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Sighèle pourrait divertir cependant, parce qu'il contient des

vers tout à fait dignes de remarque.

Un père s'adresse à sa fille en ces termes :

Mais, je suis homme aussi, je sais que dès ton âge

Miroite quelquefois l'espoir non criminel
D'attacher des baisers sur un objet charnel...

et ailleurs ;

Vous venez d'écouler vos plus jeunes printemps
Dans l'étude de nos souvenirs militaires,
Votre cœur a vibré, jusques à dix-huit ans,
Par l'admiration de nos guerriers austères...
Et Sighèle dit à sa servante :

Si j'étais comme toi,

Née obscure, n'ayant pour palais et pour toit

Qu'un peu de chaume, des brebis, un tendre père.....

Et au troubadour qui la réveille :

Et si mon œil voulait encore sommeiller
Comment le pourrait-il ?

Et au lévrier qui la caresse :

Viens donc, fidèle ami, tout près de ta maîtresse.
Tu ne m'appelles pas de ce nom de princesse

Qui résonne si dur à mon cœur désolé ;

Tu viens sur tes longs pieds, toujours tendre et zélé,

Je te donne ma main : tu flaires puis la baise...

Et enfin le vieux serviteur, qui dans tous les drames moyenâgeux donne l'exemple de la probité et du dévouement à des maîtres qui généralement sont d'affreux bandits, tranquillise le marquis qui s'en va-t-en guerre :

Nous restons au château, pour garder avec zèle
Madame la marquise, avec sa demoiselle.

Mais, malgré ces vers récréatifs, les tirades soporifiques du drame finiraient par produire leur bienheureux effet.

La poésie de M. Alexandre Cormier console - et endort. ALBERT LANTOINE.

ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES

SCIENCES NATURELLES

BIOLOGIE. MÉDECINE.

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DE BUCK (D.) et DE MOOR (L.). · Eléments de Neuropathologie et de psychopathologie générales. In-8; 260 pp.; Ad. Hoste, éditeur, Gand. 1906.

La neuropathologie est, comme on sait, le fondement de la pathologie individuelle et sociale. Son étude devient aujourd'hui la plus passionnante des recherches sur les affections humaines. Economistes, moralistes et surtout criminologistes y trouvent la matière la plus précieuse pour leurs investigations. MM. de Buck et De Moor ont réussi à offrir au public médical et au public savant extra-médical un traité qui, complété et mis périodiquement à jour, pourrait bientôt être considéré comme classique. Dans ce traité la neuropathologie générale fait l'objet d'un véritable exposé philosophique.

Les auteurs ont d'abord approfondi le phénomène si fréquent et si commun à tant de maladies, connu sous le nom d'ataxie, ou incoordination motrice. Ce phénomène, tant dans le domaine de la statique que dans celui de la dynamique, a pour base un trouble de la sensibilité : l'alaxie dynamique dépend de lésions de la voie sensible primaire depuis son trajet périphérique, spinal, jusqu'à son aboutissant dans le domaine de la conscience; l'ataxie statique que l'on appelle également trouble de l'équilibre, est un phénomène toujours subconscient et dépend de lésions de la voie sensible secondaire, aussi bien dans son neurone spino-cérébelleux que dans son neurone cérébello

cérébral.

L'étude de l'expression instinctive des idées et de ses troubles amène à des descriptions anatomiques et physiologiques des plus inté ressantes. L'appareil complet et assez compliqué par lequel l'homme cultivé exprime les sensations conscientes et les représentations abstraites de son moi ou ce que l'on peut appeler l'appareil mécanique de son langage intérieur, se compose de 4 centres plus ou moins distincts, plus ou moins primordiaux et fondamentaux, reliés entre eux par voie d'association et se trouvant dans une dépendance relative

plus ou moins grande les uns vis-à-vis des autres. On distingue trois sortes de langage pour ainsi dire superposés : langage simplement réflexe, langage automatique conscient et langage psychique, idéologique. Trois sortes de troubles correspondent à ces trois espèces de langage aphasies motrices subconscientes, aphasies motrices conscientes, visuelles, verbales, et enfin aphasies d'association proprement dite dans le sens de Flechsig ou aphasies psychiques.

