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éveiller en faveur de la malheureuse Afrique les sympathies de tous les cœurs généreux ! C'est le moyen de mettre, enfin, un terme aux calamités sans nombre, sans exemple et sans nom, qui pèsent encore sur la terre de Cham.

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Compassion qu'elle inspire.

Le prêtre Nicolas Olivieri.

Le père Libermann, fontateur de la congrégation du SaintCœur de Marie.

Des cinq parties du monde, l'Afrique est sans contredit la plus malheureuse et la plus abandonnée. Peuplée après le déluge, par Cham1, second fils de Noé, elle est encore sous le poids de l'anathème paternel. Par respect pour la bénédiction que Dieu avait donnée à Cham, ainsi qu'à ses frères, le saint patriarche ne voulut pas maudire Cham lui-même. Il le maudit dans la personne de son fils Chanaan, disant : « Maudit soit Cha

1 Gen., Ix et x, avec le comment. de Cor. à Lapide.

naan, il sera pour ses frères, l'esclave des esclaves1. >>

Un fils, condamné à être esclave chez ses propres frères, l'esclave de tous, le dernier des esclaves, et cela pendant des siècles et des siècles : quelle leçon de respect pour l'autorité paternelle! Il faut ajouter que cette leçon n'est pas encore oubliée.

Écoutons un savant voyageur qui vient d'explorer l'Afrique : « Le nègre a une conscience presque touchante de son infériorité. Cette conscience repose sur une tradition vraie, bien qu'un peu altérée. «< Au Mozambique, chez la puissante peuplade des Maknas, elle dit que dans le principe les Africains étaient aussi blancs et aussi intelligents que les Européens.

<< Mais un jour Maluka (le bon Dieu), s'étant enivré, tomba dans le chemin, les vêtements en désordre. Les Africains qui passaient le raillèrent de sa nudité. Les Européens, au contraire, eurent pitié de lui. Ils cueillirent des fleurs et l'en couvrirent respectueusement: aussi Dieu punit-il les Africains.

«La même tradition existe en Guinée et dans l'intérieur du Continent. Partout les nègres se déclarent déshérités et sous le coup d'une malédiction divine 2.

1 Maledictus Chanaan, servus servorum erit fratribus suis. Gen., XI, 25. Quelques interprètes voient dans ces paroles plutôt une prophétie qu'un anathème; il nous semble mieux de dire que c'est un anathème prophétique.

L'Afrique nouvelle, par Alfred Jacobs. Paris, 1863.

Jamais malédiction n'a été plus visiblement exécutée. La couleur noire des descendants de Chanaan atteste encore que leur race a été primitivement sillonnée par la foudre. D'une part, la couleur du nègre est inexplicable à la science; d'autre part, jamais on ne prouvera que Noé ait eu deux fils blancs et un noir.

Le châtiment divin est d'ailleurs confirmé par un fait éternellement historique. De tout temps, l'Afrique a été, elle est encore le pays des esclaves et comme la terre classique de l'esclavage. C'est là que les descendants de Sem et de Japhet, sont toujours allés s'approvisionner de marchandise humaine.

Encore aujourd'hui, depuis le canal de Mozambique jusqu'au Caire et ailleurs, les marchés aux esclaves sont en pleine activité. Là, se voient chaque jour d'énormes agglomérations d'enfants, d'hommes faits, de femmes, de jeunes filles, qui, par l'état d'abrutissement où ils sont plongés, ressemblent à une pâte humaine, sordide, infecte, mais où vivent des milliers d'âmes rachetées du sang de JésusChrist.

L'Afrique est le pays du fétichisme, c'est-à-dire de la plus grossière idolâtrie. Là, des milliers de créatures humaines adorent, le front dans la poussière, le plus odieux de tous les êtres, le serpent, le serpent vivant, le serpent en chair et en os, abrité dans des temples et servi par des prêtres et des prêtresses.

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