DU LIBRAIRE ET DE L'AMATEUR DE LIVRES CONTENANT 1o UN NOUVEAU DICTIONNAIRE BIBLIOGRAPHIQUE Dans lequel sont décrits les Livres rares, précieux, singuliers, et aussi les ouvrages les plus estimés en tout genre, 2° UNE TABLE EN FORME De catalogue Raisonné Où sont classés, selon l'ordre des matières, tous les ouvrages portés dans le Dictionnaire, et un grand nombre PAR JACQUES-CHARLES BRUNET Chevalier de la Légion d'honneur. INQUIÈME ÉDITION ORIGINALE ENTIÈREMENT REFONDUE ET AUGMENTÉE D'UN TIERS PAR L'AUTEUR. TOME SIXIÈME. BERLIN FRAENKEL & CIE. JOS. ALTMANN 'USAGE d'imprimer des catalogues de livres date déjà de fort loin; car, sans avoir besoin de remonter jusqu'à ces listes d'incunables que publièrent plusieurs imprimeurs allemands, de 1470 à 1475, listes dont à peine quelques exemplaires sont parvenus jusqu'à nous; sans nous arrêter même au catalogue des productions typographiques sorties des presses de Sweynheym et Pannartz, autre document curieux que présente la requête adressée au pape Sixte IV, au nom de ces deux typographes, les premiers qui s'établirent à Rome (1), nous trouvons dans un simple feuillet intitulé Libri græci impressi, imprimé par Alde l'ancien, en 1498 (2), un spécimen de ces sortes de catalogues, d'autant plus remarquable que le prix de chaque article y est coté, et que ces mêmes articles, au nombre de quatorze seulement, sont distribués en différentes classes, savoir: Grammatica, Poetica, Logica, Philosophia, Sacra Scriptura: ce qui peut être regardé comme un des premiers essais de classement bibliographique appliqué à des livres imprimés (3). Il y a fort loin, sans doute, de ce modeste (1) Cette requête fait partie du 5° volume de la glose latine de Nicolas de Lyra sur la Bible, édition de Rome, 1472, in-fol. (2) Ce morceau précieux se conserve à la Bibliothèque impériale de Paris. (3) Voir les Annales des Alde, d'Ant.-Augustin Renouard, 3 édit., p. 329. TOME VI. placard aux énormes catalogues que publient, depuis quelques années, les principaux libraires de l'Italie, de l'Angleterre et de l'Allemagne; cependant le petit feuillet d'Alde et les index bibliographiques en 2000 pages des frères Bohn doivent également leur naissance au besoin que, de tout temps, les imprimeurs et les libraires ont eu de provoquer l'attention des hommes studieux, soit sur les livres nouveaux qu'ils mettent au jour, soit sur les productions anciennes qui encombrent leurs magasins. L'exemple donné par Alde Manuce, ce savant illustre dont les presses ont fait revivre avec tant de succès les chefs-d'œuvre littéraires de l'ancienne Grèce, et les ont mis pour la première fois à la portée des étudiants, fut bientôt suivi par les principaux libraires de l'Europe, et notamment par les Estienne, les De Colines, les Wechel, les Vascosan, et les autres célèbres typographes parisiens de la première moitié du xvIe siècle, desquels Maittaire a reproduit les catalogues, dans les tomes. II et III de ses Annales typographici. Toutefois, comme le nombre des articles contenus dans ces divers catalogues est plus considérable que dans le premier index d'Alde, dont nous venons de parler, les divisions y sont aussi plus multipliées. Ainsi, dans un catalogue de Robert Estienne, daté de 1546 (4), nous remar (4) En voici le titre : Libri in officina Roberti Stephani, typographi regii, partim nati, partim restituti et excusi. M D. XLVI. IIII. id, matt. |