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La Revue d'Anthropologie, publiée sous la direction de M. Paul BROCA, paraît par cahiers trimestriels, composés de douze feuilles d'impression avec planches et gravures sur bois. Quatre cahiers ou numéros forment un volume.

PRIX DE L'ABONNEMENT:

Par volume (ou année) de quatre cahiers, pour Paris et la France 20 francs. Pour les Départements, 22 francs, et pour l'Étranger, le port en sus.

On s'abonne chez C. REINWALD et Cie, rue des Saints-Pères, 15, et chez tous les libraires de France et de l'étranger.

S'adresser, pour ce qui concerne la rédaction, à M. le docteur Paul TOPINARD, secrétaire de la Rédaction, rue Saint-Honoré, 420.

PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

Bulletins de la Société d'anthropologie. Ces bulletins forment, chaque année, un fort volume in-8°. En vente, les huit premiers volumes de la 2a série (1866 à 1873). Prix de chaque volume. 10 fr.

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Mémoires de la Société d'anthropologie. Ces mémoires paraissent par fascicules de huit à dix feuilles, avec planches. Quatre fascicules forment un beau volume grand in-8°. En vente, les trois premiers volumes et le premier fascicule du tome IV. Prix de chaque volume. 16 fr.

Mémoires d'Anthropologie de Paul Broca. Tome I: 1 vol. in-8° avec gravures sur bois dans le texte. Cartonné à l'anglaise. 7 fr. 50

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Le tome II est sous presse et paraîtra incessamment.

7-131-1925

ÉTUDES

SUR LES PROPRIÉTÉS HYGROMÉTRIQUES DES CRANES

CONSIDÉRÉES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA CRANIOMÉTRIE

PAR PAUL BROCA

§ 1. ÉTAT DE LA QUESTION.

Les questions que je me propose d'étudier dans ce travail intéressent surtout les craniologistes; mais elles sont dignes aussi de l'attention des physiciens. Ceux-ci connaissent, depuis longtemps, les propriétés hygrométriques de certaines substances organiques, telles que la corne, la baleine ou les cheveux, et ils en ont tiré parti pour apprécier le degré d'humidité de l'air; mais aucun d'eux, que je sache, ne s'est occupé des propriétés hygrométriques du tissu osseux. Ne trouvant dans leurs écrits aucune notion sur ce sujet spécial, j'ai dû instituer moi-même des expériences qui auraient certainement beaucoup gagné à être faites par un homme plus compétent. Entre mes mains, toutefois, elles ont eu l'avantage d'être presque toujours dirigées vers un but pratique, de sorte que, si j'ai le regret de laisser sans solution certaines questions théoriques, je crois du moins être en mesure de fournir aux craniologistes toutes les notions dont ils ont besoin pour la sécurité de leurs recherches.

M. Welcker a découvert, il y a quatorze ans, que les os en général, ceux du crâne en particulier, subissent des changements de forme et de volume lorsqu'on les plonge dans l'eau pendant quelques jours. Ses recherches ont été consignées dans un court chapitre de son important ouvrage sur l'Accroissement et la structure du crâne humain, publié en 1862 (1). Appelé, par la nature de son travail, à comparer entre eux des crânes de nouveau-nés et d'enfants du premier âge, et voyant que ces crânes changeaient de forme et de volume en se desséchant — phénomène attribué jusqu'alors exclusivement au resserre

(1) Hermann Welcker. Ueber Wachsthum und Bau des menschlichen Schädels, Leipzig, 1862, 1 vol. in-folio, p. 27-29.

REVUE D'ANTHROP., T. III.

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ment de la membrane des sutures il fut conduit à se demander si l'influence de la dessiccation ne se faisait pas sentir aussi sur les os eux-mêmes, et non-seulement sur ceux des enfants, mais encore sur ceux des adultes.

En suivant cet ordre d'idées, il constata d'abord que les coupes. horizontales du crâne donnent des résultats différents suivant qu'on les pratique à l'état frais ou après la dessiccation. Dans ce dernier cas, la calotte s'applique très-exactement sur la base du crâne, tandis que dans le premier cas la coaptation n'est presque jamais parfaite, surtout si les sujets sont encore jeunes. Cela prouve que la dessiccation modifie quelque peu la forme des os, et le changement de la forme implique nécessairement celui de certaines dimensions.