Les forces motrices sont souvent en prostration et nous avons l'asthénie. Le défaut de direction, de mesure ou de proportionalité des mouvements volontaires est connu sous le nom de dysmétrie. L'altération fonctionnelle des unités sensitivo-motrices du 2 ordre ou unités conscientes est étudiée sous le nom d'astasic-abasie. L'atonie et l'hypertonie sont à elles seules deux manifestations d'ordre nerveux de la plus haute importance et dont le mécanisme est loin d'être élucidé. Il faut cependant et avant tout, avoir une idée complète de la conduction sensible et motrice dans les divers segments du système nerveux et des contacts centraux ou intercentraux qui s'établissent au niveau du cerveau et du cervelet.

Après l'étude générale des neurones, les auteurs examinent les contractures nerveuses, contractures d'origine myogène, contractures par raccourcissement organique du muscle, enfin contractures actives, spastiques ou hypertoniques. Les altérations du mouvement ou les hyperkinésies sont étudiées en 2 catégories: cloniques et toniques. En outre des synkinésies qui reposent sur des lésions des centres de projection motrice et des éléments moteurs sous-corticaux, on a créé, et c'est M. de Buck, le groupe des parakinésies, lesquelles reposent sur des lésions des fibres d'association entre les sphères idiogènes et les centres de projection motrice. Les akinésies ou paralysies consistent dans l'impossibilité d'un muscle, d'un groupe musculaire, de tout un membre et même de l'organisme entier d'obéir à la volonté et de passer sous l'influence de celle-ci à l'état de contraction. Les multiples formes de l'atrophie musculaire, considérées jusqu'ici comme autant d'entités morbides spéciales, se sont peu à peu confondues avec l'unité du tableau anatomique et physiologique de l'amyotrophie.

Les vertiges, les réflexes, les troubles de la sensibilité, les troubles psychosensoriels, ceux des conceptions, de la mémoire, des sentiments, de l'association des idées et de la psychomotilité, sont successivement étudiés par MM. de Bruck et de Moor dans des petits exposés très nets et très ramassés.

D' ALBERT FERENCZ.

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LALOY (D' L.). Parasitisme et mutualisme dans la nature. Préface du professeur A. Giard. In-8 ; vшш-284 pp.; 82 fig. ; 6 fr. ; F. Alcan, éditeur, Paris, 1906. (Bibliothèque Scientifique internationale).

Après avoir étudié dans un volume publié précédemment (1) la succession des faunes et des flores dans le temps, M. le D' Laloy, notre distingué collaborateur, expose dans l'ouvrage qui vient de paraître, les rapports réciproques des êtres vivants. Ces relations, on le sait, sont extrêmement complexes et, à un moment quelconque de la durée, tout être vivant a besoin de tous les autres et réagit à son tour sur eux. Le milieu biologique peut être considéré comme le résultat d'un équilibre toujours instable, mais sans cesse retrouvé entre des forces les unes concordantes, les autres opposées.

Depuis le livre de Van Beneden (2), il n'avait pas été publié d'ouvrage synthétique permettant au public instruit de comprendre ces relations d'interdépendance des êtres vivants. Ce livre, dont la quatrième édition est de 1900, conserve toute sa valeur pour la catégorie de faits qui y sont traités. Mais d'une part, il ne s'occupe que du règne animal, laissant complètement de côté les végétaux et les relations si remarquables des deux règnes. D'autre part, même dans le règne animal, il y a toute une série de découvertes modernes que le savant professeur de Louvain ne pouvait prévoir et qui sont exposées dans l'ouvrage du D' Laloy. Citons par exemple la transmission des maladies infectieuses par les insectes.

