaisante jamais et n'aime pas la plaisanterie. Il est très-discret, n'admire rien, ne s'étonne de rien. Il aime à faire des cadeaux et à en recevoir. Il ne regarde pas comme un déshonneur d'accepter en cadeau, de l'argent et même d'en demander.

CHAPITRE XXIV

L'Arabe dans ses rapports sociaux. Conversation du missionnaire avec un vieil Arabe. Détails intéressants sur la tribu des Masaï. Leur personne et leur costume. Esclavage de la femme. Religion.

férocité.

tion.

[ocr errors]

Mariage.
Superstition.

Leur Déforma

Dans les rapports sociaux, les Arabes de ces contrées, du moins ceux qui appartiennent à de bonnes familles, sont très-polis à l'égard des étrangers. Bien vêtus, ils ont un air tellement distingué qu'il étonne l'Européen lui-même. Je citerai comme exemple un Arabe de Tanga, avec qui je fus vraiment heureux de faire connaissance.

C'est un vieillard respectable, regardé par les Arabes comme un saint de leur religion musulmane. Il a refusé par modestie d'être grand chef de tous les environs. Comme on m'avait fait l'éloge de cet homme, qui est certainement dans la bonne foi, j'allai lui faire une visite. Je n'eus certes pas lieu de m'en repentir, car il me fournit d'excellents renseignements sur des contrées jusqu'ici inexplorées par les voyageurs.

Très-flatté de ma visite, il me dit : « A la bonne heure; vous, au moins, allez visiter les gens du

« PreviousContinue »