Pour s'en assurer directement, M. Welcker prit un certain nombre de crânes secs, pratiqua sur chacun d'eux une coupe soit horizontale, soit verticale, et plongea l'une des deux moitiés dans l'eau. Au bout de trois jours d'humectation, il compara la moitié sèche de chaque crâne avec la moitié humide, et trouva que toutes les dimensions de celle-ci s'étaient légèrement accrues. Les différences toutefois étaient tellement faibles, qu'elles auraient échappé aux procédés de mensuration ordinaire, car elles atteignaient rarement 1 millimètre, et se réduisaient quelquefois à 2 dixièmes de millimètre; mais, en faisant coïncider les surfaces des coupes, on pouvait apprécier les plus légers changements. M. Welcker trouva ainsi qu'au bout de trois jours d'immersion le diamètre longitudinal du crâne d'adulte s'accroissait en moyenne de 4 dixièmes de millimètre, le diamètre transversal de 7 dixièmes, et le diamètre vertical également de 7 dixièmes de millimètre.

Répétant la même expérience sur des crânes entiers qu'il mesurait avant et après l'immersion, il trouva des chiffres différentiels presque identiques avec les précédents. La mensuration ici était beaucoup plus difficile que dans le premier cas. L'auteur ne dit pas comment il l'a pratiquée; il a dû, je pense, se servir d'instruments spéciaux, car tous ceux qui ont quelque habitude de la craniométrie savent qu'il est difficile de mesurer les diamètres d'un crâne entier avec une erreur de moins de 1 millimètre, et que les compas ordinaires ne peuvent, en aucun cas, accuser les dixièmes de millimètre.

Le fait que le diamètre longitudinal variait un peu moins que les deux autres sous l'influence de l'humectation, prouvait que la forme du crâne devait être quelque peu modifiée, que l'indice céphalique, par exemple, devait être un peu plus grand sur le crâne humecté que

sur le crâne sec. Mais la différence, se réduisant à 1 ou 2 dixièmes d'unité, pouvait paraître sans importance.

L'auteur arriva donc à conclure que les changements produits sur les crânes d'adultes par cette cause étaient insignifiants, qu'en d'autres termes on pouvait procéder aux études craniométriques sans avoir à se préoccuper de l'état de sécheresse ou d'humidité des crânes. On verra plus loin que cette conclusion n'était pas fondée; l'immersion. produit, sur les mesures linéaires, seules étudiées par M. Welcker, des changements beaucoup plus forts que ceux qu'il a indiqués, et capables d'introduire des erreurs sérieuses dans les résultats craniométriques; ce qui change surtout d'une manière surprenante, c'est la capacité du crâne, dont cet auteur ne s'est pas occupé; mais avant d'exposer mes recherches sur ce sujet, je désire signaler d'autres faits consignés par M. Welcker dans l'intéressant travail que j'analyse.

Ses études sur les crânes des nouveau-nés et des jeunes enfants lui montrèrent que ces crânes subissent, en se desséchant, une réduction de volume et une déformation considérables, qu'ils ne doivent par conséquent être étudiés qu'à l'état frais. C'est du reste la règle suivie depuis longtemps par les accoucheurs, qui, pour établir les indications de certaines opérations obstétricales, ont dû s'occuper de la détermination des diamètres du crâne du fœtus.

Après avoir ainsi étudié, chez l'adulte et chez l'enfant, les effets de l'humectation sur le crâne considéré dans son ensemble, M. Welcker étudia de la même manière les os isolés, ceux du crâne d'abord, puis ceux du tronc et des membres. Prenant des os bien secs et les plongeant dans l'eau pendant trois jours, il vit leur forme changer et leurs dimensions s'accroître. Il vit par exemple la longueur du fémur augmenter de 1mm,2, c'est-à-dire d'environ un tiers pour cent. L'allonge. ment fut bien plus fort encore sur une côte, où deux marques distantes de 11mm,7 s'écartèrent de 1mm,1. L'auteur crut constater en outre que les courbures des os, tels que le fémur, les côtes et le maxillaire inférieur, augmentaient par la dessiccation et se redressaient par l'humectation, Enfin, le changement de forme du pariétal humecté fut rendu évident par la mensuration. Trois des bords de cet os s'étaient allongés, tandis que le quatrième bord s'était raccourci, ce qui ne pouvait s'expliquer que par un changement de courbure.

Tels furent les faits publiés en 1862 par M. Welcker. Ils n'obtinrent pas toute l'attention qu'ils méritaient, et j'ai lieu de croire qu'aucun auteur depuis lors ne s'est occupé de ce sujet. Il faut bien reconnaître d'ailleurs que les conclusions de M. Welcker n'étaient pas faites pour

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