Aussi peut on dire que l'ouvrage de M. le D' Laloy est absolument original et qu'il est, nous n'hésitons pas à le déclarer, indispensable à tous ceux qui s'intéressent aux progrès des sciences biologiques. La première partie, consacrée au parasitisme, renferme les chapitres suivants: définition et modalités du parasitisme, rôle du parasitisme dans la nature, son évolution phylogénique; parasitisme végétal, plantes parasites d'autres plantes; plantes parasites des animaux; animaux parasites des végétaux; parasitisme animal; inoculation des maladies. par les insectes (paludisme, peste, choléra, maladie du sommeil, etc.); parasitisme embryonnaire et sexuel.

La deuxième partie traite du mutualisme: vie sociale dans le règne végétal; mutualisme entre plantes et animaux; vie sociale dans le règne animal. Un dernier chapitre, et non le moins intéressant, est consacré à la question si curieuse du mimétisme ou imitation par les ètres vivants, du milieu environnant, d'objets particuliers ou de

(1) Dr L. LALOY. L'Evolution de la vie, in-18, Schleicher frères, édit. Paris, 1902. (2) Van Beneden. Les commensaux et les parasites dans le règne animal. In-8, F. Alcan, éditeur, Paris, 1878.

certaines autres espèces. On trouve dans ce chapitre un certain nombre de figures originales copiées directement sur des pièces inédites conservées au laboratoire du professeur Giard.

Cet ouvrage est bourré de faits, mais il ne faudrait pas croire cependant qu'il ne constitue qu'une simple et aride énumération. Partout, au contraire, l'auteur a cherché à dégager des idées directrices, des lois biologiques, les faits n'intervenant qu'à titre d'exemples. C'est ainsi qu'il étudie avec détails la castration parasitaire, les effets du parasitisme sur le parasite et sur son hôte, le polymorphisme et les migrations des parasites, les défenses naturelles de l'organisme attaqué, l'immunité, la phagocitose, le rôle de l'instinct dans le choix de l'hôte, le rôle du parasitisme dans la détermination des sexes et dans la viviparité.

Dans la partie consacrée au mutualisme, nous trouvons des données détaillées sur les formations végétales, sur la lutte des flores pour la suprématie, les sociétés végétales, les symbioses de l'humus, la nitrification, le rôle des animaux dans la fécondation croisée des plantes et la dissémination de leurs graines, les relations des plantes et des fourmis, les faunes, les sociétés animales, l'élevage chez les fourmis, les hôtes des fourmilières et des termitières, les colorations prémoni trices, l'assurance mutuelle par le mimétisme.

M. le D' Laloy, étant non seulement un savant biologiste, mais encore un remarquable polyglotte, a pu mettre à profit de nombreux ouvrages étrangers. Il a ainsi fait connaître des travaux très importants et généralement ignorés en France. A ce point de vue encore, son ouvrage sera très utile à ceux qui s'occupent de ces questions, et rendra de grands services aux chercheurs.

mais pas encore suffisam

Une table alphabétique assez détaillée, ment à notre avis, termine cet intéressant ouvrage, qui fait honneur, sans contredit, à la Collection scientifique internationale de la maison d'édition F. Alcan.

VICTOR DAVE.

MOLLET (D' M.). La médecine chez les Grecs avant Hippocrate. In-16; 292 pp.; A. Maloine, éditeur, Paris, 1906.

L'importance des œuvres d'Hippocrate lui a fait décerner le titre de père de la médecine, ce qui laisserait à supposer qu'avant lui la médecine n'existait pas et qu'il l'a subitement tirée du néant pour en faire une science exacte. Il est bien loin d'en être ainsi et, dans son chapitre De l'ancienne médecine, Hippocrate lui-même recommande de suivre toujours les règles posées par ses prédécesseurs et se défend d'avoir innové. C'est qu'en effet son principal mérite est d'avoir opéré

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